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Les agents littéraires

Fabiola - 09/08/2019

Jusqu’à récemment en France le métier d’agent littéraire était une notion abstraite pour les auteurs, alors qu’aux USA c’est une pratique courante, voire obligatoire pour quiconque souhaite être publié dans une maison d’édition. C’était sans compter l’influence américaine, puisque ce métier commence à faire son chemin dans notre pays.


Un historique bel et bien anglophone

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours entendu parler d’agents dans le monde du cinéma et du mannequinat. Alors quand j’ai pour la première fois rencontré ce terme dans le monde de la romance, à travers les interviews d’auteures américaines au moment où nous avons lancé le webzine, j’étais étonnée.

Une première surprise de taille : les agents artistiques ont vu le jour au 20ème siècle et s’occupent en effet de sportifs, acteurs, mannequins…

Une seconde énorme surprise : la première agence littéraire a été créée… au Royaume Uni en 1875 (AP Watt) et c’est « seulement » en 1898 que la première agence américaine a vu le jour (WMA – William Morris Agency). On peut trouver des auteurs tels que Rudyard Kipling ou encore Philip Pullman chez AP Watt, qui est la plus ancienne agence littéraire au monde. En 2012, elle a rejoint le United Agents Partnership, devenant ainsi la plus grande agence littéraire, artistique et media du Royaume-Uni. Contrairement à AP Watt, WMA est une entreprise dont le but initial était de représenter les acteurs, musiciens et écrivains auprès des sociétés de production artistique. Leurs interventions se sont diversifiées au fil des années et des acquisitions, et l’entreprise officie également en tant qu’agent artistique et littéraire. Parmi leurs clients historiques, on peut citer Charlie Chaplin, Elvis Presley (en tant qu’acteur) ou encore les Rolling Stones.

 

Agents littéraires - Avantages et inconvénients

Tout d’abord, cela peut paraître évident, mais pour tout auteur de fiction il est obligatoire d’avoir terminé son manuscrit avant de faire appel à un agent littéraire. Les  auteurs de manuels peuvent par contre ébaucher une idéeglobale de ce qu’ils veulent présenter. Pour cette partie, j’ai repris les informations simples et précises de l’article publié sur le site writersedit.com.

Les avantages

Un processus de soumission plus facile
En choisissant de passer par un agent littéraire, vous doublerez effectivement votre processus de soumission en ayant à envoyer votre manuscrit d’abord à des agents, puis aux éditeurs.

Vous y gagnerez une opportunité supplémentaire de peaufiner et perfectionner votre manuscrit aussi minutieusement que possible. Le travail d’un agent est de s’assurer que votre roman soit complètement prêt à arriver sur le bureau des éditeurs avant qu’il fasse son entrée dans le monde ; rappelez-vous, ils savent ce que les éditeurs veulent, et ils savent comment le leur présenter.

Ça peut prendre un peu plus longtemps, mais une fois que vous êtes passé par le processus de rechercher un agent et de l’engager, puis de travailler avec lui pour peaufiner votre manuscrit, le proposer aux éditeurs sera bien plus facile. En plus de bénéficier de sa connaissance de l’industrie, ce dont nous discuterons plus en détails par la suite, un autre grand avantage d’avoir un agent est qu’il peut envoyer des soumissions simultanées. De la part d’un auteur se débrouillant seul, ce n’est pas quelque chose que les éditeurs accepteront forcément.

De multiples soumissions peuvent même lancer une guerre des offres, où les éditeurs sont en compétition pour acheter un manuscrit hautement convoité. Dans ce cas, un agent va utiliser ses connaissances et son habileté pour négocier le meilleur contrat possible pour vous et votre livre.

Cela bien sûr c’est le meilleur des cas, en particulier pour un nouvel auteur ; mais même si les choses n’arrivent pas à ce niveau, des soumissions simultanées par un agent donnent à votre manuscrit une meilleure chance de trouver un éditeur.

