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La romance, un outil au service des luttes féministes

Les Romantiques - 04/07/2021

Féminisme
Nom masculin
« Doctrine qui préconise l’égalité entre l’homme et la femme, et l’extension du rôle de la femme dans la société. »


Définition proposée par le dictionnaire Le Robert Dit comme ça, c’est facile : « We should all be feminist » comme le dit si bien Chimamanda Ngozi Adichie en 2012 lors de sa conférence TEDx d’Euston, un colloque annuel consacré à l’Afrique.

Pour aller plus loin, dans le féminisme on distingue trois vagues :
• La 1ère vague : de la Révolution aux guerres mondiales, le temps des précurseuses.
• La 2ème vague : des années 1950 aux années 1970, les Trente Glorieuses de la libération des corps.
• La 3ème vague : à la fin du XXe siècle, vers l’égalité dans tous les domaines.
Chacune de ces vagues se sous-divise en courants de pensée à la fois individualisés et multiculturels, inclusifs et protéiformes. Ainsi, il y a, entre autres, les radicales, les matérialistes, les universalistes, les différentialistes, les constructivistes, les intersectionnelles, les anticapitalistes, les écoféministes…
Les uns et les autres peuvent s’influencer ou au contraire être en désaccord.

Pour ce dossier, nous avons choisi de mettre en avant le féminisme intersectionnel, concept créé par Kimberlé Crenshaw en 1991. Ce féminisme tend à être inclusif et à dépasser la notion même de féminisme qu’on peut traduire par l’égalité homme/femme, pour intégrer les autres facteurs susceptibles d’entraîner des inégalités (couleur de peau, genre, religion, classe sociale, handicap, orientation sexuelle…). Dans la diversité, toutes les voix doivent être entendues, ainsi, il n’est pas question d’amalgamer toutes les femmes dans un seul et même groupe. Le féminisme intersectionnel donne une visibilité aux femmes qui subissent à la fois le sexisme et le racisme, le classisme, l’homophobie, la transphobie…
Les facteurs de discrimination et d’oppression se combinent bien souvent, ainsi, la convergence des luttes est primordiale.

Au-delà de ce parti pris militant, ce prisme nous permettra de balayer très largement la puissance de la romance dans les luttes qui touchent TOUTES les femmes, grâce à la visibilité et la représentativité qu’elle leur apporte notamment.

Le mot « romance» est dit, il est temps d’entrer dans le vif du sujet ! Avant cela, il faut écarter les patates chaudes : la romance, ce genre traditionnellement conservateur, a longtemps fait le lit du patriarcat et contribué à sa longévité en perpétuant les schémas hétéronormatifs. Des tropes problématiques subsistent dans le genre. Elle a, à son échelle, banalisé une certaine violence faite aux femmes entre coercition émotionnelle et physique ; nourri la culture du viol avec un consentement pas toujours explicite ; et normalisé les relations toxiques en glamourisant les pervers narcissiques. Cela dit, ils sont loin derrière nous les « bodice rippers »… Une manière de se rassurer et de se dire que le genre évolue, et se défait du pire avec les années. Sans affirmer que la Dark Romance compte ses derniers jours, gardons en tête que dans toutes les familles, il y a ceux qui ont fait le choix de graviter à contre-courant.

La romance est un genre féministe par essence, oui, c’est dit, n’en déplaise à ceux qui pensent que les deux mots sont antinomiques ! Jessica Luther, dans son article fabuleux « Beyond Bodice-Rippers : How Romance Novels Came to Embrace Feminism » dont je vous recommande chaudement la lecture, nous dit très justement de la romance qu’« Un genre centré sur les femmes, écrit principalement par des femmes et consommé principalement par des femmes ne peut être ignoré, car il peut nous apprendre ce que veulent les femmes. » Et pour aller plus loin, ce genre a su fédérer une communauté autour de lui !

En novembre 2019, le magazine Zadig a dépêché l’auteur Nicolas Mathieu pour rédiger un article sur le Festival du Livre romantique qui s’est tenu à Dunkerque. « Quelques mots d’amour », un article terriblement paternaliste et condescendant, dans lequel, entre deux bêtises, il dit en parlant de la communauté des lectrices de romance :

« […] Tout cela forme à la fin une communauté très active, enthousiaste, où se tissent des liens, des alliances, des solidarités, et pour le dire d’un mot détestable : de l’empowerment. Car, à en croire ces lectrices, il semble bien que ces niches protégées, où les femmes entre elles cultivent des plaisirs qui leur appartiennent, peuvent être le lieu de parcours d’émancipation, d’apprentissage, de renforcement de l’estime de soi. À l’écart des rigidités de la culture légitime et des intimidations masculines, des femmes s’inventent et se renforcent.
Virginia Woolf a fixé pour toujours la « chambre à soi » comme l’espace politique minimal à partir duquel une écrivaine pouvait se déployer. Lire de la romance, c’est aussi s’aménager un temps et un espace à soi, un territoire qui a des airs de « doudou », mais qui peut aussi fonctionner comme une capsule de transformation pour des femmes qui, plus que d’autres, subissent toutes les dominations possibles, sociales, économiques, culturelles et masculines. »

