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Maria Vale - Interview

Agnès - 29/09/2019

1 – Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices ?

Tout d’abord, je suis impressionnée par ce que vous faites et tellement reconnaissante d’être invitée à y participer !

A l’université je me suis focalisée sur le Moyen-âge, ce qui aide grandement à comprendre pourquoi j’ai fini par écrire des articles à propos de pull-overs pour le magazine Glamour et au sujet de livres pour Publishers Weekly. Je n’ai commencé à écrire de la fiction que l’année de la naissance de mon deuxième enfant. J’avais déménagé de New York à Berlin, en Allemagne, quand mon mari avait été muté pour son travail. Nous avons vécu là-bas pendant quatre ans et je me suis fait des amis, mais c’était une vie d’expatriés – les gens arrivent et repartent – et en tant que mère d’un jeune enfant il y avait une solitude qui permettait à mon esprit de vagabonder entre différentes histoires. Pendant cette période, j’ai rangé plusieurs manuscrits dans un tiroir. Je ne regrette pas du tout de les avoir écrits : c’était moins cher que de faire des études d’écriture créative.

Etes-vous écrivain à temps plein ?

Oui, j’ai la chance d’avoir des contrats qui me tiennent occupée.

2 – The last wolf (Le dernier loup, Milady mars 2019) est votre premier livre publié et c’est une romance paranormale. Avez-vous toujours voulu écrire ce genre de livre ?

Pas vraiment ce genre, mais de la fiction fantasy. J’aime pouvoir aborder des questions qui me touchent sans être trop explicite, trop didactique. Et j’aime aussi le puzzle posé par la construction d’un monde. Par exemple, en partant du postulat que la meute du Grand nord doit être sauvage trois jours par mois, j’ai dû penser à ce qu’en seraient les conséquences. Ils auraient besoin de terrain pour chasser. Ils ne voyageraient jamais bien loin. Ils n’utiliseraient pas d’armes à feu pour se protéger, parce que pendant leur période la plus vulnérable les armes à feu seraient inutiles. Comme toutes les communautés recluses, ils seraient mystérieux, traditionnels et méfiants envers les étrangers.

3 – Comment avez-vous eu l’idée pour Le dernier loup ?

J’avais lu peu de temps auparavant deux romans avec des changeformes, qui n’avaient rien en commun à part une chose : dans les deux on partait du principe que la forme par défaut était humaine, que le loup était une anomalie, la chose qui prenait le dessus quand vous perdiez le contrôle ou étiez mordu. Ils propageaient de vieilles peurs et de vieux contes de fées sur les loups, et je me suis demandé si je pourrais écrire quelque chose qui rendrait les loups sympathiques sans les rendre humains.

4. Comment avez-vous choisi les personnages principaux pour les autres tomes ?

Je lisais beaucoup de livres de référence sur les loups et l’une des choses qui ressortaient était le rôle crucial de gardien de la paix tenu par le loup de rang le plus bas, l’Omega. Alors Le dernier loup parlait de Silver, qui est essentiellement l’Omega de la meute du Grand nord. Au cours des trois premiers tomes, le rôle important joué par Silver devient de plus en plus évident. Elle est honorée pour ça, même si elle ne devient jamais plus forte.

Silver est profondément mal à l’aise « dans sa peau » et elle n’a quitté le territoire qu’une fois. Pour le second volume, A wolf apart (La cité des loups, Milady juin 2019), j’ai décidé de la mettre en contraste avec Elijah Sorensson, partenaire dans un cabinet d’avocats de New York représentant les intérêts de la meute. Avec sa compréhension de loup des hiérarchies et son étude minutieuse des formes de domination humaine, il s’est parfaitement adapté au monde des humains. Le problème c’est qu’il fait ça depuis si longtemps qu’il est en train de perdre de vue ce qui en lui est vrai, et ce qui est un rôle qu’il joue.

5. Pouvez-vous nous parler un peu de « Le chant du loup » qui sera publié ce mois-ci en français ? (Milady, septembre 2019)

Varya Timursdottir, l’héroïne, est la seule survivante d’une meute arctique qui a été victime de chasseurs humains et des luttes internes à la meute. Intégrée à présent dans la meute du Grand nord, elle défend avec acharnement la loi et la discipline. Mais quand elle trouve un loup mourant dans un coin perdu du territoire, elle ne peut l’abandonner à son destin, même si elle sait que la meute ne l’acceptera jamais. Avec l’aide du loup solitaire, Varya s’ouvre, trouvant une nouvelle vulnérabilité et la force dont elle a besoin afin de se battre pour la survie de la meute.

