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La Dark Romance

Les Romantiques - 10/12/2015

Si, comme moi, vous lisez de la romance depuis presque vingt ans, vous avez dû connaître les premiers Aventures & Passions dans lesquels il était question de héros dominateurs qui n’hésitaient pas à soumettre de pauvres héroïnes sans défense à leur bon vouloir, quitte à user et abuser de leur force. Eh oui, pour les plus nostalgiques d’entre nous, c’était l’époque bénie des «bodice-rippers», que l’on pourrait traduire par «éventreurs de corsages», ces récits centrés sur la séduction très énergique de l’héroïne dans le genre historique.


Kathleen E. Woodiwiss était une des reines en la matière, avec la célèbre scène du viol sur le bateau dans «Quand l’ouragan s’apaise». Puis le vent a tourné, la mode a changé et ces messieurs trop entreprenants ont été peu à peu remisés au placard et enfermés à double tour. Cachez-moi ces suborneurs que je ne saurais voir ! Pour ma part, je déplore leur disparition car je trouvais qu’ils mettaient une certaine ambiance dans la romance historique. Lol


Aujourd’hui, il semblerait que ces héros violents soient de retour en retrouvant une nouvelle jeunesse dans un contexte plus contemporain. Les auteurs les ont dépoussiérés (souvenez-vous, ils ont dormi plus de dix ans dans leurs placards) et remis au goût du jour. Né aux Etats-Unis, issu de l’auto-édition, le phénomène de la Dark Romance a tout de suite su retenir l’attention des lectrices américaines. Un peu de brutalité dans ce monde de douceur, que diable ! lol


S’il est entré dans les moeurs Outre-Atlantique, ce n’est pas le cas en France qui, rappelons-le, a toujours eu un train de retard en matière de romance. Le New Adult est arrivé bien après également ! Je dis ça, je dis rien… La Dark Romance commence à peine à débarquer dans notre contrée.


Scarlett Edwards, auteur auto-éditée américaine, a été la pionnière à promouvoir cette catégorie bien particulière avec sa série en dix volumes «Percée à nue». Anna Zaires, autre auteur indépendante, lui a emboité le pas avec sa série en trois volumes «Twist me», assez bien acceptée par les lectrices françaises. Peu de maisons d’édition se sont encore emparées de ce phénomène. Pygmalion s’est jeté à l’eau en publiant «Captive in the dark», le dyptique évènement de C.J. Roberts. (Voir l’interview de l’auteur en page 29)


Mais au fait, qu’est-ce que la Dark Romance ? La «Romance Noire» s’inscrit dans un mouvement de sous-catégories de romances dites taboues, de celles qui transgressent la morale ou la loi. Comme romances plus que limite, vous pouvez trouver le dino-porn qui relate la relation entre une humaine et une
créature monstrueuse. Autres romances overline, la relation incestueuse ou celle de l’étudiant avec son professeur. Et enfin les hors-la-loi tels que les trafiquants de drogue ou les kidnappeurs.


La Dark Romance peut déranger les esprits car elle est malsaine et fait intervenir le syndrome de Stockholm. Généralement, les héroïnes assez jeunes sont enlevées et enfermées, voire affamées, complètement à la merci de leur ravisseur. S’ensuit un huis-clos assez éprouvant pendant lequel «le dressage» commence. Le héros n’a qu’un but : briser la volonté de sa victime pour qu’elle lui soit dévouée. Après, il peut avoir tout un tas de prétextes, plausibles ou pas, pour justifier cette violence extrême.

 

Que devez-vous vous attendre si vous décidez de vous lancer dans la lecture d’une Dark Romance ? Sachez d’emblée qu’un avertissement explicite vous prévient que vous pénétrez dans une zone de fortes turbulences. lol Vous savez que vous mettez le pied dans un terrain miné !

 

Ces livres peuvent contenir des situations particulièrement dérangeantes, à savoir une violence graphique et gratuite (des scènes de bondage, de domination/soumission, d’humiliation, de torture physique ou psychologique), un consentement ambigu (les héroïnes n’ont pas vraiment le choix et se soumettent contre leur volonté), un langage cru, de nombreux passages hots poussés à l’extrême (sodomie obligatoire).

 

Hey what did you expect ? Le héros ne va pas briser net une volonté à coup de supplications et de bonbons au miel ! Dans ce cas, même en étant avertie, je m’étonne toujours des commentaires dégoûtés des lectrices. Elles savent dès le départ que c’est choquant mais ne peuvent s’empêcher d’être… choquées ! Ames sensibles s’abstenir, donc. Ah oui, dernière chose, le héros est toujours très beauuuuuuuu dans la Dark Romance ! A croire que la pilule passe mieux que s’il était chauve et bedonnant. ha ha


Il est vrai que le genre ne laisse aucune lectrice de romance indifférente ou indemne. Même sans en avoir lu, certaines déclarent haut et fort qu’elles n’ouvriront jamais un livre traitant de thèmes aussi avilissants. C’est vrai quoi ? Comment peut-on associer deux termes antinomiques : «romance» et «noire» ? Peut-on vraiment s’aimer dans ce contexte de violence ? J’avoue que le happy end est difficilement envisageable, même si c’est écrit.


