L’amour sauvage (Loving wild)

Casey ferma les yeux. Mentalement, elle vit se dérouler le cauchemar qui l’attendait : la rivière qui s’enfonce dans l’obscurité hostile des forêts, doucement d’abord, puis dans un bouillonnement qui croît en violence, le débit du torrent qui s’accélère et, soudain, les rapides… Cette aventure sauvage ressemblait à sa vie, depuis qu’elle avait perdu son mari, son seul amour. Etait-ce pour cela qu’elle venait d’accepter de s’y lancer, et de suivre Dylan MacCabe sur la rivière des trappeurs canadiens, la rivière sans retour ? Une trop grande angoisse l’empêchait de répondre. Et la même angoisse la poussait, aussi : dans les remous de la rivière, comme dans les bras de Dylan qu’elle connaissait à peine mais dont elle s’approchait malgré elle comme un papillon de nuit s’affole dans la lumière… De toute façon, il était trop tard pour fuir, maintenant. Là-bas, à quelques pas, le canoë attendait et, à côté, se tenait l’homme avec lequel Casey, moins maîtresse de son destin que jamais, allait passer trois semaines. Seule. Jours et nuits.