Un avantage concurrentiel
Comme nous le savons tous, le monde de l’édition est hautement compétitif. Pour cette raison, avoir un agent peut vous donner un avantage unique par
rapport à la myriade d’autres auteurs émergeants qui tentent d’être remarqués et publiés.

Tout d’abord, un manuscrit soumis par un agent arrive avec un certain label de qualité. Les manuscrits non sollicités peuvent être n’importe quoi, du chef d’oeuvre (rare) au gribouillage d’un amateur (commun), les éditeurs peuvent être certains qu’un manuscrit mis en avant par un agent (en particulier s’il a une bonne réputation ou une relation de long terme avec un éditeur) est bien écrit et mérite d’être pris en considération.

Ceci donne aux auteurs ayant un agent un avantage automatique, du fait que leur manuscrit a tout simplement moins de risques d’être perdu dans les imposantes piles de tout-venant des éditeurs. De plus, de nombreux éditeurs sont tellement importants et/ou inondés de manuscrits de nos jours qu’ils ne regardent même pas les soumissions lorsqu’elles ne viennent pas d’agents.

Une expertise du monde de l’édition
Comme la plupart des industries professionnelles, l’édition est compliquée. Les détails du processus d’édition peuvent être intimidants, déroutants et écrasants, en particulier pour les nouveaux écrivains.

Même si vous avez compris le processus des soumissions et réussi à trouver seul un éditeur, il y a tout un monde après l’acceptation d’un manuscrit, que peu d’auteurs connaissent. Par chance, c’est dans ce monde que les agents littéraires se sentent le plus à l’aise ! Les contrats, les avances et royalties, les droits d’auteur – ce sont des éléments importants du processus d’édition, mais ils peuvent sembler plutôt étrangers et intimidants pour de nouveaux auteurs.

Certes vous pouvez (et devriez probablement) faire des recherches à ce sujet pour avoir une compréhension basique des aspects légaux et techniques de l’édition. Mais au bout du compte vous n’aurez toujours pas la connaissance détaillée et l’expérience pratique qu’un agent littéraire peut apporter. Grâce à leur formation, leur expérience et souvent leurs longues carrières dans ce domaine, les agents offrent un niveau d’expertise de l’industrie qui est un plus indispensable pour des primo-auteurs.

Des contacts et relations
Un agent littéraire est essentiellement une personne de réseau. La relation est son mot d’ordre : il met les bonnes personnes en contact les unes avec les autres, les bons livres entre les mains des bons éditeurs. Les agents sont ce pied dans la porte, ce numéro dans la liste de contacts, cette faveur à demander.

En plus de leur important réseau de contacts dans l’industrie, les agents littéraires savent aussi quel éditeur ou maison d’édition est meilleur pour quel livre. Un agent ne perdra pas de temps, par exemple, à présenter votre manuscrit de fantasy à un éditeur dont il sait qu’il est plus intéressé par la science-fiction. Il n’enverra pas non plus votre livre au hasard à tout éditeur qui lui vient à l’esprit.

Au contraire, un agent va utiliser ses contacts, ses relations et sa connaissance d’initié pour développer un plan d’attaque soigneusement pensé. Il ciblera les éditeurs qui sont le plus susceptibles d’aimer votre manuscrit en particulier, et/ou avec lesquels il a une relation établie. Le vieil adage « l’important n’est pas ce que tu connais, mais qui tu connais » vient à l’esprit ici.

Quelqu’un qui est toujours de votre côté
C’est un avantage évident mais très important du fait d’avoir un agent littéraire. Pour le dire simplement, son travail est d’être toujours du côté de l’auteur. Il est là pour se battre pour vous, votre travail et vos droits ; pour rester dans votre coin du ring en permanence, dans cette industrie difficile et compétitive.

Les agents peuvent aussi donner la motivation et les encouragements nécessaires pour continuer en tant qu’auteur. Cela peut être effrayant et décourageant de joindre les éditeurs et d’avoir à faire face aux refus tout seul. Un agent littéraire peut soutenir votre positivité et votre état d’esprit – leur détermination absolue à vous faire publier sera contagieuse.

