After twilight : Masquerade

Los Angeles, 1993. Il est un très vieux vampire, las de vivre, las de n’être éveillé que dans l’ombre de la nuit. Pendant 300 ans il a parcouru la route sans fin de sa vie, seul, ne devant son existence qu’à la mort des autres, jusqu’à ce que la création des banques du sang lui permette de satisfaire sa soif infinie sans devoir sacrifier des innocents ou des gens trop confiants. Et pourtant, il y avait des moments, comme aujourd’hui, où le besoin de savourer du sang frais, venant d’une personne vivante, le dominait. Il était debout dans l’ombre près du Ahmanson, regardant des groupes de gens heureux et bien habillés qui sortaient du théâtre. Il écoutait des bribes de leurs conversations tandis qu’ils discutaient de la pièce. Il avait vu cette pièce plusieurs fois, peut-être pensa-t-il, désabusé, parce qu’il lui était très facile d’avoir de la sympathie pour Le fantôme de l’opéra. Comme le héros tragique de Sir Andrew Lloyd Webber, lui aussi était contraint de vivre dans l’ombre, de ne jamais marcher dans la lumière et la chaleur du soleil, impossible pour lui de révéler sa véritable identité. Il se tenait ainsi en lisière de la mortalité, respirant le parfum des créatures à sang chaud qui passaient près de lui. Ils passaient à pas pressés, riant et parlant, heureusement ignorant du fait qu’un monstre les regardait. Il était très facile de boire la myriade d’odeurs de leur humanité, un mélange de parfum et de sueur, de shampoing et de dentifrice, de poudre et de déodorant. Il sentait leur bonheur, leurs chagrins, leurs peurs les plus profondes. Il attendit jusqu’à ce que la foule ait diminué puis il commença à suivre l’un des nombreux mendiants qui avaient demandé de l’argent ou des cigarettes aux spectateurs du théâtre. Il y avait des centaines, peut-être même des milliers de sans-abri qui rodaient dans les rues de Los Angeles. Chaque nuit, on pouvait trouver une douzaine de traîne-savate devant le Ahmanson, espérant récolter un ou deux dollars qui leur permettraient d’acheter une bouteille d’alcool bon marché et quelques heures d’oubli. Une petite grimace jouait sur ses lèvres tandis qu’il suivait sa proie. Demain, il y aurait un mendiant de moins qui hanterait Hope Street.
Deux autres histoire dans ce livre :
Midnight Serenade de Ronda Thompson
Dark Dream de Christine Feehan