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La romance épistolaire, partie 1

Les Romantiques - 23/08/2018

Avant de vous proposer ce dossier sur la romance épistolaire, nous nous sommes beaucoup interrogées : Nous nous sommes tout d’abord demandé s’il y avait suffisamment de matière pour en faire un dossier ? Et surtout si c’était un genre toujours d’actualité ? Si de nouvelles publications étaient encore proposées par des éditeurs ? Autrement dit, n’est-ce pas un genre qui se repose sur ses classiques ?!

Et puis au même moment :
• est sorti en salles « Le cercle littéraire de Guernesey » réalisé par Mike Newell avec Lily James et Michiel Huisman. Un film adapté du roman épistolaire « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » écrit par Mary Ann Shaffer dont le succès est incontestable : à la sortie du film, le total des ventes dépassait sept millions d’exemplaires !
• les Éditions Diva Romance ont remis le prix de la meilleure romance 2018 à Laty Gétigney pour sa romance historique et épistolaire « Les lettres que je ne vous ai jamais envoyées ».
• le thème de la box Dans Ma Bulle du mois de juin des Editions Harlequin était la correspondance.

Et là nous nous sommes dit, non seulement le genre est toujours d’actualité, mais en plus de ça il est tendance !

D’ailleurs, il est encore plus tendance quand on prend le terme «épistolaire» dans son sens le plus large. A priori, c’est une notion plutôt restreinte, dont la définition tient en quelques mots «Qui est propre à la correspondance par lettre». Mais dans ce dossier, nous vous proposons d’élargir la définition en ne gardant que «Qui est propre à la correspondance» ! D’autant plus que la romance ajoute déjà ses règles hautement sélectives !

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler les règles du roman épistolaire, son fonctionnement et surtout ses effets. Et ensuite, nous verrons comment la romance s’est réapproprié le genre avec les deux grandes familles de la romance épistolaire : celle qui correspond à la définition la plus classique, et ensuite celle qui emploie des moyens de communication propres au web participatif.

 

Origines

C’est un genre aux origines lointaines, qu’il est difficile de situer dans le temps de façon précise parce qu’il est courant que les textes de fiction incluent des lettres, et cela depuis toujours. Ainsi, il est compliqué de dater le genre ou de parler de textes fondateurs qui, d’ailleurs, varient selon les uns et les autres. Toutefois, pour avoir une idée des origines, on peut citer quatre recueils de lettres fictives où, au demeurant, il est question d’amour :

• «Héroïdes» d’Ovide (20 mars 43 av. J.-C. - 17 ou 18 ap. J.-C.)
Héroïdes désigne un recueil de lettres écrites par des personnages historiques ou légendaires. Ces lettres des héroïnes de la fable s’adressent à leurs amants, fiancés ou maris : Phèdre à Hippolyte, Briséis à Achille, Didon à Enée, Hélène à Pâris...

• «Lettres d’Abélard et Héloïse» de Pierre Abélard (1079-1142)
Au XIIe siècle, Abélard, l’un des plus célèbres philosophes de son temps, séduit son élève Héloïse. Ils s’enfuient et vivent une intense passion physique et spirituelle. Déshonorée, la famille d’Héloïse surprend Abélard dans son sommeil et le castre. Ces lettres, souvent érotiques et toujours très émouvantes, écrites par les amants retirés dans un monastère, sont l’histoire de cette passion.

• «Lettres de la religieuse portugaise» initialement publiées anonymement puis attribuées à Gabriel Joseph de Lavergne Guilleragues (1669)
Attribuées à une religieuse portugaise, Marianna Alcoforado, ces cinq lettres racontent la rencontre d’un officier de marine français avec l’épistolière et leur
histoire d’amour. Depuis son couvent, celle-ci écrit à celui qui a su la séduire (alors que sa famille l’avait destinée à être religieuse), après qu’il l’a quittée et abandonnée. Révoltée, elle se bat contre ses sentiments et parvient à se détacher de lui.

Julie, ou La nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau (1761)
Ce roman épistolaire, exaltant l’amour et l’amitié, met en scène la passion de Julie d’Etanges, vouée à épouser contre son gré M. de Wolmar, et de Saint-Preux, son précepteur.

