Le site francophone dédié au roman féminin

Elisabeth Romanovna Vorontsova - Scandaleuse

Ruby - 19/02/2020

1739-1792

Année du scandale : 1762.
Epoque : Règne de l’impératrice russe Catherine II.
Objet du scandale : Elisabeth Vorontsova devient la favorite omniprésente du tsar Piotr III et éclipse l’épouse de ce dernier. Celle-ci, se sentant menacée par cette liaison, exécutera un coup d’état qui la propulsera sur le trône en tant que Catherine II.

Elisabeth Romanovna Vorontsova est née en 1739. Elle est la deuxième fille du comte Roman Illarionovich Vorontsov (1713-1783) et de son épouse Marfa Ivanovna Surmina (1718-1745). Elle a une soeur aînée, Maria Vorontsova (1738-1765) et une soeur cadette, Catherine Vorontsova (1743-1810) future princesse Dashkov. Et deux frères : Alexandre Vorontsov (1741-1805) et Semyon Vorontsov (1744-1832). Son père est le gouverneur des provinces de Vladimir, de Penza et de Tambov, et il est aussi aide de camp de l’impératrice de Russie, Elisabeth 1ère.

A l’âge de onze ans Elisabeth Vorontsova perd sa mère, et son père décide de confier l’éducation de ses enfants à son frère, Michel Vorontsov (1714-1767), conseiller d’Etat qui vit à Moscou. Avec ses frères et soeurs elle part donc pour Moscou, où son oncle paternel et son épouse Anna Skavronskaia (1723-1775) leur assureront une excellente éducation.

L’impératrice qui règne alors en Russie est la tsarine Elisabeth 1ère : il s’agit de la fille du tsar Pierre le Grand. Elle ne s’est jamais mariée, et n’a pas eu d’enfants. Elle est autodidacte mais estime à la fin de sa vie qu’il lui faut un héritier officiel, si possible un descendant comme elle du grand tsar Pierre le Grand.

Ce prétendant elle le trouve en la personne du jeune Pierre, fils unique de sa soeur, Anna Petrovna (1708-1728). Il est né de son union avec un duc allemand : Charles Frédéric de Holstein Gottorp (1700-1739) duc de Schleswig Holstein Gottorp, qui est aussi un neveu du roi de Suède Charles XII. Charles Frederic et Anna se sont mariés le 1er juin 1725, et le 21 février 1728 elle accouchait au château de Kiel de son unique enfant. Elle devait mourir des suites de ses couches le 15 mai 1728 à l’âge de vingt ans.

Le jeune Pierre a été élevé par son père (qui n’avait que vingt-huit ans à la mort de son épouse) selon une éducation strictement militaire. Puis, lorsque
son père meurt à son tour en 1739, il est confié à son oncle Adolphe Frederic de Holstein, prince évêque de Lubeck, lequel abandonne l’éducation du jeune garçon à un militaire de renom, qui est aussi un homme brutal, le maréchal Brummer.

Pour l’élever à la dure, ce dernier le prive de nourriture pendant des jours entiers, et oblige Pierre à regarder ses serviteurs prendre leur repas devant lui. Personne ne se doute alors qu’il va devenir l’héritier de l’impératrice de Russie.

Lorsque Pierre a quatorze ans, la tsarine Elizabeth 1ère le réclame à Saint Pétersbourg car elle souhaite en faire son héritier. Aussitôt, à l’automne 1742, celui qui est devenu duc de Holstein Gottorp depuis la mort de son père quitte son Allemagne natale pour la Russie et une impératrice (sa tante) qu’il ne connait pas et qui va le proclamer son héritier présomptif.

La rencontre entre eux est un peu brutale : l’impératrice est assez déçue par cet adolescent taciturne et laid qui ne la séduit pas, et ce dernier se trouve en face d’une femme vieillie par les excès de boisson et les orgies, qui s’entoure d’amants plus jeunes qu’elle. Et pourtant la  tsarine va finir par s’attacher à cet héritier, un peu aussipar manque de choix puisqu’il est l’unique membre survivant de sa famille.

En novembre 1742, Pierre doit se convertir selon les rites de l’église orthodoxe, et il prend le patronyme de Piotr Féodorovitch. Il commence aussi l’apprentissage de la langue et des moeurs russes. Il conserve cependant son titre de Grand-Duc de Holstein Gottorp à la cour de Russie.

