Elise Picker - Interview

Rinou - 28/02/2021

1 – Pourrais-tu te présenter à nos lectrices ? Qui est ton auteure de romance préférée ? Et ta romance préférée, celle que tu conseilles aux lectrices qui souhaitent découvrir le genre ?

Bonjour,

Je suis une autrice de presque quarante ans (ouch, ça pique de l’écrire… heureusement, il me reste dix mois pour me préparer !). J’écris depuis toujours, mais dans le but d’être publiée depuis quatre ans seulement. En dehors de l’écriture je travaille dans le domaine de la petite enfance, je suis aussi mariée depuis quinze ans et maman de trois enfants… Mais ce qui me caractérise depuis ma plus tendre enfance, c’est que je suis une lectrice passionnée ! En matière de romance, il y a plusieurs autrices que j’adore, c’est dur de n’en choisir qu’une. Si je devais n’en retenir qu’une, je citerais Emilie Riger Collins pour son parcours inspirant autant que pour ses écrits qui allient avec justesse émotion et style. Pour ma romance préférée, je parlerai d’After the storm, de Caro Mélu, une magnifique histoire que j’ai eu le plaisir de suivre depuis sa genèse jusqu’à sa publication. J’avoue que j’ai un faible pour la plume sensible et poétique de Caro, pour sa faculté à nous entraîner dans des histoires pleines d’émotions… Un régal pour moi ! Enfin, pour les lectrices qui souhaitent découvrir le genre, je proposerai de lire deux sagas : celle des Beautiful bastard, un des classiques du genre, très accessible et addictive, et côté french team la saga Contrat avec un geek de Chani Brooks, qui est un mélange explosif d’humour et de sexytude !

2 – A quel moment as-tu souhaité te lancer dans l’écriture dans le but d’être publiée ? Y a-t-il des auteurs qui t’ont inspirée ?

Comme je le disais plus haut, j’ai toujours plus ou moins écrit, mais je n’étais jamais allée jusqu’au bout d’un projet avant 2016. A vrai dire, jusque-là je voyais l’écriture comme un doux rêve inaccessible, je n’y ai réellement cru qu’une fois que j’ai eu terminé mon premier manuscrit et que celui-ci a été accepté par une maison d’édition. Avant cela, je ne me croyais pas capable d’achever un roman et encore moins de le publier…  

De nombreux auteurs m’inspirent. Je pourrais citer Baptiste Beaulieu, dont je suivais le blog « Alors voilà » à cette époque, et qui a sorti son premier livre au moment où j’avais le plus besoin de trouver la motivation. Je citerai aussi des auteurs dont l’écriture est un modèle pour moi : Paul Auster, Karine Tuil ou encore Amélie Nothomb. Et enfin, des autrices de romance qui ont démarré en même temps que moi sur la même plateforme d’écriture. Nous nous sommes entraidées, entre-motivées, et je suis fière de voir qu’aujourd’hui la plupart d’entre nous sont publiées : je pense notamment à Caro Mélu, Valérie Chesnay, Sara Devan, Alexia Deflies, Laureline Eliot, Aurélia Vernet, Lisa Soto ou encore Laurie Delphis.

3 – Tu as utilisé les plateformes d’écriture telles que Fyctia ou Wattpad avant la publication de tes romans. Pourrais-tu nous parler de ces expériences et de ce que cela t’a apporté de manière générale ?

Oui, en effet, c’est Fyctia qui m’a permis de prendre mon envol. J’ai découvert Wattpad par la suite. En 2016, alors que je lisais mes premières New Romances (avec les livres de Christina Lauren), je suis tombée sur une publicité pour cette plateforme et son système de concours d’écriture en lien avec la romance. Je me suis inscrite avec le pseudo « Mais pourquoi pas », qui symbolisait bien mon état d’esprit à ce moment-là ! J’ai donc tenté ma chance sur le concours « Bad love » avec le projet Alice Online. J’ai adoré cette expérience : le contact direct avec des lecteurs, les retours positifs ou parfois négatifs, mais toujours constructifs, l’émulation entre participants… Un vrai booster pour se surpasser ! Lorsque les éditrices de La Condamine ont lancé un appel à manuscrit, j’ai mis les bouchées doubles pour achever mon premier jet. J’étais en vacances et j’écrivais tout le temps, partout : sur mon PC ou même sur mon smartphone au bord de la piscine ! Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un appel me disant que mon écrit était un coup de cœur. On me proposait un contrat d’édition, l’aventure était lancée à ma plus grande surprise ! J’ai ensuite découvert Wattpad qui permet de publier ses projets d’écriture sans coller au thème d’un concours. Si aujourd’hui je suis moins sur les plateformes d’écriture, c’est que j’en ai moins le temps, mais j’apprécie toujours autant cette idée de relation sans filtre avec le lectorat et d’écriture participative.

