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On se reverra à Noël - Chapitre 17

Les Romantiques - 19/12/2015

Chapitre dix-sept

Lorsque l’enfant paraît
Le cercle de famille s’agrandit.

 

La nuit était tombée. Il neigeait de plus en plus. Agatha ne croyait plus que la sage-femme puisse arriver à temps. On entendait parfois un cri d’Eugenia. Les femmes avaient fait sortir Evrard qui s'était effondré dans un fauteuil de la bibliothèque, entouré par les hommes qui essayaient de le réconforter.

Agatha dit à Elvira :

- As-tu remarqué que, si les hommes contrôlent la plupart des choses de la vie, ils ne maîtrisent absolument pas un accouchement.

- C’est parce que c’est quelque chose d’essentiellement féminin, répondit Elvira, ils ne peuvent pas se mettre à notre place.

- Regarde Evrard, c'est un paquet de nerfs. Pourtant il avait gardé assez de sang froid, lorsqu’il était question de partir à votre recherche.

- Oui bien sûr, mais vois-tu il aime sa femme, et le fait de savoir qu’elle souffre et qu’il ne lui est d’aucune aide doit beaucoup jouer sur son état d’esprit.

- Bah, les hommes n’y connaissent rien ! renchérit Agatha.

- Moi je le comprends, Eugenia pourrait mourir en couche.

- Certes, reprit Agatha, mais il le savait avant, non ?

- Ne cherche pas à comprendre. Espérons seulement que tout se passera bien.

- Oh ! Je ne me fais pas de soucis. Dans notre famille il n’y a plus eu une seule femme morte en couche depuis au moins cinquante ans.

A ce moment-là on entendit des pas précipités. En fin de compte, le jeune valet d’écurie avait réussi à ramener la sage-femme, qui était toute retournée d’avoir été enlevée sur un cheval. Everard se précipita vers elle et la suivit à l'étage. Au bout d’un moment la porte se rouvrit et il fut à nouveau poussé dans le couloir.

- Décidément, les hommes sont bons à faire des enfants à leurs femmes, mais pour ce qui est de les mettre au monde... dit Agatha en riant.

Elvira était silencieuse. Elle pensait à son après-midi passé dans un lit avec Nathan. Avaient-ils fait un enfant ? Après tout, c’était fort possible. Ou alors fallait-il renouveler plusieurs fois l’opération ? Elle regarda par la fenêtre en mordillant ses ongles. Elle aurait bien aimé connaître la réponse à toutes ces questions. Il faudrait qu'elle le demande à Nathan, quand ils seraient seuls, car il lui était mpossible d'en parler avec sa mère. Doucement elle posa la main sur son ventre.

- À quoi penses-tu ? demanda Agatha.

Elvira se retourna vers son amie, essayant de garder contenance.

- Je me demandais quel effet cela fait d’être enceinte.

- Eh bien pas moi. De toute façon, le jour où tu accoucheras c’est moi qui jetterai Nathan à la porte.

Elle se mit à rire. Son amie la regarda en souriant, elle avait tellement d’allant et d’énergie, quel mari allait-elle se trouver ?

- Tu sais, j’ai pensé à quelque chose, dit Agatha après quelques minutes de silence.

Elvira se tourna vers elle. Qu’allait-elle encore inventer !

- Ce livre que j’ai acheté… il est très captivant. Il faudrait que je te le fasse lire. En tout cas le détective a trouvé une façon très intéressante pour résoudre les énigmes, et certainement qu’on pourrait l’utiliser pour découvrir notre voleur.

Elvira regarda son amie d’un air catastrophé :

- Tu n’y penses pas ? Enfin voyons Agatha, tu es une jeune lady. Que tu aies beaucoup d’imagination et de projets, passe encore, cela fait ton charme. Mais surtout ne te mets pas en tête de poursuivre un criminel, c’est beaucoup trop dangereux. Je suis sûre que l’équipe du Juge Maxwell trouvera, tôt ou tard, le voleur de santons.

Agatha haussa les épaules et répondit :

- Ma pauvre Elvira, si tu crois que ce balourd de juge arrêtera le voleur, tu te trompes. Il préfère sa salle d’audience, avec des coupables qu'on lui présente sans qu’il ait besoin d’aller les chercher lui-même. Quant à la méthode dont je parle, elle n’est pas vraiment dangereuse. Il suffit juste d’être très attentif, de relever des détails et de les assembler. Avec un peu d’intelligence on peut y arriver.

Elvira secoua la tête. Elle se demandait vraiment si son amie n’avait pas besoin d’aller à Londres, de rencontrer d’autres personnes, de s’amuser. Cela l’empêcherait peut-être d’avoir des pensées aussi farfelues.

