Le site francophone dédié au roman féminin

Le roman féminin, c’est quoi au juste ?

Les Romantiques - 15/01/2020

Fin novembre, nous nous sommes rendues à la première édition du Festival du livre romantique, un salon créé par Sophie Jomain et Maxime Gillio mettant à l’honneur des auteurs de romance et de roman féminin. C’était l’occasion pour des auteurs qui n’ont pas souvent leur place dans d’autres salons de venir dédicacer leurs livres. En marge de cela, les organisateurs ont proposé plusieurs conférences. Sophie Jomain, qui avait été invitée au Festival du Roman Féminin en 2017, a souhaité la participation de notre équipe à cet évènement et nous a proposé de parler du roman féminin, ce que nous avons accepté avec joie.

En effet le site Les Romantiques, créé en 2001, est le premier (et à ce jour le seul) site spécialisé dans le roman féminin et la romance.

En préparant cette conférence, nous nous sommes rendu compte que nous n’avions jamais fait de dossier sur le sujet. Et pourtant chaque année au FRF nous laissons une place à ce genre bien particulier. Nous remercions donc le FLR de nous avoir permis de nous pencher pour la première fois sur la question. Nous avons filmé l’intervention d’Agnès Caubet et vous pouvez trouver la vidéo sur la page Facebook du site Les Romantiques. Mais nous avons également tenu à faire un article à partir de la discussion avec les lectrices présentes.

Quand on pense au roman féminin, la première chose qui vient en tête est que ce sont des romans écrits par des femmes. Mais les femmes écrivent des choses diverses et variées, or pour parler d’un genre il faut une certaine unité, ce qui n’est pas le cas quand on considère pêle-mêle des auteurs comme Mireille Calmel, Agatha Christie, Christine Angot, Juliette Benzoni, Danielle Steel, JK Rolling.

Nous allons donc plutôt partir sur le fait que le roman féminin est un genre littéraire lu par des femmes. En majorité, car il y a forcément des hommes qui en lisent. Cependant, comme nous avons encore pu le constater à Dunkerque, les lecteurs de romans féminins c’est comme les licornes : on en entend beaucoup parler mais on n’en voit pas tellement.

Alors, bien sûr, première remarque : Pourquoi parle-t-on de roman féminin et pas de roman masculin ? Y a-t-il là un côté misogyne, voire ségrégationniste ? A cela on peut répondre qu’il existe bel et bien des romans masculins, soit (pour reprendre l’idée de base) des romans lus en majorité par des hommes. On peut citer : les SAS de Gérard de Villiers, le roman d’espionnage, le roman d’aventures, et la liste n’est pas exhaustive.

La grande question est donc : Pourquoi les hommes ne lisent-ils pas la même chose que nous les femmes ?

En premier lieu, cela pourrait avoir un rapport avec la gestion des émotions : les hommes ne sont pas à l’aise avec la description des émotions, et les romans qui suscitent des émotions en eux. Est-ce par nature, ou le résultat d’une éducation patriarcale qui assigne des rôles genrés ? Une question intéressante, mais dont nous ne débattrons pas dans cet article… lol

La raison principale que nous aimerions mettre en avant, qui fait que les hommes et les femmes ne lisent pas les mêmes choses, est la fonction que chacun attribue à ses lectures, ce qu’on y cherche, ce à quoi elles nous servent.

Franz Kafka a écrit : « Nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu’un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide - un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. » Les hommes seraient donc plus à l’aise avec l’idée de dénoncer, de déranger, de décrire la réalité de façon un peu crue, alors que les femmes vont plutôt chercher la détente et l’évasion dans leurs lectures.

Bien sûr, il serait très réducteur de dire que la détente et l’évasion sont les seules fonctions de la lecture pour les femmes. Ce serait tomber dans le cliché à la Dany Boon de lectrices incultes qui se gargarisent de scènes de sexe sur le capot d’une Ferrari. Ne tombons pas dans la caricature : la littérature féminine vient aussi remplir d’autres fonctions que la détente et l’évasion, comme par exemple la découverte d’autres lieux et d’autres époques, ou la réflexion sur des questions sociétales.
• Concernant la fonction de découverte on peut remarquer que la littérature féminine regorge d’histoires se passant à l’étranger, qui permettent de découvrir d’autres lieux, d’autres cultures, d’autres pays, et de romans historiques comme ceux de Juliette Benzoni, ou Jean M. Auel et sa saga préhistorique « Les enfants de la terre ».
• Concernant la réflexion sociétale, on peut citer des sujets comme la place de la femme dans l’Histoire, la condition féminine et son évolution, et même le plaisir féminin !

 

Focus sur le plaisir féminin
On commence enfin à s’en convaincre : l’objectif du rapport sexuel ne devrait pas être l’éjaculation. Or, quand on regarde la façon dont la sexualité est encore représentée dans les séries ou au cinéma, cela fait peur. Au moment d’une scène de sexe, en trente secondes, on les voit s’embrasser comme des fous, très rapidement ils s’arrachent leurs vêtements, ils se plaquent contre un mur ou se jettent sur un lit, puis on a des halètements furieux, des gémissements, et enfin éjaculation et terminé. Tout ça en trente secondes ? Waouh. Ça c’est des préliminaires. Nous sommes d’accord, ça n’a rien de réaliste. Mais quand on lit les descriptions des scènes de sexe dans les romances, ça l’est déjà beaucoup plus car l’auteure laisse de la place aux préliminaires et au plaisir féminin.