L’expression « culture légitime » fait évidemment grincer des dents, mais passons, c’est sans parler de la conclusion de paragraphe quelques lignes plus bas « Je ne suis pas sûr que la romance soit cet instrument de libération qu’on m’a parfois vanté à Dunkerque. » Autrement dit, il a recueilli plusieurs témoignages qui vont dans le même sens, mais finalement seul son avis à lui compte… Belle prouesse de mansplaining !

Contrairement à lui, retenons le retour des femmes qu’il a interrogées : la romance est un instrument de libération !

Jessica Luther souligne par la parole, très intéressante, d’une autrice de romances historiques Cecilia Grant (« Pacte sensuel », « Désir et vanité » et « Dame de coeur, atout pique » publiés en français aux éditions J’ai lu) : « Un roman d’amour, par définition, privilégie la relation amoureuse par rapport aux autres aspects de la vie des personnages. Et dans une culture qui bombarde déjà les femmes du message selon lequel trouver et garder un homme est leur objectif le plus important dans la vie, il peut être difficile de faire valoir que la romance est un média favorable aux féministes. »

C’est pourtant ce que nous allons faire avec un échantillon concret de romances illustrant les luttes essentielles du féminisme :
1. Lutter contre le patriarcat, le sexisme et les stéréotypes.
2. Lutter contre les inégalités, commencer par la charge mentale et la répartition des tâches à la maison jusqu’à la liberté d’occuper l’espace public en sécurité.
3. Lutter contre les violences masculines contre les femmes (violences conjugales, la culture du viol, le harcèlement, le consentement, le slut-shaming...).
4. Lutter contre le plafond de verre autrement dit, lutter pour la parité et l’équité salariale.
5. Lutter pour disposer de son corps : du corps sous pression des dictats au droit à l’avortement.

« Les femmes qui écrivent aujourd’hui des romans d’amour ont grandi en profitant des bienfaits du mouvement féministe. Ces auteurs tiennent pour acquis, comme des évidences, des idées féministes qui étaient autrefois nouvelles, provocantes, à la limite de l’inconcevable.» peut-on lire dans l’article de Jessica Luther.

 

1) Le levier largement utilisé pour ces luttes féministes de tous les instants dans les romances est celui du choix : agir plutôt que d’être régie ! Cela dans le contexte qui est le leur, limité par les conventions ou les circonstances. Les héroïnes qui font des choix sont essentielles pour les auteurs de romances féministes. Évidemment, la prise du pouvoir de décision doit aller dans le sens de l’émancipation de l’héroïne. Deux exemples, parmi les très nombreux existant :

 

LES MACALLISTER, TOME 1 : NOCES SECRÈTES DE KINLEY MACGREGOR
(J’ai lu - 08/01/2020)

Lassé de la guerre incessante entre le comte de Ravenswood et son voisin lord Warwick, le roi impose une trêve. Comment la garantir ? La fille de Warwick ira passer un an chez Ravenswood où elle sera sous sa protection. Et gare à lui s’il lui arrivait malheur ou si elle était déshonorée ! Fou de rage, Draven ne peut que s’incliner et accueille bientôt dans son château la ravissante Emily. Il ignore que pour échapper à l’emprise de son père, celle-ci s’est mis en tête de l’épouser par tous les moyens. Draven a juré sur son honneur de ne pas la toucher, mais comment lutter contre les charmes de cette innocente séductrice ?

Emily, l’héroïne est canon : téméraire, audacieuse et créative. Sa transparence (sans être ingénue) est rafraîchissante. Son opiniâtreté est drôlissime. Face à elle, le héros est un modèle du genre : renfrogné, loyal et mystérieux. Bataillant avec un passé familial douloureux, il lui paraît impossible d’envisager de fonder la sienne.
L’héroïne sort pour la première fois de son domaine et quitte le giron de surprotection de son père. Trouvant Draven séduisant, elle va se démener pour ne plus y retourner. Ainsi, elle va prendre les rênes de la conquête de séduction.
L’intrigue se base sur des problématiques de confiance en l’autre et surtout en soi-même ; sur la loyauté et l’indépendance. Un chouette mélange d’intrigue politique, de rivalité de clans et de rebondissements sentimentaux.