Pour d’autres ayant plus d’ouverture d’esprit, après en avoir testé, soit elles adhèrent tout de suite et trouvent que la Dark Romance amène un vent de renouveau dans la romance, soit elles sont mitigées. Leur coeur balance. Elles ont relativement bien aimé, mais en même temps pas trop aimé. C’est ambigu ! Je pense qu’elles sont mal à l’aise par rapport aux thèmes traités. Il faut alors beaucoup de talent à l’auteur pour décortiquer la psychologie du héros et faire accepter ce genre spécial.


Je lis souvent des avis qui sous-entendent que les auteurs doivent posséder un cerveau bien malade pour pondre de telles histoires violentes. En ce qui me concerne, je ne crois pas que ces auteurs-là soient plus malades que ceux qui écrivent des thrillers sanguinolents. Certaines lectrices font également le parallèle entre les vraies victimes de viol ou d’enlèvement et les histoires sordides de la Dark Romance. Eh non, les lectrices ne sont pas des malades non plus, d’apprécier ces trames dérangeantes. Elles ont conscience que c’est romancé. Et je conclurai en rappelant également que c’est de la pure fiction ! :-)


Lys


Commentaires

Kallo (le 13/12/2015)
Je ne peux que vous remercier pour cette article! Cela fait un moment que j'en lit en V.O et Pepper Winters est ma déesse en la matière. J'ai souri en lisant que les lectrices disent souvent des auteurs qui ont une prédilection pour ce "sous genre". Pour en écrire un actuellement sur une plateforme bien connue, autant dire qu'effectivement les franchy ne restent jamais neutres et me demande souvent si je n'ai pas l'esprit déranger et dans le même temps réclame à corps et à cris le chapitre suivant. Dans le même temps une lectrice m'a même avoué avoir arrêté de lire l'histoire car elle s'impliquait trop émotionnellement.

Vitany (le 02/06/2016)
Je fais partie des ces "naïves" qui se sont lancées dans la Dark Romance en pensant que c'était autre chose, à savoir un couple (normal l'un envers l'autre) qui se retrouvent dans un contexte très très dur (gang, mafia, guerre, etc…). Je pensais effectivement que les héros allaient souffrir, la femme ou l'homme se faire torturer, violer, détruire… Mais là où est le problème pour moi dans certaines Dark Romance, c'est que ces sévices viennent d'un des protagonistes du couple ! Si ça vient d'une personne externe, un/e méchant/e, aucun problème, c'est dur mais ok pour l'histoire, mais il est inconcevable pour moi d'écrire une histoire d'amour où le "héros" (parce que c'est quasiment toujours l'homme) viole, torture ou détruit l'héroïne ! Je ne suis pas vraiment d'accord avec votre article pour plusieurs raisons du coup : - les trois essais de Dark Romance que j'ai fais (Percée à nue, Twist me et Tears of Tess) n'avaient AUCUN warning, ni sur booknode, ni sur amazon.fr ou .com, ni sur goodreads (et n'en ont toujours pas d'ailleurs, je suis allée vérifier) ! Si j'avais eu un warning, je n'aurai pas ouvert ces bouquins avec des thèmes qui me rebutaient ! (pour Captive in the dark, ça parle de "consentement ambigü" alors que ce sont des viols ! Ce n'est pas ce que j'appelle un warning moi ! => sans compter que le consentement n'est JAMAIS ambigü ! Si le consentement n'est pas sûr, c'est que ça n'en est pas !) - si on veut parler de syndrome de Stockholm ou de conditionnement, on classe ça dans roman psychologique, thriller, polar, horreur… Mais à partir du moment où on classe ça dans romance, on transforme le syndrome de Stockholm ou le conditionnement en amour alors que ce n'est pas la même chose ! De même, quand c'est classé en Dark Erotica : on érotise du même coup le viol et la torture si c'est le héros qui inflige tout ça à l'héroïne… Si on prend la définition du mot romance, c'est "histoire d'amour" (Syndrome de Stockholm et condition ne sont pas de l'amour) Si on prend la définition d'érotisme, c'est "ensemble de choses qui suscitent le désir" (la torture, le viol et la destruction du personnage féminin serait donc considérés comme suscitant le désir). Du coup, faire le lien entre certaines choses qui se passent dans certains de ces livres (pas tous !) et les thèmes sous lesquels ils ont classés, ça ne fonctionne pas rien qu'à cause de la définition-même du mot ! Voilà, je ne suis pas contre la Dark Romance, je pense juste que certains livres ne devraient pas être classés sous cette appellation et je trouve que les warnings ne sont pas du tout suffisants pour la plupart de ces livres, qui plus que ceux-ci sont accessibles partout sur internet assez facilement sans que l'âge des lecteurs/lectrices ne soit contrôlé… J'encourage toute personne a aller lire ne serait-ce que la page wikipedia sur la culture du viol car je trouve que certains livres de Dark Romance (c'est le cas pour les trois que j'ai essayé en tous cas) représentent l'expression la plus extrême de cette culture...

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