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Madeleine de l’Aubespine - Scandaleuse

lafouine77 - 08/01/2018

Dame de Villeroy (1546-1596)


Année du scandale : 1581.
Epoque : règne du roi Henri III.
Objet du scandale : femme de lettres et dame d’honneur de la reine Catherine de Médicis, Madeleine de l’Aubespine prend pour amant Guy d’Arces seigneur de Livarot, l’un des Mignons d’Henri III ; ce dernier provoquera en duel l’un de ses rivaux, Antoine van Halewijn seigneur de Maignelais, et les deux  hommes s’entretueront pour les beaux yeux de la dame de Villeroy.

 

Madeleine de l’Aubespine est née le 13 mai 1546 à Paris. Ses parents étaient Claude de l’Aubespine seigneur de Châteauneuf sur Cher, et Jeanne Bochetel. La famille de sa mère venait du Berry (notamment de la ville de Bourges) et celle de son père de Bourgogne. Elle est élevée avec ses deux frères au château de la Forest à Thaumiers (dans le Cher) puis va vivre dans la résidence parisienne de
son père à l’âge de sept ans. Elle s’entend à merveille avec ses frères, Claude et Guillaume, partage leurs précepteurs et apprend avec eux le grec et latin, où elle excelle bientôt. La mort prématurée de sa mère, lorsque Madeleine a dix ans, va bouleverser sa vie.

Devenu veuf son père, qui exerce à la Cour la charge lucrative de secrétaire d’Etat du roi Henri II, veut pour sa fille unique un superbe mariage. Il a servi son roi avec beaucoup de succès, que ce soit lors de la rédaction de l’édit de tolérance pour les réformés en 1560, ou de la reddition de Bourges en 1562. Il a acquis aussi une solide fortune et souhaite un gendre non pas issu de la noblesse aristocratique, mais de la petite noblesse qui conseille le roi en ses Conseils privés, et donc proche du pouvoir.

Son choix se porte très vite sur le fils d’un de ses collègues, le seigneur de Villeroy, qui siège comme lui au Conseil du roi. Le fils aîné de ce dernier, âgé de dix-neuf ans, est un jeune homme brillant et plutôt doué pour les affaires. Il s’appelle Nicolas de Neufville et sa famille est d’origine bourguignonne. Claude de l’Aubespine marie en 1559 sa fille Madeleine, alors âgée de treize ans, avec le jeune Villeroy. Le mariage n’est pas consommé tout de suite, mais Madeleine part vivre avec son beau-père et son mari à l’hôtel de Villeroy à Paris, proche du Louvre. Trop jeune pour assumer le rôle de maîtresse de maison, elle continue à recevoir des leçons de littérature, de mathématiques, de science, et se passionne bientôt pour la poésie.

La jeune fille grandit rapidement, dans une maison où son mari semble l’admirer grandement, à défaut de l’aimer. Il est vrai que c’est une adolescente ravissante, qui devient vite une beauté. Elle possède de beaux cheveux blonds, est plutôt grande et a des yeux vert sombre en amande. Ses lèvres sont charnues, et il n’y a que son nez qui est un peu fort. Le tout reflète une sensualité latente, que ne comble visiblement pas son époux, tout occupé à une carrière de diplomate aux ordres de la reine Catherine de Médicis.

En 1563 il est envoyé par la reine à Madrid auprès de Philippe II, roi d’Espagne, puis en mission à Rome. Pendant son absence, et avec l’autorisation de son époux, Madeleine de l’Aubespine organise des salons littéraires à l’hôtel de Villeroy. Ronsard y est reçu et est enchanté de l’accueil de son hôtesse. Il félicite Madeleine pour ses poésies et la baptise sa « fille spirituelle ». La jeune femme traduit à l’époque un poète latin, Ovide, et on lui  doit la traduction de ses Epitres du latin au français. Elle reçoit les poètes soit dans son château de Conflans l’Archevêque près de Charenton le Pont, soit dans son hôtel de Villeroy près du Louvre.