6. Comment travaillez-vous sur l’évolution de la série ?

Ça a commencé avec un seul roman, mais je l’ai vendu comme une trilogie, alors pendant que je corrigeais le tome un, j’avais besoin de penser déjà aux suivants. Je viens de signer un contrat pour trois autres histoires dans le même monde. La trilogie d’origine était entièrement du point de vue des loups du Grand nord, mais pour les trois suivants j’ai décidé d’alterner les points de vue entre locaux et étrangers, d’essayer de montrer ce que c’est pour quelqu’un du monde des humains de vivre parmi les loups.

Quel a été l’étape la plus difficile ?

La partie la plus difficile, c’était de ma faute. Pour quiconque envisage d’écrire une série avec un casting de plusieurs centaines de personnages, rendez-vous service et créez un tableau avec leurs caractéristiques physiques, leurs tics émotionnels, le moment où ils apparaissent dans les livres et, dans mon cas, leur position dans la hiérarchie. Ça vous évitera beaucoup de peines.

Et la plus facile ?

Je ne dis pas que c’était facile, mais j’ai particulièrement aimé ré-écrire la mythologie nordique. J’ai essayé de penser à la façon dont les histoires de Fenrir et Garm et Skoll et Hati et Angrboda pourraient être différentes si elles n’avaient pas été écrites par des humains mais par des loups. C’était très amusant.

7 – Vous avez été nominée aux Rita Awards dans deux catégories cette année pour votre premier livre publié (et c’est rare). Qu’avez-vous ressenti quand vous l’avez appris ?

J’ai été stupéfaite. Il est difficile d’expliquer la vague d’incompréhension quand j’ai reçu l’appel. Il était 9h du matin et, bien que j’aie été soigneusement caféinée, je n’ai pas tout à fait compris avant qu’on me dise que non seulement j’étais finaliste dans la catégorie paranormal, mais aussi dans celle du premier roman. The last wolf a été publié un mois avant mes cinquante-sept ans, et un an plus tard le livre était en compétition avec Bec McMaster, Suzanne Brockmann et J.R. Ward. Ça ne paraissait pas possible.

8 – Qui est votre auteur préféré ? Quel est votre livre préféré et pourquoi ? Est-ce que quelqu’un vous a déjà donné un seul nom ?

Comme la plupart des écrivains, je suis une lectrice avant tout, donc c’est presque impossible. Je dirais que le genre le plus cher à mon coeur inclut des monstres, soit du point de vue du monstre, ou de quelqu’un de proche et de sympathique. (Mrs Caliban de Rachel Ingalls (même titre, Belfond 2019), The last werewolf de Glen Duncan (Le dernier loup-garou, Folio 2014), The Minotaur takes a cigarette break (non traduit) et, bien sûr, Frankenstein).
Mais mon préféré c’est Grendel, un livre court écrit il y a des dizaines d’années par John Gardner (même titre, Editions Denoël 2011). C’est une lamentation fougueuse et superbement écrite par l’outsider ultime.

9 – Pouvez-vous nous parler un peu de vos futurs projets ?

Je joue avec l’idée d’une urban fantasy tirée des mythes nordiques et de la revisite d’une histoire d’horreur classique. J’ai aussi une histoire d’amour entre La Mort, une serveuse et la rédemption du monde qui est terminée à 60%.

10 – Vous serez au Festival du Roman Féminin à Paris en 2020, que ressentez-vous à ce propos ? Avez-vous quelque chose à dire à nos lectrices ?

Je suis si enthousiaste à l’idée de pouvoir y assister ! Un bon nombre de lectrices françaises m’ont contactée à la Book Lovers Con à la Nouvelle Orléans et aux RWA, et j’étais à la fois surprise et incroyablement reconnaissante. Tout ce que je peux dire c’est que bien que les loups du Grand nord mordent, ce n’est pas mon cas. Venez, s’il vous plait.


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