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Irena Sendler - Héroïne historique

Les Romantiques - 06/07/2021

Irena « Jolanta » Sendler « Sendlerowa »

« La haine (que j’avais pour) les occupants Allemands était plus forte que la peur… Mon père m’a appris à tendre la main à un homme en train de se noyer, même si vous ne savez pas nager. (Pendant tout ce temps) c’est la Pologne qui était en train de se noyer. »
(Irena Sendler)

Irena Krzy?anowska est née le 15 février 1910 à Varsovie. Le nom de Sendler vient de son premier mari dont elle divorce une première fois, et qu’elle épouse ensuite à nouveau après son divorce d’avec son second époux. Le surnom Sendlerowa signifie la mère des enfants de l’holocauste. Son destin est profondément lié à ceux de son arrière-grand-père et de son père.

En effet, son arrière-grand-père a participé au Soulèvement de janvier 1863 (insurrection polonaise contre l’Empire russe pour l’indépendance du pays).
Malheureusement, cette insurrection sera défaite en 1864 et suivie par une répression impitoyable. Ainsi, l’arrière grand-père d’Irena sera envoyé en Sibérie et verra son terrain confisqué, laissant sa femme et son fils (le grand-père d’Irena) dans le dénuement le plus total.

Le père d’Irena, Stanislas Krzy?anowski (1874-1917) est lui-même membre du parti socialiste polonais et participe à la Révolution polonaise de 1905 (évènement qui fait suite au massacre de manifestants à Saint-Pétersbourg par les forces de l’ordre le 22 janvier 1905). Son action l’empêche d’obtenir son diplôme de l’université de médecine de Varsovie. Il finit par le recevoir en 1908 à Kharkiv. L’année suivante, il épouse Janina Karolina Grzybowska (1885–1944), retourne à Varsovie et travaille à l’hôpital du Saint-Esprit.

Irena contracte la coqueluche à l’âge de deux ans. Ses parents décident alors de s’installer à Otwock, une ville thermale située dans la banlieue ouvrière de Varsovie où se trouve une communauté juive importante, composée essentiellement de pauvres et de paysans.

C’est à ce moment-là que Stanislas décide que tout le monde doit être soigné. Ainsi, il accepte de s’occuper de tous les patients qui se présentent à lui, qu’ils puissent payer ou non. Sa conviction profonde est qu’il y a les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Il n’est pas question de nationalité, de race ou d’origine. Il s’implique énormément dans la communauté et dans les aides sociales.

Irena grandit donc dans ce monde où elle joue avec les enfants juifs et apprend le yiddish. A cette époque, elle n’est pas encore consciente de l’antisémitisme profond qui a cours dans toute la Russie, à laquelle la Pologne appartient. Elle obtiendra son indépendance en 1918, à la fin de la Première guerre mondiale.

Le père d’Irena meurt en 1917, quelques jours avant son anniversaire, après avoir contracté le typhus. Quelques années plus tard, Janina et Irena s’installent à Piotrków Trybunalski. Irena y suit sa scolarité et c’est là qu’elle commence sa « croisade » contre l’antisémitisme et s’intéresse à la vie politique de la Pologne.

A l’âge de treize ans, elle a des problèmes à l’école après s’être battue avec des camarades de classe pour avoir défendu un de ses amis juifs. Au lycée, elle s’implique dans le scoutisme. Ce mouvement de jeunesse mondial a été créé en 1907 par Lord Robert Baden-Powell, un général protestant britannique à la retraite. Il repose sur l’apprentissage de valeurs telles que la solidarité, le respect et l’entraide.

A l’âge de seize ans, elle écope d’un renvoi provisoire pour avoir quitté l’école et acheté un journal qui parle de l’insurrection et du Coup d’état de mai (mené par le maréchal Józef Klemens Pi?sudski entre le 12 et 14 mai 1926, il aboutit au renversement du président et du gouvernement du premier ministre en poste).

