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La romance épistolaire, partie 2

Les Romantiques - 23/08/2018

Le début du dossier http://www.lesromantiques.com/?a=1025/Dossier-La-romance-epistolaire-partie-1

 

La correspondance : Contemporain

 

Les mails
Le mail, c’est le média idéal pour garder son anonymat ! Quelques clics et chacun a la possibilité de se créer un compte sous le pseudo le plus farfelu possible. Il est utilisé par certains pour se cacher sous une identité secrète, mais permet aussi, tout simplement, de communiquer avec d’autres, quelle que soit la distance physique qui sépare les correspondants. Il permet également de communiquer plus aisément une chose qu’on aurait du mal à dire de vive voix. Ce sont les trois motifs qui sont utilisés dans les cinq romans que j’ai sélectionnés pour cette rubrique :

(*) Quand souffle le vent du nord
Daniel Glattauer
Grasset
01/04/2010

Emmi Rothner se trompe d’expéditeur en voulant envoyer un mail de résiliation. C’est un certain Leo Leike qui le reçoit et lui signale son erreur. A partir de là naît entre eux une correspondance soutenue qui les rend dépendants l’un de l’autre.

Avis : Sur un malentendu nos deux héros, Emmi et Léo, vont démarrer et entretenir une conversation par mail. Initialement porté par l’humour, en quelques mails, leur échange va passer de formel à passionnel. À l’image d’une conversation IRL, ils vont aborder tous les sujets : la météo, leurs aspirations, les traits de leurs personnalités, leur situation de couple, tout y passe. Ce qu’ils n’avaient pas envisagé c’est que cette conversation de camaraderie épistolaire dérape et que des sentiments s’immiscent dans leurs mails. Une complicité de séduction nait entre eux, et évidemment on avance dans l’histoire pour savoir comment leur relation va évoluer et s’ils vont avoir l’occasion de se rencontrer. Cela crée une impression d’urgence dans la lecture, pour en savoir toujours plus et toujours plus vite.

Utilisation de la correspondance : Ici, la correspondance permet à nos héros de partager sur tout et rien sans avoir peur d’être jugés, parce que bien que complices, ils ne se connaissent pas. Comme dans « Un petit livre oublié sur un banc » de Jim, tout l’intérêt de l’échange est de savoir quand leurs identités seront dévoilées, quand ils passeront le cap de la rencontre IRL ! L’intérêt du mail, plutôt que la lettre, réside dans le temps de réponse, tantôt très rapide, quasiment instantané, tantôt plus long, notamment quand nos héros se boudent. D’ailleurs l’auteur fait apparaître cette information dans le chapeau des mails : Neuf mois plus tard / Deux minutes plus tard / 18 minutes plus tard. Dans le mail il y a également le côté fugace du clic trop rapide sur le bouton envoyer, qui entraîne des situations compliquées, notamment quand nos héros s’écrivent des mails d’épanchement alors qu’ils sont bien trop avinés. Ce côté « erreur possible » n’est pas envisageable avec une lettre à poster.

Paroles de l’auteur : « Au départ, l’histoire était très simple : il s’agissait de deux personnes qui entrent en contact par erreur et qui commencent à s’écrire des mails. Ils entament une conversation virtuelle, et le récit suit chacun des mails  qu’ils s’échangent. Je voulais montrer les étapes de ce rapprochement, de quelle manière on progresse dans la confiance de quelqu’un. Nous avons souvent tendance à sous-estimer le mail et le réduire à un échange d’informations, à quelque chose de très professionnel. Mais ce qui m’intéressait c’était justement de transposer cet instrument dans la sphère de l’intime. Il y a un équilibre qui se met en place dans l’écriture entre ce qu’on est prêt à dire de soi et ce qu’on cherche à découvrir sur l’autre. Au début je ne pensais pas faire plus d’une vingtaine, peut-être une trentaine de pages. Et puis finalement j’ai pris autant de plaisir que mes personnages à écrire des mails. Donc la forme est restée et les quelques pages de départ se sont transformées en un roman. »

Bonus : Adaptation théâtrale.

 

(#) Une bouteille dans la mer de Gaza
Valérie Zenatti
Ecole des Loisirs
24/01/2005

Tal, jeune Israélienne, habitante de Jérusalem, écrit une lettre destinée à un ou une Palestinienne. Pour trouver un ou une destinataire, après l’avoir placée dans une bouteille, elle demande à son frère, soldat, de l’abandonner quelque part à Gaza. Un échange s’instaure entre Tal et Naïm, étudiant en médecine. Prix Tam-Tam du livre de jeunesse 2005.

