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On se reverra à Noël - Chapitre 18

Les Romantiques - 20/12/2015

22 décembre 1888

Chapitre dix-huit

Plaisir et bonheur sont deux.

 

Lorsqu'Elvira se leva le lendemain, elle alla rendre visite à Eugénia et voir son bébé. Evrard lui ouvrit la porte dès qu’elle eu frappé. Il avait encore plus mauvaise mine que la veille. Pourtant il souriait de toutes ses dents. Eugénia était en train d’allaiter sa petite fille.

- Assieds-toi je t’en prie, lui dit-elle lorsqu'Elvira s’avança dans la pièce.

- Il me semble que tu vas mieux que ton mari, lui répondit la jeune fille.

Eugénia se mit à rire et regarda, d’un air amoureux, ce dernier qui se dirigeait vers la porte de la chambre communicante.

- Je lui ai conseillé d’aller se coucher. Le pauvre ! Il est resté avec moi le reste de la nuit, et cette petite gloutonne nous a réveillés deux fois.

- Il est donc temps que tu prennes une nourrice.

- Je vais la nourrir moi-même pour commencer, mais par la suite une gouvernante ne sera pas de trop.

Elvira se pencha sur le minois du bébé. Elle semblait plus jolie, sa peau n’avait plus cette couleur rouge et les plis avaient disparu. Elle dormait dans les bras de sa mère. On aurait dit un petit ange. Doucement, la jeune fille lui caressa la joue.

- Comment va-t-elle s’appeler finalement ?

- Christina. C’est le nom qui s’approche le plus de Christmas. J’ai pensé qu’il fallait commémorer la façon dont elle est venue au monde.

- C’est vrai, elle est venue à un moment où on ne l’attendait vraiment pas. Et c’est quand même allé très vite. Je me souviens lorsque Louise est née, maman a mis beaucoup plus longtemps, et pourtant c’était son troisième enfant.

Eugenia soupira et répondit :

- Elvira, les douleurs avaient déjà commencé lorsque l’on a découvert que tu avais disparu. La tension nerveuse était telle que, sur le moment, je ne les ai pas vraiment prises au sérieux.

- Veux-tu que j’appelle pour qu’on te serve ton petit déjeuner ?

- Oui, je te remercie, et tu pourras aussi la prendre pour la mettre dans le berceau.

Doucement, Elvira prit le nouveau-né dans ses bras et, encore une fois, se sentit submergée par un sentiment de joie en serrant cette petite vie contre son cœur.

- Tu sais que Nathan est allé au grenier chercher lui-même le berceau qui nous a tous vus naître ? reprit Eugénia, qui sait si le prochain bébé qui y dormira ne sera pas le tien...

Elvira ne répondit pas. Elle coucha doucement la petite fille et embrassa Eugénia avant de descendre. Lorsqu’elle fut assise dans la grande salle à manger avec Nathan et le reste de la famille, elle repensa à ces paroles.

Jeffrey avait à nouveau échappé à la gouvernante et était entré en trombe dans la salle, suivi par son inséparable ami à quatre pattes.

- Nous pourrons faire un bonhomme de neige aujourd’hui ?

La baronne prit un air sévère en se tournant vers son fils :

- Qu’est-ce que c’est que ces manières. Ne peux-tu pas entrer dans une pièce sans courir, et avant de poser des questions tu pourrais avoir la politesse de saluer tout le monde. D'ailleurs, pourquoi es-tu déjà descendu ?

- Maman, je ne suis plus un bébé, je n’ai pas besoin de gouvernante.

Sa mère le regarda d’un air dubitatif :

- On ne le dirait pas.

Pourtant le jeune garçon se tourna vers la tablée et dit :

- Je m’excuse d’être entré si brusquement et vous souhaite le bonjour. Puis-je demander si on pourrait faire un bonhomme de neige aujourd’hui ?

Nathan le regarda en souriant. Il se souvenait de son impatience lorsqu’il avait le même âge.

- C’est d’accord, nous ferons un bonhomme de neige dès que nous aurons fini notre petit déjeuner.

Jeffrey remercia par une petite courbette et disparut aussi vite qu’il était venu.

- Il est temps qu’il aille à Eton, fit remarquer le baron, cela canalisera peut-être son énergie.

- Il aura sûrement beaucoup de peine à se séparer de son chien, fit remarquer la comtesse.

