Le Steampunk

Agnès - 27/08/2012

Qu’est-ce que le steampunk ? Nous avions évoqué ce phénomène dans les Brèves d’un ancien numéro du webzine, je vais vous en parler un peu plus en détail dans ce dossier. Littéralement “punk à vapeur”, le steampunk est un sous-genre de science-fiction et de fantastique. Les histoires se déroulent à une période historique reconnaissable, et font intervenir des machines de pointe et des technologies basées sur la puissance de la vapeur, telle que découverte au 19ème siècle. Le steampunk est né dans les années 80, et certains pensent que Jules Vernes en a été le grand précurseur (même si techniquement il écrivait à propos de son époque). Il est présent également dans d’autres genres littéraires, essentiellement la BD (La ligue des gentlemen extraordinaires) et les mangas (Fullmetal alchemist), et depuis quelques temps la romance et la littérature jeune adulte.

La définition n’est pas très claire ? Voici des exemples un peu plus précis qui permettront peut-être d’éclairer votre lanterne. Un livre de steampunk va le plus souvent se dérouler à l’époque Victorienne, en en gardant les codes vestimentaires et culturels, mais en incluant des machines actuelles dont la technologie se base sur celle du 19ème siècle (pensez au Nautilus du Capitaine Némo, mais seulement à son look puisque le sous-marin imaginé par Jules Vernes fonctionne à l’électricité). Par exemple, La machine à différences, écrit par William Gibson et Bruce Sterling, montre une Angleterre Victorienne révolutionnée par un ordinateur à roues dentées et à vapeur. Et certains se souviendront de la série Les mystères de l’Ouest avec Robert Conrad, ou du film Wild Wild West avec Will Smith, qui sont aussi de parfaites illustrations.

Une des variantes les plus courantes va être la présence supplémentaire de créatures surnaturelles dans cette époque Victorienne à vapeur. Ainsi, dans la série Le protectorat de l’ombrelle de Gail Carriger (voir Webzine numéro 47 de novembre 2011), vampires, fantômes et loups-garous se croisent allègrement. Dans The iron duke (Le duc de fer) de Meljean Brook, programmé pour octobre chez J’ai lu, des humains sont transformés par des nanoagents. En VO il y a beaucoup plus de choix, avec par exemple des auteurs comme Katie Locke, chez qui la Reine Victoria, dans God save the Queen, est toujours sur le trône après 175 ans de règne, vu qu’elle est elle-même… un vampire !!

Histoire de compliquer un peu les choses, un livre de steampunk peut inclure du surnaturel mais renoncer à la technologie. Le héros dans Les voies d’Anubis de Tim Powers (l'une des œuvres qui ont inspiré le terme «steampunk») voyage dans le temps grâce à des brèches temporelles. Celui de The seduction of Phaeton Black de Jillian Stone est un enquêteur de Scotland Yard spécialisé dans tout ce qui est surnaturel. Personnellement, je trouve que ces livres sont «juste» du paranormal, mais ce n’est pas moi qui définis le terme.

On peut aussi avoir du steampunk qui inclut bien les machines de pointe, mais se déroule en fin de période Victorienne, ou même plus tard, ce qui suppose souvent que la révolution de l'électricité et du pétrole n’a jamais eu lieu. The Peshawar lancers par SM Stirling se déroule au XXIème siècle, dans un monde transformé par la chute d’une météorite dans l’hémisphère nord en 1878. Boneshaker (série Le siècle mécanique) de Cherie Priest se déroule en 1880, alors que la guerre de sécession américaine se prolonge sans fin. Enfin la série Steampunk Chronicles de Kady Cross, qui sort en France cette année chez Harlequin Darkiss, se déroule en 1897. En général ces livres ont pour cadre l’Amérique.

Et enfin on peut trouver des histoires qui se passent dans un autre monde, mais avec une technologie toute Victorienne. Les héros de la série A la croisée des mondes de Philip Pullman traversent divers univers parallèles, et le cycle de Bas-Lag de China Miéville se situe carrément dans un univers fictif.

