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Hedy Lamarr - Scandaleuse

Rinou - 31/05/2017

Hedwig Eva Maria Kiesler nait à Vienne, en Autriche, le 9 novembre 1914, d’un père banquier et d’une mère pianiste. A seize ans, elle fait du théâtre et commence à travailler aux studios cinématographiques de Vienne, d’abord en tant qu’auxi- liaire-réalisatrice. Vite repérée pour son physique, elle obtient de petits rôles dans des films.

En 1933, à seulement dix-huit ans, Hedy joue dans Extase de Gustav Machaty. Elle y figure nue dans plusieurs scènes brèves, ce qui est totalement inédit à l’époque, et son visage parait en gros plan lors d’une scène d’orgasme. Le film, présenté à la Biennale de Venise, est condamné par le pape Pie XII.

Un peu plus tard la même année, poussée par ses parents, elle épouse Friedrich Mandl, un industriel autrichien de l’armement de quinze ans son aîné. Elle racontera dans ses mémoires que Friedrich est un époux dominateur, qui l’empêche de poursuivre sa carrière d’actrice. Il a des liens avec les gouvernements d’Hitler et de Mussolini, et Hedy l’accompagne à des réunions d’affaires où il parle de technologie militaire avec des scientifiques et d’autres professionnels de l’armement. Au bout de quatre ans, elle décide de le quitter et part pour Paris où elle rencontre le producteur de cinéma Louis B. Meyer qui, après un premier refus, finit par l’engager pour la MGM. Direction Hollywood !

C’est sous le nom d’Hedy Lamarr qu’elle apparait en 1938 dans Casbah de John Cromwell, le remake du film français Pépé le Moko. Elle est présentée comme «la femme la plus belle du monde» et son statut d’actrice autrichienne rajoute à sa soudaine notoriété. Entre 1939 et 1945 elle va tourner dans une quinzaine de films pour la MGM, aux côtés de grands noms comme Robert Taylor, Spencer Tracy, Lana Turner et Judy Garland, le plus souvent dans des rôles de séductrice glamour. Elle dira plus tard «N’importe quelle fille peut avoir l’air glamour, tout ce que vous avez à faire c’est de rester immobile et de prendre un air idiot.»

La MGM compte beaucoup sur sa plastique, et bien qu’elle ait montré de vrais talents d’actrice, comme dans la comédie Camarade X avec Clark Gable, la majorité des films la présente immobile, dans de longs plans rapprochés, alors que l’ac- tion se déroule autour d’elle. Hedy confiera qu’elle sait que sa beauté a limité sa carrière. «Mon visage est mon malheur. Il a attiré les mauvaises personnes et m’a amené tragédie et peine… Mon visage est un masque que je ne peux pas enlever. Je dois vivre avec. Je le maudis.»
 
Elle épouse en 1939 Gene Markey, scénariste et producteur, avec qui elle adopte un fils prénommé James (dont elle ne sera jamais proche), mais le couple divorce en 1941. Elle se remarie en 1943 avec l’acteur John Loder, avec qui elle aura deux enfants, Denise (née en 1945) et Anthony (né en 1947). Le couple divorce en 1947.
 
Mais Hedy Lamarr n’est pas qu’une belle actrice, elle possède aussi une intelligence supérieure et s’intéresse aux inventions. Elle souhaite plus que tout rejoindre le conseil national des inventeurs (NIC) mais il refuse son admission en disant qu’elle ferait mieux de servir l’effort de guerre en utilisant sa célébrité pour vendre des obligations de guerre. Cependant elle se lasse vite des rassemblements où elle doit passer son temps à flirter et embrasser un marin nommé Eddie pour inciter les spectateurs à mettre la main au portefeuille.

Hedy va se servir de ce qu’elle a appris pendant son premier mariage. En 1940, avec son ami compositeur George Antheil, elle planche sur une méthode pour remplacer le contrôle radio des torpilles, qui peut être bloqué. Ils inventent un commutateur de fréquence permettant au système de guidage des torpilles de changer de fréquence, et donc d’être presque indétectable. Ils déposent le brevet de leur «Système Secret de Communication» en 1942, en laissant l’invention libre d’utilisation pour l’armée américaine. Est-ce parce que l’invention vient d’une femme, ou parce qu’Hedy et George ne font pas partie de l’armée, toujours est-il que le brevet est mis de côté par l’armée et oublié. Ce n’est que dans les années 60 qu’il est enfin utilisé pour l’armement, avant d’être récupéré par les constructeurs de matériels de transmission dans les années 80. Cette invention, qui porte le nom de Technique Lamarr, est toujours utilisée à l’heure actuelle pour les GPS, les liaisons chiffrées militaires, les communications des navettes spatiales avec le sol, la téléphonie mobile, ou encore le Wi-Fi.
 
Après 1945 Hedy Lamarr quitte la MGM, et on la voit dans des productions indépendantes comme Le démon de la chair, où elle joue une criminelle schizophrène. En 1949 elle tient le rôle de la séductrice dans le péplum Samson et Dalila de Cecil B. DeMille au côté de Victor Manure. Elle remporte la même année le seul prix de sa carrière, le Prix Pomme Acide de l’actrice la moins coopérative remis par les Golden Apple Awards. Par la suite elle va se faire rare au cinéma, et l’un de ses derniers rôles sera Jeanne d’Arc dans le film L’histoire de l’humanité, en 1957.
 