Parmi ses invités on trouve le poète Rémy Belleau, qui lui dédicace plusieurs poèmes et écrit ces vers :
L’Aubespine chasse tout malheur
Vous avez le même avantage
Il pique et piquez les coeurs
Des beautés de votre visage

Ronsard la surnomme « Callianthe » et lui dédie le sonnet suivant :
Madeleine, ôtez moi ce nom de l’Aubespine
Et prenez en sa place et palmes et lauriers
Qui croissent sur Parnasse en verdeur les premiers
Dignes de prendre en vous et tiges et racines
Chef couronné d’honneur rare et chaste poitrine
Ou naissent les vertus et les arts à milliers
Et les dons d’Apollon, qui vous sont familiers,
Si bien que rien de vous que vous-mêmes n’est digne

Au retour de son époux de son voyage à Rome, Madeleine tombe enceinte et donne naissance en janvier 1566 à son fils unique, Charles de Neufville. Elle a vingt ans. On ignore si l’accouchement se passa sous les meilleurs auspices, mais par la suite Madeleine ne devait plus retomber enceinte.

Son père, Claude de l’Aubespine, meurt en novembre 1567, et son gendre, Nicolas de Neufville, lui succède et exerce à vingt-quatre ans la charge de secrétaire d’Etat. Il devient ami avec le roi Charles IX, qui lui accorde toute sa confiance ; ils partagent une passion pour la chasse et rédigent à quatre mains un traité à ce sujet. Au moment de mourir, le jeune Charles IX recommande par écrit le sire de Villeroy à son successeur et frère, le futur Henri III. Ce dernier reconnait ses qualités de diplomate et le nomme ensuite membre du conseil secret, qui s’occupe des affaires avec les protestants, alors même que Villeroy est un ardent catholique. Il tombe en disgrâce en 1588, et ne retrouvera le chemin des affaires qu’au début du règne d’Henri IV. Alors que la carrière de son mari l’éloigne de plus en plus de l’hôtel de Villeroy, Madeleine fait de ce lieu le point de chute de tous les poètes de la Cour : outre Ronsard, elle reçoit aussi le rival de celui-ci, Philippe Desportes. Ils ont tous les deux le même âge (vingt-trois ans) et Desportes célèbre la beauté de Madeleine dans ses poèmes en lui donnant le surnom de «Rosette», masquant ainsi l’identité de son inspiratrice.

Durant l’été 1569, Madeleine de l’Aubespine devient la maîtresse de Desportes. Il est charmant, érudit, et de plus issu d’une riche famille de négociants de Chartres. A la Cour il est l’ami du jeune Henri, duc d’Anjou (futur Henri III). Il ne vient pas à l’hôtel de Villeroy pour soutirer à Madeleine quelques subsides, comme certains poètes aux poches percées qui lui rendent visite, il vient vraiment la voir elle, et lire avec plaisir les poésies qu’elle continue d’écrire. Entre eux c’est l’amour des belles lettres, mais c’est aussi un véritable amour. Madeleine ne peut se passer de Philippe, et Philippe ne peut se passer de Madeleine. Son mari ayant parlé de son épouse et de son talent pour la poésie, la jeune femme est invitée au Louvre par la reine Catherine de Médicis. Enchantée de la dame de Villeroy, elle lui propose une place de dame d’honneur auprès d’elle. Madeleine de l’Aubespine accepte avec joie et le devient en 1573.

Sa beauté lui attire nombre d’admirateurs, et on dit que le jeune Henri, duc d’Anjou, n’est pas insensible à ses charmes, et que sa passion soudaine pour Marie de Clèves, princesse de Condé, ne l’empêche pas de soupirer auprès de la belle Villeroy. Mais Madeleine de l’Aubespine reste fidèle à Desportes, et ce dernier doit souvent rédiger des poèmes passionnés qui célèbrent la beauté de sa belle, mais aussi écrire des sonnets à Marie de Clèves, objet de la flamme du duc d’Anjou, qui ne sait pas aussi bien manier la plume que son ami.

Cette belle harmonie vole en éclats le jour où Henri accepte le trône de Pologne. En novembre 1573, il emmène avec lui ses proches et le personnel de sa future maison pour le long voyage jusqu’à Cracovie. Desportes en fait partie en tant que secrétaire de la Chancellerie du nouveau roi de Pologne, de même que Pibrac (chancelier), Villequier (chambellan), Schomberg (grand maréchal) et les favoris Quelus, Entragues, Saint Luc et le Guast.

