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On se reverra à Noël - Chapitre 22

Les Romantiques - 24/12/2015

25 décembre

Chapitre vingt deux

Les petits présents
Entretiennent l’amitié.

 

Le matin de Noël, très tôt, les enfants descendirent en courant dans le salon. C’était le jour béni entre tous, ils allaient avoir leurs étrennes tandis que les adultes se remettaient, tant bien que mal, de la veille. Les chaussettes suspendues au-dessus de la cheminée étaient remplies de friandises de toute sorte. Sous le sapin, des cadeaux attendaient que de petites mains ouvrent les nœuds et déchirent le papier. Des cris de joie retentirent bientôt et réjouirent le cœur des grands qui se souvenaient, avec émotion, des Noël d’antan où eux-mêmes étaient pressés de déballer les jouets. Jeffrey s’empressa d’ouvrir un très grand paquet et son ravissement ne connut pas de bornes en découvrant une selle. Sa première selle de cheval car, jusqu’à présent, il n'avait monté qu'un poney. Son père lui affirma que, puisqu'il allait faire ses études à Eton, il se devait de monter un cheval.

Louise émit un cri de joie en découvrant une cuisine miniature, avec un fourneau et des placards remplis de vaisselle. Elle s’empressa de vider les petites armoires afin d’admirer les minuscules assiettes, les batteries de cuisine, et même un service à thé.

Charles fut moins démonstratif, mais son plaisir ne fut pas moindre en découvrant une boîte remplie de soldats de plomb, certains à cheval, d’autres à pied. Il y avait toute l’armée de Napoléon et celle de Wellington. Aussitôt il commença à élaborer une stratégie de combat.

Georges trouva un petit cheval à roulettes, derrière lequel était attelée une carriole. Lorsqu’on le tirait par la bride il bougeait la tête, et le petit garçon entreprit de faire le tour de la pièce en tirant l’attelage derrière lui.

Les domestiques ayant eu le droit de rester couchés plus longtemps que d’habitude, la baronne et la comtesse descendirent faire le thé.

- C’est quand même bizarre de faire le thé soi-même, dit la baronne.

- Ma chère Joanna, c’est le seul jour de l’année où je le fais. Mais je trouve que les domestiques ont droit, eux aussi, à un peu de repos. D’ailleurs si les enfants ne nous avaient pas réveillés, il est probable que nous aurions dormi aussi longtemps que les serviteurs.

Il n’y eut pas un grand breakfast, on digérait encore le repas de la veille et on se préparait à celui à venir.

Les adultes échangèrent aussi des présents divers. Nathan se mit à rire en voyant l’écharpe qu’Elvira avait commencée et qui, comme elle l'avait pensé, n’était pas encore finie. Il lui chuchota à l’oreille :

- Mon amour, tu n'es pas prête de finir cet ouvrage. J'ai en tête d’autres activités pour ces prochaines semaines. Peut-être que tu l’auras fini pour l’hiver prochain.

Mais il aima beaucoup son livre de poésie. Elvira, quant à elle, fut tout émue de découvrir une boîte à bijoux musicale. Nathan lui dit doucement :

- Durant les cinquante prochaines années où nous allons vivre ensemble, je vais remplir cette boîte.

Vers une heure, le festin de Noël commença enfin. Il y eut de la soupe aux huîtres, de la dinde, une bête énorme et majestueusement dorée (ou plutôt deux dindes : l'une bouillie, l'autre rôtie avec des marrons) accompagnée d'un cortège de légumes, de sauces et d'airelles bien rouges. Puis un fromage de Stilton, qu’on mangea avant la mince pie. A peine la dernière bouchée avalée, on entendit un attelage entrer dans La cour. C’était une grande charrette où s’étaient serrés les enfants du bourg et les aînés des orphelins, accompagnés du révérend. Ils chantèrent des chansons de Noël, en une chorale très réussie.

Quand ils eurent fini, ils furent heureux de pouvoir partager avec les enfants de la famille diverses friandises. Lorsque ce fut l’heure du thé on eut du mal à se lever quand, en ce jour spécial, le plum-pudding couronné de houx fit son entrée triomphale. En réalité il y en avait deux, un n’aurait jamais suffi pour autant de monde. Chacun eut droit à une part, une petite bougie allumée sur le dessus rappelant que cette fête était aussi celle de la lumière. Jeffrey y découvrit un bouton. On le railla un peu car cela voulait dire qu’il finirait vieux garçon, ce qui ne le gênait nullement puisque la compagnie des filles ne l'attirait pas tellement. Le baron, quant à lui, découvrit une pièce dans sa part.

- J’ai bien fait de prendre des actions dans les chemins de fer, voilà que ma fortune est faite.

Il avait les yeux qui brillaient de joie.

