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Tanya-Anne Crosby - Auteur à l'honneur

Fabiola - 28/04/2020

« L’une des plus rapides étoiles montantes d’Avon ».
C’est en ces termes que Tanya-Anne Crosby a été saluée par son éditeur américain Avon Books au début de sa carrière, au moment de la publication de son premier roman « Medieval heroes, tome 1 : Angel of fire » en 1992 (VF « Un ange de feu »).
Depuis, cette auteure américaine a fait du chemin.

CARRIÈRE
Auteure, journaliste et éditrice, Tanya-Anne Crosby a fait ses armes dans plusieurs genres : la romance contemporaine et historique, les romans à suspense et la fantasy. Elle a une trentaine de romans publiés à son actif, qui ont été traduits en huit langues (espagnol, français, italien, allemand, russe, chinois, portugais et néerlandais).

ÉDITION TRADITIONNELLE, AUTO-ÉDITION : HYBRIDE
Une grande partie de ses romans ont été publiés chez des éditeurs traditionnels, notamment Avon Books/Harper Collins, Kensington, Harlequin, The Story Plant. Par ailleurs, elle a également fait le choix de l’autoédition.

« Je suis publiée depuis près de vingt-huit ans maintenant, ce qui signifie que mes racines dans l’édition sont à 100 % traditionnelles. Mais je ne me considère ni comme indé ni comme tradi. Si vous avez vraiment besoin d’une étiquette, le terme d’auteur hybride me correspond le mieux, mais je n’aime pas ce mot non plus, parce que c’est simplement une autre étiquette.»

Ce tournant vers l’indépendance, elle l’a pris après une interruption de presque dix ans dans sa carrière d’auteur.

« À la fin des années 90, j’en suis arrivée à un point où je n’aimais plus ce que j’écrivais. Cela, et aussi la vie, s’est mis en travers de mon chemin, alors j’ai fait une pause dans l’écriture. Quand je suis revenue dans l’édition, c’était un monde différent, et j’étais déterminée à aimer à nouveau écrire. Pour moi, cela signifiait raconter les histoires que je voulais le plus ardemment coucher sur le papier, et c’était plus facile à faire en tant qu’auteur indépendant. En termes simples, j’ai choisi d’être indé à mon retour, parce que je suis une maniaque du contrôle. J’aime prendre part à tous les aspects du processus d’édition. Mais il y a toujours eu une partie de cette activité dont nous n’étions pas au courant, et je détestais être dans le noir. J’aime, par exemple, mes relations actuelles avec les diffuseurs. J’aime aussi pouvoir contrôler quelle couverture j’utilise où, et avoir la possibilité d’accroître ma présence sur les marchés audio et étrangers. »

À son retour en 2013, elle publie sa première romance à suspense « Speak no evil » chez l’éditeur Kensington. Parallèlement à cette sortie, elle fait dans la foulée sa première publication en autoédition par le biais de sa société « Oliver-Heber Books » : « Guardians of the Stone Book, tome 1 : Highland fire » (VF Les Gardiens de la pierre, tome 1 : Le promis des Highlands). Il s’agit du premier tome d’une série de romance historique.

Depuis, elle a aussi récupéré les droits de certains de ses titres, qu’elle a autoédités sous sa propre marque.

DÉMARCHE COOPÉRATIVE, FÉDÉRATRICE ET TRANSPARENTE

Selon ses propos, son passage à l’autoédition n’est pas une démarche individuelle. Elle se veut fédératrice en tentant d’accompagner d’autres auteurs dans ce processus.

C’est dans cette optique qu’elle fonde en 2013 « Oliver-Heber Books ». Une « maison d’édition de niche, spécialisée dans la romance historique, la romance paranormale, la comédie romantique, la fantasy historique, le policier historique, la fiction féminine et le romantic suspense. »

Elle souhaite, avec cette société, « offrir des opportunités créatives et commerciales aux écrivains ». L’éditrice a pour le moment huit auteures sous son aile : Kerrigan Byrne, Danelle Harmon, Tiffinie Helmer, Pamela Morsi, Cindy Stark, Cynthia St. Aubin et Miriam Minger. Elle propose à chacune « une attention égale, avec un potentiel de croissance sur divers supports, y compris les formats brochés, les poches, les livres numériques, les audiobooks et les éditions étrangères ».

