Julie Derussy - Mois de la Romance 2017

Les Romantiques - 04/08/2017

Le pouvoir de la romance

J’ai toujours été fascinée par les histoires d’amour. Grande lectrice, je les ai recherchées sans toujours en avoir conscience, dévorant les romans de Mary Higgins Clark, où la jeune et belle héroïne finit infailliblement amoureuse. J’adorais "La bicyclette bleue" de Régine Deforges (ah, François et Léa !) ou encore "Autant en emporte le vent" de Margaret Mitchell. Je relisais inlassablement les passages de rencontres, de baisers, et évidemment, les scènes érotiques pour lesquelles j’ai toujours eu un faible. Je crois que je connais toujours par cœur certaines phrases…

La romance proprement dite, je n’y suis venue que plus tard. J’ai lu, adolescente, quelques romans de la collection Harlequin, des traductions de romances américaines. Certains m’ont plu, mais la plupart me semblaient trop cliché. Quant aux romans de Barbara Cartland, trop de rose bonbon ! Je ne peux pas… Du coup, le renouvellement récent de la romance, qui est devenue plus réaliste, et souvent plus épicée, me convient parfaitement.

C’est en fait sous l’influence de mes amies, sur Facebook, que je suis revenue à Harlequin, découvrant que la collection française qui se développe actuellement est beaucoup plus riche, plus variée que les traductions que j’ai lues autrefois. C’est aussi grâce à mes contacts que j’ai pu découvrir les codes du genre et y réfléchir.

Quand j’ai appris qu’une romance ne pouvait pas se finir mal, j’étais très surprise. Pour moi qui suis accro au suspense, qui ne supporte pas qu’on me révèle la fin d’un livre ou d’un film, c’était presque inconcevable qu’on ne puisse pas déroger à cette règle. Pourtant, je la comprends, parce que je ressens régulièrement l’envie de lire une romance, justement parce que je sais que cette lecture va me réconforter, apporter un peu de rêve dans mon existence – des nuages roses dans le gris du ciel.

Avec le recul, aujourd’hui, j’ai accepté ce code, même si je pense qu’il rend l’exercice particulièrement périlleux pour l’auteur qui s’y attaque. En tant que lectrice, il m’arrive régulièrement de m’ennuyer à la fin d’une romance, alors même que j’ai aimé le début. Toutes la difficulté consiste, il me semble, à faire en sorte que cela n’arrive pas : le récit doit rester haletant jusqu’au bout, par son suspense, ou par une écriture vivante et drôle, par des scènes sensuelles ou poétiques… Les épreuves que les personnages traversent doivent sembler réelles, ne pas donner l’impression d’une succession de rebondissements inventés uniquement pour séparer les personnages avant de les réunir à la fin.

Depuis que je me suis mise à écrire de la romance, j’ai de plus en plus envie d’explorer ce genre. Après "French girl", une histoire de triangle amoureux, je me suis mise à écrire d’autres romances. J’ai au moins une dizaine de scenarios en tête, je ne m’en lasse pas. D’ailleurs, je suis également devenue directrice d’une collection de romance, la collection Corail aux éditions du 38.

Je ne fais pas de différence entre une littérature de gare et une littérature plus noble. Je pense que certains grands classiques de la littérature sont des romances : c’est le cas de la totalité des romans de Jane Austen, du roman de Zola "Au bonheur des dames" (le seul parmi les Rougon Macquart que je relis régulièrement, les autres sont trop déprimants), de "Claudine à Paris" de Colette… Des romans que j’adore, et que je referme toujours le sourire aux lèvres, avec le désir d’y revenir très vite.

Le pouvoir de la romance, c’est avant tout cela : donner envie de vivre.

Julie Derussy recommande

Parmi les écrivains très connus, j’ai un faible pour Colleen Hoover : ses personnages me touchent. Je viens de relire "Ugly love", je crois que c’était la troisième fois.

Mais j’aime aussi beaucoup découvrir les livres des auteurs françaises que je croise sur les réseaux. Je citerai d’abord Valery K. Baran. Son "Initiation de Claire" m’a fait vraiment frissonner ! J’aime aussi les romans de Fanny André, et je conseille "Premier rôle" aux amatrices de triangle amoureux. Enfin, si vous avez un faible pour les comédies romantiques drôles, il faut absolument lire Eve Borelli !

Récemment, je me suis également mise au MM, les histoires d’amour entre hommes, sous l’influence de ma petite sœur, Pauline Derussy, qui vient de publier sa première romance, "Soundless" (que je vous conseille, évidemment). Je me suis passionnée pour "Prince captif", de C.S. Pacat, qui mêle romance et fantasy.

Les questions

1- Parlez-nous d’un moment où vous avez pris conscience du Pouvoir de la Romance.

Après une rupture, quand j’avais une vingtaine d’années, je me suis mise à relire avec fièvre une série de Janine Boissard, "L’esprit de famille". Ce n’est pas à proprement parler une romance, mais il y a plusieurs histoires d’amour, et ce sont bien sûr mes passages préférés. Cette lecture m’a aidée à me remettre en selle, à tourner la page !

2- Parlez-nous d’un objet qui évoque des souvenirs puissants pour vous.