Irena intègre ensuite l’université de Varsovie où elle débute des études de droit, puis suit des cours de philosophie, avant de commencer à enseigner à l’orphelinat Dom Sierrot, fondé en 1918 par le médecin-pédiatre Janusz Korczak (1878-1942), reconnu pour son travail dans la protection de l’enfance et inspirateur de la Convention des droits de l’enfant. En 1930, alors qu’Irena poursuit toujours ses études, elle participe à de nombreuses manifestations contre la discrimination envers les étudiants juifs de l’université. Peu après, elle est renvoyée pendant trois ans pour s’être assise du côté juif de la salle.

Irena s’engage alors dans l’Union de la jeunesse démocratique polonaise et le Parti socialiste polonais. En 1931 elle est embauchée par le comité d’aide sociale aux citoyens du lycée privé Wolna Wszechnica Polska fondé en 1918 et situé à Varsovie, pour travailler dans la division chargée des mères et des enfants. Elle s’occupe des mères célibataires. Elle y demeure jusqu’au démantèlement du comité en 1935. Irena est alors transférée à la mairie de Varsovie, au département de l’assistance sociale, où elle organise l’aide aux pauvres.

Elle est en poste au sein de l’établissement quand, en 1939, les troupes allemandes occupent Varsovie. La résistance polonaise s’organise dès cet instant. Un groupe clandestin se forme sous la direction de l’écrivain Jan Dobraczy?ski (1910-1994) – ce dernier participera également à l’Insurrection de Varsovie en 1944 – pour venir en aide aux enfants abandonnés. Irena se fait appeler Jolanta.

En 1940, les Allemands rassemblent les juifs dans le ghetto de Varsovie. Personne ne peut y entrer ni en sortir en-dehors des autorités sanitaires polonaises. Irena et dix de ses amis parviennent à figurer sur la liste des personnes autorisées à entrer et sortir du ghetto. En coopération avec CENTOS, une association caritative juive polonaise d’aide à l’enfance, Irena commence alors à faire sortir clandestinement des enfants du ghetto. Des faux papiers avec des noms chrétiens attendent ces derniers pour leur placement dans des institutions ou des familles d’accueil de confiance. Irena garde les noms d’origine de ces enfants dans le but de les réunir avec leur famille à la fin de la guerre. Cela ne sera pas possible car toutes les familles concernées mourront dans les camps de concentration.

En 1942 commence la Grande action, la déportation des juifs du ghetto vers le camp d’extermination de Treblinka. Irena assiste, impuissante, à celle des
enfants de l’orphelinat Dom Sierrot. Ces derniers sont accompagnés par le docteur Janusz Korczak, qui ne veut pas les abandonner.

Cette même année, le gouvernement polonais en exil à Londres crée ?egota, une commission clandestine d’aide aux juifs. L’objectif est de financer la fuite des juifs cachés parmi la population et dont la vie est en jeu. L’argent passe par des canaux clandestins.

A cette époque, Irena est nommée chef du département de l’enfance. Elle est, entre autres, chargée de rechercher des signes de typhus à Varsovie pour éviter une propagation dans le pays. Elle profite de sa nouvelle mission pour faire sortir clandestinement d’autres enfants du ghetto. Ainsi, environ 2500 enfants sont sauvés par elle et son groupe.

Est-ce le fait qu’Irena porte l’étoile de David, en soutien au peuple juif ? Ou tout simplement parce que les Allemands estiment que les dépenses du département de l’enfance sont supérieures au budget ? Toujours est-il qu’elle est arrêtée par la Gestapo en 1943 et emmenée à la prison de Pawiak.

Malgré les tortures qu’elle y subit, elle ne trahira jamais son réseau. A cause de cela, elle est condamnée à mort. La commission ?egota parvient à soudoyer un gardien de la prison qui l’aide à s’échapper le jour de son exécution, en février 1944.