Voici ce qu’en dit Meljean Brook : «En gros, si vous considérez quelque chose comme la série Eve Dallas de JD Robb (je la prends juste comme exemple parce que beaucoup la connaissent), vous pouvez voir comment la technologie et les enjeux culturels d’aujourd'hui influencent la façon dont l’auteur envisage la vie dans cinquante ans. La plupart de la technologie est basée sur les ordinateurs, mais ce sont de super ordinateurs. Tout fonctionne à l'électricité ou avec des piles. Les métisses et les mariages homosexuels sont plus répandus. La nourriture est essentiellement à base de soja. Ce sont des spéculations de la part de l'auteur, mais vous pouvez certainement voir combien les idées sont enracinées dans la réalité du monde d'aujourd'hui. C'est la même chose pour le steampunk, sauf que vous retournez 200 ans en arrière, et spéculez sur ce que pourrait être le monde si la technologie dont on disposait à l’époque de la Régence avait progressé de façon différente.

Vous avez donc un cadre historique - dans mes livres c'est un monde qui ressemble à une ère entre Régence et époque Victorienne, mais le steampunk peut être situé à n'importe quelle période historique - cependant certaines choses sont différentes… Et à mon avis, le steampunk ne se résume pas à des gadgets – il s’agit de repenser la technologie et l'effet qu’elle a eu sur notre culture. Songez à l'impact qu’a eu la révolution industrielle sur le monde occidental... et maintenant accélérez les choses et multipliez-les.»

D’après Gail Carriger, pour écrire un bon steampunk il faut bien connaître l’époque ciblée, le langage en particulier, mais sans trop abuser pour ne pas rebuter le lecteur moderne. Il faut aussi savoir doser la technologie pour plaire à la majorité. Et ne pas hésiter à rajouter de l’humour, car d’après elle on ne peut jamais se tromper avec la comédie (je dois avouer que je ne suis pas du même avis, mais c’est elle l’auteur, après tout).

Heather Massey, du site The Galaxy Express, spécialisé dans la romance de science-fiction, s’interroge sur la raison pour laquelle la romance steampunk n’a pas autant de succès que la romance paranormale. «Vous pouvez expliquer succinctement la romance paranormale en disant "romance et vampire". On ne peut faire de même pour la romance steampunk. Bien sûr, il y a des personnages extraordinaires dans ce sous-genre (par exemple de fringants capitaines de dirigeables, des inventeurs sexy, de mystérieux espions), mais ils ne sont généralement pas surnaturels. En bref, la romance steampunk ne peut se réduire à un certain type de héros ou de fantasme. C'est un sous-genre qui promet la diversité… À la base, la romance paranormale offre un fantasme sexuel profondément primitif. La romance steampunk, avec sa technologie axée sur la vapeur, stimulera plus vos synapses et vos envies d'action et d’aventure que vos parties intimes.» 

Je pense quant à moi que le steampunk est trop récent dans la romance pour qu’on puisse dire si ce courant va marcher ou pas. En tout cas, les possibilités sont intéressantes et l’évasion garantie, peut-être même encore plus qu’en lisant un historique. Et il faut savoir qu’il y a des sous-genres (slipstream, dieselpunk, atompunk, clockpunk, stichtpunk, gaslightpunk, biopunk…) dont les puristes pourraient vous expliquer les spécificités, mais que je trouve personnellement assez nébuleux lol.

Le steampunk conquiert aussi le grand et le petit écran. Je vous parlais des Mystères de l’ouest, mais il y a également l’adaptation de La ligue des gentlemen extraordinaires, Vidocq (celui avec Gérard Depardieu), Steamboy (film d’animation japonais, le Japon étant très porté sur le steampunk), Capitaine Sky et le monde de demain, Numéro 9… et tant d’autres encore. A noter qu’il existe même toute une sous-culture steampunk : vêtements, mobilier, customisations diverses… Personnellement le style corset et rouages apparents, ce n’est pas trop ma tasse de thé, mais tapez «steampunk» dans Google images, et peut-être vous laisserez-vous tenter.

Envie de lecture ? Deux listes à explorer : Goudreads et Amazon

Rinou

Commentaires

Cet article n'a aucun commentaire, ajoutez le vôtre !

Les commentaires sont temporairement désactivés