L’impératrice Elisabeth 1ère doit bien admettre que ce garçon n’est pas des plus gracieux : il parle peu, et pour lui il est apparemment très difficile de se jeter à corps perdu dans les moeurs russes. Son éducation spartiate en a fait un être secret et fruste. Il s’amuse beaucoup avec ses jouets (des soldats de plomb) et laisse ses appartements privés être envahis par une armée de chiens. Peu de temps après son arrivée, le jeune Piotr apprend que la tsarine a décidé de le marier rapidement afin d’obtenir une descendance. Bien évidemment il n’a pas d’avis à donner en la matière. Elisabeth 1ère va porter son choix sur une cousine germaine de Piotr : la jeune Sophie de Anhalt Zerbst, d’abord sur portrait (la jeune fille semble saine) et puis parce qu’elle vient d’une famille allemande pauvre et ne pourra qu’être reconnaissante du choix que fait la tsarine. Cette dernière autorise la jeune fille à venir à Moscou accompagnée de sa mère, Johanna Elisabeth von Schleswig Holstein Gottorp.

Piotr et Sophie ont un an d’écart et ils ont en commun d’avoir eu une enfance allemande : aux yeux de la tsarine toutes les conditions sont réunies pour que l’union soit heureuse et prolifique. A peine arrivée à Moscou Sophie doit, elle aussi, se convertir à la religion orthodoxe. Elle adopte alors le nom de Catherine Alekseyevna. Nul ne sait qu’elle va devenir la tsarine Catherine II : en acceptant d’épouser Piotr, elle portera le titre de grande duchesse Catherine.

Choisie parmi d’autres princesses pauvres d’Allemagne, Catherine croit vivre un conte de fées. Jusqu’au jour où elle rencontre Piotr. Il se préoccupe peu de sa future épouse, lui balbutie quelques mots puis repart dans ses appartements. Elle prétendra que son futur mari s’enivre, habitude qu’il a prise depuis l’âge de onze ans. L’impératrice Elisabeth 1ère provoque de rares rencontres entre ces deux êtres, leur imposant un rythme soutenu en ce qui concerne leur éducation : les jeunes époux doivent continuer l’étude de la langue russe et de l’orthodoxie. Piotr est sérieux et s’applique, s’intéressant à l’histoire, la géographie, les mathématiques et la physique.

Ce programme intense est interrompu en 1744 lorsqu’il attrape la variole, qui le défigure. C’est l’impératrice Elisabeth elle-même qui reste à son chevet. Elle écarte la jeune fiancée car la maladie a enlaidi le prince, et aussi par crainte de la contagion : lorsque les deux jeunes gens seront à nouveau réunis, Catherine aura un mouvement de recul face à l’horreur que lui inspire l’état physique de son futur époux. Piotr s’en aperçoit, bien sûr, et le peu d’affection qu’il aurait pu avoir vis-àvis de celle qui est comme lui une allemande exilée va peu à peu mourir.

Cependant le mariage approche et l’impératrice Elisabeth, impatiente, annonce la date du 21 août 1745. La cérémonie somptueuse a lieu et les deux époux sont mis au lit ensemble le soir même, mais il ne se passe rien. Catherine, des années plus tard, lorsqu’elle sera devenue l’impératrice Catherine II, indiquera dans ses Mémoires que son époux vint ivre mort se coucher près d’elle, empestant le vin et le cigare après avoir fait la fête avec ses valets. Il est plus vraisemblable que Piotr n’éprouve aucun désir pour sa femme, ni aucun sentiment d’affection, et qu’il n’ait pas voulu d’elle.

L’impératrice Elisabeth ne sait pas que l’union n’a pas été consommée, elle va guetter pendant des mois des signes de grossesse chez Catherine, en vain. Cette dernière, qui n’a aucune idée de la façon de séduire un homme, ne sait que faire pour attirer son mari chez elle. Elle est consciente qu’elle peut être répudiée en cas de stérilité.

Piotr prend son rôle d’héritier très au sérieux : il possède une bibliothèque fournie, se montre intéressé par la peinture et l’architecture. Il a mis en place un musée où il recueille des antiquités, ses passions incluent la musique, il joue du violon et organise souvent des concerts. En 1755, il fonde une école pour la musique et le théâtre. Il est aussi accro à tout ce qui touche à l’art militaire. Son éducation spartiate lui a cependant donné le goût des défilés militaires à l’allemande. Il fait des manoeuvres avec ses soldats, près de son palais d’Oranienbaum (près de Saint Pétersbourg) et crée le « régiment de Holstein Gottorp ». Il préfère ce régiment où ses soldats sont vêtus à l’allemande, plutôt que celui des Gardes russes, erreur qui lui sera plus tard fatale.