Madeleine de l’Aubespine, en pleurs, conjure son amant de ne pas partir. Ce dernier reconnaitra plus tard qu’il aurait pu rester en France, s’il avait insisté auprès du jeune duc d’Anjou, mais que l’attrait de l’aventure le décida à franchir les frontières avec le convoi du nouveau roi.

Le 18 février 1574, le duc d’Anjou entre à Cracovie, alors capitale de la Pologne. La troupe qui l’a accompagné ne tarde pas à déchanter sur ce pays étrange et ces «campagnes glacées où jamais le soleil ne se lève». Desportes, engoncé dans ses vêtements de fourrure, regrette l’absence de la belle Madeleine, qu’il a laissée à Paris.

Le destin va rapprocher les deux amants : la mort soudaine du roi Charles IX en France donne l’opportunité à son frère Henri de réclamer le trône. Mais pour cela il faut quitter la Pologne en catimini. Les lettres de la reine-mère informant son fils préféré de la mort du roi Charles IX parviennent en juin 1574 à Cracovie. Aussitôt le duc d’Anjou décide de renoncer au trône de Pologne pour réclamer l’héritage de son frère, décédé sans enfant mâle pour lui succéder. Quatre jours plus tard, les français s’échappent sous le prétexte d’une chasse royale et filent vers la Moravie. Ils franchissent l’Italie du Nord avant de faire halte à Lyon. Desportes, impatient, part à bride abattue vers Paris où il revient après un an d’absence.

Lorsqu’il franchit la porte de l’hôtel de Villeroy, il reçoit un accueil figé et plutôt froid de la part de la belle Madeleine. Les mauvaises langues ont tôt fait de lui apprendre qu’elle ne lui a pas été fidèle. Il se refuse à croire en cette vilénie. Il pense que Madeleine lui reviendra, même si elle a été inconstante, et rédige ces vers pour sa «Rosette» sur un air léger et badin :
Rosette, pour un peu d’absence
Votre coeur vous avez changé
Et moi, sachant cette inconstance
Le mien autre part j’ai rangé
Jamais plus beauté si légère
Sur moi tant de pouvoir n’aura
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s’en repentira.

De plus, il a beau chercher, il n’arrive pas à connaitre le nom de son rival supposé, Madeleine cachant bien ses amours. Elle le reçoit toujours cordialement lors de ses salons littéraires à l’hôtel de Villeroy, mais il n’est plus question de sentiments. Le coeur de Madeleine de l’Aubespine est pris ailleurs et, piquée au vif par les vers et les reproches de son ancien amant, elle lui répond du tac au tac :
Berger tant rempli de finesse
Contentez-vous d’être inconstant
Sans accuser votre maîtresse
D’un péché que vous aimez tant
La nouveauté qui vous commande
Vous fait à toute heure changer
Mais ce n’est pas perte fort grande
De perdre un ami si léger

été infidèle en Pologne, où les français du duc d’Anjou n’ont pas manqué de trouver des consolations dans les bras des belles polonaises, sans parler des dames des Cours européennes où ils s’arrêtèrent à l’aller (en Lorraine) ou au retour (en Italie). A-t-elle raison ? En tout cas Desportes mettra quatre longues années à se guérir de l’amour qu’il porte à Madeleine de l’Aubespine, et l’avouera même en sonnet en 1577 :
Ce dépit furieux m’a travaillé quatre ans

Bientôt il devient cruel dans ses vers, devant la froideur de Madeleine à son égard, et nie avoir un jour chanté sa beauté :
De tous points maintenant libre je me puis dire
Le bruit de ses beautés volant par l’univers
N’est qu’un conte à plaisir que j’ai peint en mes vers
Pour voir si je pourrais bien chanter une fable
Bref, je n’y reconnais un mot de vérité
Sinon quand j’ai parlé de sa légèreté
Car lors ce n’est plus conte, ainsi discours véritable

Il la nomme même en substance (Madeleine n’est plus la «belle fleur» et redevient «l’aubépine») alors que jusque là il avait observé l’anonymat.
Je t’embrasse ô dédain fin de tous mes malheurs
Par toi je reconnais qu’au lieu de belles fleurs
je cueillais des chardons et de sèches épines

En 1578 on connait enfin le nom de l’amant de Madeleine. Il s’agit de l’un des favoris du roi Henri III, Guy d’Arces, seigneur de Livarot, qui a dix ans de
moins qu’elle. C’est un bretteur enragé, et il est l’ami de deux autres favoris (et Mignons) : Jacques de Levis, seigneur de Quelus, et Louis de Maugiron. Ces trois amis sont en conflit permanent avec trois favoris du duc de Guise : Charles de Balzac (dit «Entragues»), François d’Aydie (dit «Riberac») et Georges von Schonberg. La plupart de ces jeunes gens sont partis en Pologne avec le duc d’Anjou. Mais revenus en France, les amitiés se sont dispersées à la faveur des opinions politiques.

