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Madeleine Pauliac - Héroïne historique

lafouine77 - 29/07/2020

Madeleine Jeanne Marie Pauliac naquit le 17 septembre 1912 à Villeneuve-sur-Lot. Son père mourut en 1916, une des nombreuses victimes de la
bataille de Verdun, et sa mère s’installa à Nice avec Madeleine et sa soeur aînée Anne-Marie. Pendant leur enfance les deux soeurs passèrent les vacances à Villeneuve-sur-Lot chez leur grand-mère paternelle, qui les incitait à étudier pour devenir des femmes indépendantes. Après son baccalauréat, sa grand-mère finança l’installation de Madeleine à Paris où elle s’inscrivit à la fac de médecine. Lorsqu’elle obtint son diplôme en 1939, il n’y avait que 350 femmes médecins diplômées en France.

Pendant la seconde guerre mondiale, Madeleine travaillait officiellement au pavillon des diphtériques de l’hôpital des Enfants Malades à Paris. Elle conduisit des travaux sur le traitement contre la diphtérie et participa à l’évaluation du protocole de vaccination. Elle était aussi membre de la Résistance et veillait à l’approvisionnement des maquisards. En août 1944 elle prit part à la libération de Paris, puis rejoignit le service de santé de la 2ème Division
Blindée durant la bataille des Vosges. Le 30 novembre elle reçut le grade de lieutenant du Service de Santé des Armées.

En 1945 Madeleine fut enrôlée dans une mission sanitaire dans le cadre du rapatriement des cinq cent mille ressortissants français qui se trouvaient dans la zone conquise par l’Armée rouge, dont beaucoup appartenaient au Service du Travail Obligatoire. Il n’y avait pas de service de santé opérationnel sur le front de l’Est, et le Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés voulait empêcher que ces français soient laissés aux mains des Soviétiques qui tenaient ces régions. D’après le neveu de Madeleine Pauliac, Philippe Maynial, le gouvernement aurait particulièrement ciblé Madeleine en se disant qu’une femme circulerait beaucoup plus facilement à l’est. C’est ainsi qu’elle reçut son ordre d’affectation vers la Pologne en février 1945.

En avril 1945, Madeleine fut accueillie par le général Catroux, ambassadeur de France en URSS, qui lui confia le poste de médecin-chef d’un hôpital français ouvert à Varsovie dans un ancien bâtiment de la Croix-Rouge polonaise. Membre de la Mission française de rapatriement, elle fut également chargée par le gouvernement provisoire de se rendre au camp de Majdanek pour évaluer la situation. En juin 1945 elle envoya deux rapports au gouvernement du général De Gaulle, racontant ce qu’elle avait appris du système d’extermination et de l’utilisation du viol systématique comme arme de guerre par l’Armée soviétique. Fin juin 1945 la France et l’URSS signèrent un accord autorisant le rapatriement de tout prisonnier détenu par les Soviétiques se déclarant français, qu’il soit civil ou militaire, y compris les lorrains et alsaciens enrôlés de force dans l’armée allemande.

En juillet 1945, une unité mobile de la Croix-Rouge française, constituée de onze jeunes infirmières et ambulancières volontaires au volant de cinq ambulances, rejoignit Madeleine à Varsovie. Cette unité fut surnommée l’Escadron bleu. Pendant trois mois et demi elles accomplirent plus de deux cents missions à travers la Pologne, afin de récupérer des français partout où les envoyaient les renseignements fournis par l’ambassade et un organisme soviétique contrôlant les hôpitaux. Accompagnées de militaires de la Mission Militaire du colonel Poix, elles devaient obtenir de précieux sauf-conduits et agir vite avant que les prisonniers et malades ne soient changés de camp ou d’hôpital, ce qui arrivait très souvent. Elles étaient parfois mal reçues, et au moins une fois elles évacuèrent des blessés sous une volée de balles, car ces hommes, pourtant français, avaient été immatriculés comme italiens et qu’elles insistaient pour les emmener. Comme elles étaient des femmes, les remarques osées des soldats étaient monnaie courante, en particulier lors des négociations trop arrosées pour récupérer les prisonniers en zone contrôlée par l’Armée soviétique. Des soldats soviétiques mal nourris, désoeuvrés et gavés de vodka bon marché tentèrent d’ailleurs d’assaillir l’hôpital français de Varsovie afin d’en récupérer les provisions, sans succès grâce à la résistance des officiers et du personnel de l’hôpital et de l’Ambassade.