C’est à partir du 17ème siècle que le genre s’installe durablement dans le paysage littéraire et gagne en popularité. Au même moment, la France démocratise la communication postale avec notamment l’instauration de « maîtres de courriers » (directeurs régionaux) qui disposent de prérogatives pour protéger l’acheminement du courrier. Les charges des « maîtres de courriers » seront rachetées en 1672 par le marquis François Michel Le Telliern de Louvois, le surintendant général des postes, qui va alors créer la ferme générale des postes. Ainsi, il va centraliser le service et perfectionner les méthodes d’acheminement. Toutefois, le service ne s’adresse pas aux «petites gens». Jusqu’en 1760 où Claude Humbert Piarron de Chamousset (maître de la chambre des comptes, médecin, inventeur et philanthrope) va inventer la Petite Poste : un service de collecte et distribution des lettres à l’intérieur de Paris. La prestation s’étendra ensuite en province.

Coïncidence ? Je ne crois pas. L’actualité est toujours une source d’inspiration. Ainsi, le lien entre la popularité du roman épistolaire et l’amélioration des services postaux me semble assez évidente. D’ailleurs, dès lors le genre ne va cesser d’évoluer et de se métamorphoser en utilisant de nouveaux médias, pour les mêmes raisons : la démocratisation du mail, des réseaux sociaux et la mode des blogs par exemple.

 

Règles, fonctionnement et effets

Le roman épistolaire évolue. Il s’adapte aux nouveaux moyens de communication et aux nouveaux publics sans jamais trahir ses codes ! Des codes simples qui peuvent être exploités de mille et une manières, et surtout aux effets complexes.

On parle d’un roman épistolaire quand celuici est composé de, ou contient (nous verrons la nuance plus tard), une correspondance entretenue par une ou plusieurs personnes. En effet, il peut y avoir une pluralité des points de vue s’il y a un échange de correspondances entre les personnes, mais il peut également y avoir une correspondance entretenue seule, quand une personne s’exprime sans avoir de réponse en retour, ainsi le message est unilatéral.

Quel que soit le nombre de correspondants, la correspondance se fait toujours à la première personne du singulier. C’est le héros, ou l’héroïne, qui organise son récit comme il le souhaite. Le tour de force de l’auteur sera de multiplier les styles d’écriture pour donner de la véracité aux échanges entre les personnages, et surtout une impression de polyphonie avec le croisement des voix.

Toutes les lettres sont permises : celles qui racontent une action, un événement, celles qui s’épanchent sur les sentiments (questionnements existentiels, incertitudes amoureuses), celles qui dénoncent, celles qui manipulent.

Ainsi, le récit se construit sur la base de l’échange de lettres, toutefois, on peut distinguer deux procédés :
• Ceux dont la structure narrative est essentiellement assurée par un échange de lettres. Il n’y a pas de narration entre elles. Bien au contraire, elles sont séparées par une succession d’ellipses et c’est au lecteur de tricoter des ponts d’hypothèses entre elles. « (...) cette forme de récit oblige l’imagination du lecteur à un travail de reconstruction ».
• Ceux dont la structure narrative est classique et où une (ou plusieurs) lettre(s) s’intègre(nt) au récit de façon ponctuelle ou récurrente, pour prendre le relais de la narration.

Dans les deux cas, la lettre permet aux lecteurs de vivre une expérience d’identification aux réactions des personnages. Aux yeux du lecteur, elle fait office de bonus authenticité. « Le lecteur se trouve en prise directe sur les mots et les pensées avouées des personnages, et l’usage de la lettre fonctionne comme un puissant « effet de réel » ».

L’expérience de lecture d’une lettre dans un roman entraîne le lecteur dans un « présent » relatif. Il se retrouve dans le « présent d’écriture » de la lettre, alors que l’action rapportée peut appartenir au passé. Le décalage est souvent dû au temps de réception de la lettre, mais c’est aussi une ficelle que certains auteurs utilisent pour construire une histoire qui se joue sur plusieurs temporalités.
Cela dit, ce décalage disparaît complètement quand les auteurs utilisent les moyens de communication numérique (mails, SMS entre autres). D’ailleurs ils les utilisent pour jouer sur la réactivité et l’instantanéité des réactions !

