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Les pionnières de l’automobile

Rinou - 10/01/2021

En matière de développement automobile, comme pour la plupart des autres grandes innovations, les femmes sont peu souvent citées. Et si les grandes avancées de cette industrie ont été faites par des hommes, certaines femmes ont, par de plus ou moins petites interventions, aidé à construire l’automobile que nous connaissons actuellement. En voici quelques-unes.

 

Bertha Benz

La plus connue des pionnières est sans doute Bertha Benz. Née en 1849 en Allemagne, elle décida en 1871 d’investir l’intégralité de sa dot dans la compagnie de matériaux de construction de son fiancé, Karl Benz. Ils se marièrent l’année suivante et eurent cinq enfants entre 1873 et 1890.

Après plusieurs inventions essentielles, comme un moteur à deux pistons, le carburateur, ou la bougie d’allumage, Karl créa la Benz & Cie et travailla avec ses associés sur des moteurs et des véhicules motorisés. En 1885, Karl présenta son premier véhicule, le Motorwagen, un genre de tricycle qui pouvait atteindre la vitesse maximale de 16 km/h.

Bertha était persuadée que s’ils montraient au grand public l’utilité du véhicule motorisé, les ventes allaient décoller. Dans ce but, et devant l’inaction de Karl, elle décida en août 1888 de partir au volant d’un des modèles les plus récents, accompagnée de ses fils Eugen (quinze ans) et Richard (quatorze ans). Elle parcourut une boucle de 106 km de leur domicile de Mannheim à Pforzheim, où habitait sa mère, et retour.

En chemin ils firent face à plusieurs problèmes :
• d’abord le Patent-Motorwagen n°3 n’ayant pas de réservoir à essence, et la quantité de pétrole contenue dans le carburateur n’étant pas suffisante pour le trajet, ils durent s’arrêter chez un apothicaire de Weisloch afin d’acheter un genre d’éther de pétrole pour servir de carburant de remplacement ;
• ensuite un des tuyaux d’alimentation s’obstrua, et Bertha eut l’idée d’utiliser l’une de ses longues épingles à chapeau pour le déboucher ;
• devant l’usure prématurée des freins en bois, le trio s’arrêta chez un cordonnier et fit installer des pièces de cuir, inventant ainsi le premier modèle de
plaquette de frein ;
• le moteur à deux pistons n’étant pas assez puissant pour surmonter certains reliefs, Eugen et Richard durent parfois pousser le véhicule dans les montées ;
• et enfin, devant la chauffe du moteur ils durent rajouter de l’eau dans le système de refroidissement à chacun de leurs arrêts.

Partis à l’aube, ils arrivèrent à Pforzheim à la nuit tombante (le trajet prend environ 1h30 à notre époque, sans passer par l’autoroute). Bertha envoya un télégramme à Karl pour l’informer du succès de leur voyage, et le trio rentra quelques jours plus tard en empruntant un trajet légèrement différent pour éviter au maximum les reliefs.

Comme le pensait Bertha, cette aventure attira beaucoup de publicité et prouva que les tests de conduite devaient aussi avoir lieu sur de plus grandes distances. Les difficultés qu’elle rapporta permirent d’améliorer les véhicules.

En 2008, la Bertha Benz Memorial Route fut approuvée officiellement, et incorporée l’année suivante dans la ERIH, Route Européenne du Patrimoine Industriel. Sur cette route, le conducteur peut trouver des panneaux lui permettant de suivre le trajet de Bertha Benz en 1888.

 

Margaret A. Wilcox

On connait peu de choses sur la vie de Margaret A. Wilcox, mis à part qu’elle est née en 1838 à Chicago aux USA, et qu’elle fut l’une des rares femmes ingénieurs de son époque. Véritable touche-à-tout, elle fit des expériences à partir de nombreuses idées dans le but d’améliorer le quotidien. En 1890, elle inventa une machine pouvant aussi bien servir de lave-linge que de lave-vaisselle. En 1903, avec Harry S. Stewart, elle créa des systèmes de chaudière électrique et de chauffe-eau. En 1905, elle déposa le brevet pour un moule à tarte empilable à bords hauts. Comme je le disais, elle ne se cantonnait pas à un seul champ de recherche.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos voitures. A ses débuts, l’automobile était un véhicule ouvert, avec tout au plus un toit, souvent dépliable, pour protéger de la pluie, et il fallait s’habiller chaudement pour voyager en hiver. Margaret eut l’idée de mettre à l’arrière du véhicule une chambre de combustion permettant de chauffer de l’eau qui parcourrait ensuite des tuyaux posés au sol de la cabine, permettant de chauffer ses occupants lorsque l’automobile roulait. Son invention, dont elle déposa le brevet en 1893, fut saluée et largement utilisée pendant quelques années, jusqu’à ce que les problèmes de sécurité dus à l’absence de régulation de la température poussent les fabricants à chercher à améliorer le système.

 

Mary Anderson

Née en 1866 en Alabama, Mary Anderson n’avait aucun rapport avec l’industrie automobile, puisqu’elle était une riche jeune femme qui commença en tant que promoteur immobilier avant de partir pour la Californie où elle s’occupa entre 1893 et 1898 d’un ranch et d’un vignoble.