Quélus est le plus enragé de tous et considère «Entragues» comme son ennemi personnel. A la suite d’une peccadille, il provoque en duel son rival le 27 avril 1578, dans une rencontre sanglante que l’on nomma par la suite le duel des Mignons». Les quatre autres opposants devaient servir seulement de témoins aux deux principaux duellistes, et ne pas engager le combat.

Malheureusement à l’aube, sur le marché aux chevaux de la porte Saint Antoine à Paris, le duel dégénère. Malgré les règles, les seconds engagent le combat, Maugiron s’en prend à Riberac et Livarot à Schomberg. Des six combattants, seul Entragues est légèrement blessé. Maugiron et Schomberg meurent le lendemain, Quelus reçoit dix-neuf coups d’épée et meurt au bout de trente-trois jours d’agonie. Quant à Livarot, l’amant de Madeleine, il est alité six semaines et en réchappe par miracle. La dame de Villeroy va lui rendre visite tous les jours, et c’est ainsi que Desportes apprend le nom de son rival. Il s’indigne que Madeleine l’ait repoussé pour l’un de ces Mignons du roi, poudré, maquillé et bagué comme une femme, et qui entretient une ombre ambigüe sur ses orientations sexuelles.

Ce mignon si fraisé qui sert d’homme et de femme
A votre esprit léger nouvellement surpris
Il est votre Adonis, vous êtes sa Cypris
Il vous nomme son coeur, vous l’appelez votre âme…

Mais elle se moque de l’opinion de son ancien amant. Les amours de Madeleine et Livarot durent trois ans, jusqu’en mai 1581, et s’achèvent dans le sang à Blois. Le 1er mai 1581, Madeleine de l’Aubespine (qui fait partie de l’entourage de la reinemère) vient de recevoir un hommage appuyé du jeune Antoine van Halewijn, seigneur de Maignelais, âgé de vingt-etun ans. Désormais âgée de trente-cinq ans, elle accepte le compliment galant du jeune homme, mais n’y accorde pas une importance capitale. Elle se sait belle, mais est alors tout à ses amours avec Livarot.

Pourtant ce dernier a vent de l’entretien et des paroles enflammées du jeune Maignelais, et ni une ni deux provoque son rival en duel au beau milieu d’un bal donné à Blois par le roi et la reine-mère.

Ils conviennent de se retrouver à l’aube du 2 mai sur les bords de Loire, et plus précisément sur l’une des deux îles situées près du vieux pont de Blois. Livarot et Maignelais s’y rendent avec deux laquais. La dextérité de Livarot lui fait défaut (passablement fatigué, il vient de passer une nuit d’amour dans les bras de Madeleine), et il s’effondre au deuxième coup d’épée de son rival. Aussitôt, ce dernier est frappé par derrière par le laquais de Livarot, qui lui enfonce une épée dans le dos. Maignelais s’effondre sur le corps de Livarot ensanglanté : les deux opposants rendent leur âme à Dieu dans l’heure.

Le roi Henri III, lorsqu’il découvre l’existence de ce duel, entre dans une colère noire, surtout lorsqu’on apprend de la bouche du valet de Livarot que ce dernier lui a ordonné, au cas où il serait vaincu, de tuer son rival. Il a pour cela caché une épée dans le sable quelques instants avant la rencontre. Cela surprend beaucoup les gens de cour, qui s’étonnent de cette déloyauté de Livarot, alors qu’il a été l’un des survivants du «duel des Mignons». Son valet est promptement pendu, et la dame de Villeroy s’enferme dans son chagrin en partant au château de Mennecy, sur les terres de son époux. Elle y reste tout l’automne.