Pendant neuf ans, le couple Piotr/Catherine reste stérile, jusqu’au jour où la jeune femme annonce enfin à l’impératrice Elisabeth qu’elle est enceinte. La rumeur veut qu’elle ait écouté ses conseillers qui lui proposent de prendre un amant et d’engendrer enfin un héritier. Elle accouche d’un fils, Paul Petrovitch, le 1er octobre 1754. La cour de Russie murmure que le véritable père de cet enfant n’est autre que Serge Saltykov, l’amant que Catherine a pris quelques mois auparavant. Un deuxième enfant nait le 20 décembre 1757, une petite fille prénommée Anna (cette fois les mauvaises langues désignent comme père putatif Stanislaw August Poniatowski). Quel que soit leur géniteur, les deux bambins sont enlevés dès leur naissance à leur mère par la tsarine Elisabeth, qui les fait élever dans son palais et dans ses antichambres : jamais Catherine ne pourra remettre la main sur ses enfants, dont l’éducation est entièrement prise en main par la tsarine.

C’est à cette époque que la famille Vorontsov va commencer à gravir les échelons du pouvoir : en 1757, la soeur aînée d’Elisabeth Vorontsova, Maria Vorontsova, épouse Piotr Alexksandrovitch Boutourine (1731-1787) et vient s’établir à Moscou. Elle devient dame d’honneur de l’impératrice Elisabeth.

En 1758, Mikhail Illiaronovich Vorontsov, l’oncle d’Elisabeth Vorontsova, devient Chancelier Impérial. Il va dès lors s’employer à bien placer à la cour ses neveux et nièces. Il expédie son neveu Alexandre faire ses études à Strasbourg, puis à Paris, afin de le diriger vers une carrière de diplomate.

En 1759, la plus jolie des filles Vorontsov, Catherine (la  soeur cadette d’Elisabeth) se marie avec Michail Ivanovitch Dashkov, un prince russe richissime de Rurikid, et vient s’installer à Moscou. Elle devient après son mariage dame d’honneur de la grande duchesse Catherine. Peu après, Elisabeth Vorontsova fait elle aussi son apparition à la cour de la tsarine Elisabeth, qui en fait également une fille d’honneur de la grande duchesse Catherine. Elle a alors vingt ans. Le grand duc Piotr la rencontre fréquemment lorsqu’il rend visite à sa femme, et bientôt il va devenir évident qu’il est tombé éperdument amoureux de la jeune Elisabeth Vorontsova.

Pourtant les portraits de la jeune femme ne sont guère flatteurs. La grande duchesse Catherine décrira ainsi sa fille d’honneur : « Elisabeth Romanovna est une enfant laide avec une peau couleur olive. Sa peau est marquée par la petite vérole et son visage est couvert de cicatrices. » D’autres la décrivent comme trop large d’épaules, et ayant tendance à l’embonpoint. D’autres encore disent qu’elle jure comme un soldat, qu’elle louche, qu’elle sent mauvais et crache tout en parlant. Et pourtant, telle qu’elle est elle attire l’attention du grand duc Piotr, et va devenir sa maîtresse en titre. Bientôt, ils ne se quittent plus.

Il ne faut pas oublier qu’à l’époque la grande duchesse Catherine a des amants, que son mari le sait très certainement et que leur mésentente s’accentue au fil des années. Autant Piotr a conservé en lui l’amour de l’Allemagne, sa patrie d’origine, autant Catherine a rejeté tout ce qui était allemand en elle pour absorber la culture et les moeurs russes, à tel point que le peuple l’aime, ainsi que les membres de l’armée russe. Le fait que son dernier amant en date, Grégori Orlov, membre de la Garde, travaille à rehausser le prestige de sa maîtresse auprès des troupes n’y est pas pour rien.

La guerre de Sept Ans a débuté trois ans plus tôt, en 1756 : la Russie est devenue l’alliée de la France contre l’Allemagne, alliée à l’Angleterre de George II. Piotr a toujours montré qu’il était hostile à cette guerre entre sa nouvelle patrie et l’Allemagne de Frédéric II, qu’il admire pour son génie militaire. La tsarine Elisabeth n’a pas écouté son neveu qui souhaitait que la Russie ne combatte pas l’Allemagne. Quant à la grande duchesse Catherine, elle se range aux raisonnements de la tsarine et encourage l’engagement des troupes russes sur le front.

Tout change le 5 janvier 1762 : ce jour-là la tsarine Elisabeth 1ère meurt à l’âge de cinquante-deux ans, usée par une vie de débauches en tout genre (alcool et favoris) et c’est son neveu Piotr qui devient tsar de Russie sous le nom de Piotr III : il a alors trente-quatre ans.

