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On se reverra à Noël - Chapitre 8

Les Romantiques - 10/12/2015

Chapitre huit

A chaque jour suffit sa peine.

 

Après le repas, le comte fit savoir à l’assemblée qu’il allait devoir se rendre en ville pour parler avec le Révérend, qui avait des problèmes.

- Bien, dit la comtesse, j’ai besoin de certaines choses, tu emmèneras Agatha qui ira les chercher.

- Chic, je pourrai passer à la librairie pour voir si le denier livre que j’ai commandé est arrivé. Tu viendras avec moi, demanda celle-ci en se tournant vers Elvira ?

- Oui, c’est une bonne idée. Il me faut du fil pour ma broderie et quelques bricoles pour Noël.

L’affaire fut entendue et on partit dans la voiture fermée.

Assise à l’intérieur, Agatha demanda d’une voix plaintive :

- Pourquoi n’avons-nous pas pris le traîneau ? C’est beaucoup plus romantique.

- Parce que la neige n’est pas assez épaisse, mademoiselle Je-sais-tout, répondit son frère, tout en faisant un clin d’œil à Elvira.

Le Révérend Johnson, préoccupé, accueillit Nathan dans son bureau.

Après les formules de politesse d’usage, alors qu’ils étaient installés tous deux confortablement dans des fauteuils devant la cheminée, avec un verre de vin chaud fait spécialement par l’épouse du pasteur, ce dernier fit un rapport sur les événements.

- Chaque année, quand vous me remettez solennellement la crèche, je l’installe dans mon bureau en attendant qu’elle soit montée devant le sapin à l’église, le 24 décembre. Il est bien entendu qu’on la surveille et qu’il y a toujours quelqu’un dans la maison. Or voilà que ce matin je me suis rendu compte que l’étoile au-dessus de la crèche, ainsi que les rois mages, avaient disparu. Je suppose que c’est à cause de l’or et des pierres précieuse qui sertissent les santons qu’un ou plusieurs individus les ont dérobés.

Le comte regarda son verre et le fit tourner dans sa main. Il réfléchissait à tout cela.

- A quel moment les avez-vous vus pour la dernière fois ?

- Voyons, dit le pasteur en fronçant les sourcils, je crois bien que c’était il y a deux jours. Vous savez, depuis il y a eu pas mal d’événements. J’ai dû visiter plusieurs personnes qui avaient besoin de mon assistance chrétienne. Ensuite j’ai dû me rendre à Chichester chez l’évêque, et je suis aussi très occupé par la chorale des enfants.

- Y avait-il toujours quelqu’un au presbytère ?

A nouveau l’homme d’église réfléchit.

- Oui, il me semble bien qu’il y avait toujours quelqu’un, soit ma femme, mes deux filles, ou la bonne.

Après un moment il se tapa le front :

- J’oubliais ! La nuit de l’incendie il n’y avait personne. Lorsque le jeune Baker est venu m’éveiller pour que je sonne la cloche afin de donner l’alerte, ma fille aînée est allée au château vous prévenir, et ma femme, la bonne, ma cadette et moi nous sommes rendus sur place pour voir si nous pouvions aider. C’est le seul moment où la crèche était dans la maison vide.

Le comte hocha la tête.

- Cela explique cet incendie que je n’arrivais pas à comprendre. Donc je pense que le vol a été commis par quelqu’un qui voulait vous faire partir, ainsi que votre famille, afin de commettre son larcin en toute tranquillité. Et je crois que ce sont des gens du coin, ils auraient pu faire plus de dégâts, mettre le feu à une grange où sont entreposés le foin et la paille pour la nourriture des bêtes en hiver, cela aurait engendré un plus grand dommage. Des habitations auraient même pu être touchées. Je suppose que le ou les voleurs n’ont pas voulu courir ce risque, et ont donc mis le feu là où il n’y avait aucun risque que ça dégénère.

- Qu’allons-nous faire maintenant, Milord ? demanda le Révérend.

Le comte soupira. Il passa sa main dans ses cheveux.

- Je ne sais pas. Il faudrait que vous demandiez à vos paroissiens s’ils ont une idée.

Le pasteur hocha la tête.

- Oui, vous avez certainement raison Milord. Cependant j'aurais préféré ne pas ébruiter l’affaire, pour ne pas assombrir la fête.

- Je comprends votre point de vue Révérend, mais il faut bien, si on veut retrouver les voleurs, demander autour de nous si personne n’a rien remarqué.

Pendant ce temps, Elvira et Agatha flânaient, bras dessus, bras dessous, dans les rues qui semblaient beaucoup plus gaies que d’habitude.