4 – Pourrais-tu nous parler de tes livres et de tes inspirations pour les histoires ?

J’ai publié quatre livres ainsi que plusieurs nouvelles pour le magazine érotique Le Carré d’Ass. Si mon fil conducteur reste lié aux relations amoureuses, j’aime explorer plusieurs styles et univers. Dans Alice Online, je me suis intéressée aux relations virtuelles et à l’impact qu’elles peuvent avoir sur la vie réelle. Je m’étais aussi lancé le défi de l’écriture érotique, ce qui était complètement nouveau pour moi !

Pour A l’eau de Rose, je cherchais à explorer un triangle amoureux avec une héroïne qui se trouve confrontée à deux hommes complètement différents mais tout aussi attirants : un plus âgé qui lui paraît inaccessible tant il est sûr de lui, et un étudiant plus jeune qui pense surtout à s’amuser. L’un la fait se sentir « femme », l’autre la fait renouer avec une certaine légèreté. Qui parviendra à faire pencher la balance ?

Speed Noël est un recueil de comédies romantiques qui mêlent humour et romantisme sur fond de fêtes de fin d’année. Je l’ai voulu drôle et léger, diversifié et divertissant. Je suis heureuse de parvenir à convertir des lectrices au plaisir de la nouvelle avec ce recueil, car c’est un style qui souffre de nombreux a priori… Pourtant l’essayer c’est l’adopter, dixit mes lectrices !

Enfin, L’usurpateur est un livre plus sombre, même si je conserve mon style avec quelques touches d’humour caustique. On y suit l’itinéraire d’un bandit un peu loser qui cherche à faire un dernier coup avant de se ranger. Mais quand on a l’habitude de prendre toujours les mauvaises décisions, pas facile d’aller jusqu’au bout d’un plan qui présente de nombreuses failles. La rencontre imprévue avec une patiente de son frère pourrait bien réduire à néant ses projets…

Je ne saurais dire exactement où je puise mon inspiration. Mes proches me décrivent comme une personne assez rêveuse et observatrice. Lorsque je regarde des inconnus dans la rue, ou au restaurant, j’essaie de deviner qui ils sont, quelle est leur histoire. J’ai une imagination plutôt fertile et le moindre petit élément peut mettre la machine en route. Les paroles d’une chanson peuvent aussi m’entraîner loin dans la créativité.

5 – Tu es publiée aussi bien dans des maisons d’édition que de manière indépendante. Qu’est-ce qui te plaît dans ces deux types de fonctionnement ?

En effet, j’ai testé les deux formules. Être en maison d’édition est très rassurant : on est accompagné de A à Z, que ce soit au niveau des corrections, de la diffusion ou de la promotion. Au cours de mes différentes expériences, j’ai eu la chance de travailler en confiance avec mes éditrices et de trouver en face de moi un sérieux me permettant de parfaire mes textes. Par contre, il faut accepter de ne pas avoir la main sur tout : titre ou couverture par exemple. Au contraire, l’autoédition nous donne toute latitude dans les choix que nous faisons, mais il faut aussi assurer sur tous les fronts, même ceux que l’on ne maitrise pas. C’est donc un travail très rigoureux qui demande beaucoup d’investissement. Être une autrice hybride me convient bien. Selon mes projets, je préfère m’orienter soit vers l’édition traditionnelle soit vers l’autoédition.

6 – Quand tu travailles sur un manuscrit, quelle est l’étape la plus facile ? Et la plus difficile ? As-tu un rituel d’écriture ?