 

HONORABLES INTENTIONS DE FABIOLA CHENET
(CHARLESTON - 09/01/2018)

Londres, 1868 : Comme chaque année, la nouvelle saison des bals va s’ouvrir ! À cette période, chaque famille ambitionne de sceller un noble et riche mariage…Bien malgré elle, Kate Houtton doit être présentée dans le grand monde. Jusqu’ici, les honneurs et les invitations mondaines étaient réservés à Charlotte, sa soeur cadette, ce qui convenait parfaitement à Kate. Mais cette année, Lady Martha, leur grand-mère et dépositaire de l’héritage familial, a posé ses conditions : la cadette ne pourra convoler qu’une fois l’aînée dûment mariée. Quelle déconvenue pour les filles Houtton… Qu’en sera-t-il des activités que Kate a jusque-là réussi à tenir secrètes ? Charlotte devra-t-elle renoncer à son amour pour Arthur ? La jeune femme est pourtant loin de se douter que, sur la liste de ses soupirants, figurera le séduisant John Barnes…

Dans ce roman, il est question d’une dette qui se traduit en demande encombrante et finit par aboutir à un accord avantageux, voilà comment débute la relation entre John Barnes et Kate Houtton. Kate a une maîtrise de ses sentiments et de ses émotions qui est tout simplement dingue. Elle est pragmatique, intelligente, courageuse. Elle évolue dans un milieu hostile, elle n’en reste pas moins délicate, pleine d’empathie et de gentillesse. Loin de se contenter du quotidien oisif que lui octroie sa condition, elle se démène pour contourner les moeurs de l’époque… et plus encore elle se lance dans une bataille digne de David vs Goliath. Ici elle prend des décisions, et fait tout pour garder son petit jardin secret.

 

Le choix est un pivot central de la romance historique, mais il est également largement utilisé dans la romance contemporaine et dans la romance érotique, notamment quand une héroïne demande à un séducteur de l’initier aux méthodes de drague et aux plaisirs sexuels. Elle fait le choix d’une « initiation » pour disposer de tous ses atouts afin de conquérir d’autres hommes/femmes… Dans les faits, on arrive rarement au bout de la démarche, mais cela sème une graine dans les esprits : la graine de la disposition de son propre corps et de la liberté sexuelle qui n’est pas qu’une affaire d’hommes !

D’ailleurs, dans l’article de Jessica Luther, celle-ci présente, par la voix de deux auteurs, un point très important sur la place du sexe dans la romance. Pour Ruthie Knox, auteur de romans d’amour contemporains : « Pour qu’un roman d’amour soit qualifié de “féministe”, le sexe dans le livre doit être mutuellement agréable ou son incapacité à être mutuellement agréable doit être présentée comme un problème plutôt que comme l’état naturel des choses ». Et Cecilia Grant, complète : « La romance est l’un des rares endroits où la femme est un sujet dans le sexe, plutôt qu’un objet ».

 

2) Le deuxième levier utilisé pour présenter les revendications féministes de tous les instants dans les romances est celui de la démonstration et du traitement d’une réalité problématique avec bon sens, bienveillance et intelligence. Cela doit être vu comme des retours d’expériences qui permettent d’informer, de sensibiliser et d’alerter.
«Vous pouvez prendre vos propres décisions, et attendre de votre monde qu’il respecte votre droit et votre capacité à prendre vos propres décisions.» Voilà ce que l’autrice Anna Cowan estime que la romance féministe dit à ses lectrices (toujours dans l’article de Jessica Luther).

Dans les quelques exemples sélectionnés, il est question du plafond de verre dans les milieux professionnels et des inégalités qui en découlent ; du comportement paternaliste qui entraîne des réactions sexistes en se basant sur des stéréotypes ; du slut-shaming, harcèlement et culture du viol ; de charge mentale ; de violences conjugales (physique ou psychologique) et de leurs dégâts directs et collatéraux avec des réactions possibles entre autres. Les thématiques se croisent dans les unes et les autres romances.

 

ET NE T’AVISE PAS DE M’EMBRASSER ! DE MHAIRI MCFARLANE
(Harlequin - 24/06/2020)

Se faire quitter après dix ans d’amour, c’est dur. Se faire quitter par son collègue après dix ans d’amour et de cohabitation professionnelle, c’est très dur. Pour sauver sa réputation et son image, Laurie n’a pas le choix : elle doit vite trouver le moyen de montrer à tous — à commencer par son ex et sa nouvelle copine — qu’elle a tourné la page et rayonne de bonheur. Problème : elle ne sait plus draguer. Heureusement, la solution est livrée directement à son bureau en la personne de Jamie, nouvel employé très séduisant. Car il se trouve que Jamie a besoin d’une couverture pour redorer son image de cadre dynamique et bien sous tous rapports. Adjugé vendu : ils vont mettre en scène leur (fausse) idylle sur les réseaux sociaux pour convaincre (et faire baver d’envie) tout le monde de la beauté de leurs sentiments. Et si l’illusion devenait réalité?