Il couvre Elisabeth Vorontsova de cadeaux : elle prend la place officielle de favorite à la cour de Russie. Elle participe à tous les divertissements du tsar, qui passe le plus clair de son temps avec elle. Il insiste pour que la jeune femme ait une chambre contigüe à la sienne dans tous les palais où il réside. Le tsar lui donne d’énormes sommes d’argent pour rembourser ses dettes et la couvre de bijoux valant plusieurs milliers de roubles. La plupart des ambassadeurs étrangers à Saint Pétersbourg signalent l’attachement étrange du tsar pour cette jeune fille qu’ils jugent très laide. Les deux amants ne s’en doutent pas, mais il ne reste à Piotr III que six mois à vivre. Les ambassadeurs étrangers considèrent Elisabeth Vorontsova comme une « Pompadour » russe. L’ambassadeur Favier dira d’elle : « Sa laideur n’est pas descriptible : elle n’a pas le teint blanc et a une hygiène déplorable : elle n’est cependant pas dénuée d’intelligence et à l’occasion peut utiliser sa position de favorite pour agir en sa faveur. » Cependant, dès son accession au pouvoir le nouveau tsar ne perd pas de temps : il rappelle les troupes russes engagées dans la guerre de Sept Ans, et restitue les conquêtes territoriales russes à Frederic II, tout en gardant un oeil sur un autre ennemi potentiel, le Danemark, qui menace d’envahir le duché de Schleswig Holstein dont il est le grand duc.

Piotr III est vite prolifique en réformes audacieuses : en 185 jours de règne, il va établir 200 lois réformatrices. On est loin de l’image de l’ivrogne idiot que laisseront à l’histoire les historiographes de Catherine II. En effet lorsqu’elle s’emparera du pouvoir, elle fera de son mari un despote germanophile, ivre un jour sur deux et doté d’une intelligence faible, image qui passera à la postérité. Ce n’est que très récemment que les historiens russes ont commencé à creuser la personnalité de Piotr III et à remettre en cause les écrits de l’époque.

Piotr III dissout la chancellerie secrète qui, depuis le tsar Pierre le Grand, espionnait les sujets et était responsable d’un climat d’insécurité dans le pays. Le nouveau tsar ouvre la voie à la fin du servage, en demandant aux paysans de se mettre sous la protection de l’État. La torture est abolie. De plus la promotion du commerce et la lutte contre la corruption des fonctionnaires sont programmées.

Ensuite il s’intéresse au système d’éducation, la création d’écoles pour les enfants des classes moyenne et inférieure, tout en instituant également la première banque de l’État, destinée à être une source de crédit pour les nouveaux commerçants. Mais quand il s’attaque à la réorganisation de l’armée russe, les mécontents se regroupent autour de sa femme, Catherine. D’autant que certains haut militaires veulent poursuivre la guerre contre l’Allemagne.

De plus, des rumeurs persistantes laissent entendre que Piotr III veut répudier sa femme et l’enfermer dans un couvent orthodoxe pour épouser sa maîtresse Elisabeth Vorontsova. Le 9 juin 1762 il gratifie sa favorite du ruban de Sainte Catherine. Son épouse va alors réagir : elle aussi est pétrie d’ambition, et les projets de Piotr III ne lui plaisent pas. Elle décide de prendre les choses en main avec l’aide de son amant, Grégori Orlov.

En mai 1762 Piotr s’apprête à déclarer la guerre au  Danemark, il se rend à Kronstadt et laisse sa femme Catherine à Peterhof. Elle saisit l’occasion pour renverser son époux : avec l’aide des Orlov (Grégori a en effet quatre frères dans la Garde russe) elle soulève les régiments Préobrajenski et Ismailovski, qui l’escortent dans sa marche vers Saint Pétersbourg. Plusieurs régiments rejoignent la troupe en cours de route et, à son arrivée à la capitale, Catherine est reconnue par le clergé et l’Etat et réussit son coup d’état : on est le 29 juin 1762.

Lâché par l’armée, Piotr III n’a plus de soutien. Il est arrêté à Ropcha et on l’oblige à signer son acte d’abdication en faveur de Catherine. Elizabeth Vorontsova supplie cette dernière de lui permettre de rejoindre le tsar déchu et de partager sa captivité : Catherine refuse et envoie la jeune femme en exil dans le village de son père. On parle alors d’exiler Piotr à Holstein, mais il est toujours détenu à Ropcha et sous la garde d’Alexis Orlov, l’un des frères du favori de Catherine.