Par ailleurs, sur son site internet elle propose une rubrique « pour les auteurs ». Sous forme de chroniques, elle donne des conseils et des recommandations. Elle va jusqu’à partager son carnet d’adresses et les coordonnées des personnes qui travaillent avec elle : traducteurs et concepteurs de couvertures entre autres.

Son site est complété par un blog sur lequel elle fait régulièrement de la promotion autour de ses romans, des chroniques sur son mode de vie et des billets d’humeur sur l’univers de l’édition, de la romance et de l’écriture. Elle n’hésite pas à prendre position et à s’indigner sur des thèmes d’actualité.

Elle partage aussi son expérience d’auteur, dévoile des anecdotes sur son parcours, son processus d’écriture, par exemple sa démarche de réécriture « SWEET » de certains de ses titres pour les rendre plus accessibles, autrement dit moins explicites.

Elle explique certains de ses choix éditoriaux : les changements de couvertures, le prix de ses livres, les raisons de sa présence sur Amazon notamment : « […] pourquoi Amazon ? Très simplement, bien que je penche pour le commerce local chaque fois que cela est possible, je fais moi-même des achats sur Amazon. Pourquoi est-ce que je fais cela ? Parce qu’en tant que consommatrice, Amazon met le client au premier plan. Et comme je crois aussi au principe du client d’abord, nous sommes sur la même longueur d’onde. De plus, la majorité de mes ventes de livres proviennent d’Amazon. Il était donc logique pour moi de m’associer avec une entreprise qui veille sur vous, mon précieux lectorat. »

Appréciée de ses pairs pour ses démarches participatives, elle est surtout très aimée du public. Nombre de ses romans sont apparus dans les listes des meilleures ventes, dont celles du « New York Times » et de « USA Today ». Son succès a été salué par des nominations à de nombreux prix littéraires.

Distinctions et prix :

Elle a été nominée cinq fois à la « Career Achievement Award », une distinction de renom décernée par le magazine Romantic Times (qui n’existe plus). Tout au long de sa carrière, ses romans ont été nominés pour différents prix littéraires décernés par ce magazine :
• En 1995, « Medieval heroes, tome 3: Once upon a kiss » est nominé pour le Prix « Historical Romance Of The Year ». Ce titre a été choisi pour lancer la collection « Avon Romantic Treasure » de l’éditeur Avon Books. C’est dire le succès de l’auteur !
• En 1996, « Redeemable rogues, tome 2: Kissed by a rogue » est nominé pour le Prix « Best Allaround Historical Romance of the Year ».
• En 1997, « The Highland brides, tome 2: Lyon’s gift » est nominé pour le Prix « Historical Romance Of The Year »
• En 1998, « Redeemable rogues, tome 4: Perfect in my sight » est nominé pour le Prix « Innovative Historical Romance » et pour le Prix « Historical Romantic Mystery »
• En 1999, « The Highland brides, tome 3: On bended knee » est nominé pour le Prix « Historical Love & Laughter ».

Bien que son heure de gloire semble être passée, Tanya-Anne Crosby vogue sur un succès confortable et un lectorat fidèle qui lui pardonne ses couvertures tapageuses et ses résumés hasardeux. Je suis d’ailleurs une de ses groupies !

Perso :
Tanya-Anne est née le 5 juin 1962 à Rota, province de Cadix, en Espagne. Sa mère étant espagnole et son père américain, elle bénéficie de la double nationalité, ce dont elle est très fière.

Jusqu’à ce qu’elle ait douze ans, sa famille a beaucoup voyagé en raison de la carrière militaire de son père (premier maître, sous-officier de la marine, vétéran ayant servi au Vietnam) avant de s’installer définitivement à Charleston, en Caroline du Sud.

Loin d’y découvrir la vie d’une famille normale, ses années d’adolescence ont été tumultueuses et teintées de violence. Affectée irrémédiablement par la
brutalité de son père, elle s’est inspirée de son passé pour certaines scènes de ses livres. Actuellement elle vit à Traverse City dans le nord du Michigan avec son mari, leurs deux enfants et leurs deux chiens et deux chats.