Dans cette romance, des thématiques fortes, et qui sont profondément d’actualité, sont abordées sous couvert d’une petite histoire de fausse idylle dans un milieu professionnel très étriqué. Il est question, entre autres, de l’impôt communautaire qui fait commencer l’ascension sociale en négatif, plutôt qu’à la case « départ » et de la bataille que mène une femme qui travaille dans un milieu masculin pour se faire entendre et faire peser sa voix. C’est l’occasion également de voir comment les femmes soutiennent les demandes de promotions de leur partenaire, mais n’osent jamais se lancer dans leurs propres demandes.

 

ENNEMIS (ET PLUS SI AFFINITÉS) DE MIA SOSA
(Harlequin - 02/09/2020)

Quel est le comble pour une wedding planneuse ? Se faire abandonner devant l’autel. Ça ressemble à une mauvaise blague, mais c’est bien ce qui est arrivé à Carolina Santos. Pour autant, elle continue d’aider les couples à faire de leur mariage le plus beau jour de leur vie. Et elle est douée, vraiment douée. À tel point qu’un prestigieux hôtel lui fait une proposition qui pourrait changer sa vie. Il y a juste un problème : pour obtenir le poste de ses rêves, elle va devoir collaborer avec l’homme qui a convaincu son ex-fiancé de la planter le jour de leur mariage.
Max Hartley, expert en marketing, a enfin l’opportunité de sortir de l’ombre de son frère et de faire ses preuves auprès du grand hôtel qui a fait appel à leur entreprise familiale. Même si, pour cela, il va devoir passer les prochaines semaines avec l’ex-fiancée de son aîné, qui le déteste profondément. À raison : c’est à cause d’un de ses discours anti-mariage et avinés que le marié a déserté les lieux.

Sous couvert de comédie, cette romance aborde des thématiques très intéressantes :
• La progression sociale comme une revanche offerte par les enfants issus de l’immigration à leurs parents. Une réussite en échange de leurs sacrifices. Autrement dit, réussir pour ses parents, avant de réussir pour soi-même.
• L’impôt communautaire qui fait commencer l’ascension sociale des enfants issus de l’immigration en négatif, plutôt qu’à la case «départ».
• La taxe communautaire qui impute des réactions et des comportements disproportionnés et erronés aux personnes des communautés issues de l’immigration. Par exemple l’hystérie en cas d’énervement somme toute tout à fait banal (les femmes aussi sont concernées par ce préjugé); l’agressivité en cas de colère tout à fait anodine.
Ce titre est, par bien des manières, très engagé. Sans pour autant devenir un manifeste, les thèmes sont présents sans être prégnants. Si tu es sensible aux thèmes, tu captes, sinon ce sont juste des chevilles d’intrigues à l’histoire.

 

DON’T COME CLOSER D’AUDREY ALBA
(Harlequin - 04/09/2019)

Anaïs a des principes. Si elle fréquente beaucoup d’hommes, elle ne couche jamais deux fois avec le même — technique défensive qu’elle a mise en place pour préserver sa liberté et son indépendance. Car elle s’efforce depuis toujours d’être une femme forte qui n’a besoin de personne, surtout pas d’un homme. Grâce à ses entraînements de boxe, elle a aussi appris à se défendre seule et à ne jamais baisser la garde. Une habitude qu’Ange, le nouveau coach, met à rude épreuve. Face à cet adversaire redoutable, Anaïs se sent tout à coup bien trop exposée. Mais, plus que ses attaques, c’est surtout son regard sombre qu’elle redoute…

L’auteur nous propose ici une très, très, très bonne histoire avec des personnages hauts en couleur, dont les personnalités sont construites avec beaucoup de soin. Elle ne lésine pas sur les défauts (et les qualités), les névroses, les casseroles à balader. Anaïs et Ange, les deux personnages, sont à la fois la kryptonite de l’un et l’autre et son antidote. Toutefois pour activer l’antidote l’un va devoir lâcher du lest et faire confiance ; et l’autre accepter l’entrée d’une distraction préoccupante dans sa vie. L’auteur aborde avec intelligence et finesse le sujet épineux des violences. Un sujet que d’autres auteurs ont tenté en s’emmêlant largement les pinceaux. Je ne l’ai pas vu venir, résultat j’ai été aspirée par la révélation, j’ai  activé mon mood empathie et combativité !

