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On se reverra à Noël - Chapitre 9

Les Romantiques - 11/12/2015

Chapitre neuf

Notre bien et notre mal,
Ne tiennent guère qu'à nous.

 

Dès qu’ils furent installés dans la voiture, Agatha se dépêcha d’ouvrir son livre. Après un laps de temps, elle était tellement plongée dedans que Nathan, se penchant vers Elvira, lui dit :

- Je suis sûr qu’elle a tout oublié autour d’elle.

- Mais non, le livre est intéressant.

- Je te parie qu’elle dira oui à tout ce que je lui dis. Est-ce que tu acceptes le pari ?

- Et quel est l’enjeu ?

- Un gage.

- Hum... dit Elvira, semblant réfléchir intensément, je ne sais pas si je dois accepter, tu pourrais me demander des tas de choses que je n’ai pas envie de te donner.

Nathan lui sourit :

- Je sais que tu es une femme courageuse, je suis sûr que tu pourras prendre le risque avec moi.

Elvira, amusée, lui répondit :

- Soit, je prends le pari.

Nathan se tourna vers sa sœur et lui dit, l’air de rien :

- Agatha, j’ai décidé que tu épouserais Gustave Compton. Son père est venu me voir tantôt et une alliance avec lui me semble très prometteuse. Es-tu d’accord ?

- Oui, oui, répondit-elle d’un air distrait.

- Il t’emmènera sur l’île de Sercq, et il est bien entendu qu’il attend de toi que tu lui donnes au moins sept enfants.

- Oui, oui, répondit encore sa sœur, complètement plongée dans sa lecture.

Nathan fit un clin d’œil à Elvira. Il se pencha vers elle et dit :

- J’ai gagné, Pâquerette.

- Ne m’appelle pas comme ça, je n’ai plus dix ans.

Il prit sa main dans la sienne et répondit :

- J’aimerais bien t’effeuiller comme une pâquerette.

Puis il fit glisser le gant du pouce en disant :

- Elle m'aime.

Ensuite il fit glisser celui de l’index, «un peu», puis le majeur, «beaucoup», l’annulaire, «passionnément», puis au dernier il murmura presque, «à la folie». Et doucement, il fit glisser le gant. Dans le même mouvement il se pencha un peu plus vers elle, commença à l’embrasser dans le cou, glissa vers l’oreille et lui dit :

- Ceci est mon gage.

Puis il l’embrassa tendrement, ne touchant plus que ses lèvres avec les siennes, jusqu'à ce qu’un cahot plus violent ne la projette dans ses bras. Le baiser devint plus passionné, et ils oublièrent rapidement l’endroit où ils se trouvaient, savourant l’extase qui commençait à les envahir. Ils revinrent sur terre en entendant une exclamation d’Agatha :

- Il est fantastique ce livre.

Ils se tournèrent d’un même mouvement vers elle. Elle était toujours plongée dans sa lecture mais ils revinrent sur terre. Chacun se rassit dans son coin en voyant qu’on arrivait aux grilles du château. Nathan sortit en premier et aida sa sœur à s’extraire. Elvira rougit un peu lorsqu’en lui prenant la main, il la fit sortir de l’habitacle.

Une surprise de taille les attendait en entrant au salon : tout le monde était rassemblé pour le thé. Et devant la cheminée, à côté de la comtesse, il y avait une personne que Nathan ne s’était vraiment pas attendu à revoir.

- Pamela... dit-il, la surprise le clouant sur place.

Elvira aussi eut un choc, et tourna les talons pour monter dans sa chambre. Agatha foudroya la nouvelle venue du regard puis suivit son amie. Cette dernière aurait préféré rester seule, pour digérer les chocs successifs de ce baiser passionné et du retour de sa rivale.

Elle se laissa tomber dans un fauteuil et prit sa tête entre ses mains. Mais les larmes ne vinrent pas, elle était encore comme anesthésiée. Agatha s’approcha et lui mit la main sur l’épaule.

- Ne t’en fais pas, elle n’a plus aucune chance avec lui.

- Comment peux-tu dire une chose pareille, répondit Elvira.

- Parce qu’un homme aussi fier que Nathan ne peut pardonner à une femme qui a tellement écorché son orgueil.

- Mais s’il l’aime ?

- Mais non, grosse bête, c’est toi qu’il aime, surtout après ce baiser mémorable qu’il vient de te donner dans la voiture.

Ahurie, Elvira regarda son amie :

- Mais... Tu étais... comment...

Agatha se mit à rire.

- Nathan m’a tellement souvent taquinée que le meilleur moyen de le contrer c’est de ne pas réagir. Mais, j’avoue que le baiser que j’ai surpris m’a plutôt fait penser que tu avais toutes tes chances.

Elle se dirigea vers la porte.