Avis : Un roman plein d’espoir. Où il n’est pas question d’oppresseur ou d’opprimé, juste de deux jeunes qui communiquent en espérant représenter l’avenir. Leur naïveté et leur foi sans limite pour un idéal de paix ont une véritable portée révolutionnaire qui rend le roman profondément touchant.

Utilisation de la correspondance : L’échange est à l’initiative de Tal, qui est à la recherche d’un(e) correspondant(e) palestinien(ne). Sa volonté de communiquer est complètement assumée, alors que la personne qui tombera sur sa bouteille et la lettre qu’elle contient sera sélectionnée par le hasard. On revient sur un principe qu’on a déjà vu précédemment, l’occasion de discuter de tout et de rien avec un inconnu (qu’a priori on ne sera pas amené à rencontrer), avec le plaisir de tout dire, même ses pensées les plus sombres, sans peur d’être jugé. La correspondance permet ici de mettre en contact deux personnes que tout semble opposer, du moins que les régimes politiques opposent. Elle leur permet de parler, sur un pied d’égalité, des petites et des grandes choses de leurs vies. Leur échange leur permet de prendre la mesure de ce que l’autre vit, et ainsi de relativiser son point de vue.

Bonus : Adaptation cinématographique. Une bouteille à la mer est un film réalisé par Thierry Binisti.

 

(#) PS : Tu me manques
Brigid Kemmerer
Hachette romans
07/02/2018

Juliet, dix-sept ans, ne veut pas accepter le décès de sa mère et lui écrit des lettres qu’elle dépose sur sa tombe. Declan, un jeune délinquant de son lycée qui effectue des travaux d’intérêt général au cimetière, trouve les messages et y répond anonymement. Au fil des messages, ils tombent peu à peu amoureux l’un de l’autre, ignorant qu’ils se détestent dans la vie.

Avis : Coup de coeur pour l’histoire et l’originalité des rebondissements. L’histoire, c’est celle de Juliet et Declan. Deux adolescents qui sont en lutte. L’un contre un deuil, et l’autre contre lui-même et tous ceux qui tentent de s’approcher. Tous deux sont ravagés de culpabilité. Ils se ressemblent beaucoup, mais ne se connaissent pas. Toutes les fois où ils se sont croisés se sont révélées catastrophiques. Et pourtant, un hasard, une coïncidence, une indiscrétion et les voilà qui échangent une correspondance. Une correspondance anonyme et salvatrice. Main dans la main ils vont se soutenir vers la résilience... mais avant ça, de nombreuses épreuves les attendent, notamment celle où ils vont se révéler leur identité.

Utilisation de la correspondance : Initialement c’est à sa mère décédée que Juliet écrit des lettres. Elle les dépose sur sa pierre tombale, l’une après l’autre. L’une d’entre elles sera lue par Declan, qui va prendre l’initiative de lui répondre. À partir de là démarre leur échange par lettres (déposées sur la pierre tombale de la mère), mais qui va rapidement migrer vers les mails. Cet échange est porté par le plaisir d’écrire à un inconnu, de profiter de l’anonymat pour pouvoir se confier, s’épancher. La particularité ici, c’est que l’un des correspondants va rapidement reconnaître l’autre, et ainsi perturber l’équilibre.

Outsider :

(#) Attachement
Rainbow Rowell
Milady
24/08/2012

Lincoln est chargé, dans son entreprise, de surveiller les e-mails de tous les employés. Il parcourt avec attention les échanges entre Beth et Jennifer. Sans même l’avoir vu, Lincoln va tomber amoureux de Beth, mais ne sait comment lui déclarer sa flamme sans passer pour un fou. D’autant que la jeune femme semble avoir un faible pour un inconnu qui travaille dans le même immeuble...

Avis : Je dois dire que le début est franchement difficile, les doutes du personnage et son caractère ne sont pas engageants. Dans la première partie du livre, il ressasse beaucoup... il veut du changement dans sa vie, mais ne se secoue pas. Et d’un coup, une surprise au détour d’une phrase, ou plutôt d’un mail, et après impossible de lâcher le livre. On veut savoir comment l’auteur va dénouer la situation, c’est jubilatoire.

