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Marie McDonald - Scandaleuse

lafouine77 - 12/04/2018

Marie McDonald (Cora Marie Frye) « The body »
(1923-1965)


Année du scandale : 1957.
Epoque : Présidence américaine de Dwight D. Eisenhower.
Objet du scandale : L’actrice d’Hollywood Marie McDonald prétend avoir été enlevée par deux individus qui l’auraient violée et droguée. Le FBI et la presse émettent des doutes quant à la véracité de la séquestration, évoquant un mal de notoriété.

 

Celle qui fut surnommée « The body » (« Le corps ») par les médias d’Hollywood est née le 6 juillet 1923 à Burgin dans le Kentucky. Elle est la fille d’Everett Frye et de Marie McDonald, qui a été danseuse dans la revue « Ziegfield Follies ». Lorsqu’elle a six ans, ses parents divorcent. Elle part vivre à New York avec sa mère et son nouveau beau-père, John Tuboni, propriétaire d’un bar grill. Quant à son père, il devient gardien au pénitencier fédéral de Leavenworth au Kansas.

A l’école, elle se révèle très douée pour le piano. Elle rédige plusieurs articles sur la mode pour le journal de son école, et remporte même une bourse offerte par l’Ecole Universitaire de Journalisme. Mais c’est surtout le physique de Cora qui retient l’attention : c’est une belle adolescente aux longs cheveux châtains, aux lèvres pulpeuses et à la silhouette de rêve. Sa mère l’inscrit à des cours de danse et de chant, et l’encourage à se présenter aux concours de beauté locaux.

A l’âge de quinze ans elle gagne de nombreux prix, devenant « La reine de Coney Island » ou « Miss Yonkers » (la ville où elle réside). Encouragée par sa mère, la jeune Cora quitte l’école et commence à gagner sa vie comme mannequin. A seize ans, elle est élue « Miss Etat de New York » et débute dans une pièce de Broadway, «George White’s scandals of 1939», où elle figure en tant que show girl. Le propriétaire du théâtre lui suggère de quitter la Côte Est pour tenter sa chance à Hollywood, tout en continuant à se produire dans le nightclub qu’il possède sur Sunset Boulevard à Los Angeles.

Accompagnée de sa mère, elle quitte New York pour Los Angeles. Elle reprend le mannequinat et sert de modèle à l’illustrateur Alex Raymond, qui utilise sa silhouette pour dessiner la princesse Dale Arden dans la bande dessinée « Flash Gordon ».

Elle rencontre Yvonne de Carlo (qui deviendra aussi actrice) et toutes deux débutent dans la revue de Earl Carroll au Theater Restaurant. Elles se font virer car Cora tombe souvent de sommeil sur son banc pendant les répétitions, et Yvonne s’absente pour passer des castings. Elles retrouvent un emploi de danseuses de revue avec Dave Gould, et se produisent dans les clubs de Los Angeles.

C’est lors d’une de ses prestations que Cora rencontre l’un des amis intimes de l’acteur Errol Flynn, Richard Allord, un playboy qui aime la fête et les jolies filles. Il lui fait une cour en règle, et l’épouse en 1940. Trois semaines plus tard le couple divorce, Cora confiant en pleurs à une amie que son alliance était une bague en toc avec un faux diamant et que son mari lui a menti sur sa situation financière. Elle est ensuite engagée comme chanteuse dans l’orchestre de Tommy Dorsey, qui se produit dans les night-clubs, et il lui suggère de changer son nom de famille de « Frye » en « McDonald », qui était celui de sa mère. Cora adopte alors le nom de « Marie McDonald ». Elle participe régulièrement aux shows radiophoniques hebdomadaires de Tommy Dorsey.

C’est lors d’une de ses performances dans un night-club avec l’orchestre de Dorsey qu’elle rencontre un riche admirateur, sir Charles Frederick Bernard, qui lui fait une cour assidue et la persuade de tenter sa chance au cinéma. Il lui paie des soins d’orthodontie, pour qu’un dentiste lui réaligne les dents, et lui présente Louis Shurr, un agent du studio Universal qui recrute les starlettes.