Les inconvénients

Il y a un certain nombre de risques associés au fait d’engager un agent pour votre livre. Tout d’abord, il y a celui que l’agent que vous avez engagé puisse être – à défaut d’un meilleur terme – douteux.

C’est une triste réalité du monde d’aujourd’hui que certaines personnes profitent des nouveaux venus dans une profession, et malheureusement les écrivains ont de grandes chances d’être la proie de telles personnes. Les arnaques et les transactions malhonnêtes sont particulièrement courantes dans le domaine de l’édition, en particulier quand il s’agit d’agents littéraires. Pour cette raison, les auteurs doivent être informés et au courant de certaines choses avant de commencer leur recherche d’un agent.

Les auteurs nouveaux dans cette industrie peuvent par exemple supposer que le processus d’engager un agent implique des frais autres que la commission qu’il touchera sur leur travail.

Bien que ce soit une supposition raisonnable, et que ce soit comme ça que les choses se passaient autrefois, la vérité est que tout agent qui vous demande des « frais de lecture » ou toute autre avance espère probablement tirer avantage de votre manque de connaissances.

Alors avec toutes ces possibilités d’escroquerie, comment pouvez-vous être sûr de ne pas vous faire mener en bateau ? Eh bien il n’y a qu’un moyen : vous devez faire vos recherches.

Une dernière chose importante à garder en mémoire est que la publication n’est pas garantie juste parce que vous avez un agent. Même s’il ne devrait vous demander aucune avance, vous allez consacrer beaucoup de temps, d’espoir et d’énergie au processus de trouver et d’utiliser un agent. Assurez-vous que c’est le bon chemin pour vous avant de commencer, parce que ce n’est pas une garantie automatique de publication et de succès.

Les coûts impliqués
Après avoir évoqué brièvement plus haut la question de l’argent et des frais, regardons les coûts réels qu’implique la représentation par un agent.

Généralement, les agents littéraires prendront une commission de 15% sur vos gains pour un livre. Cela veut dire 15% de votre avance et de tous les droits d’auteur que vous recevrez après publication. Cela inclut aussi des choses comme les droits sur les ebooks, les films et les audiobooks. (Le taux augmente avec les ventes de droits à l’étranger et les traductions – les agents ont tendance à recevoir des commissions de l’ordre de 20% sur ces revenus).

Bien que 15% puisse ne pas sembler beaucoup sur le papier, en réalité ça peut vraiment chiffrer. Gardez à l’esprit que les auteurs publiés traditionnellement reçoivent en général seulement 8 à 10% des bénéfices totaux d’un livre. Quand on enlève les 15% d’un agent, le montant que vous pouvez vous attendre à gagner sur les ventes d’un livre est (malheureusement) moindre que ce que vous pourriez croire.

Cela vaut aussi la peine de rappeler que votre agent va continuer à percevoir sa commission indéfiniment – c’està- dire aussi longtemps que votre livre, et toute oeuvre dérivée, sera en circulation.

Le temps d’attente
Ah, le jeu de patience… les écrivains ne le connaissent que trop bien.

Les choses avancent lentement dans le meilleur des cas dans l’édition, mais la période entre le moment où vous avez fini d’écrire votre livre et celui où vous le verrez publié peut être encore plus longue quand vous travaillez avec un agent littéraire. Comme nous l’avons dit plus haut, le processus de soumission est effectivement doublé quand vous décidez de chercher un agent. Vous vendez votre livre deux fois : d’abord à l’agent, puis à l’éditeur par l’intermédiaire de l’agent. Tout ça prend du temps.

Certains styles/genres sont plus difficiles à représenter
Comme nous l’avons mentionné au début de cet article, les agents littéraires peuvent ne pas convenir à tout le monde. Le processus de publication entrepris par chaque auteur est unique : tout comme deux livres ne sont jamais les mêmes, deux chemins vers la publication ne suivent jamais le même trajet prédéfini.

C’est particulièrement vrai quand il s’agit de différents genres et styles d’écriture. Par exemple, il est quelquefois plus difficile de trouver un agent pour de la fiction littéraire que pour de la fiction commerciale.