Utilisation de la correspondance : C’est l’outsider de cette rubrique, parce que l’échange de mails est porté par deux collègues, Beth et Jennifer, qui l’utilisent sur le temps de travail pour parler de tout et de rien (sauf de travail). D’ailleurs pour lutter contre cette pratique, leur employeur a délégué un informaticien qui se charge d’épier ce type de comportement et de les signaler. Justement l’informaticien, Lincoln, va repérer leur échange, mais plutôt que de les avertir, il va suivre leurs conversations et, petit à petit, tomber sous le charme de l’une d’entre elles. La confiance installée de fait dans la conversation va être brisée par cet élément perturbateur que représente Lincoln.

 

Plus de titres :
Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens de Becky Albertalli ; Vous avez reçu un message de Jena Rose ; La saga Fifty shades de E.L. James...

 

Echange de SMS
Quoi de plus rapide et populaire qu’un échange de textos ? Les romances qui en font l’usage sont tellement nombreuses que c’est la catégorie qu’il a été le plus difficile de fournir ! Pourquoi ? Il y en a tant que c’est compliqué de les retrouver... ce n’est pas la chose essentielle qu’on retient après une lecture. La seule dont je me sois immédiatement souvenue c’est « Le contrat » de Tara Jones, parce que le héros, un arrogant évidemment, termine chacun de ses textos par ses initiales... *FacePalm*

J’ai choisi sous cette rubrique deux romans où l’utilisation des SMS est centrale dans l’intrigue ! En partant du principe que nos héros ont toujours leur téléphone sur eux, l’instantanéité du SMS permet une spontanéité et une réactivité encore plus poussées que le mail. Dans les deux romans, les personnages communiquent sans se connaitre et développent une complicité au fur à mesure des échanges. On retrouve ici l’idée de communication avec un inconnu, qui apporte son lot de mystères et de fantasmes, avec la possibilité d’accommoder la réalité et de profiter de l’anonymat pour pouvoir se confier, s’épancher.

(#) PhonePlay
Morgane Bicail
Michel Lafon
14/01/2016

Dans un lycée d’Oxford, un garçon de terminale envoie des messages par texto à des filles. Celle qui découvrira son identité l’aura à son service. Allyssa décide de découvrir qui se cache derrière ces messages.

Avis : Loin de moi l’idée de considérer qu’il s’agit d’une histoire d’amour. C’est juste un inconnu qui entretient une correspondance avec une jeune ado un peu paumée, en lui lançant le défi de découvrir son identité (sans pour autant répondre à ses questions quand elle lui en pose). Il appelle ça un jeu et affirme rapidement y avoir déjà joué avec d’autres filles. Dans ce roman, ce qui m’a dérangée, c’est qu’il s’adresse à la jeunesse. Essayer de rendre charmant un jeu qui peut cacher mille dérives, je trouve ça presque dangereux. Bon sang, un adulte qui fait le choix d’entretenir une conversation avec un inconnu, s’y attache et débouche sur une relation virtuelle et/ou IRL, pourquoi pas. Mais des ados... ça me dérange. Malheureusement, je suis restée bloquée sur le principe du jeu. Pourtant le roman n’est pas bien méchant, d’ailleurs je l’ai trouvé presque simplet dans la résolution de son intrigue.

 

(#) Textrovert
Lindsey Summers
Michel Lafon
11/05/2017

Par mégarde, Keeley a échangé son téléphone portable avec celui de Tavin, un garçon qu’elle ne connaît pas et qui a quitté la ville. En attendant de pouvoir récupérer leur appareil, ils se transmettent les messages reçus, apprenant ainsi à se connaître à distance. Jusqu’à leur rencontre et la révélation par Tavin d’un secret qu’il taisait. Premier roman.

Avis : Keeley et Tavin, deux élèves de terminale dans des lycées différents, ne se connaissent pas et pourtant ils vont devoir coopérer ! En effet, la veille de la rentrée, ils se rendent à une fête foraine où, par inadvertance, ils vont intervertir leurs téléphones, sans se croiser. Cela les oblige à communiquer, le temps de procéder à l’échange. Cette logistique comprend la transmission des appels et des messages reçus sur leurs portables respectifs. Rapidement, leur communication par défaut dérape sur une complicité, avant d’aboutir à une rencontre IRL. Là, les personnalités se révèlent et nos deux héros bataillent avec des secrets et des non-dits qu’il était aisé de dissimuler par téléphone. J’ai apprécié davantage cette intrigue que celle de PhonePlay, où l’équilibre entre les personnages n’était pas respecté. Ici, Keeley et Tavin ne se connaissent ni l’un ni l’autre. Leurs échanges sont naturels et sincères.