La correspondance donne de l’authenticité au récit. Elle donne une touche de spontanéité à l’histoire. Avec les lettres, tous les revirements sont possibles. Notamment parce que la communication est une action qui peut se révéler épineuse. Les lettres n’y échappent pas : chaque prise de parole laisse la liberté aux héros d’utiliser ce temps comme ils le souhaitent, pour dire leur vérité, mais aussi leurs mensonges. Tous les problèmes de la communication indirecte se transposent ici : les malentendus, les interprétations... L’effet de surprise est garanti parce que nul n’est omniscient dans un roman épistolaire.

C’est aux lecteurs de faire le tri dans les informations qui lui sont données par les personnages, à lui de se faire son opinion. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce type de roman : permettre au lecteur de découvrir une multiplicité de points de vue sur une situation ou sur un événement. Suivre une discussion où chaque participant est obligé de laisser l’autre développer son propos. C’est une véritable aubaine pour les esprits curieux et (un peu) voyeurs ! « [...] les plaisirs du récit s’en trouvent virtuellement accrus : aux attraits usuels du roman s’ajoutent ici ceux de la situation de voyeurisme, de l’authenticité apparente et de la difficulté formelle ».

Le roman épistolaire est un genre qui, à n’en pas douter, entraîne dans l’expérience de lecture une certaine intensité ! Alors quand on y ajoute des intrigues amoureuses, autant dire qu’il est compliqué de s’en remettre.

 

Correspondances & romantisme

Les quatre textes fondateurs du genre ont une portée romantique, vous l’aviez noté ? Autant vous dire que trouver des romances épistolaires a été plus que facile. Tellement facile que la partie compliquée a été de vous proposer une sélection de qualité ! Comme pour l’article que j’avais eu l’occasion de rédiger sur « La bande dessinée et la Romance » : Évidemment, cette liste ne se veut pas exhaustive. D’ailleurs, son aspect subjectif est entièrement assumé. Ici, nous vous présenterons les deux grandes familles de la romance épistolaire :
• celles qui correspondent à la définition la plus classique, autrement dit la romance à base de correspondance via différents médias (lettres, mails, SMS entre autres),
• celles qui emploient des moyens de communication propre au web participatif notamment via les blogs et les réseaux sociaux.

Il existe une troisième famille, dont nous ne parlerons pas aujourd’hui : celle dont les échanges sont ouvertement unilatéraux, autrement dit qui s’adresse au narrateur luimême via les carnets intimes par exemple. Le sujet est tellement vaste qu’il mérite d’être à l’honneur à lui tout seul.

 

La correspondance : Classique

Parlons classique, mais parlons peu. La production de titres de romance contemporaine est telle que j’ai décidé de ne pas vous assommer avec des classiques. Ainsi, je n’en ai sélectionné que deux, mais ils méritent toute votre attention :

Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos (1782)
Paru en 1782, ce chef-d’oeuvre épistolaire met en scène deux aristocrates libertins, cyniques et calculateurs, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, dont le passe-temps favori est de pervertir et manipuler. À la fin de leur liaison, ils signent un pacte d’inviolable amitié. Au nom de celui-ci Mme de Merteuil demande à Valmont de séduire la jeune, innocente et candide Cécile de Volanges, fiancée à son ex-favori, M. de Bastide. Ils souhaitent répandre autour d’eux une vision de l’amour où les sentiments n’ont pas leur place, pourtant Valmont tombe sous le charme de la vertueuse Mme de Tourvel qu’il entreprend de séduire.

Ce roman épistolaire mêlant amour, passion et manipulation est avant tout un roman de moeurs, qui a été considéré scandaleux pendant longtemps. D’ailleurs, il a été frappé de condamnation morale et cessa d’être réédité durant une partie du XIXe siècle.