Ce dernier, séduit par la beauté de la jeune fille, lui fait signer un contrat de 75 $ la semaine, mais exige qu’elle se teigne en blond, et lui fait tourner un petit bout d’essai pour le film « Melody Lane » en 1941. C’est un fiasco, le metteur en scène refuse Marie, déclarant qu’elle ne sait pas jouer. Universal la confine alors dans des petits rôles, où elle n’a bien souvent qu’une ligne de dialogue à lire. C’est le cas pour les films qu’elle tourne en 1941 et 1942. Entre deux scènes sur des films où elle apparait en filigrane, elle est prise en photo par le service communication d’Universal, qui exploite son physique de rêve et inonde les magazines de ses formes voluptueuses.

C’est ainsi qu’elle devient l’une des pinups favorites des GI’s déployés tant en Europe que dans le Pacifique durant ces années de Deuxième Guerre Mondiale.  Pour pimenter la publicité de la starlette, Universal monta une fausse romance avec l’acteur Bruce Cabot, qui l’emmène dans les night-clubs de Las Vegas, où elle prend goût au monde de la nuit. Cabot racontera plus tard en parlant de Marie : « Ce qui la rendait attirante, c’est que derrière ce physique de jolie fille se trouvait un être doux et sincère ».

En 1942, elle apparait dans le film « Pardon my sarong » et les médias lui donnent le surnom « The body » à cause de son physique voluptueux, surnom qu’elle déteste et qui va la suivre toute sa vie. De plus en plus confiante en elle, elle quitte Universal pour la Paramount, qui lui propose 100 $ la semaine.

Le 10 janvier 1943, à l’âge de vingt ans, elle se marie pour la deuxième fois avec son agent, Victor Orsatti. Le couple convole à Reno au Nevada (ville des mariages et divorces éclairs). Ce mariage devait durer quatre ans, jusqu’à ce qu’Orsatti la soupçonne d’une liaison avec le célèbre gangster Bugsy Siegel, qui tient un hôtel casino à Las Vegas. Cette liaison ne dure que quelques mois, Siegel laisse tomber Marie à cause de ses perpétuels retards à tous les rendez-vous qu’il lui donne.

En devenant « The body », Marie s’est rendu compte que les producteurs ne la prenaient pas au sérieux. Lassée de ne pas trouver de rôles à sa mesure, elle quitte Paramount pour Metro Goldwyn Mayer (MGM), qui lui donne enfin son premier rôle avec Gene Kelly dans le film « Living in a big way » en 1947. Malheureusement, le couple d’acteurs ne s’entend pas pendant le tournage et MGM ne renouvelle pas son contrat. Marie décide alors d’aller chez Columbia Pictures en 1948.

Entretemps, elle vient de rencontrer son troisième mari, le milliardaire de la chaussure Harry Karl. Ils se marient en septembre 1947. Pendant deux ans, la jeune femme tente d’avoir un enfant, mais fait fausse couche sur fausse couche. Le couple décide d’adopter une fille, Denice, et un fils, Harrison.

Marie obtient le premier rôle féminin dans le film « Tell it to the judge » en 1949, puis en 1950 elle tourne dans « Once a thief » et « Hit parade of 1951 »
où elle chante deux chansons, mais ses rôles ne lui permettent pas de percer dans le monde de Hollywood. Elle ne joue pas dans un seul film ensuite pendant sept ans.

Déçue par le cinéma, elle décide de s’orienter vers le théâtre et la musique ; elle sort un disque intitulé « The body sings », qui connait un certain succès. Mais elle doit s’absenter pour une tournée à travers les Etats-Unis, et son couple en souffre ; elle se sépare de Harry Karl en août 1954, pour divorcer en novembre de la même année. Pourtant le 14 juin 1955, à la surprise des médias, le couple se remarie en Arizona. Ce n’est qu’un élan passager, puisqu’un an plus tard Harry parle de divorce, il déclare que Marie le bat et qu’il souffre de graves préjudices mentaux occasionnés par sa femme.

Quelques mois plus tard, elle découvre qu’elle est enceinte d’Harry Karl et le couple arrête la procédure de divorce. La petite Tina Marie, unique enfant biologique de Marie McDonald, nait en septembre 1956.

