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Lucie Castel - Mois de la Romance 2017

Fabiola - 09/08/2017

Le pouvoir de la romance

À mon sens s'interroger sur le pouvoir de la romance, revient à s'interroger sur le pouvoir de l'amour, car la romance raconte l'amour. Et il n'y a pas plus grand pouvoir que l'amour.

En effet, qu'est-ce que la romance si ce n'est la peinture de l'amour, son esquisse, sa mélodie ? La romance est le support magnifié de la parade amoureuse. À ce titre, et du fait de la nature impérieuse du sentiment amoureux chez l'Homme, la romance a un immense pouvoir. Et ce pouvoir est d'autant plus grand qu'il est universel, il est au cœur de l'humanité.

L'universalité du sujet de la romance.

La romance étant l'un des champs lexicaux de l'amour, elle n'a de raison d'être que de raconter l'amour sous toutes ses formes, dans toutes ses tonalités et dans tous ses contextes. Or, je reste convaincue que l'amour est l'émotion qui définit le mieux l'être humain. Il est le liant de son humanité et son moteur. On bâtit des monuments par amour, on conquiert des territoires qui façonnent l'évolution de la civilisation par amour, on trahit par amour, on fait et défait des royaumes par amour, on explore l'infiniment grand et l'infiniment petit par amour et on voyage dans l'espace par amour. Et même lorsque la haine s'en mêle, elle n'est que la face opposée de l'amour. Car il faut aimer pour pouvoir haïr.

À lui seul, l'amour est le plus puissant des élans, il est l'étincelle créatrice, celle qui pousse l'homme à l'action, à l'imagination et à l'invention. L'amour de soi donne la confiance en soi qui donne le rayonnement, qui entraîne le charisme et fait se sortir des plus grandes difficultés. L'amour donné aux autres met de la lumière dans nos existences et instaure une dynamique de réussite. Qui n'a jamais expérimenté un moment dans sa vie où on est en paix avec soi-même, où on s'aime tel que l'on est et qu'alors les choses autour de nous semblent aller mieux ?

À l'inverse, l'absence d'amour fait prendre conscience du pouvoir de celui-ci sur nos existences. L’absence d'amour envers nous-même nous pousse à nous maltraiter et à croire que nous ne valons rien et que nous ne sommes pas dignes d'être aimés. Alors notre environnement se durcit et nous croisons la route de personnes avides de notre douleur et de notre manque d'amour pour nous-même.

Il n'y a pas plus grande puissance que l'amour, sous quelques formes qu'il soit. Cette certitude est gravée dans notre inconscient et c'est pourquoi la question de l'amour est au cœur de nos débats conscients et inconscients. Il est universel.

Il est donc normal qu'un récit portant exclusivement sur ce thème soit chargé de cette même intensité. La pouvoir de la romance tient en grande partie à l'universalité de la question de l'amour. C'est comme si le lecteur regardait se mouvoir devant lui le plus grand secret de l'humanité : la manière dont l'humain aime le monde qui l'entoure. Un peu, beaucoup passionnément, ou pas du tout.

L'universalité du fantasme amoureux.

L'autre raison majeure pour laquelle le pouvoir de la romance est si fort est que celle-ci nous livre une version fantasmée de l'amour. Pourquoi court-on après cette représentation ? Parce qu'au fond de nous, nous aspirons à être nourris, emplis et cernés d'amour. On sait que lorsqu'il y en a partout dans notre vie, les couleurs du monde sont plus vives, les goûts plus intenses, la vie plus belle. Personne ne peut soutenir que l'amour n'apporte pas un peu plus de lumière à nos existences, même les plus cyniques savent au plus profond d'eux que passer une existence sans aimer et être aimés, c'est nier une partie de sa nature humaine.

