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La différence d’âge entre les héros

Les Romantiques - 01/05/2018

Récemment je suis tombée sur un article où l’auteur non traduit Kat Latham parlait de son changement d’attitude envers les romances où les héros sont plus âgés que les héroïnes. Ce qu’elle en dit : « Dans les années 90, quand j’ai commencé à lire de la romance, je me rappelle en avoir lu quelques-unes où il y avait une grande différence d’âge entre le héros et l’héroïne. Bien sûr, le héros était toujours plus âgé. Dans un livre, le héros avait plus de trente ans et terminait avec une jeune femme de dix-neuf. A ce moment-là, cela ne m’a pas dégoûtée parce que j’étais tout juste adolescente… 37 ans et 19 ans me paraissaient aussi vieux l’un que l’autre. Mais maintenant que je suis plus âgée, cette différence d’âge ne me semble pas romantique – c’est de la manipulation psychologique.»

Le reste de l’article ici : http://smittenbybooks.com/blog/2011/09/age-difference-in-romance/

Personnellement, je peux lire sans problème des histoires avec un héros beaucoup plus âgé, peu importe le sous-genre. Cela ne veut pas dire que je ne lis que ça, mais ce thème ne me dérange pas, contrairement à Kat Latham. En tout cas ça me permet de me pencher sur cette histoire de différence d’âge dans la romance.

Force est de constater que c’est une question de tradition.

Tradition d’abord dans la réalité. N’est-ce pas les catherinettes ? Pour « rigoler » un peu, voici ce que j’ai trouvé sur wikipedia : « Avant d’atteindre l’âge de 25 ans, une prière typique aurait été : « Donnez-moi, Seigneur, un mari de bon lieu ! Qu’il soit doux, opulent, libéral et agréable ! ». Après 25 ans : « Seigneur, un qui soit supportable, ou qui, parmi le monde, au moins puisse passer ! ». Après 30 ans : « Un tel qu’il te plaira Seigneur, je m’en contente ! »

Tandis qu’un homme a toujours eu plus de liberté au sujet du mariage (il peut reporter ce projet le plus longtemps possible) et de l’âge auquel il va convoler en justes noces, cela n’a jamais été le cas pour la femme. Plus tôt elle se marie, mieux c’est pour elle. Après un certain âge, elle n’a plus vraiment le choix de celui qui va devenir son époux. Ce qui n’est pas le cas dans le sens inverse puisque, même vieux, un homme peut encore choisir une épouse (et parfois pas forcément de son âge).

La différence d’âge est aussi un fait historique. Dans les siècles passés on mourrait jeune, alors on devait fonder rapidement sa famille. Dans la noblesse les mariages étaient le plus souvent arrangés, de préférence sur le berceau des enfants, et surtout à la naissance des filles. Parmi les personnages historiques, le couple qui me vient à l’esprit est Jean sans Terre, qui épouse Isabelle âgée de douze ans, alors qu’il en a lui-même trente-quatre.

Il était donc logique, au moment où la romance a fait son apparition, que les trames correspondent à ce que connaissaient les auteurs et les lectrices, que ce soit en contemporain ou en historique. Les temps ont changé, mais pas tant que ça. Une chose est sûre cependant, de nos jours on accepte quand même plus facilement une différence d’âge importante dans deux sous-genres : l’historique et le paranormal. Le contemporain, par contre, c’est autre chose.

La romance historique

Comme précisé plus haut, la logique veut que ce soit l’héroïne qui soit la plus jeune. La saga Angélique d’Anne et Serge Golon en est l’exemple parfait.

Angélique est devenue l’héroïne par excellence, celle sur laquelle les auteurs ont pris exemple, et elle a douze ans de moins que son grand amour de toujours, Geoffrey. Bien avant cela, dans les années 1920-1930, nous avions Barbara Cartland dont toutes les héroïnes étaient jeunes, ingénues et vierges, tandis que nos héros étaient beaucoup plus âgés, expérimentés et parfois débauchés.

Quand la première romance historique bodice ripper est arrivée, il était logique que l’auteur mette en scène ce type de personnages. Ainsi le couple Brandon/Heather présente une différence d’âge importante, Heather étant mineure au moment où elle rencontre le héros, qui a environ trente ans. Je parle bien sûr de l’inoubliable The flame and the flower (Quand l’ouragan s’apaise) de Kathleen E. Woodiwiss, premier tome de la saga des Birmingham.

Au fil des années, les héroïnes ont grandi jusqu’à devenir majeures, et les héros aussi ont changé, jusqu’à avoir peu de différence d’âge avec leur âme soeur. Je reprends l’exemple de Kathleen E. Woodiwiss, qui termine sa série Les Birmingham avec The elusive flame (La rose de Charleston) où nos héros ont à peu près le même âge, ayant en plus grandi ensemble. Entre ces deux tomes, vingt-six années se sont écoulées.

