La Dark Romance chez Harlequin

Rinou - 31/05/2017

Phénomène venu directement de l’autoédition aux USA, la Dark Romance n’en finit plus de faire parler d’elle chez nous. Nous avions fait un dossier sur le sujet pour le webzine de novembre 2015. Dernier éditeur en date à en publier : Harlequin.
Au moment où nous bouclons notre numéro, deux auteurs sont publiés dans cette catégorie, dans la collection &H : Penelope Douglas et Monica Murphy.
Danaé Tourrand-Viciana, l’éditrice de la collection &H, a bien voulu nous expliquer son choix éditorial.

1 – En quoi la ligne éditoriale sera-t-elle différente de ce qu’on a pu voir jusqu’à présent ?
Au sein de la collection « &H », notre ligne éditoriale est d’explorer tous les territoires de la romance. Nous allons donc continuer à publier les textes qui nous touchent et nous font vibrer dans tous les genres de romance.
En ce qui concerne la Dark Romance plus spécifiquement, ce qui nous intéresse, c’est l’intensité qu’elle apporte et l’immense liberté qu’elle offre. C’est un genre qui permet d’explorer des conflits moraux forts, qui oblige les héros à se confronter à leurs démons, à leurs limites, ce qui est toujours passionnant – et synonyme de sensations fortes pour le lecteur.
Nous attachons une importance particulière, à travers notre sélection éditoriale, au respect de la femme, de son image et de son intégrité. C’est pourquoi nous avons choisi de ne pas publier d’histoires d’esclavage sexuel, de syndrome de Stockholm ou toutes celles dans lesquelles la relation entre les héros passe par le viol. Ce sont des sujets graves, que nous ne souhaitons pas traiter à la légère et qui, pour nous, ne relèvent plus du champ de la romance.

2- Pourquoi les avoir publiés dans la collection « &H » ?
Au sein de HarperCollins France, l’ambition de la collection « &H » est de publier la romance sous toutes ses formes. C’est donc naturellement que nous souhaitons explorer, au sein de cette collection, tous les nouveaux genres de romance qui suscitent notre curiosité et notre intérêt.

3 –Peut-on s’attendre à ce que tous les titres publiés dans cette catégorie soient similaires ?
Nous ne comptons pas nous limiter à la Dark Romance dans la collection « &H ». Et au sein même de notre veine Dark Romance, nous cherchons à publier des titres qui nous interpellent, qui sortent de l’ordinaire. Par exemple, les trois titres que nous avons publiés jusqu’à présent sont très différents les uns des autres. Dark romance de Penelope Douglas et la série Never forget/Never forgive de Monica Murphy ont en commun une part d’ombre et de tabou évidemment, mais suivent des trames, ont un rythme et font appel à des émotions très différentes.
Pendant plus d’une année, nous avons lu énormément de textes de Dark Romance, avant de sélectionner ceux-là.
Nous comptons continuer à chercher les textes qui racontent quelque chose de fort et qui nous semblent se distinguer au sein de la production éditoriale du marché de la romance.

4 – À l’avenir, quels éléments vont être déterminants dans vos choix éditoriaux ?
En tant qu’éditeur spécialisé dans la romance, nous lisons un grand nombre de manuscrits touchant à de nombreux domaines de ce genre très vaste. Et, que ce soit pour la Dark Romance, pour le New Adult ou pour la comédie romantique, nous avons la même ligne directrice : il faut que le texte nous touche. Pour nous, l’émotion est l’ingrédient clé d’une bonne romance, et c’est ce que nous recherchons à travers nos choix éditoriaux. Des textes hors du commun, addictifs et émouvants.

5 – Combien de titres estampillés « Dark Romance » allez-vous publier en 2017 ?
Pour 2017, nous allons faire paraître quatre à cinq titres.
Nous avons choisi de limiter le nombre de publications, à la fois pour préserver notre recherche de diversité au sein de la collection, et pour nous concentrer sur les meilleurs textes au sein d’une production pléthorique.
De plus, nous avons à coeur de garder notre ligne ouverte aux futures évolutions que nous repèrerons. Pour la Dark Romance comme pour le reste, nous fonctionnons par coups de coeur, et il se trouve que, pour la fin d’année, nous avons découvert un roman qui nous a donné envie de publier une nouvelle Dark Romance. Il s’agit d’un auteur américain qui a déjà une certaine notoriété parmi les fans de romance et dont la dernière série a connu un vrai succès. Le texte nous a immédiatement séduits et nous sommes très excités à l’idée de travailler sur ce nouveau lancement. J’espère qu’il plaira aux lectrices !