Quatre mois plus tard, en janvier 1957, la rocambolesque affaire de l’enlèvement de l’actrice allait bouleverser les médias. Le 4 janvier 1957, un inconnu appelle la mère de Marie (qui réside à Los Angeles) pour l’informer qu’il a enlevé sa fille dans sa maison de Los Angeles. Le même jour, Harry Karl reçoit un appel similaire, l’enjoignant à ne pas appeler la police car il s’agit d’un kidnapping. Le 5 janvier, au petit matin, un chauffeur de camion trouve l’actrice hagarde, en pyjama, sur le bord de la route près de la ville d’Indio en Californie ; la police aussitôt l’interroge pour avoir sa version des faits. Elle raconte que deux hommes ont pénétré dans sa maison et, sous la menace d’une arme, lui ont demandé ses bijoux (tout en menaçant de tuer ses enfants à l’étage si elle ne s’exécutait pas), puis ils l’ont forcée à monter dans une voiture, lui ont bandé les yeux, et l’ont conduite dans une villa des alentours. Là, ils l’ont forcée à boire quelque chose qui l’a rendue somnolente, et l’ont ensuite violée.

Le docteur qui examine Marie comptabilise deux dents fêlées, des bleus sur le visage et des écorchures sur les joues, les jambes et aussi le cou. Il est incapable de dire si elle a subi des violences sexuelles ou non. Dès le début de l’enquête, les policiers doute de la réalité de l’enlèvement : en effet, au domicile de l’actrice ils trouvent une copie du roman « The fuzzy pink nightgown » qui relate l’enlèvement d’une actrice de cinéma par deux hommes masqués, la simple présence de ce livre les rend soupçonneux.

L’actrice accepte de coopérer pour reconstituer le déroulement de son enlèvement, mais son mari Harry Karl (ils sont alors en instance de séparation) déclare aux médias qu’il doute de la réalité de cet enlèvement, et pense que sa femme a orchestré tout cela afin de relancer une carrière chancelante. Marie McDonald réitère ses dires et, lors du grand jury, déclare que si sa version des faits n’était pas cohérente, c’est à cause de l’état dans lequel elle se trouvait lorsqu’on l’a secourue, et que son état de choc a été aggravé par les pilules sédatives que le médecin lui a données à ce moment-là. Le grand jury abandonne les charges, à défaut de preuve contre quiconque, le 16 janvier 1957. Ce crime, si crime il y a eu, n’a jamais été puni.

La vie doit reprendre son cours chez les Karl, mais en avril 1958 ils divorcent pour de bon ; cette fois Harry soupçonne Marie d’infidélité à son égard, notamment avec Georges Capri (qui est marié), l’un des propriétaires du casino Flamingo à Las Vegas, où la jeune femme donne des tours de chant depuis son enlèvement. Ironiquement, cette histoire a relancé sa carrière et de nombreux night-clubs la réclament. Lorsque le divorce est prononcé, Marie reçoit un million de dollars.

Elle enregistre un disque avec l’orchestre d’Hal Borne et part en tournée dans le pays. L’un de ses fervents admirateurs est Jerry Lewis, un habitué des night-clubs de Las Vegas, qui réussit à la convaincre de tourner avec lui dans une comédie intitulée « The Geisha boy » en 1958. Le film n’ayant pas eu le succès escompté, elle retourne à la chanson et reprend son tour de chant à Las Vegas.

En juillet 1958, Georges Capri l’emmène en urgence à l’hôpital après une surdose de somnifères. Malgré leur attirance et le fait qu’ils vivent ensemble, les demandes incessantes de Marie pour qu’il divorce de sa femme restent lettre morte. De guerre lasse, elle décide de le quitter en septembre 1958. Elle entame alors une période où elle tente de réduire sa consommation de barbituriques, ce qui entraine de graves épisodes de dépression.

C’est à cette époque qu’elle est prise d’insomnie. Pour couronner le tout, elle ne réduit pas sa consommation d’alcool et est arrêtée pour vitesse excessive et en état d’ébriété à de nombreuses reprises.

Laissant pour un temps les night-clubs, Marie se produit dans quelques shows à la télévision et rencontre celui qui va devenir son cinquième mari, Louis Bass, qui est producteur d’émissions de télévision. Ils se marient à Las Vegas le 23 mai 1959. Au bout de dix mois, Marie lance la procédure de divorce en invoquant la « cruauté mentale » de son mari. Elle prend comme avocat Edward Callahan, qui va devenir son sixième mari le 6 août 1961, toujours à Las Vegas.