 

JAMAIS PLUS DE COLLEEN HOOVER
(HUGO ROMAN - 11/05/2017)

Chipotage : publié par un éditeur de romances, donc assimilé au genre, profite à son public, mais ce n’est pas de la romance.
Lily Blossom Bloom n’a pas eu une enfance très facile, entre un père violent et une mère qu’elle trouve soumise, mais elle a su s’en sortir et est à l’aube de réaliser le rêve de sa vie : ouvrir, à Boston, une boutique de fleurs. Elle vient de rencontrer un neurochirurgien, Lyle, charmant, ambitieux, visiblement aussi attiré par elle qu’elle l’est par lui. Le chemin de Lily semble tout tracé. Elle hésite pourtant encore un peu : il n’est pas facile pour elle de se lancer dans une histoire sentimentale, avec des parents comme les siens et Atlas, ce jeune homme qu’elle avait rencontré adolescente, lui a laissé des souvenirs à la fois merveilleux et douloureux. Est-ce que le chemin de Lily est finalement aussi simple ? Les choix les plus évidents sont-ils les meilleurs?
Le chemin d’une jeune femme pour se trouver et pour rompre le cycle de la violence.
Est-ce que l’amour peut tout excuser ?

Un roman sur les nuances de la vie et de la personnalité des gens. C’est une histoire sur l’amour inconditionnel, sur l’amour rationnel, sur l’amour destructeur. Il est question de violence conjugale que l’auteur aborde avec finesse et intelligence, sans fard et sans concessions.

 

PAS CELLE QUE TU CROIS DE MHAIRI MCFARLANE
(Harlequin - 05/10/2016)

Quand Edie est invitée au mariage d’un collègue à qui elle pensait pourtant plaire et qu’elle doit EN PLUS s’y rendre avec un mec odieux faute de mieux - parce que, oui, elle est seule au monde dans cette épreuve —, elle se dit qu’au moins rien de pire ne peut lui arriver. Jusqu’à ce qu’elle soit surprise dans une situation ambiguë avec le marié, et que la faute retombe entièrement sur elle. Là, vraiment, elle touche le fond.
La voyant lynchée sur les réseaux sociaux et jugée par tout le monde, son boss l’exile à Nottingham pour qu’elle écrive la biographie d’un auteur en vogue, Elliot Owen. Parfait pour repartir de zéro, non ? En fait, pas vraiment. Car, pour ce boulot, non seulement Edie retourne habiter chez son père avec sa soeur excentrique, mais, en plus, elle doit apprivoiser cet acteur capricieux et prétentieux.
À ce stade, Edie ne sait plus très bien où elle en est, c’est sûr, mais elle n’a pas trente-six solutions, seulement deux : laisser les autres décider qui elle est ou leur prouver, ainsi qu’à ellemême, qu’elle n’est pas celle qu’ils croient.

Dans ce roman, l’autrice nous propose des sujets intéressants qui sont, en plus, traités avec intelligence : les rumeurs, le harcèlement, le slut-shaming, les amitiés qui n’en sont pas. Elle en profite également pour nous servir une critique très vive des réseaux sociaux et de la façon dont ils transforment nos impressions sur les gens.
À la suite de l’initiative d’un homme, Edie, l’héroïne, subit une véritable fatwa : elle est harcelée, injuriée, diffamée… Les terrains de jeu préférés de ses détracteurs sont les réseaux sociaux. Des plateformes parfaites pour que tout un chacun pose sans effort une pierre à l’édifice de son humiliation. Tout le monde a son mot à dire, mais personne ne la laisse s’expliquer.

 

AMITIÉ, TOME 1 : L’HISTOIRE D’ALEXANDRA DE KERRIGAN BYRNE
(J’ai lu - 19/08/2020)

— Voulez-vous m’épouser, Votre Grâce ?
Si Alexandra a le culot de poser cette question, c’est que le duc de Redmayne lui apparaît comme son unique recours. Victime d’un maître chanteur, elle a besoin de la protection d’un riche mari. De plus, le duc ne cache pas le désir qu’elle lui inspire. Mais celui qu’on appelle le Diable de Torcliff est bien effrayant avec ses cicatrices et son physique imposant. Et, lorsqu’il accepte de la mener à l’autel, Alexandra pressent un vertigineux plongeon dans l’inconnu…

L’auteur, sous couvert d’intrigues à base de maître chanteur, mariage arrangé, secrets en pagaille… aborde des thématiques difficiles, universelles et cruellement d’actualité. Il est question ici de résilience et de confiance en l’autre.