6 – Pourriez-nous expliquer le choix du titre Dark romance pour le roman de Penelope Douglas, qui est intitulé Corrupt en anglais ?
Pour nous, ce texte est une sorte de manifeste de ce que doit être la Dark Romance.
C’est-à-dire à la fois sombre, interdit, dérangeant, jouant avec les limites, toujours en tension – et, en même temps, une véritable romance, une histoire d’amour absolu et éternel, qui ne fait aucun compromis sur la puissance et la justesse des sentiments des héros.
Nous avons trouvé tout cela dans le roman de Penelope Douglas, et c’est pourquoi il nous a semblé naturel de l’intituler Dark romance, car on ne peut pas trouver meilleure définition du terme !

Dark romance de Penelope Douglas a été inspiré d’une histoire vraie.
Dans une interview accordée à son éditeur français, l’auteur explique qu’il s’agit d’un « roman où l’on plonge dans un contexte extrême, où les apparences et l’argent peuvent cacher beaucoup de choses, permettre à des familles de masquer les dissensions et les erreurs. » Bien sûr, le héros a beaucoup plu aux lectrices.
Mais Rika, notre héroïne, a également un caractère très fort, qui arrive à tirer son épingle du jeu face à ces jeunes gens – dont le héros – qui veulent se venger d’elle. « J’ai toujours été attirée par les héroïnes qui trouvent leur place dans un groupe d’hommes, qui avancent et sont respectées comme l’un des leurs. Il y a tellement peu de films ou de livres qui explorent cette dynamique, mais je me souviens avoir vu «A soldier’s sweetheart» il y a quelques années, et il y a quelque chose dans ce film qui m’a toujours interpellée. J’étais tellement éprise de cette jeune femme qui quitte tout et devient comme une sorte d’animal, rôdant avec un groupe de militaires pendant la Guerre du Vietnam. C’est comme s’ils vivaient une sorte d’existence qui leur est propre, avec un lien unique. Les hommes ont accepté cette présence féminine, et l’ont laissée être avec eux. C’était une relation assez surréaliste et je voulais explorer cette dynamique pour aller encore plus loin. » Vous pouvez lire le reste de l’interview ici : http://www.harlequin.fr/lemag/interview-penelope-douglas-dark-romance-2017

Chez Les Romantiques, quatre chroniqueuses ont été intriguées par le roman de Penelope Douglas. Pour Hana/ Pandora, il faut « oublier tout ce qui pourrait être assimilé au sous-genre qu’on appelle «Dark Romance», ici nous sommes bien en présence d’une romance. » Les avis sont assez unanimes : un livre dérangeant, choquant, chaud, mais une excellente surprise, un style entraînant, une histoire qui se lit d’une traite, aucun temps mort notamment grâce aux rebondissements qui tiennent la route, et à des héros captivants au fort caractère. Par conséquent, si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire ce roman, n’hésitez plus !

En ce qui concerne Monica Murphy, Harlequin a décidé de publier simultanément les romans Never forget et Never forgive, pour la simple (et excellente) raison qu’il y a un cliffhanger à la fin du premier tome. Pour l’écriture de cette histoire, dont l’héroïne a un très lourd passé, l’auteur explique avoir lu beaucoup de biographies de femmes qui ont été kidnappées et ont survécu. C’est pour cela que le personnage de Katie a été simple à écrire pour elle. Comment a-t-elle eu l’idée de cette histoire ? « J’étais fascinée par une histoire de kidnapping dans les années 1970, dans une petite ville proche de l’endroit où j’habite aujourd’hui. Un garçon avait été kidnappé, et est réapparu sept ans plus tard. Il a aidé un autre garçon, lui aussi séquestré par le même homme. Il l’a emmené au commissariat, mais ne voulait pas qu’on sache que lui-même avait été enlevé. Cette histoire m’a profondément marquée. Pourquoi ne voulait-il pas qu’on sache que lui aussi était une victime ? C’est ainsi qu’Ethan a pris forme dans mon esprit. » Pour autant, Monica ne considère pas ces livres comme de la Dark Romance, ayant déjà écrit des romans dont les héros avaient un passé assez chargé. Toutefois, Never forget et Never forgive sont les romans les plus sombres qu’elle ait jamais écrits jusqu’à présent. L’intégralité de son interview pour Harlequin est disponible ici : http://www.harlequin.fr/lemag/interview-monica-murphy-2017-never-forget-forgive

Harlequin a créé un site internet dédié au sous-genre, sur lequel vous pourrez trouver toutes les informations sur leurs parutions : www.darkromance.fr

Fabiola

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