La baronne se tourna vers cette dernière et répondit :

- Lorsque Jeffrey a eu neuf ans, il a attrapé la scarlatine et nous avons bien cru qu’il allait en mourir. Il tenait tellement à avoir un chien que nous lui avons offert Gulliver. Il aurait dû aller en pension pour être avec d’autres garçons de son âge, mais après cette maladie je n’avais pas le cœur à me séparer de lui. Il s’est beaucoup attaché à cet animal et je pense que ce sera un déchirement le jour où ils devront se quitter.

- Mais Eton est une bonne école pour apprendre à vivre en société, dit Nathan, j’en garde un bon souvenir.

- J’aurais bien aimé entrer à Eton, moi ! dit brusquement Agatha.

On se tourna vers elle en la regardant d’un air surpris.

- Voyons, lui répondit sa mère, Eton est une école pour garçons.

- Mais je trouve injuste que les garçons aient le droit d’y aller, et pas les filles.

Nathan sourit à sa sœur et lui répondit :

- Je crois que les garçons préfèrent rester entre eux, les filles ne feraient que leur tourner la tête.

- Possible, répondit sa sœur, mais c’est injuste quand même. Puis-je sortir de table ?

La comtesse lui fit un signe de tête et Agatha sortit comme une reine.

- Cette enfant a vraiment de drôles d’idées, reprit la comtesse, je me demande de qui elle tient ça ?

A nouveau Nathan rit et lui répondit :

- Certainement d’une ancêtre que nous avons eu le bon goût d’oublier.

Une heure plus tard, Elvira, Agatha, Nathan et les enfants se retrouvèrent dans le parc à rouler des boules de neige. Eugénia était assise à la fenêtre de sa chambre, un peu déçue de ne pouvoir les rejoindre. Après tout, elle aurait bien voulu faire le plus grand bonhomme de neige de l’histoire de White Stone. On lui adressa des signes de joie avant de commencer le dur travail d’élaboration du bonhomme. Il fut décidé de faire grossir trois boules de neige en les roulant à travers le parc blanc, Nathan se chargeant de la plus grande, Agatha et Elvira de la moyenne, et les enfants de la plus petite.

Bientôt on n’entendit plus que les cris de joie et les aboiements de Gulliver, qui encourageait les bâtisseurs. Nathan se chargea de superposer les trois boules. Ensuite on se mit en chasse pour trouver de petits cailloux pour faire les yeux, la bouche et les boutons. Jeffrey découvrit au fond du parc deux branches mortes qui devinrent les bras, que le bonhomme tendait vers les cieux comme en une espèce de prière afin qu'ils lui soient cléments, et que le froid perdure pour qu’il ne se mette pas à fondre. Agatha ramena une carotte pour faire le nez, et on lui mit un très vieux chapeau claque que Nathan avait déniché au grenier en allant chercher le berceau.

- Je suis sûr que c’est le même que celui que j’avais pris dans la chambre de mon père la dernière fois que j’ai fait un bonhomme, et qui m’avait valu une punition.

- A présent, dit Elvira, il faut lui donner un nom.

Les enfants entourèrent le bonhomme. Les prénoms les plus farfelus fusèrent :

- Frost. On l’appellera Frost, disait Jeffrey.

- Non, je ne suis pas d’accord, on l’appellera Ronald, répondit Louise.

- Ce n’est pas un nom de bonhomme, lui dit méchamment son frère.

Une bagarre s’ensuivit, qu’Agatha essaya de calmer.

Pendant ce temps, Nathan en profita pour entraîner Elvira derrière le grand sapin.

- J’ai besoin de t’embrasser.

Il la prit dans ses bras. Elle se laissa aller et savoura son baiser avant de lui chuchoter à l’oreille :

- Est-ce bien sage ce que nous faisons là ?

- Non sûrement pas, mais quand je te vois, je n’ai pas envie d’être sage. Je sens plutôt monter en moi le désir d’être très indécent.

- Nathan, ne dis pas des choses pareilles, on pourrait entendre.

Le comte se mit à soupirer :

- Lorsque nous serons mariés, j’irai passer avec toi au moins un mois sur une île déserte, où nous serons seuls tous les deux.

Elvira se mit à rire.

- Mais ça deviendrait ennuyeux, tu ne trouves pas ?

- Non, certainement pas, lui répondit Nathan avant de l’embrasser dans le cou.

- Alors vous deux, dit soudain la voix d’Agatha, vous venez ?

Ils se tournèrent vers la jeune fille qui, les mains sur les hanches, les regardait d’un air faussement sévère.

- Ah ! les amoureux. Pourvu que je ne me laisse jamais prendre à un piège pareil.

Nathan et Elvira se mirent à rire et la suivirent.

Eglantine


Commentaires

krapokouk (le 20/12/2015)
sacrée Agatha!

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