 

(#) Poppy Wyatt est un sacré numéro
Sophie Kinsella
Pocket
07/05/2014

Poppy Wyatt est au bord de la crise de nerfs : elle vient de perdre sa bague de fiançailles, celle qui est dans la famille de son fiancé Magnus depuis des générations, et, sans transition, on lui a volé son téléphone. Alors qu’elle envisage sérieusement la fuite à l’étranger, miracle : là, dans une poubelle, un portable ! Juste le temps de convaincre Sam, le ronchon propriétaire dudit portable, que c’est un emprunt temporaire, et Poppy reprend les choses en main. Mais Magnus est aux abonnés absents, impossible de retrouver cette fichue bague, et pour couronner le tout, d’étranges textos ne cessent d’arriver sur le téléphone de Sam... Retour à la case crise de nerfs !

Avis : J’adore les livres de Sophie Kinsella et ses héroïnes un peu déjantées, gaffeuses, loufoques et complètement illogiques. Ici, suite à une accumulation de malchances, Sophie trouve un téléphone dans une poubelle et décide de se l’approprier, parce qu’elle en a besoin. Bien sûr, elle « demande » (en vrai elle ordonne) au patron de la personne à qui appartient le téléphone la permission de le garder, le temps qu’elle retrouve sa bague. Il n’empêche, elle a un sacré toupet. Suite à l’emprunt du téléphone, Poppy (ainsi que la lectrice) va également se retrouver dans une histoire qui la dépasse, et aura son dénouement tard dans le livre. C’est un livre que je conseille à toutes de lire, surtout si vous ne connaissez pas l’univers de Sophie Kinsella.

Utilisation de la correspondance : L’échange commence ici de manière forcée par SMS, puis au fur et à mesure que Poppy et Sam s’envoient des messages, tout en essayant de résoudre une énigme liée à ce téléphone trouvé dans une poubelle, une relation s’établit entre eux et les sentiments commencent à naître. L’apothéose étant la fin du livre, où Sam réussit à envoyer un SMS à toute une assemblée afin d’atteindre Poppy. Les SMS ne concernent pas uniquement l’échange entre Poppy et Sam, mais également la réception de messages destinés à celle à qui appartenait le téléphone : l’assistante de Sam. C’est cette partie qui va donc constituer l’intrigue secondaire.

 

Échange sur le web 2.0 : Twitter

Dans ces romans, les personnages optent pour les deux moyens de communication proposés par Twitter : les messages privés et publics. L’intérêt de Twitter est de mettre en relation des personnes s’intéressant au même sujet, repérées grâce aux hashtags.


(#) Pour un tweet avec toi
Teresa Medeiros
Milady
23/11/2012

Ecrivaine, Abigail Donovan se débat contre l’angoisse de la page blanche et passe du temps sur Twitter. Guidée par l’un de ses followers, MarkyBaynard, un professeur d’université en congé sabbatique qui parcourt le monde, la jeune femme va retrouver l’inspiration et le goût de vivre.

Avis : Une romance sympa, mais qui n’échappe à aucun cliché. Néanmoins, plus profonde qu’il n’y paraît. L’intrigue reprend du sérieux d’un coup, le temps d’une vérité. Des thèmes sont abordés, ou plutôt suggérés... Ce livre ne donne pas de réponse, mais il permet de passer un bon moment. En effet, il est drôle, presque spontané et surtout original : l’échange de tweets m’a beaucoup convaincue ! Les réparties des personnages sont parfois succulentes.

 

(#) Follow me back
A.V. Geiger
Robert Laffont
08/06/2017

Tessa Hart est agoraphobe et passe l’essentiel de son temps sur les réseaux sociaux à nourrir sa passion pour Eric Thorn, un chanteur qu’elle idolâtre. De son côté, Eric se crée un faux compte sur Twitter pour provoquer sa plus grande fan. Lorsque les deux se rencontrent, le rendezvous tourne au cauchemar.