 

Bib

SOURCES :
https://www.tanyaannecrosby.com/

http://www.lesromantiques.com/?u=648/1/Tanya-Anne-Crosby

https://allauthor.com/author/tanyaannecrosby/

 

Pour compléter notre article, nous avons eu l’occasion de poser des questions à Angélique Olivia Moreau, la traductrice française officielle de Tanya-Anne Crosby :

Tu veux bien te présenter en quelques mots ? Dans quelles langues traduis-tu ? Quels sont les deux ou trois titres dont tu es fière d’avoir fait la  traduction ?
Bonjour ! Née à Nice et vivant en Norvège, je me suis établie comme rédactrice et traductrice (du norvégien et de l’anglais vers le français) après avoir obtenu un diplôme de langue et suivi une formation complémentaire en traduction technique alors que j’enseignais en Écosse. Deux romans qui m’ont marquée ont été le mystère médiéval Pauvres pécheurs de Ned Hayes ainsi que la romance militaire Un protecteur pour Fiona, par Susan Stoker, qui aborde le thème de l’esclavage sexuel.

Depuis combien de temps traduis-tu les romans de Tanya-Anne Crosby ?
Je traduis des textes pour elle depuis 2015.

Comment cette coopération a-t-elle commencé ?
Elle m’avait contactée pour traduire une petite biographie romancée racontant la vie de sa mère (qui ressemble d’ailleurs beaucoup à l’histoire de Seana dans À genoux devant elle). Puis elle m’a immédiatement rappelée pour travailler sur ses premiers romans dont elle avait récupéré les droits (les premiers tomes des Demoiselles des Highlands et Un ange de feu). Elle m’a alors mise en contact avec une correctrice géniale qui travaille également en tandem avec son autre traductrice attitrée, et c’est parti comme ça !

Comment procèdes-tu dans ton travail de  traduction ? Quelles sont tes méthodes de travail ? Par exemple, est-ce que tu lis intégralement le roman avant de commencer sa traduction ? Est-ce que tu annotes la lecture ?
Je lis généralement le tout premier tome (même si c’est survolé) avant de me décider à travailler avec un auteur que je ne connais pas. Je n’annote pas la lecture durant cette prise de contact. En revanche, une fois que j’ai commencé, je me crée des fiches et me mets des commentaires dans la marge au fil de la traduction. Cela concerne généralement le tutoiement, le niveau de langue, certains néologismes ou termes peu communs (surtout dans les romans S-F ou fantasy), une ressource à revisiter sur internet, une incohérence ou un passage flou dont je souhaite discuter avec ma correctrice.

Je travaille généralement par blocs de quatre ou cinq heures de traduction plusieurs fois par semaine, avec des plages de temps supplémentaires l’aprèsmidi réservées exclusivement à la réécriture, la correction et la relecture. Une fois le texte corrigé, je vérifie le document et en profite pour relire rapidement le livre, que je renvoie à nouveau à ma correctrice pour une toute dernière relecture. D’ailleurs, j’ai cessé de travailler avec des auteur(e)s qui ne me fournissent pas de correcteurs capables d’offrir un véritable service de réécriture et se contentent d’un petit coup d’Antidote ou de correcteur automatique Word (ce que je pratique déjà). La qualité s’en ressent trop, parce que je ne suis certainement pas infaillible.

Combien de temps passes-tu sur une traduction en moyenne ?
Je traduis pour Tanya en plus de mes autres activités, parce que je suis une no-life qui passe généralement entre quarante et soixante heures par semaine au moins devant son ordinateur…
Une traduction me prend donc généralement trois ou quatre mois au rythme d’une ou deux sessions par semaine environ. Je crois d’ailleurs que nous n’avons publié que deux ou trois romans l’année dernière. J’ai la chance de savoir taper extrêmement vite (avec les dix doigts, s’il vous plaît) et c’est un gain de temps appréciable. Qui plus est, ses premiers livres avaient un vocabulaire relativement facile et mon style a évolué avec le sien.