A noter : Effectivement, dans les romances, le héros attend toujours que l’héroïne ait joui avant de se laisser aller à son propre plaisir. La romance a joué un rôle dans la représentation mentale que les femmes pouvaient avoir de leur propre sexualité. Elle leur a fait prendre conscience d’une autre façon de voir leur sexualité, qui n’est plus seulement de répondre au désir de l’homme et de lui donner du plaisir.

D’une façon générale, la littérature féminine adopte une perspective positive : elle fait des constats sans se voiler la face, mais va plutôt montrer le monde tel qu’il devrait être, au lieu de décrire des situations violentes, choquantes, etc… L’objectif serait de montrer que les choses peuvent se passer autrement. La romance est par exemple utilisée dans certains foyers pour femmes battues. L’idée est de montrer à ces femmes, qui ont vécu des années dans la violence de leur compagnon, qu’il y a d’autres rapports possibles.

On fait souvent le reproche à la littérature féminine d’être naïve, à l’eau de rose, mais c’est mal comprendre la raison de cette approche optimiste, qui n’est pas là pour se voiler la face, mais pour offrir de nouvelles perspectives.

On peut maintenant se demander pourquoi les femmes tendent plutôt vers cette approche optimiste ?

Nous voyons deux pistes de réflexion possibles. Tout d’abord l’idée de charge mentale : la femme est souvent la clé de voûte du foyer, celle qui réfléchit à tout ce qu’il y a à faire dans une seule journée. Elle ne cherche pas de stress supplémentaire dans ses lectures, elle a plutôt besoin d’une « bulle magique » pour se ressourcer.

La seconde piste est que le roman féminin, et plus largement la littérature féminine, est une littérature populaire. C’est un style littéraire né au 19ème siècle à partir de l’alphabétisation de masse de la population, alors que jusqu’à cette époque la lecture appartenait à l’élite, c’est-à-dire aux intellectuels. Le lectorat populaire n’a pas forcément cherché la réflexion dans ses lectures, mais plutôt l’évasion et les valeurs positives : justice, espérance, amour.

La première littérature populaire est le roman policier, des histoires où pour une fois la justice triomphe. Bien sûr, les temps ont changé et on n’a plus forcément les mêmes attentes comme le démontre une participante de la conférence lorsqu’elle dit que ce qui l’intéresse c’est de se mettre à la place du policier, le cheminement intellectuel vers la résolution de l’enquête (elle ne travaille pas dans la police). Cependant, fondamentalement, l’idée reste la même dans la majorité des cas : la satisfaction de l’arrestation du coupable, du triomphe de la justice.

Dans la littérature de l’imaginaire, l’idée générale est que rien n’est jamais perdu. Par exemple dans « Le seigneur des anneaux » l’histoire débute alors que les forces du mal, représentées par Sauron, semblent sur le point d’envahir la terre. Toute l’espérance repose sur un héros improbable, le petit Frodon, qui doit mener à bien une mission quasi-impossible. Mais le lecteur sait qu’à la fin le mal sera vaincu et que l’espérance pourra renaître. Personne n’envisagerait une autre issue.

De son côté la littérature féminine va insister sur l’amour, romantique et familial. C’est une façon de réaffirmer que l’amour triomphe de tout.

Quel genre de livres/auteur-e-s peut-on classer sous la bannière du roman féminin ?

Le polar féminin (Agatha Christie, Patricia Cornwell, Elizabeth George…), la SF/ Fantasy (Robin Hobb, Marion Zimmer Bradley, Anne McCaffrey…) ne sont pas des romans féminins car ils sont lus aussi bien par des femmes que par des hommes.

A contrario des hommes écrivent des romans lus en majorité par des femmes. Les participantes ont cité :
• Julien Sandrel avec « La chambre des merveilles » (Le livre de poche 2019)
• John Green avec « Nos étoiles contraires » (Pocket jeunesse 2017)
• Marc Levy, un auteur souvent moqué à cause de son fan club féminin mais qui assume parfaitement ce qu’il écrit. Dans le même registre, on peut aussi
parler de Guillaume Musso et de Gilles Legardinier.
• Nicolas Sparks

La littérature féminine regroupe en fait plusieurs genres :
• la romance : l’histoire d’un couple avec happy end obligatoire
• la chick lit et ses « petits », le feel good et la comédie romantique : ton léger, même si l’auteure peut traiter de sujets graves
• l’imaginaire avec l’urban fantasy où il y a souvent des triangles amoureux
• et bien sûr le roman féminin

Le roman féminin, c’est quoi ?

Ce sont des romans dont l’histoire est focalisée sur l’héroïne. On va alors parler du parcours de l’héroïne, soit en racontant un pan de sa vie ou toute sa vie (Danielle Steel). Ce sont pour la plupart des héroïnes fortes qui auront souvent des parcours atypiques, quelquefois plusieurs relations amoureuses, mais pas forcément de happy end amoureux.

Les éditeurs qui publient du roman féminin : Presses de la cité, Belfond, Pocket (qui avait une collection intitulée Roman féminin), Charleston. Ils ont chacun leurs auteures phares telles que Danielle Steel, Françoise Bourdin, Lucinda Riley.

Nous espérons que ces quelques pistes de réflexion vous auront intéressé, et si vous n’êtes pas d’accord n’hésitez pas à venir en parler sur le forum ou sur la page Facebook du site Les Romantiques.

Le Festival du livre romantique a aussi été pour l’occasion de revoir des éditrices mais également des auteures déjà venues au FRF, que ce soit en tant qu’invitées ou en off. Nous avons beaucoup apprécié le week-end et nous y retournerons très certainement lors d’une prochaine édition.


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