Avis : Quelle lecture, quelle intrigue ! L’auteur n’a pas chômé, elle nous propose une histoire très, très bien menée, avec une structure originale entre narration à plusieurs voix, tweets, auditions de police et conversations privées. La construction est très fine : tout se joue dans les détails. Le style est fluide, le rythme est dynamique. Rapidement, la lecture devient addictive. Elle n’a pas lésiné sur la psychologie de ses personnages, qu’elle a bien campés avec une personnalité profonde et intéressante, autant de défauts que de qualités, des névroses, des casseroles à balader, des aspirations pour l’avenir. Ici, rien de vu ou de revu, l’auteur innove et surprend jusqu’à la fin ! Une fin incroyable, qui entraîne des interprétations sans limite et une frustration sans fin.

 

Blog

Les blogs, ces espaces personnels avec une diffusion publique, permettent aux personnes qui les tiennent de s’épancher autour d’une thématique ou sur eux-mêmes. C’est aussi l’occasion pour eux de communiquer avec la communauté qui gravite autour, d’entretenir des relations et des correspondances, notamment grâce aux commentaires. Pour ne pas vous gâcher le plaisir des intrigues des trois romans que j’ai sélectionnés pour cette rubrique, je ne vous dis pas comment s’opère la correspondance.

(#) Lycée out
Claire Loup
Plon jeunesse
02/09/2010

A quelques jours de la rentrée scolaire, Emma reçoit une carte postale dans laquelle son fiancé lui annonce qu’il la quitte. Blessée dans son amour-propre, elle décide de se venger.

Avis : Un livre touchant, amusant et plein de fraîcheur. L’héroïne, Emma, pour se remettre d’une déception amoureuse, va choisir l’option de la vengeance. Cela l’amène à rédiger la rubrique des courriers du coeur dans le nouveau journal alternatif qu’elle et ses copains ont instauré dans leur lycée. Elle se cache derrière un pseudo, ce qui lui permet une liberté de parole sans limite. Son ton sera repéré par Don Juan, son alter ego révolutionnaire avec lequel elle va entretenir une correspondance où il sera question d’amour et de société. Au vu du succès de ce journal clandestin, qui sera rapidement interdit par l’administration du lycée, la fine équipe va opter pour une plateforme en ligne afin de dispenser ses conseils : le blog. L’auteur nous offre une histoire à deux voix, celle d’Emma et celle de Don Juan. Elles alternent et nous font changer de perspective. J’ai eu une préférence pour la narration par Don Juan, qui vit un quotidien un peu plus sombre et intéressant que celui de la jeune fille.

 

(#) Veux-tu m’épouser
100 fois ?
Holly Martin
Harlequin
21/10/2015

La Proposition parfaite, agence matrimoniale dans laquelle travaille Suzie, se porte bien. Harry, son meilleur ami et associé, dont elle est secrètement amoureuse, lui propose de jouer le rôle des fiancés pour la mise en oeuvre d’un plan de communication.

Avis : Ce roman m’a fait l’effet d’une douceur sucrée, j’ai adoré ! J’ai adoré sa forme, avec une narration classique, ponctuée d’articles de blog. On peut dire qu’on a trois voix. Celle de Suzie, dont on suit les pensées ; celle du «blog des presque fiancées», qui reprend les aventures du binôme et la description de chacune des demandes, il est rédigé par Harry... mais c’est clairement une voix aseptisée, il faut dire que les désagréments qu’ils rencontrent y sont édulcorés ; et enfin arrive la voix d’Harry, sous une forme inattendue. Je m’attendais à une comédie sans fond, et au lieu de ça j’ai eu droit à des histoires profondes, des questions existentielles intéressantes. Particulièrement l’histoire autour de Badger et Jack. Les doutes des personnages sont complètement crédibles, j’avais de la peine pour eux, j’avais envie de les secouer, d’en prendre un pour taper sur l’autre comme disait le commentaire dans le roman. C’était une lecture intense.

 

(#) Mon blog et moi
Mily Black
Harlequin
10/04/2014

Après s’être fait larguer par son petit ami (qui a préféré faire un enfant à la voisine du dessus), Aline, réceptionniste dans un prestigieux cabinet d’avocats, décide de créer un blog pour s’y épancher en toute liberté (parce que ça coûte moins cher qu’un psy). Entre un Démon des enfers, sa mère, totalement dépourvue de tendresse maternelle, une Reine des Glaces, sa chef, aussi hautaine que sèche et l’arrivée au cabinet de Beauté fatale qui se révèle bien vite être un Crétin total, Aline ne risque pas de s’ennuyer ! Adieu routine et déprime, bonjour rebondissements et… sentiments ?