Avec l’évolution de l’âge des héros, on peut rencontrer des vieilles filles, ainsi que des héroïnes plus âgées que les héros. On trouve souvent le premier cas chez Amanda Quick (c’est même sa marque de fabrique), quant au deuxième, la première histoire que j’ai lue avec cette trame, c’est Suddenly you (Sous l’emprise du désir) de Lisa Kleypas avec Amanda Briars (trente ans) et Jack Devlin (vingt-cinq ans). La différence n’est pas énorme, mais c’est un élément important de l’histoire.

Ce qu’on peut constater quand l’héroïne est plus âgée, c’est que très souvent la différence d’âge devient un des obstacles principaux de l’histoire, alors que ce n’est pas le cas quand l’homme est plus âgé.

La romance paranormale

C’est bien dans ce sous-genre qu’on trouvera le plus de différence d’âge entre les héros. Vous avez du mal à me croire, n’estce pas ? Rappelez-vous seulement un titre, ou plutôt une saga : Twilight avec Edward (cent ans) face à Bella (dix-sept ans). Alors, convaincues ? Suite à la publication de cette saga, la romance paranormale a fait son envolée, avec des héros beaucoup plus âgés que leurs héroïnes. Je pourrais vous donner beaucoup d’exemples où les héros paranormaux rencontrent leur héroïne humaine, et parfois paranormale, alors qu’ils sont vieux de plusieurs siècles et qu’elles ont à peine trente ans. Le premier qui me vient en tête, c’est le roman de Kresley Cole A hunger like no other (Morsure secrète), avec une héroïne à peine âgée de vingt ans et son héros vieux de plusieurs siècles. Mais il y en a beaucoup d’autres.

L’inverse existe également, c’est-à-dire la femme plus âgée que le héros, avec un exemple, toujours chez Kresley Cole, où l’héroïne a environ deux siècles de plus que le héros, qui n’est pas humain non plus. Impossible par contre de retrouver le titre du roman en question, que j’ai lu il y a quelques années. Mais ici, pas de problème d’acceptation ou non de la différence d’âge. En même temps, ils ont beaucoup trop à faire avec leurs ennemis pour avoir le temps de s’apitoyer sur un détail somme toute sans importance, n’est-ce pas ?

Dans la série Psy-Changeling de Nalini Singh, marraine du Festival 2018, on a les deux cas de figure : Kiss of snow (Le baiser du loup) avec un héros beaucoup plus âgé, et Play of passion (Passions exaltées) avec une héroïne plus âgée.

La romance contemporaine

C’est bien ici qu’on voit la plus grande évolution en termes de différence d’âge. Quand Harlequin a lancé ses premiers titres en 1949, le héros était beaucoup plus âgé (entre quinze et vingt ans d’écart). Et même si, au fil des années, la différence d’âge s’était amoindrie, le héros restait plus âgé que l’héroïne. A ce stade il ne sert à rien de citer des titres, vous n’avez qu’à vous replonger dans n’importe quel ancien Harlequin pour vous en rendre compte.

Et puis est arrivée la trilogie 50 nuances (oui je sais, on en revient toujours à ça) avec des héros jeunes (moins de vingt-cinq ans) et peu de différence d’âge entre eux. Nous étions à ce moment-là dans la digne lignée de Twilight, car même si Edward a cent ans, il est toujours jeune et va au lycée. La même année est arrivé le New Adult, avec Beautiful disaster de Jamie McGuire. Avec des héros tous deux étudiants, il est difficile d’avoir une grande différence d’âge, sauf si l’un fait des études depuis dix ans.

En tout cas les lectrices ont montré un intérêt pour ces héros si proches en termes d’âge, et si jeunes. Je m’étais dit alors que l’époque des grandes différences d’âge dans la romance contemporaine était révolue. Eh bien non, le thème connaît un nouvel essor. C’est probablement dû à la trilogie de Sylvain Reynard, Dante’s inferno (Le divin enfer de Gabriel) dont le premier tome a paru en 2011, où l’auteur met en scène un professeur et son élève. A propos de ce livre on a beaucoup parlé du tabou « relation élève-professeur », mais peu ont pointé en plus (et obligatoirement) la différence d’âge, qui est de dix ans.

Agnès et Rinou m’ont parlé du roman de Suzanne Brockmann The admiral’s bride (non traduit) paru en 1999. Le père de l’héroïne a été sauvé par le héros pendant la guerre du Vietnam, et elle a grandi en entendant chanter les louanges de ce sauveur, au point de l’avoir idolâtré pendant son adolescence. La différence d’âge (vingt-quatre ans) est souvent évoquée et gêne particulièrement le héros.

