La rose et le chevalier (Silk and sword)

Furieuse, Eléanor toisa son ravisseur. Conrad d’Arton était un traître, l’ennemi juré de sa famille. Puisse ce forban rôtir en enfer ! - Pourquoi m’avoir enlevée ? dit-elle d’un ton défiant. N’espérez pas soutirer une rançon à mon père. Il vous tuera plutôt et vous pourrez dire adieu à vos beaux éperons d’or ! Je… Elle n’eut pas le loisir d’achever sa phrase : la bouche de Conrad bâillonna la sienne, lui imposant silence. Trouble, surprise, choc ; Eléanor se raidit face à cet assaut, mais, très vite, un plaisir délicieux coula dans ses veines, auquel elle ne put résister. Jamais la jeune femme n’avait éprouvé un tel émoi, peur et tentation étroitement confondues… Puis soudain, elle fut terrifiée par cette extraordinaire pulsion qui s’emparait d’elle et annihilait sa volonté. Rassemblant ses ultimes défenses, et comme on s’arrache à la boue qui menace de vous enliser, elle recula d’un bond.
- Comment osez-vous ? balbutia-t-elle. Je vous rappelle que je suis la fille du sire d’Highford, non l’une de vos ribaudes ! Conrad eut un impudent sourire.
- Je devais vous faire taire, expliqua-t-il avec naturel. Evidemment, j’avais le choix entre divers procédés, mais j’ai préféré celui-ci. Pas vous ?
Eléanor Twyneham n’ignorait pas que l’empressement de messire Norton, fine fleur de la chevalerie, aurait dû la flatter. Sa fortune et son rang faisaient un prétendant digne d’elle. Mais elle savait que si elle pouvait admirer et respecter un époux tel que lui, elle ne pourrait jamais l’aimer. C’était un autre homme qui hantait ses jours et ses nuits. Conrad d’Arton… Un homme qui, pourtant était son ennemi juré et ne cachait pas sa haine pour les Twyneham qui avaient dépossédé son père du château d’Highford ni sa détermination prendre sa revanche. Et dire qu’elle répondait à ses baisers au lieu d’appeler les gardes !