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Vanity Fair

16/11/2018

A world where everyone is striving for what is not worth having
(Un monde où chacun rêve de faire siennes des choses qui n’en valent pas la peine)

Mini-série en sept épisodes produite par la chaîne britannique ITV et Amazon Studios. Il s’agit d’une énième adaptation du grand classique de la littérature anglaise de William Makepeace Thackeray, dont l’action se situe à l’époque de la Régence ! Contrairement à Jane Austen, qui écrivait sur l’époque à laquelle elle vivait, Thackeray publie ce livre sous forme de feuilleton à partir de 1844. C’est peut-être en raison de cette distance dans le temps qu’il a une tonalité plus caustique : avec du recul, on voit mieux les défauts d’une époque !

 

L’histoire
Rebecca Sharp est une orpheline aux origines obscures. Sa mère était une danseuse d’opéra française, et son père un peintre sans le sou. Elle a été recueillie par Miss Pinkerton, qui tient un pensionnat pour jeunes filles où Becky enseigne le français, la musique et le dessin. Mais cette jeune ambitieuse compte bien utiliser son charme immense pour grimper l’échelle sociale. Elle a obtenu un poste de gouvernante chez un baronet, Sir Pitt Crawley, et part pour Londres en compagnie de sa seule amie, Amelia Sedley, qui vient de terminer ses études au pensionnat et espère bien se marier rapidement à son amour de jeunesse, George Osborne.

Les Sedley et les Osborne sont des bourgeois enrichis. A Londres Becky fait la connaissance du frère d’Amelia, Jos Sedley, qui a fait fortune aux Indes. Les deux jeunes filles intriguent pour l’amener à demander la main de Becky mais George, qui méprise les origines obscures de la jeune fille, fait échouer leurs plans et celle-ci doit partir pour le Hampshire où l’attend sa place de gouvernante dans une famille de petite noblesse, mais relativement aisée. Elle y rencontre un fringant militaire, Rawdon Crawley, qui n’a d’autre défaut que d’être un fils cadet sans le sou, qui ne peut compter que sur les largesses d’une riche tante célibataire, et espérer qu’elle lui lèguera sa fortune.

Les destins d’Amelia et Becky sont encore compliqués par le fait que nous sommes en 1815, et que Napoléon vient de quitter l’île d’Elbe pour le baroud d’honneur des cent jours de l’aigle. George Osborne, son ami William Dobbin, qui est secrètement amoureux d’Amelia, et Rawdon Crawley vont tous trois participer à la bataille de Waterloo. Qui en reviendra ? Et jusqu’où la charmante Becky réussira-t-elle à s’élever dans la société ? Vous avez sept délicieux épisodes pour le découvrir…

 

Mon avis
Un délice pour celles qui aiment ce genre de série historique. Apparemment les puristes trouvent que les personnages sont trop sympathiques et que ce n’est pas fidèle au roman, plus grinçant. Une version pour midinettes selon eux. Juste ce qui me convient, par conséquent ! C’est vrai que tous les personnages sont adorables. Certes pas parfaits, mais chacun a un petit quelque chose de charmant. J’ai adoré Becky, pleine de vie et de malice. Bien sûr c’est une ambitieuse et elle cherche à profiter de tout le monde, mais c’est fait d’une façon tellement charmante, avec un côté second degré qui sous-entend que les dupes le sont parce qu’ils le veulent bien.

Elle a un adorable pendant en la naïve Amelia, qui a un coeur d’or. A tel point qu’on ne peut même pas trop lui en vouloir d’être parfois un peu fatigante, avec son amour inconditionnel pour son beau George ! Et que dire de Lady Matilda Crawley, la vieille tante pleine aux as qui professe des idées égalitaires, mais n’est pas aussi ouverte d’esprit quand il s’agit de les appliquer à sa propre famille. Elle m’a rappelé Violet Crawley, comtesse douairière de Grantham dans Downton Abbey, et pas juste à cause du nom de famille.

Tous les acteurs sont absolument parfaits dans leur rôle, en particulier l’incroyable Olivia Cooke, qui porte vraiment la série à elle seule. Les costumes sont magnifiques, avec de jolis uniformes militaires en plus des classiques robes Régence à taille haute. Il y avait sûrement des bidouillages digitaux pour les scènes de bataille, mais je n’y ai pas prêté attention tellement j’étais prise dans l’histoire. Et après avoir vu des quantités de films de guerre sur 14-18 et 39-45, ça m’a vraiment fait bizarre, ces combats à la baïonnette. La guerre, c’est vraiment très très con, quand même !

J’ai attendu de voir le tout dernier épisode avant de boucler cet article, car bien entendu la question cruciale était : comment la scénariste, Gwyneth Hughes, allait-elle se dépatouiller de la fin écrite par William Thackeray qui, disons-le tout de suite, n’est pas vraiment un happy end de romance. Et je dois dire qu’elle s’en est admirablement tirée. Certes, Becky dépasse les bornes dans sa soif inextinguible de s’élever toujours plus haut, et la chute est inévitable. Mais la série se termine sur un clin d’oeil que je trouve assez génial, où elle échappe à son créateur et n’en fait, une fois encore, qu’à sa jolie petite tête.

A noter qu’un film est sorti en 2004, avec Reese Witherspoon dans le rôle de Becky Sharp, et Mira Nair, américaine d’origine indienne, à la réalisation. Quel énorme contraste avec cette série ! En dehors du fait que Mira Nair introduit une scène de danse indienne complètement délirante, les costumes sont absolument horribles, caricaturaux au possible et pas du tout d’époque. Les femmes se baladent échevelées et avec des décolletés jusqu’au nombril en pleine journée, du grand n’importe quoi. Et le film réussit le tour de force de n’avoir aucun charme, malgré une fin hollywoodienne de derrière les fagots. A voir éventuellement pour le contraste, ou si on est fan de Reese Witherspoon, ce que je ne suis pas.


Agnès


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