- Penses-y lorsque tu verras Pamela Port Maine.

Puis elle disparut. Songeuse, Elvira se tourna vers le miroir de la coiffeuse. Après tout son amie avait raison, si Nathan avait été ne serait-ce qu’un peu amoureux de la belle Pamela, il n’aurait pas badiné avec elle. Elle prit une profonde inspiration et se leva, prête à livrer bataille.

Pendant ce temps au salon, l’atmosphère s’était un peu refroidie. Après avoir salué celle qu’il avait presque considérée comme une fiancée, Nathan lui demanda :

- Que me vaut le plaisir de vous revoir ?

- Eh bien cet été vous m’avez invitée à vous rendre visite. Comme je passe les fêtes chez ma tante Hortense, qui habite à quelques lieues d’ici, j’ai pensé venir vous saluer.

Nathan s’assit en face d’elle. Il commença à tourner la cuillère dans la tasse de thé que lui avait tendue sa mère.

- J’entends bien, mais il me semble que vous aviez parlé d’un voyage en Australie, afin de rejoindre le jeune Cunningham avec qui vous pensiez convoler ?

Pamela baissa la tête, avant de chercher un mouchoir dans son réticule.

Des larmes brillaient dans ses yeux bleus. Elle était attendrissante, mais Nathan se rendit compte qu’elle le laissait de glace. Après tout, ce n’était qu’un joli minois avec rien dans la tête.

- Ce fut affreux, lui répondit-elle. Le voyage sur le bateau était en soi agréable, nous avions un capitaine très prévenant et, heureusement, je ne souffre pas du mal de mer. Seulement en arrivant j’ai appris que le domaine d'Hubert se trouvait très à l’intérieur des terres. Ce dernier n’est même pas venu m’accueillir, m’envoyant simplement un chariot avec son régisseur, un rustre sorti d’on ne sait où, sans aucun savoir vivre. Nous avons voyagé trois jours. Oh, cette poussière rouge que j’ai dû avaler ! Et cette nourriture indigeste, préparée à même le sol ! J’ai cru mourir cent fois. Et les nuits pleines de ces bruits que font les indigènes là-bas, avec des instruments étranges ! J’ai cru mourir de honte en les voyant à peine couverts d'un morceau de tissu. Et les femmes qui montraient sans pudeur leurs attraits. Je vous dis, c’était affreux. Lorsque j’ai vu la maison j’ai eu un peu d’espoir, mais rapidement j’ai été déçue. Hubert n’employait que d’anciens bagnards.

Pamela essuya ses larmes avec grâce et regarda le comte d'un air perdu.

- En plus il n’était jamais là. Mais le pire, c’est qu’une nuit où je ne pouvais pas dormir, il faisait une chaleur moite, je me suis levée afin de chercher quelque chose à boire. En sortant de ma chambre j'ai vu, au bout du couloir, la porte de celle de mon fiancé s’ouvrir. Il était à moitié nu et embrassait une femme qui n’avait, pour tout vêtement, qu’un drap enroulé autour du corps. Elle a disparu vers une autre partie de la maison et il a refermé sa porte. J’étais tétanisée. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je n’avais pas fait des milliers de miles pour épouser un homme qui avait le culot de vouloir me faire vivre dans un endroit proche de l’enfer, et par-dessus le marché n’était même pas capable de garder ses maîtresses hors de la maison. Je lui ai dit ma façon de penser le lendemain, et je suis repartie sur le champ.

Nathan prit une gorgée de thé. Il riait intérieurement et avait beaucoup de peine à rester imperturbable.

- Quel goujat, lui répondit-il d’un ton neutre.

- Et me revoilà. J’aurais mieux fait de venir vous voir cet été, plutôt que d’entreprendre ce voyage vers l’autre bout du monde. Mais j’avais des circonstances atténuantes, on m’avait dit qu'Hubert avait découvert une mine d’or.

- Une mine d’or ? Rien que ça ?

La comtesse posa sa main sur le genou de la jeune fille en disant :

- Je compatis à vos malheurs.

Mais Nathan avait vu ses yeux briller de malice et, vite, il posa les siens sur sa tasse. Il savait que si son regard rencontrait celui de sa mère, ils éclateraient de rire ensemble. C’est dans cette ambiance qu’entrèrent Elvira et Agatha. Lorsque Nathan se tourna vers elle pour lui sourire, elle sut que sa rivale avait perdu tout pouvoir sur son ancien soupirant.

Eglantine


Commentaires

ln.lfz (le 11/12/2015)
Trop bien! Au moins ce coup-ci l'"ex" n'aura pas gain de causse ! Aller Elvira à toi de jouer!

krapokouk (le 11/12/2015)
l'ex? Exit!

suzy972 (le 23/12/2015)
au top de chez top tres belle romance j'ai hate d'etre a la fin

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