Il y a dans ce roman une véritable virtuosité d’écriture où l’échange de lettres est finement orchestré. L’auteur alterne les expéditeurs et les destinataires, il multiplie aussi les types de lettres entre les missives qui rapportent des événements et les lettres d’épanchements émotionnels, cela donne une dynamique incroyable au récit. Entretenue par les effets de style avec des répétitions, des parallélismes, des échos, ou au contraire des contrastes. S’ajoutent à cela les pouvoirs de nos héros : la manipulation, l’ambiguïté et l’hypocrisie ! Ainsi, on découvre la manière dont ils changent de ton et même de discours selon leurs interlocuteurs. Ils manient le langage brillamment : ils séduisent et trahissent avec leurs lettres, et ainsi ils vont jusqu’à détourner la fonction principale de celles-ci, informer !
Ici, la lettre permet au lecteur d’être au coeur des intrigues, de les vivre de l’intérieur, de découvrir pas à pas les tenants et aboutissants des démarches de chaque personnage. Ici, le voyeurisme est poussé à son paroxysme et c’est certainement ce qui a fait l’incroyable succès de ce roman.

 

84, Charing Cross Road de Helene Hanff (1970)
Ce titre a mis trente-et-un ans pour bénéficier d’une traduction française. C’est surprenant que même l’adaptation cinématographique de David Hugh Jones en 1987, avec Anne Bancroft et Anthony Hopkins dans les rôles principaux, n’ait pas accéléré les choses ! Ce roman rassemble la correspondance entretenue à partir de 1949, et pendant vingt ans, entre Helene Hanff, une scénariste new-yorkaise et (principalement) Frank Doel, un employé de la librairie Marks & Co., située au 84 de la rue Charing Cross à Londres. Une librairie spécialisée dans la recherche de livres anciens et épuisés.

L’échange est à l’initiative d’Helene qui, suite à la découverte d’une petite annonce dans un journal, fait une demande de recherche d’ouvrages introuvables. C’est Frank qui se charge de lui répondre, et rapidement il va devenir son interlocuteur privilégié. Initialement les livres font l’objet de l’échange, mais rapidement leurs lettres changent de ton et prennent une tournure plus familière, et même intime. De l’amitié à l’amour il n’y a qu’un pas. On découvre petit à petit leurs personnalités, mais aussi les petits et grands événements de leurs vies, qu’ils se partagent. Ainsi, Helene va envoyer des colis alimentaires à la famille de Frank quand Londres sera soumise à un rationnement sévère.

Ici les lettres permettent aux deux correspondants de se dévoiler en douceur, pas à pas. Ils vont partager une amitié sincère, et peut-être davantage. Le lecteur est aux premières loges pour voir leur relation évoluer, et ce sera l’occasion pour lui de grappiller mille et une recommandations de lecture de ces deux passionnés de littérature anglaise.

 

La correspondance : Contemporain

Je vais tenter dans cette nouvelle rubrique de vous parler de quelques titres, sélectionnés avec soin, qui utilisent la correspondance, toujours selon les deux pratiques du roman épistolaire : (*) Ceux dont la structure narrative est essentiellement assurée par un échange et (#) ceux dont la structure narrative est classique et où une (ou plusieurs) lettre(s) s’intègre(nt) au récit, de façon ponctuelle ou récurrente, pour prendre le relais de la narration.

Dans les romances contemporaines, la correspondance est omniprésente. On voit de plus en plus apparaître des échanges de post-it, de SMS ou de mails. De plus, les auteurs multiplient dans un même roman les médias qui permettent à leurs personnages de communiquer. Je vais tenter de distinguer les romances selon le média qui est majoritairement utilisé dans les échanges.

 

Les lettres
Commençons par le commencement : la lettre !

(*) Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates
Mary Ann Shaffer (1934-2008) et Annie Barrows
NIL 02/04/2009

Janvier 1946. Londres se relève des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d’un inconnu, un natif de l’île de Guernesey, va le lui fournir ? Un roman épistolaire qui  révèle l’histoire de l’île, et l’impact de l’occupation allemande sur ses habitants. Premier roman.

Avis : Un roman instructif, touchant et drôle sur la Seconde Guerre mondiale du point de vue des Britanniques, mais pas seulement. On s’attache rapidement aux personnages, dont les caractères ont été construits avec beaucoup de génie par l’auteur. Loin des clichés et des lourdeurs ! Chacun prend la parole à tour de rôle, comme une conversation multiple hautement intéressante.