Alors quoi de plus jouissif, quoi de plus passionnant que de se plonger dans une histoire d'amour magnifiée par la plume d'un auteur ? Une histoire d'amour sans danger, sans limites, hors de toutes contraintes liées au réel et qu'on peut consommer encore et encore sans aucun risque. La romance est comme un shoot d'émotions amoureuses, une dose homéopathique d'un des sentiments les plus forts et les plus universels éprouvé par l'être humain. On vient prendre sa dose d’aventures amoureuses et, le temps de la lecture, le monde nous paraît un peu plus lumineux. On se pique à l'encre de l'auteur et, l'espace d'un instant d'évasion, on oublie nos blessures narcissiques, nos manques affectifs et nos déceptions sentimentales. Parce que durant ce laps de temps, coincés entre deux pages, nous rêvons que l'amour peut être simple, qu'il peut triompher de tout, qu'il peut soigner et magnifier.

Là réside le grand pouvoir de la romance : sa capacité à donner un supplément de rêve au lecteur sur la question qui fait se mouvoir l'humanité depuis son origine : l'amour.

 

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Les questions

1- Parlez-nous d'un moment où vous avez pris conscience du pouvoir de la romance.

Certainement à l'époque de la polémique autour de «Fifty shades of grey» où tout le monde s'est emparé du genre de la romance et tout le monde se découvrait analyste littéraire. La proportion du débat, la violence des réactions, ont soudain fait de la question de la romance un phénomène viral, un enjeu quasi philosophique, m'ont vraiment fait prendre conscience à quel point on touchait quelque chose d'important pour les gens. Il y avait beaucoup de passion et d'affect dans les réactions que j'ai pu entendre, ou lire, que ce soit dans un camp ou dans un autre. On ne réagit pas aussi intensément quand le sujet n'est pas sensible et ne fait pas écho à quelque chose de profondément ancré en l'être humain.

2- Parlez-nous d'un objet qui évoque des souvenirs puissants pour vous.

Je ne suis pas quelqu'un qui est attaché aux objets. En fait, je ne les charge pas vraiment de souvenirs ou d'émotions. Je les trouve beaux, utiles, agréables mais ils ne racontent pas autre chose que ça. Je suis bien plus sensible à une odeur ou une image qui va me rappeler quelque chose qui compte pour moi. Mais concernant les objets qui m'entourent, je pourrais ne rien garder, cela ne me briserait pas le cœur.

3- Parlez-nous d'un mot qui a beaucoup de pouvoir à vos yeux.

L'amour. Pour moi, c'est le moteur de la vie. On peut tout faire, tout accomplir et tout surmonter si on est rempli d'amour pour soi d'abord, puis pour les autres ensuite.

4- Parlez-nous d'un livre puissant que vous avez lu cette année.

J'ai été bouleversée par «Station eleven» d'Emily St John Mandel que j'ai lu il n'y a pas très longtemps. C'est un roman de post-apocalypse, mais qui le traite sous un angle étonnamment banal et humain. S'entrecroisent alors tout un tas d'existences dont les actions, les pensées et les rêves vont avoir des conséquences sur le monde et la vie des autres. C'est un roman profondément humain qui jouit d'une narration très inventive et qui vous immerge dans l'intimité d'un groupe d'individus qui malgré leur implication dans un évènement majeur tragique (l'extinction quasi complète de l'humanité) raconte une histoire profondément subtile et poétique.

5- Parlez-nous d'une personne qui a eu une puissante influence sur votre vie.

Ma mère, sans aucun doute. Elle a en grande partie façonné la personne que je suis.

 

Lucie Castel

Professeur de droit dans une prestigieuse école, Lucie Castel s’évade grâce à l’écriture. Aussi dynamique que talentueuse, elle exprime sa créativité à travers de multiples projets artistiques qu’elle aime mener de front. «Pas si simple» est sa première comédie romantique.


Commentaires

marie lerouge (le 09/08/2017)
Raconter l'amour dans sa version fantasmée, on ne peut mieux résumer le pouvoir de la romance. Merci Lucie de l'avoir exprimé avec autant de talent.

Marie-Laure (le 16/08/2017)
Quelle belle hymne à l'amour... Merci Lucie pour ces mots qui font du bien :-)

Marie-Laure (le 16/08/2017)
Quel bel hymne à l'amour ! Oups, désolée pour les fautes !!!

Fabiola (le 17/08/2017)
Merci Lucie pour ce bel essai. :-) J'aime particulièrement cette phrase: "On ne réagit pas aussi intensément quand le sujet n'est pas sensible et ne fait pas écho à quelque chose de profondément ancré en l'être humain."

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