Mikky Sophie - Mois de la Romance 2017

Les Romantiques - 30/08/2017

Le pouvoir de la romance

La romance est sous-estimée. Elle l’est même souvent par les auteurs de romance eux-mêmes. J’écris de la romance, je lis de la romance, je vis une romance mais je ne m’étais jamais interrogée sur le pouvoir de ce genre littéraire. On n’étudie pas la romance, on ne l’analyse pas, on ne la débat pas. Elle est souvent considérée comme insignifiante, comme secondaire, comme passagère, voire superficielle et souvent comme féminine. Dans notre société, ne serait-ce donc pas le plus vilain défaut qui lui est attribué ? Les femmes ne sont pas aussi réfléchies que les hommes, elles aiment la futilité, elles font moins d’études, elles ne comprennent rien, blablabla. Les vestiges d’un passé machiste et inégalitaire régissent encore ce genre de pensées archaïques. Et pourtant. Qui n’a jamais entendu des réflexions comme «Ce sont ses trucs de filles, ça ne m’intéresse pas !» ou encore «Les histoires d’amour, c’est gnangnan, ça traîne en longueur», «C’est pour les frustrés du cul» ou «c’est bien pour l’été, pour les vacances, ça ne fait pas réfléchir». Je pourrais continuer encore des lignes et des lignes sur les préjugés de la romance, mais les pointer du doigt ne ferait que leur donner de l’importance. Hors, la romance possède beaucoup plus d’atouts pour ceux et celles qui ont les yeux ouverts.

Pour moi, la romance a surtout le pouvoir d’éveiller des sentiments et de les raviver. Le quotidien nous éloigne les uns des autres, petit à petit, sans que nous nous en rendions compte. Les sensations que l’on ressent au début d’une relation amoureuse s’estompent très vite à travers le temps. On apprend à connaître l’autre, à l’aimer différemment. Les petits papillons dans la poitrine, les poils qui se hérissent sur les bras, les frissons le long de la colonne vertébrale, la bouche pâteuse, le cœur qui s’emballe à un rythme effréné et une tension dans le bas-ventre sont des perceptions qui se font de plus en plus rares. J’ai retrouvé ces impressions en lisant de la romance. La romance est un souffle sur les braises de la passion. Car même si l’amour est là, la passion a tendance à s’endormir. La romance la ranime. A travers les sentiments de deux inconnus, de deux personnages fictifs, j’éprouve la même émotion que lorsque j’aime quelqu’un. Et étrangement, le fait de ressentir cela à travers des héroïnes de roman, m’a aidée à le retrouver dans la vraie vie. Qu’un genre littéraire nous permette d’aimer est pour moi un pouvoir immense.

D’autant plus que la romance nous permet d’aimer sans préjugés. Elle se fout de l’intolérance, du racisme et de l’homophobie. Grâce à elle, nous aimons un homme à la place d’un homme comme dans "Wild heart" de Lily Haime, un bipolaire dans "Fight for Love" de Katy Evans, un borderline dans "Bad romance" de Céline Mancellon, un frère à la place de sa sœur dans "Forbidden" de Tabitha Suzuma.

Elle nous permet aussi d’aimer à travers la seule richesse des sentiments. Elle se construit à travers deux âmes. Pas besoin de la parsemer d’obstacles, de richesses matérielles, de nouveautés pour pouvoir aimer.

La romance nous enseigne la compréhension de l’autre et de soi-même. La romance a souvent la particularité d’identification. On se met facilement à la place des personnages et cela permet de ressentir, d’éprouver à la place de l’autre, de se demander si nous aurions fait différemment ou pas. Se mettre à la place de l’autre permet de mieux le comprendre mais, paradoxalement, de mieux nous comprendre aussi. Cela nous pousse à savoir ce que l’on veut vraiment.

Et n’oublions pas que la romance transmet beaucoup de messages secondaires, féministes, humanistes, combatifs, mais dans tous les cas, des messages de tolérance. Alors j’imagine que ceux qui n’aiment pas la romance n’en ont jamais lu. Et je préfère envisager cette hypothèse que de penser qu’ils n’ont jamais aimé. Car la romance a le pouvoir d’éveiller le sentiment originel, celui qui nous caractérise depuis notre premier souffle et qui nous envahira lors de notre dernier, l’amour.

Les questions

1- Parlez-nous d’un moment où vous avez pris conscience du pouvoir de la romance.

