Sex/Life

Agnès - 26/08/2021

Série Netflix de 2021 créée par Stacy Rukeyser, avec Sarah Shahi, Mike Vogel, Adam Demos.

Billie Connelly a tout pour être heureuse : un mari parfait, Cooper, deux enfants, dont un bébé qu’elle allaite, et une belle maison dans une banlieue cossue. Pourtant Billie n’est pas heureuse, elle a l’impression de ne plus être elle-même, celle qui quelques années plus tôt se sentait libre et vivait une aventure excitante avec un séduisant bad boy, Brad. Et alors que Billie se pose toutes ces questions, voilà que Brad refait son apparition et tente de renouer en lui jurant qu’il a changé et qu’il n’est plus celui qui lui a brisé le coeur peu avant sa rencontre avec Cooper.

Ce qui m’a incitée à regarder cette série, je l’avoue, c’est le teasing insensé sur « la scène de la douche ». WTF, c’est quoi cette histoire de mec supermembré ? Il fallait que je voie ça de mes propres yeux… lol Ceci dit la scène arrive à l’épisode 3, et j’ai continué à regarder jusqu’à la fin. Pffff A priori ce genre d’histoire ne m’intéresse pas, mais ce qui a soutenu mon intérêt, c’est ce que certains reprochent à cette série : les personnages, surtout Cooper et Brad, sont de vraies caricatures, mais je trouve que c’est mieux de dire archétypes ! Ca fait plus classe… lol

Cooper, alors Cooper c’est le mari parfait, mais je dis bien PARFAIT. C’est le type qui a une éthique à toute épreuve, qui cherche toujours à tout bien faire, je l’ai trouvé absolument adorable. Vers la fin il commet un énorme faux-pas, mais le regrette aussitôt, et j’ai trouvé que c’était formidable. Franchement il a eu tellement de moments où j’avais envie de l’embrasser que c’est embarrassant. Son seul défaut : il ne supporte pas la comparaison avec Brad, et il le sait.

Brad, alors Brad… lol C’est l’amant parfait, mais je dis bien PARFAIT. Le beau gosse de ouf avec les mèches dans les cheveux que t’as envie de lui demander l’adresse de son coiffeur, l’accent australien, le blouson en cuir et la moto, le regard  de braise, l’attitude de merde « mais c’est un bad boy ». Et bien sûr il est grand… de partout, et il sait se servir de l’équipement complet. Comme Billie, pour moi c’était quand il voulait, où il voulait, comme il voulait.

Et elle dans tout ça ? Eh bien je l’ai beaucoup aimée. Déjà j’aime bien Sarah Shahi, ça aide. Et j’ai compris son dilemme. Et là il faut parler de la fin, sans en parler pour ne pas spoiler… et c’est pas simple. Disons juste qu’il y a un gros retournement de dernière minute, qui n’est ni très crédible, ni très logique, ni très satisfaisant. Je ne m’y attendais pas. A priori je n’ai pas aimé. Je ne sais pas où la série va aller à partir de là, puisqu’une saison 2 est annoncée. Mais ce qui m’a convaincue de revenir sur ma première impression et d’écrire cet article, ce sont les réactions que j’ai lues sur Allociné. Lol

Alors là c’est le festival du mâle outragé… lol J’étais absolument morte de rire. Quoi ? Cette espèce de salope nymphomane, elle avait le mari parfait mais ne pensait qu’à se faire sauter par l’étalon alpha de service ? Ce sont bien les féministes d’aujourd’hui, des succubes jamais satisfaites qui vont ébranler les racines même de notre bonne société si on n’y prend garde. Quelle médiocrité, quelle ignominie, quelle immoralité ! Comment Netflix osait proposer une série aussi pernicieuse qui remettait en cause le couple, l’amour, la fidélité ?

C’est alors que j’ai réalisé que cette série était bien plus fine qu’on ne pouvait le penser. Tous ces gros clichés, cette intrigue somme toute convenue, la situation impossible qui ne peut raisonnablement conduire qu’à une conclusion et une seule. Et puis le twist final qui fait bondir tout le monde : elle ne peut quand même pas faire ça ! Et ses enfants, et son mari si mignon et gentil, et toute cette vie qu’elle a construite et qui semble d’un coup tourner pour le mieux ?