Il y a quelques raisons à cela – la plus évidente étant que le marché de la fiction littéraire n’est pas aussi important que celui de la fiction commerciale. Un agent, après tout, est un vendeur : il doit vendre un livre à un éditeur en montrant comment il va se vendre à un lectorat.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’agents pour les auteurs de fiction littéraire, il y en a plein en réalité, comme la lecture attentive d’un catalogue réputé d’agents vous le montrera.

Cependant, si vous écrivez dans ce style, cela va probablement être un peu plus difficile de trouver un agent, car il voudra doublement s’assurer que votre travail mérite son temps et ses efforts, si ce n’est pas clairement un bestseller commercial.

 

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Le monde de la romance n’est pas seulement une niche, c’est le genre littéraire le plus vendu au monde. Il n’est donc pas étonnant que les agents littéraires se soient à présent emparés de ce marché. Bien sûr ce n’était pas le cas au moment où la romance est apparue, pour les raisons qu’on connaît toutes, la plus importante étant que les éditeurs ne la considéraient pas comme un vrai genre littéraire. De plus, il y avait très peu de maisons d’édition à l’époque : Mills and Boon au Royaume Uni et Harlequin en Amérique du Nord.

La donne a changé avec Kathleen E. Woodiwiss (1939-2007). A l’époque où elle a terminé son premier manuscrit, elle l’a envoyé à des agents et des éditeurs de grands formats qui l’ont  refusé parce qu’il était trop long (600pages). Au lieu de l’écourter, Kathleen a décidé de l’envoyer directement à un éditeur de format poche. Le premier sur sa liste : Avon, qui a tout de suite accepté de le publier. Il s’agissait de The flame and the flower (Quand l’ouragan s’apaise – J’ai lu A&P 2019). Résultat : 2,3 millions de livres vendus la première année de sa publication, en 1972.

Par la suite Janet Daily, auteure historique chez Harlequin, a été représentée par l’agence Richard Curtis Associates après que son roman Heiress, publié en 1987, est devenu un bestseller (L’héritière – Pocket 1989).

A l’heure actuelle, même si on la considère toujours comme un genre inférieur, aucun acteur littéraire ne peut snober la romance qui a trouvé sa place chez différents éditeurs, qu’ils soient indépendants ou mondialement connus, et aussi bien en grand format qu’en poche… La plupart de ces éditeurs ont l’habitude de travailler avec des agents.

Cela a donc obligé les auteures de romance à s’adapter à cette méthode de publication et c’est ainsi que romance et agents littéraires se sont rencontrés. Concernant les auteures Harlequin classiques (surtout les formats courts), elles ne voient toujours pas la nécessité de prendre un agent car, comme le dit Annie West, il n’y a pas beaucoup de marge de négociation pour ce type d’histoires : même nombre de mots, l’histoire est publiée dans une collection dédiée…

 

L’arrivée des agents littéraires en France

L’agent littéraire était à la France ce que la romance était à la littérature : persona non grata. Les choses ont changé pour le premier ; pour la seconde il y a encore des efforts à faire. La raison principale du rejet de cette profession est liée, comme d’habitude, à l’élitisme du monde littéraire et à son refus d’évoluer. Ainsi, dans l’édition classique, un seul lien existe : celui qui lie l’auteur à l’éditeur. Toute personne qui se met entre ces deux personnes est bannie du processus.

C’est au 21ème siècle que ce lien a priori bien ficelé va être bouleversé. En 2004 Michel Houellebecq, représenté par l’agent littéraire François Samuelson, change d’éditeur et passe de Flammarion à Bayard. Ce transfert est négocié à prix d’or par l’agent. Jonathan Littell fait appel à un agent littéraire anglais, Andrew Nurnberg.

Grâce à lui, non seulement son roman Les bienveillantes sera publié chez Gallimard en 2006, mais il deviendra un bestseller et recevra le prix Goncourt cette année-là. Ces deux évènements vont mettre en lumière une pratique de plus en plus courante, qui pourtant existe dans notre pays depuis 1995, l’année où François Samuelson a créé son agence Intertalent.