A l’hiver 1903, en voyant les conducteurs de tramway de New-York batailler pour voir à travers le givre sur les pare-brises, ou même sortir la tête par la vitre, elle eut l’idée de créer un essuie-glace manuel et en déposa le brevet. Elle embaucha un dessinateur et une entreprise locale pour fabriquer le plan et le prototype de son essuie-glace, constitué d’une lame en caoutchouc actionnée par un levier intérieur. Bien que ce soit le premier système d’essuie-glace qui fonctionne, personne ne voulut lui racheter les droits, une firme canadienne lui répondant même qu’ils ne considéraient pas que cela ait une réelle valeur commerciale. Ce n’est qu’en 1920, après l’expiration de son brevet, que l’essuie-glace de Mary Anderson commença à être utilisé.

 

Florence Lawrence

Ceux qui connaissent le nom de notre pionnière suivante se souviennent d’elle plutôt pour ses rôles que pour ses inventions. Canadienne née en 1886, Florence Lawrence commença sa carrière d’actrice dès l’enfance puisque sa mère la faisait monter sur scène avec elle au théâtre. C’est en 1907 que Florence se fit une place au cinéma avec son premier rôle. Au cours de toute sa carrière elle joua dans environ 300 films, et comme son nom n’apparaissait pas au générique des premiers le public l’avait surnommée « the Biograph girl », d’après le nom du studio.

En 1910 elle devint l’actrice principale d’un studio nouvellement créé, et on considère qu’elle fut la première vraie « star » du cinéma. Grâce à cette opportunité, Florence put s’offrir une voiture dès 1913, et se prit de passion pour l’automobile et la mécanique. Elle considérait que la voiture répondait mieux si on l’utilisait avec gentillesse et qu’on en prenait soin de façon appropriée. Lorsqu’un ami fut gravement blessé dans un accident, elle commença à chercher des moyens de rendre son véhicule plus sûr. C’est ainsi qu’elle inventa deux systèmes permettant de prévenir les autres automobilistes : un petit panneau STOP situé à l’arrière du véhicule et qui se soulevait quand le conducteur appuyait sur la pédale de frein, et une paire de petits drapeaux positionnés sur le pare-chocs arrière, actionnés par des boutons, permettant d’indiquer de quel côté on allait tourner.

Florence ne fut pas la première à travailler sur l’ancêtre du clignotant, puisque le premier brevet date de 1909, mais aucune de ces deux inventions ne fut utilisée. De plus elle ne déposa pas de brevet. Dans les années qui suivirent, d’autres inventeurs améliorèrent ces systèmes de signal, mais il fallut attendre encore quelques décennies pour que les véhicules en soient systématiquement équipés.

Pour la petite histoire, Charlotte Bridgwood, la mère de Florence, inventa en 1917 le premier essuie-glace électrique. Malheureusement, si elle déposa bien le brevet de son système à rouleaux et créa la Bridgwood Manufactring Company dans le but de le commercialiser, cet essuie-glace ne convainquit pas non plus les constructeurs automobiles avant l’expiration du brevet en 1920.

 

Dorothy Levitt

Londonienne née en 1882, Dorothy fut la première femme pilote de course britannique. En 1902 elle était secrétaire chez un constructeur de moteurs lorsqu’elle fut repérée par un pilote et homme d’affaires australien. Dès 1903 elle se lança dans la compétition automobile et motonautique, et enchaina les victoires et les records sur l’eau comme sur route. Elle avait passé six mois à apprendre la mécanique chez un constructeur parisien, et à son retour elle aurait appris à conduire à la reine Alexandra, aux princesses royales, et à diverses dames de la cour.

En 1909, Dorothy publia un livré intitulé The Woman and the Car: A Chatty Little Hand Book for Women Who Motor or Want to Motor, (Littéralement : La femme et l’automobile: un petit manuel pour toutes les femmes qui conduisent ou veulent conduire, non traduit en français), un genre de guide pour encourager les femmes à se mettre à la conduite, qui regroupait tous les conseils qu’elle avait publiés dans le journal Daily Graphic. Parmi ceux-ci, qui allaient de la tenue vestimentaire à la marque de la voiture en passant par le coût ou la mécanique, elle recommandait soit d’avoir un miroir à main à côté de soi, soit d’attacher un miroir au tableau de bord, afin de voir derrière le véhicule sans avoir à se retourner.

Il fallut attendre une dizaine d’années pour que cette suggestion passe de farfelue à utile, et que le rétroviseur commence à être installé dans les voitures.

 

Rinou

 

Sources


https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertha_Benz

https://sofia-technologies.com/2020/03/09/womens-footprint-in-the-automotive-industry/

https://en.everybodywiki.com/Margaret_Wilcox

https://en.wikipedia.org/wiki/Mary_Anderson_(inventor)

https://www.nytimes.com/2013/07/14/magazine/who-made-that-turn-signal.html
https://en.wikipedia.org/wiki/Dorothy_Levitt

 


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