En ce moment, je songe beaucoup aux cerises… Une branche de cerisier en fleurs est d’ailleurs tatouée sur mon bras. Ce symbole me rappelle que les branches nues sont vouées à refleurir et que les épreuves ne sont pas éternelles. Du coup, les cerises sont au centre de la nouvelle romance que je suis en train d’écrire et que je publie, chapitre après chapitre, sur Wattpad : "Le goût des cerises". Les personnages principaux, Julien et Théa, sont tous les deux sur le point de passer le bac. Mais s’ils se donnent rendez-vous sous un cerisier, ce n’est pas pour réviser…

3- Parlez-nous d’un mot qui a beaucoup de pouvoir à vos yeux.

Je vais rester dans le même thème : j’aime la «reverdie», terme qui renvoie au printemps, le moment où la nature bourgeonne et renaît de ses cendres. Au Moyen Age, les troubadours chantaient la reverdie au début de leurs poèmes, avant d’évoquer des amours passionnées…

4- Parlez-nous d’un livre puissant que vous avez lu cette année (ou d’un livre que vous n’avez jamais pu oublier).

Il faut absolument que j’évoque "Le manoir", d’Emma Cavalier. Une histoire d’amour, mais aussi une initiation au sado-masochisme. Pauline s’y laisse séduire par Julien, tout en se rebellant régulièrement contre celui qui devient son maître. Archiviste, elle découvre au fur et à mesure du roman les sulfureux secrets du manoir.

5- Parlez-nous d’une personne qui a eu une puissante influence sur votre vie.

Je peux dire sans plaisanter que Facebook a changé ma vie. J’y ai rencontré tout un groupe d’auteurs : Clarissa Rivière, Aline Tosca, Valery K. Baran, Julie Huleux… C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de mes éditeurs, Lilian Ronchaux pour L’ivre-Book et Anita Berchenko pour les éditions du 38. Ces échanges sur les réseaux ne cessent de m’enrichir, et m’ont conduite, notamment, à la romance.

Le concours

Un exemplaire numérique de "French girl".

La gagnante sera tirée au sort parmi les personnes ayant commenté cet article.

Julie Derussy

J’ai grandi dans le nord de la France. Il y avait une grande bibliothèque, des chats, et beaucoup de rires. En 2007, j’ai découvert l’Amérique et me suis mise à écrire ; le clavier ne m’a plus jamais quittée. Aujourd’hui enseignante, j’ai pris la clé des champs et aime regarder défiler les saisons dans mon jardin : fleurs de cerisier, tomates rougissantes, pommes constellant le gazon, et la neige, bien sûr, l’infinie blancheur de la neige.

Commentaires

Marie Lerouge (le 04/08/2017)
Merci Pauline pour cette vision de la romance. Je partage ton idée que la romance doit s'accorder au réel tout en nous apportant du rêve. D'où la difficulté d'en écrire. Et grâce à toi, je découvre ce beau mot: reverdie.

Marie Lerouge (le 04/08/2017)
Oups, je voulais dire Julie, mais vous semblez tellement liées que vous me pardonnerez toutes les deux !!

cricribi (le 04/08/2017)
J' aime beaucoup ce que je viens de lire. On voit que vous avez bien réfléchi aux codes de la Romance, à la manière de les intégrer à une histoire , à la créativité que demandent ces codes pour ne pas que l' histoire ronronne trop jusqu' à la fin heureuse. Ca change un peu des auteurs qui prennent le problème à l' envers, en tentant de " faire évoluer " la Romance en proposant des bouquins déprimants mais qu' elles veulent à tout prix caser dans ce genre! :-D !!

Julie Derussy (le 04/08/2017)
Marie Lerouge, pas de souci ! C'est vrai que nous sommes très liées. Son interview paraîtra vers la fin du mois. Par ailleurs, il n'y pas de concours annoncé, mais j'ai vu que les autres autrices en avaient fait. Du coup, je propose l'epub de mon roman "French girl" à gagner. Laissez un commentaire et il y aura un tirage au sort !

Julie Derussy (le 04/08/2017)
Cricribi, j'y ai en effet beaucoup réfléchi avant de me lancer. Et depuis que j'écris de la romance, j'y prends beaucoup de plaisir. Je me rends compte que ça comble un désir en moi !

karimbenze.79@gmail.com (le 04/08/2017)
merci

Marie-Laure (le 16/08/2017)
Merci Julie pour ce point de vue et vive Facebook alors :-)

Fabiola (le 20/08/2017)
Merci beaucoup pour le texte. Ca fait du bien de lire enfin un auteur qui se lance dans un genre en pensant d'abord aux codes, qui fait l'effort de les respecter. Et aussi de comprendre qu'écrire une romance n'est pas si facile que beaucoup aimeraient le faire croire. Après un peu d'originalité ne fait pas de mal (pas trop non plus lol), mais tant que les codes principaux sont respectés, c'est l'essentiel. Par contre, personnellement, je suis très classique dans mes choix de lecture et le triangle amoureux n'en fait pas du tout partie lol J'aime beaucoup également les titres classiques que vous avez cités pour expliquer que la romance telle que nous la connaissons aujourd'hui existe depuis longtemps. Encore merci

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