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Frederica

Auteur : Georgette Heyer
Première parution (VO) : 1965


Commentaires

Betty (le 03/06/2014)

Ce roman qui a inspiré plusieurs Barbara Cartland (thème de la soeur aînée qui obtient d'un tuteur de présenter sa jeune soeur très belle à la bonne société londonienne, thème des vols en ballon) est plein d'humour et de charme, non seulement par les dialogues entre Frederica Merriville et le marquis d'Alvertoke, mais aussi par les rapports entre ce dernier et son secrétaire ou par les figures adorables, justes et vivantes des deux plus jeunes frères de Frederica. Tous les personnages semblent issus, pour certains de Jane Austen, pour d'autres de Wodehouse et des comédies américaines des années 30. Les rapports de franchise et d'égalité entre les deux héros à la forte personnalité et à l'humour décapant reprennent la tradition des dialogues entre Elisabeth Bennet et Darcy dans Orgueil et Préjugés de Jane Austen, mais avec une plus grande liberté, un respect moins strict des convenances puisque Frederica est plus âgée, s'occupe de ses frères et soeurs et estime qu'elle n'est pas une jeune femme à marier ayant besoin de chaperon. Alverstoke, qui correspond au stéréotype du blasé que tout ennuie, découvre bien sûr que seule Frederica ne l'ennuie jamais. Frederica qui n'a jamais eu besoin de personne pour tout gérer découvre le plaisir de pouvoir être aidée par un cousin puissant et astucieux... La férocité des jugements d'Alverstoke envers certaines de ses soeurs ou la dureté de Frederica sur l'absence d'intelligence de sa soeur, par ailleurs adorable et magnifique, donnent un aspect assez peu conventionnel au roman. De plus on s'y moque du stéréotype de la beauté des héros de romans sentimentaux puisque Charis Merriville et Endymion Dauntry, que leurs prénoms grecs semblent prédestiner à un remake mièvre du délicieux Daphnis et Chloé de Longin, sont présentés comme aussi parfaitement idiots qu'incroyablement beaux. Ce roman est donc un chef-d'oeuvre d'humour par ses dialogues assez étincelants et son sens des situations. Il montre la constitution d'un rapport amoureux entre des gens qui ne croyaient pas pouvoir aimer et ne cherchaient pas l'amour, amène l'héroïne, qui n'a jamais été amoureuse, à découvrir ce que signifie aimer ("Is it being not very comfortable and cross and not quite happy, when you aren't there ?"). S'il n'est pas un roman sentimental dans le sens post-Cartland, il est une vraie éducation sentimentale entre deux êtres de valeur comme chez Jane Austen, au milieu des rires d'une comédie humaine brillante.

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