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La fête parfaite par Anna Sugden

Les Romantiques - 21/04/2015

Encore une fête de Noël. Encore une soirée à prétendre que Lizzie Martin n’était rien de plus qu’une amie.
Taylor "Mad Dog" Madden finit sa bière et se servit une assiette au buffet. Il allait traîner autour de la table jusqu’à ce qu’il puisse s’éclipser sans paraître impoli. Il avait envisagé de ne pas venir du tout, mais comme c’était Jake "Bad Boy" Badoletti, son ami et coéquipier des Ice Cats du New Jersey, qui organisait la fête, les gens se seraient posé trop de questions.
Il évita soigneusement de regarder ce qu’il se passait dans la cuisine à travers le passe-plats. C’était là que se trouvait Lizzie, elle écrivait au glaçage le nom de chaque invité sur des cookies décorés pour Noël, qui leur seraient offerts en cadeau. Ca faisait seulement deux ans qu’ils avaient conçu ce projet des "Douceurs de Lizzie", lors d’une fête de Thanksgiving, et son affaire de cookies personnalisés connaissait déjà un tel succès que les clients réservaient ses services des mois à l’avance. Elle lui avait remboursé l’argent qu’il lui avait prêté pour se lancer, tout en insistant pour qu’il garde une participation dans l’entreprise : elle disait qu’il lui portait chance.
Ami. Associé. Porte-bonheur. Taylor était tout pour elle, tout sauf ce qu'il aurait voulu être.
Incapable de résister plus longtemps, il laissa son regard se poser sur elle.
Elle était adorable, comme toujours. Ses cheveux blonds étaient tirés en arrière en une tresse sophistiquée, et elle portait un tablier rayé de rouge et de blanc, comme un sucre d’orge, avec "Les Douceurs de Lizzie" brodé sur le devant, par-dessus une robe de laine rouge qui moulait ses courbes généreuses. Il aperçut des traces de sucre sur ses lèvres, qui lui donnèrent une envie irrépressible de goûter à leur douceur.
Se rendant compte qu'il venait de lécher ses propres lèvres, Taylor grogna intérieurement. Bordel ! Pourquoi se torturer ainsi ? Pourquoi ne pas simplement avouer à Lizzie ce qu’il ressentait pour elle ?
Parce qu'il avait peur de détruire leur amitié et de la perdre complètement.
Ils étaient devenus copains au cours de sa première année en tant que joueur de hockey professionnel, lorsqu’ils s'étaient disputé la dernière cuillerée d’une salade de pommes de terre à une fête du Memorial Day, la journée nationale du souvenir. Depuis lors ils avaient passé beaucoup de temps ensemble, ce qui les arrangeait tous les deux. Taylor n'avait alors aucune envie de s'engager à nouveau dans une relation, il venait de rompre avec sa petite amie de lycée, et Lizzie faisait de grands projets d'avenir et était contente d’être célibataire.
Tout allait pour le mieux jusqu'à la fête nationale du 4 juillet, quelques mois plus tôt. Alors qu’ils regardaient le feu d'artifice, Lizzie avait glissé dans sa bouche un de ses cookies décoré du drapeau américain. Lorsque les doigts de la jeune femme avaient effleuré ses lèvres, les fusées qui explosaient dans le ciel avaient résonné dans sa tête. C'est à ce moment-là qu'il avait réalisé que l'amitié ne lui suffisait plus. La bonne nouvelle, c’est qu'elle n'avait pas remarqué sa réaction physique à son contact. La mauvaise, c’est que de son côté elle n'avait pas du tout eu l'air d'être troublée.
Depuis lors, à chaque fois qu'ils se voyaient, Taylor devait lutter pour cacher ses sentiments grandissants.
Le rire de Lizzie interrompit ses pensées. Merde ! Que faisait son pote Jean-Baptiste Larocque dans la cuisine, à flirter avec elle ? Taylor grinça des dents en voyant JB passer le bras autour de la taille de Lizzie, puis lui voler un cookie. L'attaquant, un grand tombeur, pouvait séduire n'importe quelle femme. Est-ce qu’il était obligé de draguer aussi la copine de Taylor ?
Sauf que, techniquement, elle n'était pas sa copine.
Il était temps de remédier à cela. Il ne pouvait supporter plus longtemps cette situation floue, c'était évident. Il posa son assiette et entra dans la cuisine.
- Laisse les cookies tranquilles, Larocque, grogna-t-il.
JB lâcha Lizzie, immédiatement, mais le regard narquois qu’il lança à Taylor le mettait au défi d’agir.
- Je ne prends que ce qui est à moi, Mad Dog.
Son ami leva le cookie pour lui montrer son prénom écrit au glaçage.
- Je ne pique rien à personne, mais si tu ne réclames pas ton dû rapidement, tant pis pour toi !