As-tu des contacts avec l’auteur au cours de ton travail de traduction ? Notamment pour des questions de sens, d’interprétation, d’intention.
Je pose très peu de questions à Tanya durant la traduction, mais il m’est arrivé de contacter d’autres auteurs ou bien leur assistant(e). Généralement, je ne contacte Tanya que lorsque je trouve une erreur ou bien pour parler des dates de publication ou de promotion.

Est-ce que tu as carte blanche quand tu réalises une traduction, au contraire as-tu des consignes ?
Je respecte une série de consignes personnelles, notamment en ce qui concerne l’usage du fameux terme lass dans les romances écossaises, le tutoiement/vouvoiement ou encore le niveau de langue. On avait décidé avec ma correctrice de faire passer à la trappe les jurons continuels (« bloody », « damn ») et de revoir les expressions modernes du genre « wassup ? » Je ne vais quand même pas mettre un « wesh, gros » dans une romance qui se déroule au douzième siècle ! Une autre fois, on a découvert que Page se dénudait deux fois en deux pages et que son mari Iain possédait apparemment trois mains : deux pour les fesses, une pour les seins… On a réécrit le passage illico ! Parfois, en effet, il faut savoir modifier un peu quand il y a eu un problème d’édition en V.O. C’est une chose qu’Harlequin pratique dans son processus de localisation pour obtenir leur fameux style « à clichés », mais je sais que personnellement j’ai du mal à prendre cette initiative.

J’avais suggéré une fois à Tanya (sans succès, d’ailleurs) de modifier un peu les résumés, que je trouve trop flous et pas assez vendeurs pour un public français féru de contexte historique. J’aimerais bien qu’ils commencent par une date et un lieu. Puis j’avais protesté contre ces horribles couvertures « torses à poil », qui ont été remplacées depuis par des visuels plus romantiques ou médiévaux. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’elle m’avait expliqué que certaines plateformes de vente en ligne refusent de promouvoir ses livres si la couverture ne suggère pas explicitement la romance. Elle avait donc été contrainte de remplacer une épée et un château qui claquent bien par un couple en petite tenue afin d’être certaine d’apparaître dans les suggestions de lecture.

Dans les romances de cette auteure, je trouve qu’il y a beaucoup de violence, les morts se comptent à la pelle, l’image de la femme n’est pas toujours glorieuse et la notion de consentement est aléatoire. Est-ce que tu t’es déjà posé des questions d’ordre éthique au cours d’une traduction ?
Merci de me poser la question, ça va me permettre de m’épancher un peu (gentiment). Faisons la liste des enlèvements par les « gentils » : L’épouse du MacKinnon, Le cadeau de Lyon (spoiler : son cadeau est qu’il la laisse choisir de rester. Hum…), Coeur de Lion (elle se fait enfermer dans une grotte), La captive du Viking, Dans les bras d’un vaurien, et je dois en oublier. Je hais la scène où Alarik le Viking s’impose à Éliénor pendant qu’elle dort, et je félicite les lectrices qui ont protesté dans leurs commentaires ! En aparté : Cutter veut faire pareil dans L’épouse de McKenzie, regrette immédiatement et procède à un long questionnement intérieur sur la notion de consentement. C’est quand même très moyen.

Question traduction, la seule fois où j’ai véritablement fait très attention a été pour rendre le vocabulaire du racisme qui a trait à Cutter, mon personnage préféré des romans de Tanya. Métis, Cutter ressemble beaucoup à Tanya, née au sud de l’Espagne d’une mère relativement mate de peau. La biographie d’Isabel abordait d’ailleurs la xénophobie dont celle-ci avait fait les frais à son arrivée aux États-Unis, et j’y pensais continuellement durant mon travail sur L’épouse de McKenzie. Je devine que c’est un point douloureux pour Tanya, même si je ne pense pas qu’il soit abordé dans ses autres romans. Très blanche, la soeur de Cutter parvient à se faire relativement accepter dans une société d’influence anglo-saxonne et protestante, alors que ses traits à lui expriment l’altérité (en anglais, le concept s’appelle white-passing). Et apparemment, vu la polémique qui a provoqué l’implosion de l’association RWA (Romance Writers of America) et certains témoignages d’auteurs, ces normes sont toujours bien ancrées.

 

 


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