"A vingt ans, j’ai décidé d’aller en Angleterre pour faire mes études. Je suis gênée d’avouer que ma décision a été prise négligemment, en comptant sur le fait que parce que j’aimais la pluie, les Anglais, les gâteaux et les bains prolongés, l’Angleterre serait un pays qui me conviendrait parfaitement. Il m’a fallu deux ans pour me rendre compte que la plupart des Anglais m’arrivaient à l’épaule et que j’étais tristement inapte à étudier à l’université d’Oxford. En fait, j’ai encore des cauchemars où des professeurs en robe noire me questionnent sévèrement sur l’exactitude de mes commentaires. Mais j’ai aussi rencontré une amie qui s’appelle Sarah. Elle a une passion pour les romans de Georgette Heyer, et mon orgueil blessé a été quelque peu apaisé par la joie de la lecture de toute sa collection de romans d’amour. L’intrigue de mon premier roman, Potent pleasures, m’est venue à l’esprit en Angleterre, mais il n’a pas été écrit avant de nombreuses années. Je suis rentrée aux Etats-Unis et j’ai décroché un emploi, je me suis mariée et j’ai eu un petit garçon avant de trouver le temps d’écrire. En souvenir de Georgette Heyer, j’ai situé mon roman sous la Régence. En pensant à ma vie en Angleterre, j’ai remplacé les chemins tortueux d’Oxford par les rues de Londres, les Levi's par des robes de soie, les salles de classe calmes par des salles de bal remplies de fleurs. J’ai décidé d’écrire ce livre non seulement parce que j’adore les romans d’amour et que j’en lis des tonnes moi-même, mais aussi parce qu’ils portent en eux la conviction que les êtres humains changent. Ecrire ce roman a été un moment extraordinaire : chacune des petites humiliations dont j’avais souffert à Oxford a été plus que compensée par le plaisir de négliger l’érudition pour écrire ce qu’un professeur d’Oxford considèrerait indubitablement comme dénué d’intérêt. Petite précision pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient étudier en Angleterre à l’avenir : tous les professeurs d’Oxford ne doutent pas de la capacité des étudiants américains à être précis au niveau historique. Mon amie Sarah a rejoint les rangs des professeurs en robe noire, et donc au moins un professeur à Oxford a une passion pour les romans de Georgette Heyer et (qu’elle en soit remerciée), pour ceux d’Eloisa James."
(Reprinted from Heart to Heart) Traduit de son site www.eloisajames.com
Bibliographie complète à début 2016.