Bernice découvrit une bague, ce qui la fit bien rire puisque ça voulait dire qu’elle allait se marier dans l’année, alors qu’elle l’était déjà depuis sept ans. La deuxième bague fut trouvée par Charles, son fils de cinq ans, ce qui lui fit dire, riant toujours, qu’il était encore un peu jeune pour convoler. Le cochon, symbole de gourmandise, fut trouvé par Louise qui, pour prouver qu'elle était vraiment la plus gourmande, demanda à avoir un second morceau. Agatha trouva le dé à coudre, qui ferait d’elle une vieille fille. «Chic, se dit-elle, je pourrai faire ce que je veux». Et elle commença déjà à former des projets. D’ailleurs, à la fin du repas, elle se tourna vers son frère et lui dit :

- A propos, tu as perdu ton pari, j’ai donc droit à un gage.

- Ah bon ! répondit-il, de quel pari parles-tu ?

- De celui pour lequel je t’ai fait part de mes soupçons concernant Billy.

- Ah oui ! Et que veux-tu en échange ?

- Faire le tour de l’Europe, au lieu de mon entrée dans le monde.

On se tourna vers elle, surpris :

- Mais pourquoi voyons ? demanda la comtesse.

- Je voulais te le dire depuis un certain temps déjà, je n’ai pas vraiment envie d’être présentée comme une marchandise que les jeunes nobles lorgneraient pour savoir si je pourrais faire une bonne épouse. J’ai envie de découvrir le monde, de voyager, de visiter les capitales d’Europe.

- On peut dire que tu as de drôles d’idées, répondit Nathan.

- Et encore, tu as de la chance, reprit Elvira, elle aurait pu te demander de la faire admettre dans l’école de police afin d’entrer à Scotland Yard, ou alors de faire jouer tes relations pour qu’elle puisse participer aux fouilles en Égypte !

- Peut-être lorsque je serai de retour, renchérit Agatha.

Tout le monde s’esclaffa autour de la table. On savait bien qu’elle n’était pas vraiment sérieuse. En tout cas on l’espérait.

Elvira sortit un moment se dégourdir les jambes sur la terrasse. La neige s’était remise à tomber et le paysage était comme éclairé par cette blancheur. Nathan vint la rejoindre. Il l’entoura de ses bras et ils restèrent immobiles pendant un moment, goûtant le plaisir d’être ensemble.

- Est-ce que tu savais qu’Agatha ne voulait pas faire son entrée dans le monde ? demanda-t-il enfin.

Elvira se serra contre lui et soupira :

- Elle avait fait quelques allusions au fait que les hommes ne l’intéressaient pas. Ils sont trop arrogants à son goût.

- Mais de là à vouloir parcourir l’Europe ! Vraiment, je n’arriverai jamais à la comprendre.

- Elle est jeune. Elle a besoin de déplier ses ailes, de découvrir ce qu’elle veut. Je pense qu’un jour un homme croisera sa route et, à ce moment-là, ses théories sur le mariage et la domination abusive des hommes n’auront plus aucune importance pour elle.

- Il faudra qu’il soit très fort pour pouvoir supporter le caractère assez impulsif d’Agatha.

Elvira ne répondit rien. À nouveau le silence les enveloppa.

- Tu sais, chuchota-t-elle au bout d’un moment, pendant des jours je me suis demandé pourquoi tu nous avais invités pour Noël. À présent je le sais. C’était notre destin.

Il sourit, resserra son étreinte et répondit :

- Je pense plutôt que c’était un complot de nos mères, qui ont voulu nous réunir. Noël, après tout, est la fête de l’amour. Et je t’aime Elvira.

Elle se tourna vers lui :

- Je t’aime aussi Nathan.

Ils s’embrassèrent. Au loin les première étoiles commençaient à briller. Une brise froide soufflait doucement dans leurs cheveux. Nathan lui dit doucement à l’oreille :

« Joyeux Noël, mon amour ».

FIN


Commentaires

brig (le 24/12/2015)
merci pour cette histoire! vivement la prochaine.

krapokouk (le 24/12/2015)
déjà fini! Merci Eglantine. Merci à l'équipe de l'avoir mise en ligne!

Eglantine (le 24/12/2015)
Je tiens à remercier l'équipe des Romantiques qui as mis chaque jour un chapitre (Très tôt d'ailleurs)Et aussi les personnes qui sont venu les lire, et celles qui ont laissé un mot. Cela me faisais très plaisir. Si vous avez envie de connaitre l'histoire d'Agatha, vous pouvez aller sur le forum dans la rubrique écrivains en herbes ou j'ai remonté mes histoires de Noël celle d'Agatha c'est "Souvenir d'un baiser à Vienne." Si vous n'avez pas envie de le lire sur l'ordinateur, vous pouvez me laisser un mot dans ma in-box en me laissant votre adresse email, alors je vous l’enverrai en entier et vous pourrez la mettre sur une tablette. Je vous souhaite a tous un Joyeux Noël

suzy972 (le 26/12/2015)
sublimissime histoire j'ai adoré moi qui me disais que je vous aurai demandé s'il y aurait une suite pour Agatha je suis tres agréablement surprise je vais vivement sur le forum et encore merci Eglantine pour cette tres belle romance et j'espere que vous nous honorerez encore de belles histoires bonnes fetes de fin d'années et au plaisir de vous relire prochainement PS j'espere qu'on y retrouvera Elvira et Nathan

anjouly (le 08/01/2016)
J'ai passé un très bon moment de lecture, merci :)

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