En décembre de la même année 1581, Madeleine de l’Aubespine revient à la cour, rappelée par Catherine de Médicis. Au Louvre elle tombe sous le charme d’un chevalier de Malte attaché à Bussy d’Amboise, qui se nomme Breton.

C’est un gentilhomme piémontais que Brantome décrira comme «vaillant au possible». Sa liaison avec la belle Villeroy devient de notoriété publique. Elle ne peut se passer de lui, de jour comme de nuit. Au fil des ans, leur liaison se consolide, jusqu’au jour où le chevalier Breton prend parti pour le duc de Mayenne, chef des ligueurs, et quitte Paris en 1589. C’est cette année-là qui voit la belle Madeleine quitter le service de la reine Catherine de Médicis. Elle se concentre sur la passion de sa jeunesse, les poèmes qu’elle rédige au fil des ans dans son château de Mennecy (Essonne).

Ceux-ci restèrent cachés jusqu’à leur publication récente, en 1927. Dans ses poèmes, elle développe des arguments pour contrôler la passion, responsable chez les hommes des mouvements de vanité, d’envie, de tristesse et d’ingratitude. Madeleine de l’Aubespine pensait que la passion n’était pas forcément quelque chose de mauvais, mais qu’elle devait être contenue et que seule la vertu pouvait rapprocher du bonheur.

Avec l’âge, les rides viennent marquer le beau visage de la dame de Villeroy. Elle pense alors à se rapprocher de Dieu. Dès 1585 elle commence à verser des sommes importantes aux religieuses du couvent de l’Annonciade de Bourges. Elle a un dernier amant, le duc de Mercoeur, chef de la Ligue, en 1589, puis les mauvaises langues disent qu’elle est l’une des maîtresses d’Henri IV, quand ce dernier rend son poste de secrétaire d’Etat à son mari. Elle meurt le 17 mai 1596 à l’âge de cinquante ans dans son château de Mennecy, d’une longue maladie. Elle est enterrée dans une chapelle de l’église de Magny en Vexin, auprès de son beau-père le seigneur de Villeroy.

Quant à son époux, Nicolas de Neufville, il devient marquis de Villeroy en 1610 et meurt dix-sept ans plus tard à Rouen, le 12 novembre 1617, avec le titre de secrétaire d’Etat du jeune roi Louis XIII, inconsolable de la mort de son épouse. Mari complaisant et plutôt effacé, il demanda à être enterré auprès de Madeleine sur les terres de son père à Magny en Vexin, dans le même tombeau où il avait fait graver cette épitaphe pour Madeleine :
«A Magdelaine de Laubespine, fille de Claude de Laubespine et de Jeanne Bouchetel, épouse de Nicolas de Neufville Seigneur de Villeroy, Conseiller et Secrétaire d’Estat des Rois Charles IX. Henry III. et Henry IV. Femme illustre, pieuse, et très-libérale envers les pauvres, d’une rare beauté accompagnée d’une grâce singulière, qui a vécu cinquante ans, moins quatre jours, en laquelle paroissoit une grande douceur de moeurs, un grand maintien, et une candeur d’esprit admirable, qui a surpassé son sexe, tant par son esprit, son jugement, sa libéralité et grandeur de courage, que par son sçavoir. Nicolas de Neufville son mary a fait mettre cet Epitaphe à sa trèschère et bien-aimée Epouse.»

De nos jours, trois superbes statues funéraires qui ornaient le mausolée des Villeroy existent encore dans l’église de Magny. On y voit une Madeleine proche de la cinquantaine, à l’allure débonnaire de grand-mère, et on est loin de se douter que cette dame vieillissante fut une grande amoureuse à la cour des Valois, aux moeurs très libérées.

Ses résidences ont presque toutes disparu. Le château de Villeroy à Mennecy (Essonne) n’existe plus (démoli en 1796), il n’en reste que le parc. Celui de
Conflans l’Archevêque à Charenton le Pont n’existe plus non plus, la Révolution étant passée par là il n’en reste que les terrasses. Seul l’hôtel de Villeroy à Paris a survécu (bien qu’ayant été fortement remanié) et il abrite maintenant le centre d’exposition de la Crémerie de Paris.

 

Lafouine 77

Sources :
« Dames et bourgeoises du XVIème siècle » de Maurice Rat
« Les dames galantes » de Brantome.


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