Il est l’agent littéraire le plus célèbre, mais aussi le plus craint en France. Tout d’abord parce qu’il est le premier. Ensuite parce qu’il est parti de rien « Moi je suis le fils de personne. Je n’ai pas fait l’Alsacienne ou Henri IV. Je n’ai même pas le bac. J’ai commencé manutentionnaire à la gare de fret d’Orly. Je n’ai pas le luxe de pouvoir me laisser démonter par les attaques », dit-il lors d’une interview accordée au Nouvel Obs. Il n’avait pas d’amis dans l’édition. Et enfin parce qu’il considère les éditeurs comme des escrocs. Autant de raisons qui auraient dû le reléguer dans son coin. Et pourtant…

C’est en se rendant compte qu’aux USA le marché du livre était un commerce féroce et méthodique, et que les livres français étaient mal vendus, que François Samuelson a voulu se lancer dans ce métier. Il a d’abord lancé le Bureau du livre français à New York, une agence qui vendait les droits de livres français. Cependant, quand il est arrivé en France pour devenir agent littéraire, il a été mal accueilli. Son expérience au sein de l’édition française l’a forcé à se tourner vers le cinéma en tant qu’agent artistique. Et c’est grâce à cela qu’il a pu revenir par la grande porte vers le monde littéraire, en approchant directement les auteurs pour leur faire miroiter la possibilité d’une adaptation de leurs livres à l’écran.

Lorsque François Samuelson négocie pour un auteur, il garde les droits d’adaptation. A l’heure actuelle, les éditeurs tremblent à son seul nom et les auteurs rêvent de pouvoir faire partie de ses clients. « C’est une loi non écrite du milieu : à partir d’un certain nombre de livres vendus, l’écrivain français respecté contacte Samuelson. » (Le Nouvel Obs) Il représente notamment Fred Vargas, Virginie Despentes et Tatiana de Rosnay.

Lorsqu’on parle d’agent littéraire, le deuxième nom le plus mentionné est celui d’une femme : Susanna Lea, jeune femme d’origine anglaise installée en France depuis de nombreuses années. Son agence Susanna Lea Associates est créée à Paris en 2000, avec Marc Levy comme premier client. Ils s’étaient rencontrés dans les locaux des éditions Robert Laffont l’année précédente. Susanna s’occupait du service des droits et des marchés internationaux.

Enchantée par le texte de Marc Levy, elle lui trouve un titre plus accrocheur et décide de le mettre en avant à la foire de Francfort alors même que le livre n’est pas encore publié. Grâce à cette initiative, elle réussit à vendre les droits au cinéma. Il s’agissait de Union Square, devenu Et si c’était vrai…, publié en 1999. Le film éponyme est sorti en 2005 chez Dreamworks. Forte de ce succès, l’année suivante elle quitte Robert Laffont pour lancer une maison d’édition qui publie notamment les livres de Marc Levy, ainsi que sa propre agence littéraire.

Malgré une évolution certaine, le métier d’agent littéraire n’est pas encore reconnu en France. C’est la raison qui explique que les agences se réunissent de plus en plus afin d’atteindre cette reconnaissance. Ainsi en mars 2016, à la veille du salon Livre Paris et profitant du mouvement #payetonauteur, onze agences littéraires ont décidé de fonder l’Alliance des Agents Littéraires Français (AALF). Leur objectif : conseiller et représenter les auteurs dans tous les domaines, mais aussi représenter des ouvrages à la demande des éditeurs. Pour cela, leur première action a été de définir le métier d’agent littéraire. Parmi les fondateurs on retrouve Intertalent et Susanna Lea Associates. En octobre 2016, l’AALF a intégré le Syndicat Français des Agents Artistiques et Littéraires (SFAAL). A l’heure actuelle, ce dernier compte vingt agences pour une trentaine de professionnels.