 

L’ACADÉMIE DES FEMMES PARFAITES DE HELLY ACTON
(Harlequin - 03/06/2020)

Chipotage : publié par un éditeur de romances, donc assimilé au genre, profite à son public, mais ce n’est pas de la romance.
Six femmes enfermées pendant quatre semaines et filmées 24 h/24. Une seule gagnante : celle qui prouvera qu’elle est la petite amie idéale.
Amy Wright, trente-deux ans, est persuadée que ce soir, son petit ami va enfin lui poser LA question qu’elle attend impatiemment. Après tout, ils sont ensemble depuis deux ans et il lui a dit qu’il lui réservait une surprise… Mais le rêve tourne au cauchemar lorsqu’elle retire le bandeau de ses yeux. Devant elle, un écran qui diffuse une vidéo de son petit ami dans laquelle il la largue brutalement. Derrière elle, une caméra filme toute la scène et la diffuse devant des millions de téléspectateurs. Car Amy fait désormais partie d’une nouvelle émission de téléréalité dont le but est de couronner la meilleure petite amie potentielle. Enfermée pendant quatre semaines avec cinq autres candidates, elle va devoir réussir les épreuves et prouver qu’elle est Le Bon Numéro.

Sous couvert de divertissement l’auteur en profite pour nous donner une belle leçon de Self Love, de Girl Power, d’empowerment féminin et de sororité. Avec une galerie de personnages variée qui donne la possibilité à toutes les lectrices de s’identifier et de se reconnaître (qu’on le veuille ou non). Dans ce livre, j’aime ce qui est véhiculé. Et surtout la manière dont l’auteur confronte ses personnages, et par extension les lecteurs, de manière ludique et impactante.

 

La romance, par cette présentation de situations problématiques dont les réponses sont à la hauteur et en adéquation (évidemment), peut être considérée comme un bon point d’entrée pour mener des conversations, interroger des situations, entraîner des débats… Elle peut également générer des effets d’électrochoc pour les personnes concernées ou impliquées.

 

3) Cela nous entraîne au troisième levier utilisé pour accompagner les luttes féministes de tous les instants dans les romances, celui de la représentativité qui permet aux lectrices de s’identifier aux personnages par un système de transfert grâce aux atomes crochus ressentis avec eux. Pour cela les personnages doivent être vraisemblables, palpables et les situations vécues criantes de véracité. Ce point-là questionne notamment la possibilité d’écrire des situations qui n’ont pas été vécues par les auteurs concernés, mais c’est un autre débat.

L’identification implique une diversité dans les profils de personnages et les situations de vie proposés par les auteurs. C’est une clé essentielle dans le féminisme intersectionnel ! Encore dans l’article de Jessica Luther, selon Robin Lynne, une universitaire qui parle de la romance sur le site «Dear Author» : «Les romans d’amour sont aussi féministes, ou antiféministes, que n’importe quoi d’autre dans notre société : cela dépend du roman, mais la plupart des romans dont nous parlons sont produits dans une société hétéronormative et patriarcale (et la plupart privilégient la blancheur, aussi) ».

La romance offre un spectre très large dans ses galeries de personnages. Les auteurs nous proposent de plus en plus de personnages issus des minorités ethniqueset religieuses ; qui sortent des carcans stéréotypés ; issus de la communauté LGBTQIA+ ; de différentes classes sociales ; ayant des handicaps (visibles ou invisibles). Les exemples ne manquent pas, cela dit le contenu n’est pas toujours franchement féministe et exempt de stéréotypes, pour ne pas dire de bêtises. Considérons qu’ils présentent à leur manière une façon de parler du racisme, du validisme, de la grossophobie, du classisme, des traumatismes, de l’avortement, de la maternité (ou son absence, avec d’un côté l’infertilité et de l’autre les complications à la naissance et les fausses couches)... Gardons en tête que cela peut être maladroit, mais les bons exemples existent également, en voici quelques-uns :

 

TOUTES CES CHOSES QU’ON N’A JAMAIS FAITES DE KRISTAN HIGGINS
(HarperCollins - 02/05/2019)

La personnalité n’est pas une question de poids.
Avant de mourir, la jeune Emerson, obèse morbide gravement malade, remet une enveloppe à ses deux meilleures amies Marley et Georgia, trente-quatre ans, et leur fait promettre de suivre ses instructions. Elles découvrent qu’il s’agit de «La liste de choses à faire quand elles seraient minces », rédigée à dix-huit ans au camp d’amaigrissement où elles avaient formé leur trio.
Décidées à relever le défi lancé par leur défunte amie, les deux jeunes femmes vont devoir apprendre à surmonter leurs peurs et leurs complexes. Marley parviendra-t-elle à se délester de la culpabilité qui la ronge depuis la mort de sa soeur jumelle ? Georgia saura-t-elle trouver les ressources pour s’opposer à sa famille qui ne cesse de la rabaisser ? Munies de leur to-do list, elles sont prêtes à tout oser !

