D'amour et de feu (Wicked stranger)

- Vos yeux... Ah quelle merveille ! Ils ont la couleur de la pensée sauvage et de l'améthyste. Elisabeth se raidit. Deux ans après Waterloo, cet officier en uniforme chamarré appartenait sûrement à la Grande Armée sur laquelle la monarchie restaurée fondait sinon sa légitimité, du moins son autorité.
Voilà, pensa-t-elle, un homme superbe, sûr de lui et de sa réussite. Trois raisons de se défier de ses compliments...
- La botanique m'insupporte, monsieur, et la minéralogie m'excède, dit-elle sèchement. Passez votre chemin !
Il faillit s'écarter mais se ravisa aussitôt.
- La valse, vous connaissez ?
- Pensez-vous que, des danses françaises, les Américaines ne connaissent que la bourrée ?
- Dieu, quelle repartie ! Mais vous rougissez maintenant, et de la plus charmante façon... Oserai-je dire, la plus féminine ?
- On rougit tout naturellement, monsieur, tout près du feu par exemple.
Il fixa ses lèvres, d'un regard étrange.
- Si vous craignez le feu, mademoiselle, dit-il d'une voix assourdie, alors, vous êtes perdue, car ma flamme vous consumera.