Malgré le cas Jonathan Littell, inconnu du grand public avant la sortie de son deuxième roman, jusqu’à présent les agents littéraires français étaient connus pour ne représenter que les auteurs les plus renommés et les mieux vendus. Cette pratique est également en train de changer. « A la différence des écrivains d’autrefois - souvent de riches bourgeois -, les auteurs actuels sont, pour la plupart, issus de la classe moyenne et se lancent dans un métier qui, pour eux, n’a rien d’un hobby », commente François Samuelson dans un article intitulé Les agents littéraires se sont imposés en France paru dans l’Echo en 2016.

L’approche française du recrutement d’un agent littéraire est la même que celle des anglophones, à savoir la possibilité de ne pas être noyé dans la masse pour un jeune auteur. Cependant les habitudes ont la vie dure et les auteurs ne voient pas encore la nécessité de faire appel à un agent littéraire,
tout comme les éditeurs n’ont pas vraiment envie de passer par une tierce personne pour atteindre un auteur, qu’il soit déjà célèbre ou non. Parmi les
réticences, le tarif de l’agent littéraire reste un frein. Pour le moment il est le même que dans les pays anglophones, soit environ 15%.

Si la France suit l’exemple anglosaxon, les éditeurs vont de plus en plus se référer à ces agents littéraires, en mettant en avant le fait qu’ils ont de moins en moins de temps pour étudier, voire travailler sur les manuscrits. Alors, est-ce mieux d’envoyer un manuscrit qui risque de rester sur une pile et de prendre la poussière, ou serait-il plus judicieux d’accepter de reverser une partie de ses droits à un agent littéraire ? Ne pas hésiter à peser le pour et le contre.

 

Les agents littéraires et la romance en France

Oui, on y arrive tout doucement. C’est l’auteure Samantha Bailly qui a vanté cette pratique dans notre petit monde. Certes, elle n’écrit pas de romance mais c’est une auteure populaire, publiée notamment chez Milady, et nous avons déjà eu l’occasion de lire ses livres et de les chroniquer. Elle est représentée par Anna Jarota depuis 2015. « Quand on se retrouve face à un contrat de vingt pages incompréhensible, contraignant, on est trop heureux d’être publié pour y regarder de plus près. L’affect est très présent dans ce milieu, il est difficile de parler d’argent, et certains éditeurs sont peu scrupuleux. Je trouve extrêmement sain d’avoir un agent », dit-elle dans l’article Entre écrivains et éditeurs les agents font leur nid publié sur lexpress.fr. Elle est également à l’initiative du mouvement #payetonauteur et #auteursencolere.

Depuis Samantha Bailly, le monde de la romance a vu arriver Karine Lanini, ancienne directrice éditoriale chez Harlequin, qui a créé sa propre agence littéraire, Kalligram, en mars 2019 : « Aujourd’hui, en France, il n’existe quasiment pas d’intermédiaires entre les auteurs français et les maisons d’édition, contrairement à ce qui se pratique dans la plupart des pays du monde. Pourtant, la présence d’un intermédiaire pourrait faciliter une relation qui, depuis quelque temps, semble se tendre. Car, même dans un contexte où le monde de l’édition et le marché du livre n’ont plus grand chose à voir avec ceux du siècle dernier, la qualité de cette relation est fondamentale, tant pour les auteurs que pour les éditeurs.

Pour les acteurs de l’édition, l’un des enjeux majeurs des années à venir sera donc de conforter le lien de confiance entre les auteurs et les éditeurs. Je souhaite, en tant qu’agente littéraire, contribuer à favoriser cette relation. Pourquoi moi ? Parce que je connais bien les auteurs français, pour en avoir accompagné de très nombreux lorsque j’étais éditrice ; parce qu’en tant qu’ancienne directrice éditoriale d’une grande maison d’édition populaire, je sais les défis que rencontrent les éditeurs aujourd’hui ; parce que je maîtrise parfaitement les enjeux du marché du livre à l’ère du numérique ; parce qu’avec de nombreux acteurs de l’édition, je partage la conviction que les profonds bouleversements des industries culturelles à l’ère du numérique nécessitent de repenser les pratiques et les usages. A ce titre, nous sommes convaincus qu’il est temps que les auteurs et les éditeurs s’engagent dans une relation plus transparente, plus efficace, plus juste. »

Outre les prestations habituelles de représentation auprès des éditeurs, Karine Lanini propose aux auteurs de développer les sources de revenus liées à leurs compétences, telles que la formation à l’écriture.