Avis : Une comédie légère où les personnages sont pleins d’humour, les situations sont souvent cocasses.

 

Tout en un

(*/#) Everything, everything
de Nicola Yoon
Bayard Jeunesse - 06/04/2016


Madeline Whittier vient d’avoir dix-huit ans. Atteinte d’une maladie auto-immune, elle ne peut sortir de chez elle. Elle est fascinée par le fils de ses nouveaux voisins, Olly, qui la distrait en exécutant des cascades. Sa mère accepte qu’il vienne la voir. Le coup de foudre est immédiat, Madeline est désormais prête à prendre tous les risques. Prix des Incorruptibles 2018 (3e, lycée). Premier roman.

Avis : Une fois commencé, impossible de le reposer sans le finir, c’est un véritable coup de coeur. L’histoire est incroyable, c’est celle de Maddy, une jeune fille atteinte de la «maladie de l’enfant-bulle» : pour survivre, elle doit demeurer recluse. Sa routine bien établie est bouleversée par l’arrivée de ses nouveaux voisins, et surtout celle d’Olly, un jeune homme tout en noir bien mystérieux. Rapidement ils vont se lier d’amitié, et une belle complicité va naître entre eux. À son contact, elle va découvrir peu à peu tout ce qu’elle rate, et rapidement il sera impossible pour elle de se contenter de son cocon. L’auteur nous propose une histoire surprenante, qui m’a laissée complètement soufflée.

Utilisation de la correspondance : La forme de ce roman est complètement tournée vers l’échange, il y a tantôt des post-it, des extraits de conversations instantanées, des mots écrits à la buée sur une vitre, des mails, des SMS, des articles de blog. Cela lui donne une forme hybride qui va parfaitement avec l’intrigue du roman. A défaut de pouvoir communiquer physiquement avec le monde, Madeline communique sous toutes les formes qui sont permises ! C’est donc le roman de correspondance par excellence. Le roman épistolaire moderne.

Bonus : Adaptation cinématographique en 2017. Everything, everything est un film réalisé par Stella Meghie

 

Quel que soit le procédé narratif, quel que soit le nombre de correspondants qui prennent la parole, le roman épistolaire suppose un travail de construction fin et intelligent de la part de l’auteur. C’est un genre qui semble spontané, et qui pourtant ne s’improvise pas. Bien que les codes soient simples, les manières d’utiliser la correspondance sont aussi nombreuses que les effets ressentis par les lecteurs. Autant les romans dont la structure narrative est essentiellement assurée par un échange de lettres sont rares, autant les romans qui utilisent la correspondance (via une multitude de médias) pour faire communiquer les personnages sont de plus en plus nombreux. Le roman épistolaire, dans sa forme hybride, a encore de beaux jours devant lui !

Bib

 

Sources :
https://gallica.bnf.fr/essentiels/repere/roman-epistolaire-0

https://www.universalis.fr/encyclopedie/litterature-epistolaire/3-le-roman-epistolaire/

https://legroupe.laposte.fr/decouverte/les-grandes-dates-cles

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Humbert_Piarron_de_Chamousset

http://www.ladressemuseedelaposte.fr/Piarron-de-Chamousset-sa-Petite

https://www.laposte.fr/chp/mediasPdf/dossiersdocumentaires/ddoc_le_facteur.pdf

http://pedagogite.free.fr/histoire_3/histoire_poste.pdf

https://fr.wikipedia.org/wiki/84,_Charing_Cross_Road

https://www.letelegramme.fr/ig/dossiers/prix_lecteurs_2010/mary-ann-shaffer-annie-barrows-le-cercle-litteraire-des-amateurs-d-epluchures-de-patates-16-05-2010-808353.php

http://evene.lefigaro.fr/livres/actualite/daniel-glattauer-quand-souffle-vent-nord-2663.php

http://www.lecourrieraustralien.com/le-cercle-litteraire-des-amateurs-depluchures-de-patates-du-livre-au-film/

http://www.albin-michel.fr/ouvrages/lelixir-damour-9782226256195

 


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