Diversité, mon amour !
Fabiola -
Dans un article paru le 7 juillet dernier, intitulé The changing face of romance novels, le New York Times évoque la tendance du marché américain de la romance à s’ouvrir à plus de diversité, dans le choix de ses héros et héroïnes, mais également de ses auteurs. Ainsi Helen Hoang, qui souffre de troubles autistiques, vient de rencontrer un énorme succès avec la publication de son premier roman, The kiss quotient : « Une histoire d’amour multiculturelle dont l’héroïne est autiste et a du mal à discerner les nuances lors de ses rencontres et rapports avec les hommes. »
L’article cite également en exemple Forever Yours, une collection de Grand Central qui publie Karelia Stetz-Waters, auteur de romances lesbiennes, ou le premier roman d’Uzma Jalaluddin, Ayesha at last, qui se déroule dans une communauté d’immigrants musulmans au Canada et dont l’héroïne musulmane, qui n’a pas la langue dans sa poche, tombe amoureuse d’un homme plus conservateur. Mais aussi Alisha Rai et Sonali Dev, dont les héros sont indiens, Priscilla Oliveras, publiée chez Kensington, qui met en scène des latinos, Jeannie Lin, auteur de romances historiques publiées chez Harlequin dont l’intrigue se situe en Chine sous la dynastie Tang, et Mindy Hung qui écrit sous le nom de Ruby Lang une série de romances contemporaines avec des femmes médecins d’origine asiatique.
Selon Leah Koch, de la librairie de romance The Ripped Bodice, « Les lectrices veulent des livres qui reflètent le monde où elles vivent, et elles ne se contenteront pas d’une histoire qui se déroule dans une petite ville où tout le monde est blanc. » Pourtant, de son propre aveu, sur les 3752 romances publiées en 2017, 94% ont été écrites par des auteurs blancs. Les éditeurs disent qu’ils aimeraient bien inclure plus de diversité dans leurs publications, mais que la majorité des manuscrits qu’ils reçoivent viennent d’auteurs blancs.
Et de fait, les RWA ont révélé que, suite à une étude récente, ils avaient réalisé que 86% de leurs membres étaient blancs. Un sommet sur la diversité a d’ailleurs été organisé au cours de leur conférence annuelle 2018, et l’auteur afro-américaine Brenda Jackson a animé un atelier pour les auteurs qui souhaitent inclure dans leurs romans des héros et héroïnes différents.
L’auteur Alyssa Cole souligne que « Certains éditeurs montrent plus d’intérêt pour les livres écrits par des auteurs issus de minorités, mais il y a encore des barrières. Une partie du problème vient du fait qu’ils disent : OK, il nous faut plus de diversité, on va juste demander à nos auteurs blancs d’en inclure dans leurs romans. » Selon Beverly Jenkins, il ne manque pas d’auteurs afro-américains, mais elles ont du mal à se faire publier par les grands éditeurs et doivent souvent se tourner vers l’édition indépendante ou l’autoédition, qui leur assurent moins de visibilité.
Selon ces auteurs, les grands éditeurs restent persuadés que les héros et héroïnes de couleur ne sont pas vendeurs. Cindy Hwan, directrice éditoriale chez Berkley, insiste : « On nous dit que les lectrices veulent plus de diversité, mais les choses n’ont pas changé, les livres qui ont le plus de succès sont ceux où on trouve le moins de diversité. »
Les choses sont peut-être en train d’évoluer, comme en témoigne le succès d’Helen Hoang… Mais il semble qu’il y ait encore pas mal de chemin à parcourir.
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