Pour moi, l’étape la plus facile c’est de démarrer un projet : en général quand je trouve une idée qui me donne envie d’en faire un livre, je me lance directement sans trop réfléchir, avec l’impatience d’un gosse au matin de Noël ! Le plus dur c’est de maintenir ce rythme et de ne pas s’essouffler… Je n’ai pas de rituel d’écriture particulier. J’écris directement sur mon PC et, dans l’idéal, j’aime bien avoir deux heures devant moi pour une séance d’écriture, afin de m’immerger complètement dans l’univers de mon histoire. Malheureusement, c’est rarement le cas ! Alors je fais comme je peux au jour le jour. Ah oui, je grignote souvent du chocolat quand j’écris !

7 – Pourrais-tu nous parler de ta chaîne Youtube Le coin des auteurs ? Qu’est-ce qui t’a poussée à la lancer ?

J’avais envie de faire quelque chose d’utile pour permettre aux auteurs et aux lecteurs de se « trouver ». Je souhaitais m’investir pour donner une visibilité aux auteurs qui en ont besoin, mais aussi permettre aux lecteurs potentiels de découvrir des textes vers lesquels ils ne seraient peut-être pas allés de prime abord, leur donner envie de les lire.

Je suis partie de deux idées fortes : personnellement, j’adore lire un extrait avant de choisir une lecture. Cela me donne un aperçu de l’histoire mais aussi du style d’écriture. Je me suis également dit que l’auteur est le mieux placé pour faire vivre son texte. L’idée était née de faire lire aux auteurs des extraits de leurs propres livres. C’est de plus une expérience assez intime qui rapproche auteur et lecteur, par le son de la voix, le choix du passage et l’environnement dans lequel l’auteur choisit de se filmer.

8 – Parlons un peu du confinement 2020. Certaines auteures ont profité de ce temps de pause forcée pour écrire beaucoup, d’autres n’ont pas pu se concentrer. Où te classes-tu ? Si ce n’est pas indiscret, as-tu des projets de manuscrits en cours ou en tête ?

C’est vrai que cela a été une période très particulière. J’avoue que de mon côté je l’ai assez bien vécue. J’ai la chance d’habiter à la campagne, dans un environnement très vert. Je n’ai donc pas eu l’impression de me retrouver enfermée. Côté écriture, malgré les enfants à la maison et le fait que mon mari soit en télétravail, j’ai pu profiter de cette période pour écrire un maximum. J’ai achevé un manuscrit qui trainait depuis trop longtemps, et écrit une longue nouvelle que j’ai partagée au fur et à mesure avec les abonnés de ma newsletter. Elle s’intègrera dans un recueil de nouvelles épistolaires qui est presque achevé. Ces deux projets sont aujourd’hui en attente de publication. L’un en maison d’édition, et l’autre en autoédition. En ce moment, je travaille également sur un projet de comédie romantique très punchy et j’ai en tête un spin-off de L’usurpateur qui me titille… mais chaque chose en son temps !

9 – Quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaite se lancer dans l’écriture d’une romance ?

Mon premier conseil : oser ! Oser écrire et aussi faire lire ses écrits. Le plus important, c’est de ne pas se freiner pour de mauvaises raisons. Mon deuxième conseil : y prendre du plaisir ! L’écriture permet beaucoup de choses. C’est une manière de s’exprimer, de faire vivre son imaginaire, c’est un processus créatif qui apporte beaucoup. A chacun de trouver le thème, le rythme qui lui conviendra et lui permettra d’apprécier au maximum cette activité passionnante. Pour des conseils plus concrets en matière de romance, je dirais qu’il faut trouver le bon équilibre entre le côté rêve/fantasme et la crédibilité de l’histoire. N’abusez pas trop des heureuses coïncidences par exemple, ou encore soyez dans la nuance : les héros beaux, forts, intelligents, riches et à qui tout sourit existent rarement. Trouvez la faille qui fait que cela va être un personnage plus complexe, auquel vos lecteurs pourront s’identifier. Essayez de vous mettre dans la tête de vos personnages, pour comprendre leur personnalité et imaginer comment ils vont réagir à telle ou telle situation dans laquelle vous allez les plonger.

10 – As-tu un dernier mot pour nos lectrices ?

Merci ! Merci de lire et de parler de votre passion autour de vous. Merci pour vos retours qui nous donnent la motivation pour poursuivre l’aventure, continuer à écrire des histoires qui vous surprennent et vous font voyager ! Merci aussi de nous faire confiance quand on tente des choses un peu nouvelles ! Et bien sûr, au plaisir de vous retrouver ou rencontrer lorsque les salons et événement littéraires seront à nouveau d’actualité !

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