J’ai pris conscience du pouvoir de la romance quand j’ai eu l’impression d’être à nouveau un jeune couple, tout frais, tout pimpant avec mon mari. J’ai commencé à lire de la romance intensivement avec "Cinquante nuances de Grey" et la lecture de ce livre éveillait en moi des désirs nouveaux et de plus en plus nombreux. Autant vous dire qu’il ne s’en est pas plaint. Je me suis rendu compte que lire de la romance, érotique ou non, amplifiait les sentiments que j’éprouvais pour l’être aimé. J’ai réalisé et redécouvert que l’amour au sein de mon couple était aussi intense que dans mes romances. Je crois que l’amour est un sentiment qui a besoin d’entraînement. Il est un peu comme l’endorphine. Plus on pratique du sport, plus on a envie d’en pratiquer. L’amour, c’est pareil, plus on le ressent, à travers des lectures par exemple, plus on aime.

2- Parlez-nous d’un objet qui évoque des souvenirs puissants pour vous.

La boîte à sucre en métal. Elle m’évoque mon enfance et les réunions familiales. On ne la sortait que les jours où il y avait du monde à table, pour le café. Elle était belle et ressemblait davantage à une boîte au trésor. On n’en utilise plus vraiment de nos jours. Pour moi, la boîte à sucre me rappelle les liens familiaux, la douceur et un moment rassurant et réconfortant.

3- Parlez-nous d’un mot qui a beaucoup de pouvoir à vos yeux.

Le mot «promesse» possède à mes yeux énormément de pouvoir. Il est capable d’accorder de la confiance, de la joie et le la sérénité quand il est accompli, mais il est aussi capable de provoquer de la déception, du chagrin et des regrets quand il ne l’est pas. Il est aussi doux qu’une caresse mais aussi dangereux qu’un coup de poignard.

4- Parlez-nous d’un livre puissant que vous avez lu cette année (ou un livre que vous n’avez jamais pu oublier).

Si j’aimerais parler d’un livre que je n’ai jamais pu oublier, c’est "Le lien maléfique" d’Anne Rice. Je l’avais emprunté à la bibliothèque quand j’étais plus jeune. Il m’a profondément marquée pour plusieurs raisons. D’une part, je crois que c’est le premier livre qui a suscité en moi une tension sexuelle. C’est un roman fantastique avec une sensualité époustouflante. D’autre part, les descriptions de la Nouvelle Orléans dans ce roman ont fait de cette ville un fantasme. Depuis cette lecture, je rêve de vivre un jour dans une maison de type colonial, avec une devanture blanche, un porche et un rocking-chair. Et enfin, je n’oublierai pas la philosophie d’un des personnages qui est devenue la mienne depuis : Quand quelqu’un ne dit jamais un mot, tout le monde l’écoute attentivement quand il parle.

5- Parlez-nous d’une personne qui a une puissante influence sur votre vie.

Les seules personnes qui ont de l’influence sur ma vie sont mes filles. Je veux qu’elles soient fières de moi et que mes paroles se prouvent par des actes. Pour elles, j’ai décidé de changer de vie et d’accomplir mes rêves malgré les difficultés et les obstacles qui se présentent. Je veux leur montrer qu’il faut parfois prendre des risques, être courageuse et même s’écrouler pour réussir ce que l’on veut vraiment.

Mikky Sophie

Mikky Sophie attache beaucoup d'importance aux valeurs essentielles de la vie : la sieste, les apéros, les bonbons acidulés et les chorégraphies improvisées avec sa fille sur le dance floor du salon. Enfant, elle rêvait d'une carrière d'humoriste muette à la radio ; adulte, elle s'est finalement tournée vers l'écriture de romance. Diplômée d'une licence de psychologie, elle aime s'imprégner de la folie de ses personnages et leur imaginer des péripéties bienveillantes. Après avoir travaillé des années dans la restauration, elle se consacre à présent à l’écriture. Auteur de "Love ticket" publié chez La Condamine et de "Sur ton chemin" chez Nisha éditions, Mikky Sophie aime défier les préjugés et surprendre ses lecteurs dans des histoires drôles et énigmatiques.

Commentaires

Emilie Collins (le 30/08/2017)
Que de l'énergie positive !! J'adore ta participation !

marie lerouge (le 02/09/2017)
"Laromance est un souffle sur les braises de la passion." Il me semble que cette phrase magnifique résume l'ensemble de ton essai. Et qu'il riche d'espoir ce beau mot de promesse.

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