- J’ai bien une petite idée qui me trotte dans la tête, mais il va falloir que je vérifie certaines choses.

Là, Elvira commença à s’alarmer :

- Euh ! Ne pourrais-tu pas en parler à Nathan ? Je suis sûre qu’il sera très intéressé, essaya-t-elle de biaiser.

Agatha regarda son amie d’un air navré :

- N’as-tu pas encore compris que les hommes ne nous prennent jamais au sérieux quand nous empiétons sur leur territoire ? Si j’allais trouver Nathan avec mon idée, il me rirait au nez. Ou alors il me dirait que j’ai trop d’imagination et que je dois arrêter de lire n’importe quoi.

- Il aurait peut-être raison.

Au moment où Agatha voulut riposter, un cri aigu raisonna. Chacun se précipita à l’étage. Enfin la comtesse apparut et, avec un grand sourire, dit à l’assemblée :

- C’est une fille.

Elle était toute petite, plissée comme une vieille pomme et toute rouge. Mais la maman allait bien. On ne pouvait pas en dire autant du père qui, malgré son grand sourire, semblait vraiment à bout.

Le dîner qui suivit fut vite expédié et chacun se retira très tôt. La journée avait été riche en rebondissements de toute sorte.

Elvira aurait bien aimé pouvoir parler à Nathan en tête à tête, mais les évènements de la soirée l’en avaient empêchée. Lorsqu’elle arriva dans sa chambre, elle espérait qu’Agatha ne ferait rien qui la mette en danger.

Elle venait à peine de s’endormir lorsqu’elle sentit une caresse sur sa joue. Elle souleva avec peine ses paupières et vit Nathan penché au-dessus d’elle.

- Que fais-tu ici ? demanda-t-elle.

- J’avais besoin de te parler.

- Pourquoi, ça ne pouvait pas attendre demain ?

- Non, parce que demain on ne sait pas quel évènement se produira. Peut-être que nous n’aurons pas une minute pour nous voir en tête à tête. Si on était en été, je te donnerais des rendez-vous au pavillon, au bout du chemin, mais avec la température qui règne dehors, j’ai bien peur que tu ne gèles à nouveau. Bien que j’aie adoré te réchauffer.

- Sois sérieux Nathan, si quelqu’un te voit...

- Et alors ? De toute façon je voulais annoncer à nos familles qu’on allait se marier.

- Ne pouvons-nous pas attendre la fin des fêtes ?

- Non ma chérie car, vois-tu, j’ai pris conscience que nos tendres ébats pouvaient avoir des conséquences.

- Oui, j’y ai pensé aussi lorsqu'Eugénia a eu son bébé.

- Tu comprends alors qu’il est urgent de nous marier, parce que nos parents ne sont pas bêtes, ils savent compter. Si je tarde trop à t’épouser ils se rendront bien compte que notre enfant a été conçu avant le mariage.

- Mais Nathan, on ne sait pas si je suis enceinte !

- Nous n'avons pas le temps de le savoir. C’est pourquoi j’ai pensé annoncer nos fiançailles et proposer à toute la famille de t’épouser pour le nouvel an, puisque nous sommes tous réunis. Je suis sûr que ton père sera d’accord si je lui en parle, car il a horreur de voyager en hiver.

Elvira le regarda en souriant. Nathan la surprenait, il avait compris comment fonctionnait le baron.

- Oui, papa sera certainement d’accord. Mais pas maman. Elle voudra probablement organiser une grande fête pour marier sa fille aînée, et inviter le ban et l’arrière ban de la famille. Je suis sûre qu’elle préfèrerait que nous nous mariions au printemps. Il y aura des fleurs partout.

- Je me charge de ta mère, ne te fais pas de soucis. Je voulais juste que tu me dises que tu es d’accord pour commencer l’année 1889 en tant que comtesse.

- Non...

- Quoi ! Tu ne veux pas ?

- Je veux dire que je souhaite commencer l’année en étant ta femme. C’est mon vœu le plus cher.

Il la serra contre lui et commença à l’embrasser. A nouveau, elle ressentit cette merveilleuse plénitude qui la submergeait lorsqu’il était près d’elle. Avec peine il s’arracha à ses bras :

- Il vaut mieux que je parte, sinon je resterais ici toute la nuit et demain matin quelqu’un me surprendrait certainement au sortir de ta chambre. Je n’ose imaginer le drame que cela déclencherait.

Eglantine


Commentaires

krapokouk (le 19/12/2015)
sympa! petit cours sur les inégalités homme/femme...

suzy972 (le 26/12/2015)
rien a jeter

anjouly (le 08/01/2016)
Eglantine, tu as une nouvelle fan :)

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