Un roman lumineux d’intelligence et qui transpire la bienveillance et la sincérité. L’auteur se mouille clairement avec une thématique épineuse que peu d’auteurs ont eu le courage d’aborder. Évidemment, elle le fait avec finesse et subtilité. Elle ne se laisse pas tenter par les raccourcis, bien au contraire elle nous propose un roman riche, dense et profond. Un roman engagé avec une portée puissante qui ne laissera personne indifférent !
L’auteur nous offre ici une histoire sur l’estime de soi et le regard des autres. Sur la bataille qu’on mène contre son corps, une lutte contre les complexes, les doutes, les questions. Sur son envie de disparaître quand on déborde du « carcan » anxiogène imposé par la société. Sur le poids de la famille. Sur les proches toxiques. Sur les proches dont on n’accepte pas le soutien. Sur le mal qu’on s’auto-inflige.

 

LA GUERRE DES PAPILLES DE LUCIE CASTEL
(Harlequin - 06/03/2019)

Chocolat contre pâtisserie.
Castelli contre Palazzo.
Lucas contre Catalina.
Contre ? Tout contre, oui. Face à face, même ; car le local dont Catalina a hérité de son grand-père se trouve à moins d’une dizaine de mètres du magasin des ennemis de toujours de sa famille : les Castelli. La guerre entre les deux clans dure depuis trois générations dans le petit village corse de Sartène, et l’installation de la descendante des Palazzo en face de la chocolaterie tenue par Lucas Castelli sonne comme une ultime provocation. Mais Cat a déjà surmonté bien pire que la concurrence frontale d’un voisin malpoli et ouvertement hostile, et il est hors de question qu’elle renonce à ouvrir sa pâtisserie, l’incarnation du nouveau départ qu’elle veut donner à sa vie — qu’elle doit donner à sa vie. Si Lucas veut vraiment la guerre, il l’aura… et ce sera la guerre des papilles !

L’auteur nous gâte avec une histoire d’une grande intelligence aux personnages entiers et complexes, tiraillés par des problématiques existentielles. Il est question ici, entre autres, de filiation, du poids de l’héritage, de la place de la femme (et de l’homme) dans le rôle normé imposé par la société (et surtout le regard des gens). Rien n’est laissé au hasard dans cette histoire. D’un bout à l’autre, tout a du sens. Pas de rebondissements en pagaille, pas de surenchères. Juste la vie et ses galères, saupoudrées d’une touche d’humour, d’un peu de bataille d’ego, et d’une pincée de secrets de famille.

 

QUAND L’AMOUR S’EN MAIL DE TAMARA BALLIANA
(Montlake Romance - 07/05/2019)

Quand sa meilleure amie lui demande d’être son témoin de mariage, Solène est aux anges et décide de lui organiser un enterrement de vie de jeune fille dont elle se souviendra ! Pour cela, elle écrit à Léonie, surnommée « Léo », la soeur de la future mariée… Mais à cause d’une erreur de destinataire, c’est Léo, architecte parisien et homonyme de Léonie, qui lui répond !
Débute alors une correspondance qui devient de plus en plus personnelle à mesure que les jeunes gens se découvrent l’un l’autre. Mais quand Léo propose à Solène de se rencontrer enfin, elle refuse catégoriquement. Bien décidé à connaître le visage de sa mystérieuse amie virtuelle, Léo s’obstine… Solène lui cacherait-elle quelque chose ? La complicité qu’ils ont développée derrière leurs écrans résistera-t-elle à l’épreuve du réel?

Dans ce roman, au-delà de la complicité naissante entre les deux personnages au détour de leur correspondance, l’auteur fait le choix d’aborder avec nos héros des problématiques de vie sérieuses et touchantes. En effet, ils sont chacun à leur manière dans un processus de résilience après un bouleversement, bataillent avec un quotidien qui a changé de direction, parce que le hasard a décidé de s’y inviter. Ainsi, il est question de deuil, d’équilibre et de réalisation de soi, mais aussi de validisme, de confiance et d’acceptation du soutien des autres. L’auteur aborde ces thématiques avec sincérité, sans pathos, sans fioritures.

 

JUSTE QUELQU’UN DE BIEN D’ANGÉLA MORELLI
(Harlequin - 04/10/2017)

À trente-quatre ans, Bérénice n’a plus aucune certitude. Tout ce qu’elle croyait savoir sur la vie a pris l’eau, elle multiplie les amants, mais ne tombe jamais amoureuse et, cerise sur le gâteau, voilà qu’elle n’arrive plus à écrire une ligne, alors que l’écriture est sa raison d’être. Heureusement, elle peut compter sur les trois femmes de sa vie : sa mère et sa grandmère, avec qui elle partage une jolie maison cachée au coeur de Paris, et Juliette, son amie d’enfance.
Mais ça ne suffit plus.
Bérénice n’a donc plus le choix. Elle doit enfin affronter les questions qu’elle a toujours refusé de se poser et accepter de faire une place… aux hommes de sa vie. En commençant par son père, dont elle ne sait rien, et par Aurélien, un homme surgi du passé, qu’elle vient de croiser et qui ne l’a pas reconnue.