- As-tu tous les cadeaux ? demanda Agatha à son amie.

- Non, répondit cette dernière, je ne sais vraiment pas quoi offrir à Nathan.

Son amie se mit à rire. Elles entrèrent dans une mercerie afin d’acheter les quelques articles que la comtesse leur avait demandé de ramener. Elvira se procura son fil, des pelotes de laines de toutes les couleurs attirèrent son attention.

- Tiens, lui dit Agatha, achète quelques pelotes et tricote-lui une écharpe. Comme ça il saura que tu te soucies de sa santé. Ma mère disait toujours à mon père de mettre une écharpe.

- Voyons Agatha, d’ici le 25 je n’aurai jamais le temps de tricoter une écharpe ! Et c’est beaucoup trop banal, non ?

- Non, je ne trouve pas, surtout que tu l’auras faite de tes blanches mains. Cela pourrait impressionner mon grand frère. Mais surtout prends des couleurs un peu vives, pour égayer son triste pardessus noir. Tiens, du rouge par exemple.

Elvira se mit à rire.

- Jamais de la vie ! Du rouge feu, il en ferait une tête en ouvrant le cadeau.

- Bon d’accord, du rouge bordeaux si tu veux. Mais surtout pas de gris ou de beige.

Elvira examina les pelotes. La laine était mousseuse, presque comme de l’angora. La vendeuse leur précisa qu’elle venait d’une race de moutons qui n’existaient qu’en Écosse.

Puis Elvira se décida. Elle prit quelques pelotes et des aiguilles. Si elle réussissait à se retirer chaque soir assez longtemps, peut-être arriverait-elle à finir l’ouvrage avant Noël. Sinon, bah ! Elle le lui offrira pour le nouvel an.

- Il faut qu’on passe par la librairie, dit Agatha en sortant du magasin.

A ce moment-là, de l’autre côté de la route, un homme ivre invectivait un jeune garçon.

- T’es qu’un bon a rien... Laisse-moi tranquille, fous-moi la paix. J’ai bien le droit de boire avec des amis.

- Père, il vaudrait mieux rentrer maintenant.

- Laisse-moi, te dis-je. A-t-on jamais vu un morveux commander à son père.

Puis il s’étala au milieu de la chaussée.

- Tiens, s’exclama Agatha, le vieux Wil fait des siennes. Toujours un coup de trop dans le nez. Pauvre Billy, qui doit supporter un tel père.

- Qui est le vieux Wil ? demanda Elvira.

- C’est notre cordonnier, enfin c’était, pour ainsi dire. C'est son fils qui doit tout faire à la place de son père. Ce dernier est devenu un ivrogne notoire, depuis que sa femme et deux autres de ses enfants sont morts pendant une épidémie de grippe, il y a quelques années.

- Pauvre garçon. Il n’a pas de chance, répondit Elvira en voyant le jeune homme traîner son père. Un autre vint l'aider et Agatha fronça les sourcils.

- Tiens, Jake qui propose son aide ! Ça m’étonne de lui. Il est tellement paresseux d’habitude, si égoïste et borné.

- Eh bien dit donc, tu ne le portes pas dans ton cœur.

- Vois-tu Elvira, c’est le fils de l’aubergiste. Il est sournois et plutôt du genre à se moquer du pauvre Billy qu'à l’aider. C’est pourquoi je suis surprise de son geste.

Les deux garçons et le cordonnier disparurent au coin de la rue. Les jeunes filles entrèrent dans la librairie. Agatha acheta le Beaton’s Christmas Annual, où il y avait très souvent de bonne histoires.

- Tiens, dit-elle en le feuilletant, une histoire de détective : «A study in scarlet» par Arthur Conan Doyle. Ça semble intéressant.

Elvira feuilleta un livre qui lui semblait très prometteur : The Woodlanders de Thomas Hardy. Elle décida de l’acheter pour l’offrir à Nathan, en plus de l’écharpe, car elle ne pensait pas l’avoir finie à temps.

Lorsqu’elles ressortirent du magasin, un groupe de jeunes enfants accompagnés d'adultes chantait dans la rue, en une chorale très réussie, des chants de Noël.

La neige se remit à tomber. Les deux jeunes filles coururent avec leurs paquets en direction de l’église.

Elles retrouvèrent Nathan très préoccupé mais, en les voyant chargées comme des mules, il leur demanda en plaisantant si elles n’avaient pas dévalisé, par hasard, les magasins de la ville.

Eglantine


Commentaires

krapokouk (le 10/12/2015)
toujours aussi bien!

suzy972 (le 23/12/2015)
ouiiii je confirme trop bien

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