Alors que tout le monde pense qu’elle a été exécutée, pendant sa convalescence elle se cache à Varsovie sous le nom de Klara D?browska. Une fois pratiquement remise, elle reprend contact avec la commission où elle travaille de manière anonyme et discrète dans les bureaux du réseau en attendant de retrouver l’usage de ses jambes.

Pendant l’Insurrection de Varsovie elle est infirmière dans un hôpital de fortune, et ce jusqu’en janvier 1945, au moment où l’Armée rouge entre dans la ville. Avec la fin de la guerre arrive l’heure du bilan. Varsovie est en ruines, la population affamée, affaiblie, les orphelins plus nombreux que jamais. Irena est sur tous les fronts.

Elle crée une maison d’enfants pour les orphelins, ainsi que des maisons de retraite pour les personnes âgées qui n’ont plus de famille. Pendant toute cette période, personne ne sait ce qu’elle a accompli pendant la guerre, sauf les autorités russes et polonaises.

La Russie a certes libéré la Pologne, mais les inimitiés entre ces deux pays perdurent et c’est malheureusement Irena qui en fait les frais. A cause de sa loyauté envers le gouvernement polonais en exil, mais surtout de son rôle actif de résistante, elle est arrêtée, emprisonnée et interrogée brutalement entre 1948 et 1949 par la police secrète communiste. Enceinte de son deuxième enfant à l’époque, Irena le perd suite aux mauvais traitements qu’elle subit en prison. Une fois libérée, elle « accepte » de rejoindre le Parti communiste polonais.

En 1965, Yad Vashem reconnaît Irena comme Juste parmi les nations mais les autorités communistes de Pologne refusent qu’elle reçoive son prix en Israël. Ce n’est qu’en 1983 qu’elle peut s’y rendre pour le récupérer. Son rôle pendant la Seconde guerre mondiale restera méconnu jusqu’à la chute du régime communiste qui a lieu entre 1988 et 1991. En 1991, elle devient d’ailleurs Citoyenne d’honneur de l’état d’Israël.

C’est grâce à quatre jeunes étudiantes américaines et leur professeur que l’histoire d’Irena Sendler commence à sortir de l’ombre. Elles faisaient des recherches sur les héros de la Shoah et avaient vu le nom d’Irena Sendler. Comme elles ne trouvent aucune information sur elle, elles se rendent en Pologne pour la rencontrer. Irena est alors âgée de quatre-vingt-neuf ans.

Après leur entretien, les étudiantes écrivent une pièce de théâtre qui raconte son rôle pendant la Seconde guerre mondiale. La pièce sera jouée plus de 200 fois aux Etats- Unis, au Canada et en Pologne. En 2003, Irena reçoit l’Ordre de l’aigle blanc, la plus haute distinction civile polonaise.

En 2007, elle reçoit l’Ordre du sourire, prix décerné par des enfants du monde entier aux personnalités oeuvrant pour le bonheur et le sourire des enfants. En mars de cette même année, le gouvernement polonais suggère qu’Irena Sendler soit élevée au rang d’Héroïne nationale, ce que le Sénat accepte. Ce dernier propose également sa candidature au Prix Nobel de la paix (qui sera attribué à Al Gore).

Irena Sendler meurt le 12 mai 2008 à Varsovie. Elle ne s’est jamais considérée comme une héroïne. Elle a toujours voulu suivre les traces de son père et venir en aide aux autres.

Peu avant la fin de sa vie, elle écrit une lettre dans laquelle on peut lire : « J’appelle tous les gens de bonne volonté à l’amour, la tolérance et la paix, pas seulement en temps de guerre, mais aussi en temps de paix. »
Irena Sendler est définitivement un bel exemple à suivre.

 

Fabiola

Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Irena_Sendler
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stanis%C5%82aw_Krzy%C5%BCanowski
https://www.glenat.com/sites/default/files/webmaster/irena_frise_historique.pdf
https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/la-grande-resistante-polonaise-40648
https://www.inspiremore.com/irena-sendler-coffins/
https://www.franceinter.fr/emissions/il-etait-une-femme/il-etait-une-femme-23-decembre-2018


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