Auteur : Anita Shreve
Editeur : Pocket
Collection : Roman
Première parution (VO) : 2008
Dernière parution (VF) : 2013
Nombre de pages : 313
Patrizia (le 07/02/2011)
D’Anita Shreve, j’avais lu Un mariage en décembre. Une lecture plaisante. Sans plus. Après Charleston Sud de Pat Conroy, j’avais envie de quelque chose de léger et ce livre s’est présenté à moi à la bibliothèque. Sa jolie jaquette avec la photo d’une adolescente songeuse assise sur les marches d’un escalier couvert de feuilles mortes a achevé de me convaincre. Même si léger, ce ne fut pas vraiment le cas. Le thème, un scandale sexuel dans un collège privé – et huppé – du Vermont aux USA, est traité de manière intéressante. On y découvre le point de vue du directeur de l’établissement, du journaliste qui a sorti l’affaire, des protagonistes de celle-ci, des parents de ceux-là et même de quelques témoins de loin en loin. Du coup, on se perd un peu entre les différents personnages et on peine à remonter le fil chronologique des événements puisqu’à cette affaire déjà bien compliquée à laquelle se mêle une histoire d’adultère – qui pourrait bien, en outre, avoir été le déclencheur de la bêtise d’un des trois jeunes impliqués. J’apprécie avant tout l’honnêteté du traitement. La fille est mineure et elle est donc une victime au regard de la loi. Dans la réalité, c’est plus compliqué. C’est une victime, c’est certain, mais pas de viol. Elle souffre sans doute d’une absence d’intérêt de ses géniteurs trop occupés par leur vie et leur carrière respectives, elle a un problème de narcissisme assez important, voire gravissime. Donc, oui, elle les aguiche, oui elle est l’instigatrice de cette « orgie » stupide et, non, ce n’est pas elle qui va souffrir le plus des répercussions qu’aura l’affaire sur eux tous. On peut même dire qu’hormis son mal-être chronique, ce sera probablement celle qui s’en sortira le mieux (et pas grâce à son honnêteté, mais parce qu’elle aura savamment usé de son statut de mineure pour sauver ses fesses). Quant aux trois garçons impliqués, gravement fautifs (il faut savoir se garder de certains penchants, c’est la preuve même qu’on est adulte), ils paieront le prix fort. J’aime ce point de vue de la faute partagée. Tout le monde est fautif, des parents aux élèves impliqués, du directeur d’école aux journalistes avides de sensationnel. Le prix, suivant l’époque qu’on vit, est plus cher payé pour certains que pour d’autres. Il y a 50 ans, les garçons n’auraient pratiquement pas subi de sanctions. La fille n’aurait eu aucune considération, ni compensation même s’il s’était véritablement agi d’un viol. Aujourd’hui, ce sont les garçons qui paient le prix fort. Peut-être qu’un jour, on obtiendra l’égalité du traitement pour une bêtise adolescente qu’aucun des quatre n’aurait voulu commettre, pas même la fille. Et qui, au fond, n’est grave que par les répercussions qu’elle a engendrées. Le traitement qui leur a été réservé est aussi révélateur d’une époque synonyme d’absence de bon sens et de dramatisation de n’importe quel fait d’ordre sexuel, médiatisé à outrance, sans nuance ni recul. Avec tout le monde qui bêle dans la même direction. C’est le reflet d’une époque traumatisée par de vieux secrets lourds et tabous qui jaillissent en entachant tout le reste de leur fange. Quant tous les secrets seront sortis de la tombe où l’église et l’éducation les avaient enfouis, viendra un temps de nuances et de recul sur les choses. Du moins, je l’espère.
Kat (le 15/07/2011)
Bon livre, j'avais lu d'autres livres de cet auteur et je n'ai jamais apprécié ce genre de livre. Mais celui-là oui, c'est un sujet d'actualité, bien écrit, on nous décrit très bien les sentiments et les personnages. Mais je trouve qu'on en fait toute une histoire pour rien. La fille était consentante, alors à mes yeux cela ne représente pas un viol. On a de la difficulté à se faire une idée car dans le livre l'auteur nous parle beaucoup du supposé viol, on sait juste qu'ils ont fait boire la fille. Encore là elle était consentante à boire. Je trouve aussi que les adultes autour cherchent trop à lui faire voir que c'est mal alors elle croit à un viol et elle est toute mélangée. Si elle avait eu dix-sept ans et les autres garçons dix-huit, est-ce qu'ils auraient dit la même chose, au lieu de la fille quatorze ans et les gars dix-huit et vingt ans.
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