Dans un chassé-croisé dans le temps, Bérénice l’héroïne est secouée année après année par une rencontre qui entraîne une crise existentielle à chaque fois qu’elle se présente. Des crises qui la forcent à reconsidérer sa vie, à se poser des questions et à prendre des décisions qui entraînent des dégâts collatéraux. Pour le meilleur et pour le pire. Malheureusement l’équilibre entre les moments éphémères du meilleur et les moments mélancoliques du pire n’est pas du tout là, parce que trop souvent la vie dérape. Pourtant, Bérénice ne se laisse pas abattre. Que voulez-vous : elle est géniale ! Attentionnée, drôle, disponible, compréhensive et profondément honnête.

En 2016, face au syndrome de la page blanche, et à une situation amoureuse marécageuse quand tout son entourage semble convoler en justes noces ou pire couver, elle choisit cette période compliquée pour en rajouter une couche avec des questionnements existentiels sur la vie, le lien entre l’absence de son père et son rapport aux hommes, sa capacité à écrire des histoires d’amour quand elle admet ne jamais avoir été amoureuse. Alors qu’elle est dépitée par sa vie qui semble aller à vau-l’eau, la vie va justement lui faire une surprise. Dans ce roman, il y a un esprit de Girl Power et d’empowerment de la femme. Sans militantisme, c’est plutôt une aura diffuse, un comportement ordinaire et naturel.

L’auteur présente un panel d’épreuves grâce à sa galerie de personnages : certaines épreuves sont plus légères que d’autres ; certaines sont communes, d’autres personnelles ; certaines impliquent de s’ouvrir et de  présenter ses vulnérabilités, d’autres consistent à écouter les incertitudes des autres. Ce roman présente une tranche de vie de plusieurs personnages où il est question de réalisation de soi. C’est simple et authentique.

 

Terminons notre échantillon de romances par une pépite qui met en lumière toute la puissance du genre dans sa manière de décortiquer les rapports dans une relation amoureuse avec

LES HOMMES VIRILS LISENT DE LA ROMANCE DE LYSSA KAY ADAMS
(Harlequin - 03/03/2021)

Gavin avait tout. Une belle gueule. Une carrière au top. Une épouse dévouée et deux adorables jumelles. Pourtant, du jour au lendemain, Thea le fiche à la porte et demande le divorce. À l’entendre, il l’aurait terriblement déçue. Lui ! Une légende vivante du baseball, adulée par des millions de fans.
OK, Gavin s’est peut-être comporté comme un crétin égoïste, mais aujourd’hui il est prêt à tout pour sauver son mariage. Même à intégrer ce club ultra-secret dans lequel le traîne son coéquipier. Un club de lecture de romances, réservé aux mecs qui veulent mieux comprendre les femmes… Honnêtement, il a du mal à croire que ces histoires à l’eau de rose — pardon, ces « manuels » — puissent l’aider à reconquérir Thea. Mais puisque les autres ont pu sauver leur couple grâce aux conseils de « Lord Benedict », alors… qu’on lui passe ce bouquin, et vite !

Il n’y a pas de doute : la romance contribue à son échelle à poser des questions sur la société et les rapports humains. Elle place bien souvent au coeur de ses intrigues des comportements problématiques et des situations complexes, dont les personnages doivent s’extirper en bonne intelligence. Entre passés sombres et traumatismes en tous genres, les auteurs rivalisent d’ingéniosité (pour le meilleur et pour le pire). Les quêtes individuelles des personnages permettent de mettre en lumière l’estime de soi et la confiance. La romance peut être considérée comme un vecteur de sensibilisation… Pour autant que les éditeurs, et les rédacteurs d’avis de lecture, arrêtent de faire de l’élément potentiellement intéressant pour contribuer aux luttes féministes une info “Spoiler alerte” à ne dévoiler sous aucun prétexte.

 

Bib

Sources :
http://www.slate.fr/culture/69599/livres-romance-harlequin-femmes-chick-lit-feminisme
https://www.theatlantic.com/sexes/archive/2013/03/beyond-bodice-rippers-how-romance-novels-came-to-embrace-feminism/274094/#comments
http://romancenovelsforfeminists.blogspot.com/
http://www.femmesprevoyantes.be/wpcontent/uploads/2019/02/Projet-8-mars-FPSWallonie-picarde.pdf
https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/histoire/luttes-et-revendications-des-femmes-au-20e-siecle-h1093
Nous sommes tous des féministes [We Should All Be Feminists] de Chimamanda Ngozi Adichie, Trad. de l’anglais (Nigeria) par Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter chez Folio/ Gallimard.
Présentes de Lauren Bastide chez Allary Editions
Le Féminisme pour les Nul.le. s de Claire Guiraud, Margaux Collet, Mine Gunbay chez First Editions


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