Fin juillet 1945, le chef du Service de santé et l’ambassadeur obtinrent l’envoi d’un des deux trains du SIPEG, Service Interministériel de Protection contre les Evénements de Guerre créé en 1943 par le gouvernement de Vichy (le deuxième train avait été détruit lors d’un bombardement). Après avoir déposé à Prague début août une centaine de passagers tchèques et polonais, le train, long de seize wagons, chargé de personnel soignant, de vivres et de matériel, et pouvant accueillir soixante patients hospitalisés et cent quarante-quatre hébergés, s’installa dans une gare de triage près de Varsovie. Il resta en activité du 18 août au 15 octobre 1945. L’évacuation sanitaire commença par avion, au rythme d’un seul vol par semaine, seulement vingt-cinq passagers à chaque fois. Un premier train sanitaire fut envoyé début septembre et repartit de Varsovie le 18 septembre avec 378 blessés, suivi le 23 septembre d’un deuxième train transportant 412 blessés. Le train du SIPEG revint en France mi-octobre chargé à son maximum, et les transports en avion continuèrent jusqu’à fin novembre. La Mission Militaire dirigée par le colonel Poix assura de son côté le rapatriement des prisonniers qui ne nécessitaient pas, ou peu, de soins médicaux.

Le 29 septembre 1945, Madeleine Pauliac et son adjoint le docteur Luquet, eurent un accident alors qu’ils étaient dans l’une des deux ambulances lancées à la poursuite un train de prisonniers en provenance du camp de Tambov (où étaient retenus de nombreux soldats allemands qui clamaient être en réalité français, luxembourgeois, belges ou néerlandais) et à destination de Francfort. Les conditions de transport étaient misérables, et des équipages militaires ainsi que du personnel de la Croix-Rouge tentaient d’aider les passagers lors des divers arrêts, et d’évacuer les plus malades. Malgré des côtes cassées et une fracture du crâne, Madeleine reprit son travail quelques jours plus tard contre les avis médicaux, la tête rasée et bandée, et s’auto-médiquant à la morphine.

En novembre 1945, la mission de l’Escadron bleu s’acheva avec la fin de la Mission française de rapatriement, et le Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés fut supprimé. Madeleine décida de rester sur place avec quelques volontaires civils pour aider à récupérer des centaines de Français qui n’avaient pas encore été libérés. Elle avait également rencontré à Danzig des religieuses originaires d’un couvent situé à une trentaine de kilomètres de Varsovie, qui lui avaient raconté comment l’ensemble des membres de leur communauté avaient été violées de nombreuses fois, d’abord par les soldats allemands puis par ceux de l’Armée soviétique. Les plus jeunes à avoir survécu étaient enceintes, et Madeleine leur prodiguait des soins dans le plus grand secret. Avec la complicité de l’ambassadeur des États-Unis et du président de la Croix-Rouge polonaise, elle fit évacuer par avion les enfants que leurs mères religieuses ne souhaitaient pas garder. Intégrés à un groupe d’orphelins polonais, pour la plupart également issus de viols (le commandement de l’Armée soviétique fermait les yeux sur ces exactions considérées comme une juste rétribution pour les soldats), ils furent placés anonymement dans des familles d’accueil françaises.

Le 13 février 1946 vers 20h00, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Varsovie, la voiture où se trouvait Madeleine avec le colonel Georges Sazy, représentant des intérêts commerciaux et immobiliers de la France en Pologne, dérapa dans un virage verglacé et percuta un arbre, tuant sur le coup les deux passagers. Leurs cercueils plombés furent d’abord déposés dans un caveau de la partie civile du cimetière de Pow?zki, puis celui de Madeleine fut transféré par train jusqu’à Villeneuve-sur-Lot. Le 27 juillet 1946, les anciens membres de l’Escadron bleu et un détachement de Forces Françaises de l’Intérieur l’accompagnèrent jusqu’à la sépulture familiale.

Le 10 août 1945, Madeleine Pauliac avait reçu la Croix d’or de première classe de la Croix-Rouge polonaise. Elle fut nommée à titre posthume chevalier de la Légion d’honneur et reçut également le statut de Morte pour la France et la Croix de guerre 1939-1945 avec palme.

Dans les médias :
• Les innocentes, film réalisé en 2016 par Anne Fontaine, et inspiré par l’épisode avec les religieuses polonaises, même si le personnage principal n’est plus Madeleine mais une doctoresse fictive.
• Madeleine Pauliac l’insoumise, livre de Philippe Maynial, neveu de Madeleine, publié en février 2017.
• Les filles de l’Escadron bleu, documentaire réalisé en 2019 par Emmanuelle Nobécourt.

 

Rinou

 

Sources
https://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_Pauliac
https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1985x019x004/HSMx1985x019x004x0321.pdf
https://mars-attaque.blogspot.com/2015/05/histoire-escadron-bleu-1945-croix-rouge-pologne-eleonore-charrie.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Escadron_bleu

 


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