Le 9 juillet 1762 celle-ci devient tsarine de Russie sous le nom de Catherine II. Le 17 juillet elle apprend avec stupeur que son mari est mort en détention, semble-t-il d’une crise d’hémorroïdes. Plus vraisemblablement il a été empoisonné par Alexis Orlov afin que la maîtresse de son frère ait les mains libres pour exercer le pouvoir. Il semble que Catherine n’ait pas ordonné la mort de son époux, mais les historiens restent encore divisés sur ce point : la version officielle veut que Piotr se soit méfié de ses gardiens et ait refusé une boisson qu’il avait trouvée particulièrement amère. Il aurait alors été maintenu au sol et forcé à boire le liquide, mais dans la lutte l’un des gardiens se serait assis sur son torse et l’aurait étouffé.

Le 3 août 1762 Piotr III est enterré au monastère Alexandre Nevski à Saint Pétersbourg. En octobre, Catherine II est couronnée impératrice à Moscou. La nouvelle de la mort de Piotr III traverse alors le pays et parvient jusqu’au village où se trouve recluse Elisabeth Vorontsova. La jeune femme est dévastée par la nouvelle. Sa soeur Catherine, princesse Dashkov, qui est toujours l’une des dames de compagnie de Catherine II, oeuvre auprès de la tsarine pour lui assurer un avenir. A vingt-trois ans, les options de l’ancienne favorite de Piotr III sont limitées : le couvent ou un mari. Bien évidemment ce mari sera choisi par la tsarine, et elle n’aura pas son mot à dire. Catherine écrit au père de la jeune femme, lui recommandant de faire en sorte que sa fille vive en silence et en retrait, et qu’elle ne fasse pas parler d’elle.

Le 15 septembre 1765, sur ordre de la tsarine, Elisabeth épouse un colonel du nom d’Alexander Ivanovitch Polyansky (1721-1818). Elle a vingt-six ans, il en a quarante-quatre. Il s’agit d’une mésalliance, le grand père de l’époux était en effet un simple commis, et en même temps une vengeance de Catherine II vis-à-vis de l’ancienne favorite de son époux. Mais la jeune femme apporte une dot conséquente à son époux : un domaine foncier dans les districts de Saransk et de Shiskeev, dans la province de Penza.

Le jeune ménage s’installe à Konkovo, près de Moscou, puis sur autorisation de la tsarine emménage à Saint Pétersbourg, car Polyansky est nommé conseiller d’Etat, mais Elisabeth Vorontsova n’aura jamais l’autorisation de revenir à la cour. En 1776, Catherine II lui donne 45 000 roubles en paiement de ses dettes. Ses deux frères, Alexandre et Semyon, qui poursuivent de brillantes carrières en tant que diplomates à la cour de Catherine II, continuent à la fréquenter et correspondent régulièrement avec elle.

Au fil des années sa santé va se détériorer. Les lettres à son frère Alexandre qu’on a conservé d’elle sont très bien écrites, et contiennent de nombreux détails sur sa vie à Moscou. Elle aura aussi l’occasion de voyager avec son époux en Europe. Il semble qu’ils se soient plutôt bien entendus. Elisabeth Vorontsova est décédée le 2 février 1792 à l’âge de cinquante-trois ans et enterrée dans le cimetière de Lazarevski. Son mari vivra jusqu’à l’âge de cent ans et demandera à être enterré auprès de son épouse.

Le couple aura eu deux enfants : Anna Alexandrovna (1766-1845) qui sera demoiselle d’honneur de Catherine II à la cour, et se mariera avec le baron d’Hogger, ambassadeur des Pays-Bas à St Pétersbourg, et Alexander Alexandrovitch (1774-1818) qui deviendra sénateur en 1817.

Lafouine77

 

Sources :
• « Effroyables tsarines » de Henri Troyat.
• Wikipedia.ru


Commentaires

Cet article n'a aucun commentaire, ajoutez le vôtre !

Prénom ou pseudo * :
(Gardez toujours le même pseudo. Les lectrices qui partagent vos goûts pourront ainsi suivre vos commentaires.)
Email :
(Votre email ne sera pas affiché sur le site. Il nous permettra simplement de vous envoyer un petit mot de remerciement.)
Commentaire :
Signature :
 

* : champ obligatoire

Les commentaires sont temporairement désactivés

Les Romantiques sur Twitter  Les Romantiques sur Facebook  Rechercher un livre

 

 

 

 

© Copyright 2012 Les Romantiques
Webdesign Priscilla Saule