Dans le monde de la romance, que ce soit en France, au Royaume Uni ou aux USA, le rôle des agents littéraires va prendre de plus en plus d’ampleur. Quand on voit notamment l’adaptation de plus en plus courante des livres en téléfilm, en série ou au cinéma, il devient primordial de savoir négocier. Or, même l’auteur le plus aguerri pourrait ne pas savoir déchiffrer les contrats.

 

Les auteurs indépendants

J’ai interrogé Olivia Rigal sur le sujet. Celle que l’on surnomme la plus française des américaines est une auteure 100% indépendante de son propre choix. Même si elle vit en France, ses livres sont publiés en anglais, elle paie ses impôts aux USA, ce qui fait qu’on doit la considérer comme une auteure américaine. A la question de l’agent, elle répond : « Je n’ai pas d’agent littéraire pour deux raisons : 1) je suis heureuse d’être indépendante donc je n’ai pas besoin de quelqu’un pour m’aider à démarcher les maisons d’édition / 2) si j’avais un contrat à négocier je vis avec un avocat spécialisé en droit d’auteur donc c’est à lui que je poserai des questions, pas à un agent. Les indés qui souhaitent des contrats d’édition recherchent des agents, mais peu en ont un. L’agent a un intérêt s’il est bien introduit et peut ouvrir des portes auxquelles on ne peut même pas frapper seul. Il a aussi un intérêt si on veut tenter de vendre ses livres dans d’autres langues sans avoir à se casser la tête à faire faire ses traductions soi-même. »

L’ALLI (Alliance of Independant Authors) rejoint ce que dit Olivia sur la question des ventes à l’étranger et la nécessité de prendre un agent dans ce cas précis. L’association rajoute sur son site que les auteurs hybrides (ceux qui souhaitent autopublier leurs livres, mais également être publiés de manière traditionnelle) ont tout intérêt à avoir un agent, non seulement pour la traduction de leurs livres en langue étrangère, mais aussi pour développer leur carrière et les motiver, ce qui est le travail de base d’un agent.

C’est dans ce cadre que l’ALLI a lancé un partenariat avec TMA (Toby Mundy Associates), une agence qui propose des prestations d’agents littéraires pour les membres de l’association. C’est particulièrement utile en France, notamment dans la romance où de plus en plus de petites maisons d’édition indépendantes traduisent des livres d’auteurs autoédités.

 

Focus sur Librinova

Librinova est une plateforme pour les auteurs indépendants, mais pas seulement. L’un de ses trois objectifs est d’être un tremplin vers l’édition traditionnelle, en proposant un service d’agent littéraire. « Grâce à notre Plateforme éditeurs dédiée au repérage de talents et à notre Programme Agent littéraire, un auteur Librinova sur cinquante signe un contrat et voit son livre publié dans une maison d’édition traditionnelle. » Fanny Vandermeersch, auteure du roman Aux livres exquis, a ainsi d’abord autoédité ce roman sur le site avant qu’il soit publié aux éditions Charleston grâce à ce programme.

 

Fabiola

 

Sources
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_UK_literary_agencies

https://writersedit.com/fiction-writing/need-literary-agent-definitive-pros-cons-list/

https://www.lesechos.fr/2016/09/les-agents-litteraires-se-sont-imposes-en-france-228002

https://www.lexpress.fr/culture/livre/entre-ecrivains-et-editeurs-les-agents-font-leur-nid_2035884.html

https://selfpublishingadvice.org/why-indie-authors-need-literary-agents-too-toby-mundy/

https://www.vanityfair.fr/culture/voir-lire/articles/dans-lunivers-de-marc-levy/32787

 


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