Le chœur des femmes de Martin Winckler

Les Romantiques - 29/08/2012

C’est ma meilleure amie qui m’a offert ce livre. Je reconnais à ma grande honte que je n’avais jamais entendu parler de cet auteur qui est pourtant assez célèbre puisqu’il est aussi à l’origine de «La maladie de Sachs», roman qui a fait son succès et a été adapté à l’écran.

Martin Winckler, en réalité Marc Zaffran, est un médecin généraliste français qui s’est toujours révolté contre l’arrogance du corps médical car il ne perd jamais de vue que même les médecins pourront devenir, un jour, des patients.

Il est toujours tellement difficile de parler des livres qui nous ont particulièrement touché… mais essayons tout de même. ;o) «Le chœur des femmes» est un livre pour les femmes, destiné aux femmes, qui sera je pense essentiellement lu par des femmes, mais écrit par un homme ! Certainement la chose qui m’a le plus bluffée d’ailleurs : il a une incroyable connaissance des femmes, dans toute leur sensibilité, leur fragilité, dans les moments où elles se sentent les plus vulnérables, à savoir, quand elles vont faire leurs examens gynécos.

C’est ainsi que l’on fait la connaissance de deux personnages qui vont devoir cohabiter le temps d’un stage d’internat… Je parle ici de la confrontation entre Franz Karma, médecin généraliste qui a roulé sa bosse depuis des années et Jean Atwood, talentueux interne, qui a dû se battre pendant ses longues études pour pouvoir se faire une place au sein des meilleurs… à savoir les chirurgiens ! De cette rencontre vont naître des affrontements et des remises en cause de part et d’autre, parfois dans la simplicité, parfois dans la colère.

Mais au final la femme ne sera plus ce cas clinique à qui l’on demande de se mettre à poil et d’écarter les cuisses pour que le médecin puisse y fiche ses doigts gantés afin de vérifier que «tout va bien, madame !» mais bien un être doté d’une sensibilité, d’une timidité et d’une pudeur précieuse qu’il est important de ne pas traiter par-dessus la jambe (s’cusez moi ! je n’ai pas pu m’en empêcher ! lol).

Le décor se limitera quasi essentiellement aux murs de l’Unité 77. Tous les personnages sont intéressants et suffisamment mystérieux pour nous choper dès les premières pages et nous retenir jusqu’à la dernière. L’auteur est un coquin : il saura nous surprendre jusqu’au bout !

Ainsi, nous entendrons les voix de femmes qui résonnent de peurs mais tout autant d’espoir. Nous avons toutes été confrontées à un cas qu’il vous sera peut-être donné de lire, si je réussis bien mon coup de cœur. Chacune de nous pourra, à un endroit ou à l’autre, se retrouver. Ce livre nous apprend qu’il arrive un moment dans la vie où il faut prendre conscience que l’on a le droit de demander à être traitée comme un être humain et non plus comme un dossier, un «cas»... Je voudrais bien que ce livre soit lu par tous les hommes médecins… humm… par tous les hommes, en fait ! Ils regarderaient sans doute la femme avec un œil complètement nouveau, ces chers messieurs qu’il faut traîner de force chez le médecin même s’ils sont à l’article de la mort !!

L’écrit est très facile à lire : c’est drôle, c’est émouvant, c’est passionné, généreux, rebelle, ça nous touche dans notre cœur et j’ai envie de dire aussi dans notre corps.

Un livre qui a presque une valeur de documentaire (j’ai appris beaucoup de choses) : il allie parfaitement suspense, action et militantisme, et je voudrais vraiment le conseiller à toutes les femmes… il n’est pas facile de se rebeller contre le corps médical, surtout quand la partie qui doit être traitée est notre intimité. Mais si ce livre peut vous y aider à un moment de votre vie, alors moi je dis que vous n’aurez pas perdu votre temps.

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