Mais encore une fois le mariage ne tient pas : cette fois c’est son mari qui demande le divorce pour « cruauté mentale », en déclarant que Marie n’a jamais eu l’intention de vivre avec lui ni d’avoir ses enfants. Le plus grave selon lui, c’est qu’elle a catégoriquement refusé de se convertir à la religion catholique. Elle réplique en précisant que Callahan la trompait abondamment, et qu’il lui a emprunté 26 000 $ pour financer leur mariage et la lune de miel, somme qu’il ne lui a jamais remboursée.

Après ses péripéties maritales, Marie, à l’aube de la quarantaine, retrouve une dernière fois le cinéma en tournant dans « Promises, promises » en 1963,
qui devait aussi être le dernier film de l’actrice Jayne Mansfield. Sur le plateau elle rencontre son dernier mari, Donald Taylor, qui est le producteur du film. Ils se marient dès la fin du tournage. L’abus d’alcool et de médicaments divers a entamé la santé de la jeune femme : dans le film elle apparait avec un visage bouffi, et les critiques cinématographiques lui trouvent un air « hagard ». Ce film qui devait relancer les carrières de Jayne Mansfield et Marie McDonald est un échec. Il ne sort que dans quelques salles, les scènes semi dénudées ayant choqué la censure américaine qui le classe dans la catégorie « pour adultes seulement ».

Dans les mois qui suivent, la santé de Marie se dégrade : en 1964, lors d’une hospitalisation pour un ulcère à l’estomac, son coeur s’arrête quelques minutes alors qu’elle se trouve sur la table d’opération. Les médecins la réaniment mais lui conseillent du repos et du calme.

Le 21 octobre 1965, Donald Taylor trouve Marie morte, effondrée, la tête contre la table de la salle à manger dans leur maison de Hidden Hills en Californie. Elle est toute habillée. Les policiers arrivés sur les lieux pensent à un suicide, mais son mari refuse d’y croire, précisant qu’il n’a trouvé aucune note pouvant expliquer un tel geste. De plus, la jeune femme avait pour projet de lancer sa ligne de produits de beauté et fourmillait d’idées enthousiastes pour l’avenir.

Le corps est cependant autopsié et le médecin déclare que la mort a été causée par une overdose de médicaments. L’enquête de police conclut à un accident. Les médecins de Marie savaient qu’elle souffrait de douleurs atroces à l’estomac, et qu’elle pratiquait l’automédication pour les combattre. La surdose de médicaments lui a été fatale. La presse à scandale, elle, continue à parler de « suicide ». Elle n’avait que quarante-deux ans.

La jeune femme est enterrée au Forest Lawn Memorial à Glendale, Californie. Trois mois après sa mort Donald Taylor, qui ne s’est pas remis de la disparition de Marie, se suicide d’une overdose de Seconal. Il laisse une note expliquant son geste. La série fatale de morts violentes continue deux ans plus tard, en mai 1967, avec cette fois le père de Marie, Everett Frye, qui se tire un coup de fusil dans la tête, dans le garage de sa maison de Floride.

Les trois enfants de Marie McDonald (deux adoptés et sa fille biologique) sont alors élevés par Debbie Reynolds, nouvelle épouse d’Harry Karl. Ils grandissent avec Carrie Fisher (la princesse Leia de « Star Wars »). Malheureusement le couple Karl/Reynolds divorce en 1973. Harry Karl meurt en août 1982, quelques jours après une opération à coeur ouvert.

La fille d’Harry Karl, Judith, née d’un précédent mariage, décrira ainsi sa belle-mère : « Marie était l’une des femmes les plus gentilles que j’aie jamais connues, elle avait un superbe sens de l’humour et j’ai passé de nombreux étés lorsque j’étais enfant dans leur maison de Californie ; elle n’était pas du type égocentrique et si vous aviez un problème elle prenait toujours le temps d’arrêter ce qu’elle faisait et de vous écouter. Elle pouvait lancer parfois des jurons et piquer des colères, mais l’instant d’après elle redevenait une femme très terre à terre et d’aspect fragile. »

Quant à Marie, elle s’était décrite ainsi : « Je suis heureuse comme je suis, je suis moi-même… c’est à dire Marie McDonald ».

Lafouine77

Sources :
« Fallen angels » de Kirk Crivello.
« Hollywood Babylon II ».


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