Malgré ses paroles provocantes, les yeux de JB, qui quitta la cuisine d'un pas nonchalant, disaient qu’il comprenait. Il connaissait les sentiments de Taylor pour Lizzie. Merde ! C’était si évident que ça ?
Pas pour Lizzie, apparemment. Elle lui adressa un sourire éclatant et vint le serrer dans ses bras.
Taylor ferma brièvement les yeux, humant son doux parfum, mélange de vanille et de sucre. Il aurait parié qu'elle avait un goût aussi délicieux que son odeur.
Mais ce n'était pas le moment de se laisser aller à ce genre de pensées. Il se força à reculer d'un pas et à lui faire un grand sourire.
- Qu’est-ce qu’il t'est arrivé ?
Lizzie passa doucement ses doigts sur sa lèvre fendue et sa joue contusionnée.
- Cet œil au beurre noir doit te faire mal.
Son pouls s'accéléra au contact de sa main.
- Je me suis fait plaquer dans les bandes pendant le match d’hier soir, et je me suis cogné la mâchoire contre un panneau. C'est plus impressionnant que douloureux.
- Pauvre chéri.
Elle déposa un baiser sur le bout de ses doigts et les pressa contre la bouche de Taylor.
- Il te faut un bisou magique.
Elle lui avait offert l'ouverture idéale, pourtant il hésitait. S'il l'embrassait il franchirait une limite, et ils ne pourraient jamais revenir à une simple amitié.
Au diable tout cela. Il fallait qu’il sache, d'une manière ou d’une autre.
- Mes blessures méritent un vrai baiser, non ?
- Dans tes rêves !
Le rire de Lizzie s’éteignit lorsqu'elle croisa son regard intense.
- Tu es sérieux ? Je... euh...
Elle n'alla pas plus loin et ses yeux bleus s'agrandirent lorsqu'il l'attira contre lui. Ses joues rosirent, mais elle ne protesta pas.
Il baissa la tête lentement, lui laissant largement le temps de l'arrêter si elle le souhaitait.
Elle ne le fit pas.
Il s'était trompé : elle avait un goût encore plus délicieux que son parfum. Meilleur qu'un cookie. Meilleur que n'importe quelle autre femme.
Leurs lèvres se touchèrent, s'attardèrent, et il sentit le désir traverser son corps comme un éclair. C'était si bon. Mieux que bon, c'était parfait.
Il l'attira vers lui, jusqu'à plaquer tout son corps contre le sien, et leur baiser devint plus intense encore. Lizzie noua les bras autour de son cou et un gémissement monta du fond de sa gorge.
Perdu dans ce baiser pendant de longues minutes, des heures peut-être, Taylor se demanda pourquoi il s'était posé autant de questions avant de se lancer. Tout allait se passer à merveille.
Lizzie s'arracha à son étreinte, mettant fin à leur baiser.
- C’était inattendu. Et pas très raisonnable.
Il sourit, se délectant de son goût sur ses lèvres et du plaisir qui faisait vibrer son corps.
- Être raisonnable, ce n'est pas si génial que ça.
- Possible, mais ça ne doit pas se reproduire.
Une sensation de froid l'envahit, comme si on l'avait aspergé de glace.
- Quoi ?
- N'importe qui aurait pu entrer.
Elle sortit de la cuisine à grands pas.
Qu’est-ce qu’il venait de se passer ? Un instant elle l'embrassait et avait l’air d’aimer ça, le suivant elle filait plus vite que Larocque lors d'une échappée.
Il cherchait encore à comprendre lorsque Lizzie revint et lui lança sa veste. Elle voulait qu'il parte ? Bon sang, comment avait-il fait pour se planter à ce point ? Il l’enfila et se détourna pour partir.
- Où vas-tu ? demanda-t-elle.
- Je rentre chez moi.
- Mais pourquoi ?
Il la regarda, confus.
- Ce n'est pas ce que tu veux ?
- Non. Je pensais qu'on pourrait continuer ce qu’on était en train de faire, mais dehors,en privé.
Elle ouvrit la porte de derrière.
C'est alors qu’il vit qu’elle avait mis son manteau. Son cœur se remplit d'espoir tandis qu'il la suivait dans la fraîcheur de la nuit.
Mais il voulait quand même être sûr :
- Pourtant tu as dit...
Elle l'interrompit en souriant :
- Je ne voulais pas qu'on nous dérange.
- J'ai cru que j'avais fait une erreur monumentale.
- Mais c’est le cas, elle se glissa dans ses bras et pencha la tête en arrière, de sorte que sa bouche soit juste à portée de la sienne.
- Tu as perdu cinq mois.
Il sentit le bonheur l’envahir :
- Alors il faut que je rattrape le temps perdu.
Et il l'embrassa.
Finalement, c'était une fête parfaite.

FIN

Bienvenue dans le monde des New Jersey Ice Cats !
Les livres de la serie : Le feu sous la glace, La proposition idéale
La fête parfaite – Une nouvelle des New Jersey Ice Cats
A Perfect Party Copyright © 2014 Anahita Sugden
Traduction française de Bridget Costedoat et Cécile Rousseau, éditée par Agnès Caubet
Pour plus d’informations, visitez mon site web : www.annasugden.com


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