Et je me suis dit : combien de fois on a vu l’inverse sans que ça ne choque personne ? Au cinéma, à la télé ET dans la vraie vie. Vous savez le type qui a tout ce dont il a rêvé : une gentille femme qui veille à ses moindres désirs, de beaux enfants, une maison cossue en banlieue et des vacances à la mer. Mais comme il est malheureux le pauvre ! Et puis il y a cette femme fatale qui le séduit, et comment pourrait-il résister alors qu’il est si malheureux ? Et pourquoi devrait-il choisir ? Autant se démerder pour avoir les deux, et la gentille épouse n’aura qu’à la fermer parce que monsieur a des pulsions bien naturelles qu’il ne saurait réprimer, voyons ! C’est un HOMME, un vrai !

Dans cette perspective la fameuse scène de la douche acquiert toute sa saveur, parce que ce qui a tellement fait parler c’est qu’on y voit le séduisant Brad avec un engin à faire pâlir toute la concurrence. Littéralement, car c’est Cooper qui est en face et dont la réaction est impayable. Genre : non mais là c’est pas possible, je suis foutu ! Lol Et c’est tellement typique de la vision qu’ont les hommes du plaisir, des désirs et besoins féminins que c’en est absolument tordant.

Alors je ne sais pas où peut aller cette série dans la saison 2, j’espère pas dans le mur. Ce qui est certain c’est que la saison 1, par les réactions qu’elle suscite, est intéressante. Je voudrais juste soulever deux points :
• Tout d’abord, Billie vient d’avoir un enfant, elle l’allaite. C’est une période dans la vie d’une femme qu’aucun homme ne peut comprendre. C’est de la joie, de l’amour à l’état brut, mais aussi de dépressions, mais même sans aller jusque-là, je me souviens très bien m’être sentie complètement submergée, aliénée. Il y a même un moment dont je me rappelle distinctement où je me suis dit : ma vie telle que je l’ai connue est finie. C’est extrêmement violent. Que l’action de la série se déroule à ce moment-là est très bien vu et crédible. Messieurs, sans doute que vous ne pouvez pas comprendre, mais essayez juste de vous dire que ce qu’une femme ressent alors est légitime, et de l’accompagner du mieux que vous pouvez.
• Et deuxièmement la société patriarcale a essayé de nous convaincre pendant des lustres que les hommes avaient des besoins sexuels bien naturels qu’ils n’avaient aucune raison de réprimer, même si en y cédant ils faisaient souffrir tout leur entourage et foutaient en l’air leur famille, mais que par contre les femmes se divisaient en deux catégories : les mamans et les putains. Les premières n’avaient aucun désir ou plaisir sexuel et le mieux était même qu’elles restent totalement ignorantes de la chose, les secondes en avaient mais dans le but unique de satisfaire ceux des hommes. Et j’ai envie de dire : messieurs, on vous a menti ! C’est un peu le message de cette série : vos épouses ont des désirs et des besoins sexuels. Et j’ai une autre idée de série à proposer, sur le fait que les femmes dont vous considérez qu’elles sont là pour assouvir vos besoins sexuels n’en éprouvent sans doute pas le moindre désir. Courage, c’est dur à avaler, mais c’est VRAI. Lol

Pour résumer, une série qui secoue fort les hommes dans leurs convictions, et rien que pour ça elle mérite d’être regardée… lol Bon et les scènes de sexe sont hot, hein, n’essayons pas de nous le cacher. A noter : il est indiqué que la série est l’adaptation de 4 hommes en 44 chapitres (44 chapters about 4 men) de BB Easton, inutile de vous précipiter dessus. D’une part l’histoire n’a rien à voir avec celle de la série, à part que l’héroïne décrit ses aventures sexuelles quand elle avait quatorze ans pour donner des idées à son mari frigide, et en plus c’est vulgaire, pas érotique pour un sou et ennuyeux à mourir. Et si vous entendez dire que c’est drôle, n’y croyez pas non plus.

Agnès

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