Côté cœur, Hedy épouse en 1951 Ernest «Ted» Stauffer, un propriétaire de nightclub et de restaurant duquel elle divorce moins d’un an plus tard, puis en 1953 W. Howard Lee, pétrolier texan avec lequel elle restera jusqu’en 1960. Finalement, en 1963, elle se marie avec Lewis J. Boies, qui n’est autre que l’avocat chargé de ses divorces précédents, avec lequel elle ne restera que deux ans. Elle ne se remariera jamais. On lui prête également (à tort ou à raison) un bon nombre de conquêtes depuis son arrivée aux Etats-Unis : Stewart Granger, John Kennedy, Jean-Pierre Aumont (avec qui elle est brièvement fiancée en 1942), David Niven, Errol Flynn, Marlon Brando, Orson Welles, Charlie Chaplin, Otto Preminger, James Stewart, Robert Taylor, Spencer Tracy, la liste des hommes dont elle a été proche est longue.
 
 
 
Dans les années 60, l’actrice à la beauté renommée est terrifiée de vieillir et se tourne vers la chirurgie esthétique. «Elle s’est fait augmenter les seins, ses pommettes ont été remontées, ses lèvres épaissies, et bien d’autres choses encore» racontera son fils Anthony. «Elle a fait de la chirurgie plastique en pensant que ça pourrait raviver sa beauté et sa carrière, mais ça a échoué et déformé ses traits.»
 
En 1966, prise en flagrant délit de vol de produits de beauté dans une grande surface à Los Angeles, elle est jugée et relaxée, mais cette mésaventure est relatée dans les tabloïds. La même année parait son autobiographie, Ecstasy and me. On en apprend beaucoup sur sa vie privée mouvementée, mais l’actrice précise en interview que ce n’est pas elle qui l’a écrite, et qu’il ne faut pas croire tout ce qui y est dit. Elle attaque d’ailleurs en justice la maison d’édition, au motif que beaucoup des anecdotes les plus «sales,
écœurantes, et révoltantes» ont été inventées. C’est également l’année où Andy Warhol réalise Hedy, un court métrage parodique où l’héroïne, jouée par le travesti Mario Montez, lutte contre le vieillissement à coup d’opérations chirurgicales et vole dans des magasins. Le stress de cette année lui coûte son rôle dans Picture mommy dead, lorsqu’elle craque nerveusement pendant le tournage. Elle sera remplacée par Zsa Zsa Gabor.
 
Dans les années 70 on propose à Hedy plusieurs scripts de cinéma, des publicités pour la télé, et des projets de pièces de théâtre, mais aucun ne l’intéresse. En 1974 elle attaque la Warner Bros pour l’utilisation d’une parodie de son nom dans Le shérif est en prison de Mel Brooks. L’affaire est réglée avant le procès par un arrangement financier et des excuses publiques.
 
Malvoyante, elle décide de s’installer en Floride où elle passe son temps à peindre et inventer des objets pas forcément utiles. Peu à peu elle se transforme presque en recluse, et le téléphone devient son principal moyen de communication avec le monde extérieur, y compris sa famille. Elle peut passer jusqu’à six heures par jour au téléphone, plutôt que de voir les gens. Son fils Anthony dira après sa mort : «Pour le monde, ma mère était une légende, une beauté qui avait tout. Mais en privé, elle était accro aux médicaments, et terrifiée d’avoir perdu sa beauté. La moitié de sa vie a été un somptueux rêve, mais la seconde partie fut un tragique gâchis.»
 
En 1990, à l’âge de soixante-quinze ans, Hedy Lamarr est à nouveau arrêtée pour avoir volé dans un supermarché de Floride des laxatifs et des gouttes pour les yeux. Les charges sont abandonnées en échange d’un an de contrôle judiciaire, mais là encore l’histoire parait dans les tabloïds, ce qui l’affecte beaucoup. En 1997 elle intente un procès à une compagnie informatique qui a utilisé son visage sur un de ses produits. Ils se justifient en disant d’abord qu’ils la croyaient morte, puis que l’image ne lui appartient pas. L’affaire est réglée avant le procès par un arrangement financier, dont la rumeur dit qu’il est conséquent.
 
La même année, Hedy Lamarr reçoit le prix Electronic Frontier Foundation Pioneer, ainsi que le prix de bronze Bulbie Gnass Spirit of Achievement attribué à ceux dont les réussites ont contribué de façon significative à la société. En son honneur, depuis 2005, les pays germanophones célèbrent le jour des inventeurs le 9 novembre, date de son anniversaire. George Antheil et Hedy seront admis au National Inventors Hall of Fame à titre posthume en 2014.
 
En 1999, alors qu’elle refusait toute demande d’interview, elle répond au questionnaire de Proust de Vanity Fair : «Quelle est votre idée du bonheur parfait ? Vivre une vie très privée.» «Quelle est votre plus grande peur ? Etre coincée au milieu d’une foule.» «Quand et où avez-vous été la plus heureuse ? Entre deux mariages.» «Comment aimeriez-vous mourir ? De préférence après un rapport sexuel.»
 
Ce dernier souhait ne se réalisera pas. Hedy Lamarr décède à Casselberry, en Floride, le 19 janvier 2000 à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, le jour de l’anniversaire de sa fille Denise. Ses enfants jetteront les cendres de leur mère dans les bois près de Vienne, sa ville natale où elle n’était jamais retournée. L’étoile de l’actrice se trouve au 6247 Hollywood Boulevard à Los Angeles.

Rinou
 
Sources : Wikipedia
http://www.hedylamarr.com
http://discov-her.com/fr/article/hedy-lamarr-femme-de-science-et-star-de-cinema
 
 
 

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