J’ai découvert récemment un auteur non traduit, Alexa Riley (publiée depuis 2014), dont la grande majorité des romans (je dirais 90%) mettent en scène des héros avec une différence d’âge minimum de dix ans (allant jusqu’à vingt ans) et une héroïne de dix-huit ans environ. Karina Halle, dont certains romans sont publiés chez Hugo Romans (la première publication en français date de mai 2017) met également en scène des héros plus âgés. Et n’oublions pas la reine de cette trame, j’ai nommé Diana Palmer, et sa (très) longue série dont le 42ème tome sera publié en juin 2018. Concernant le cas de figure inverse, c’est-à- dire la femme plus âgée que l’homme, nous lui avons consacré un dossier dans notre numéro de juillet/août 2015, et on peut voir une évolution avec de plus en plus de livres abordant ce thème. C’est probablement un pied de nez à tous ceux qui traitent ces femmes de couguar.

*Hors-sujet on* « Bizarrement je cherche toujours le terme attribué aux hommes plus âgés. Par contre, on va plus facilement trouver à critiquer les femmes jeunes qui épousent des hommes plus âgés. » *Hors-sujet off*.

Arianne Richmond a publié The pearl trilogy en 2013 (non traduite) où l’héroïne est plus âgée que le héros. Le reproche qu’on a pu lui faire était que l’héroïne se comportait comme les héroïnes plus jeunes typiques : vulnérable, un peu naïve, peu sûre d’elle. Or, à mon sens, elle a la maturité et l’expérience nécessaires pour être une femme sûre d’elle et déterminée. Lorsqu’un auteur met en scène une femme plus âgée, elle devrait aussi songer à cet aspect de la personnalité d’une femme mûre.

Il y a quelques années on a pu lire chez Harlequin Stealing home de Sherryl Woods, 2007 (Soleil d’avril 2010). Dans ce roman, la différence d’âge a vraiment été un problème, dans une petite ville où l’héroïne avait pourtant été larguée comme une vieille chaussette par son exmari (oui je sais le jeu de mots est pourri LOL).

La romance est un éternel recommencement, nous pouvons le constater à nouveau. Que vous soyez fans de grandes différences d’âge ou non, avec ce dossier vous pouvez avoir un aperçu de ce que la romance offre de diversité sur le sujet. Bonne lecture et n’hésitez pas à partager vos trouvailles sur le forum.

En attendant, voici quelques titres de romances traduites en français. En contemporain avec les deux cas de figure, et en historique lorsque la femme est plus âgée que le héros. Petite exception pour la série Preload, non (encore) traduite, de Scarlett Cole – Elliott redeemed (2017) et Lennon reborn (2018) où l’héroïne est plus âgée que le héros dans les deux romans.

Contemporain

Héros plus âgé (plus de dix ans d’écart)
• Madeline Sheehan – Undeniable (Indéniable – J’ai lu pour elle
Passion Intense 2015) / Unbeautifully (Imparfait – J’ai lu pour elle Passion Intense 2015)
• Kresley Cole – The professional (Le professionnel – J’ai lu pour elle Love addiction 2017) / The master (Le maître – J’ai lu pour elle Love addictions 2017)
• Anna Zaires – Série Twist me (L’enlèvement – Mozaika LLC 2015)
• Kylie Scott – Deep (Slow – Lattès &moi 2015)
• Abigail Barnett – Série The boss (Pouvoirs d’attraction – Milady 2015)
• L.J. Shen – Scandalous (en principe bientôt publié chez Harlequin &H)
• Mariana Zapata – Kulti (bientôt publié chez J’ai lu pour elle #Exclusif)

Héroïne plus âgée
• Tracey Garvis Graves - On the Island (Une île – Milady 2013)
• Erin McCarthy - Flat-out sexy (Carrément sexy – J’ai lu pour elle 2012)
• Diana Gabaldon – Outlander la saga (J’ai lu)
• Alice Clayton – The unidentified redhead (Explosive – J’ai lu 2017)
• Lorelei James – Rode hard, put up wet (Chevauchée ardente – Milady 2015)
• Penny Reid – Love hacked (Piratage amoureux – Collection Infinity 2018)
• Sarina Bowen – The shameless hour (L’heure de vérité – Rennie Road Books 2018)

Historique

• Jennifer Ashley – The madness of Lord Ian Mackenzie (La folie de Lord MacKenzie – J’ai lu pour elle A&P 2011)
• Elizabeth Hoyt – Thief of shadows (L’homme de l’ombre – J’ai lu pour elle 2013)
• Julia Quinn – When he was wicked (Francesca – J’ai lu pour elle A&P 2010)
• Sherry Thomas – Not quite a husband (Nous resterons ensemble – J’ai lu A&P 2010)


Fabiola


Commentaires

Barbara (le 29/12/2022)
Pfiou, mais quel travail de recherche :o Merci pour tout !

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