Utilisation de la correspondance : le roman est essentiellement composé d’échanges de lettres, dont les expéditeurs sont nombreux. Le style épistolaire de l’histoire lui donne un côté vivant et humainement réaliste. On a l’impression de lire vite, d’avancer dans le temps avec les personnages. Il y a un côté addictif qui se met en place, pour savoir comment va se dérouler la suite. Surtout que cette correspondance avec l’île a commencé de façon presque magique, et que cela nous donne un côté très voyeur... Certains apprécient, et j’en fais partie.

Paroles de l’auteur : « Mary Ann Shaffer m’a dit un jour qu’elle avait choisi cette forme parce qu’elle pensait que ce serait plus facile que d’écrire un récit d’un seul tenant. La plupart des écrivains penseraient que c’est une idée complètement folle, mais je comprends ce qu’elle voulait dire : faire entendre toutes ces voix était vraiment un énorme plaisir. Quand on en avait assez d’un personnage, il suffisait de claquer un «Cordialement» à la fin de la lettre et de passer à la suivante ! J’ajouterais aussi que Mary Ann et moi adorions lire des lettres écrites par d’autres gens : d’un point de vue moral, c’est sans doute un peu «limite», mais ça procure d’énormes satisfactions ! » Annie Barrows

Bonus : Adaptation cinématographique, Le cercle littéraire de Guernesey est un film réalisé par Mike Newell avec Lily James, Michiel Huisman.

 

(*) L’élixir d’amour
Eric-Emmanuel Schmitt
Albin Michel
30/04/2014

Louise et Adam, séparés par des milliers de kilomètres, entretiennent une relation épistolaire au cours de laquelle ils se lancent un défi : rendre quelqu’un fou amoureux. Ce faisant, ils s’interrogent sur le mystère des attirances et des sentiments, tout en ravivant les blessures du passé.

Avis : Alors que Louise et Adam viennent de se séparer, une séparation tellement difficile que Louise a dû s’exiler sur un autre continent, Adam lui envoie une lettre. Pour la reconquérir, mais pas en amour, en amitié. Il commence par une lettre qui restera sans réponse, suivie de deux mails, avant que Louise ne prenne la parole. À partir de là, ils vont échanger quasi quotidiennement sur des questions existentielles de la vie, à la recherche de la recette de l’amour. D’ailleurs, cette recette ils vont se mettre au défi de la trouver en premier ! C’est un échange très intéressant, plein de philosophie et de choses à retenir. On reconnaît sans mal la philosophie positive de l’auteur, on reconnaît également sa fine écriture.

Utilisation de la correspondance : Ici encore l’ensemble du récit est porté par la correspondance des deux héros. L’alternance mail / lettre donne une cadence très rapide à l’histoire. Une cadence qui s’accélère dans les dernières pages, avec un sentiment d’urgence qui s’installe quand les manipulations commencent à pointer le bout de leur nez. Le lecteur est le premier à être manipulé, lui qui pense tout savoir est ramené à sa position de voyeur, à qui on n’a montré que ce qu’on voulait ! On l’a dit précédemment, tous les revirements sont possibles avec une lettre, et il faut dire que la dernière lettre de ce roman est cruciale !

Paroles de l’auteur : « À notre époque on s’écrit beaucoup en fait, grâce aux SMS et grâce aux courriels, et Adam et Louise ont une correspondance qui est une correspondance par ordinateur, et du coup c’est une correspondance où parfois une phrase répond à une autre, comme dans une conversation qui se passerait à des milliers de kilomètres. Et donc je me suis dit : tiens, je vais profiter du fait qu’aujourd’hui on peut avoir à la fois le charme classique d’une lettre bien construite, et puis la notion moderne d’un échange très très rapide, avec questions-réponses dans la seconde. » Eric-Emmanuel Schmitt

Bonus : Adaptation théâtrale.

 

(#) La bibliothèque des coeurs cabossés
Katarina Bivald
Denoël
15/01/2015

Sara Lindqvist, vingt-huit ans, habite Haninge en Suède. Amy Harris, soixante-cinq ans, vit dans l’Iowa. Suite à un échange épistolaire de deux années, la jeune femme se décide à rendre visite à Amy, mais à son arrivée, elle apprend avec stupeur son décès. Perdue dans la petite ville américaine de Broken Wheel, elle rencontre plusieurs personnes qui l’aident à monter une librairie.

Avis : Ce livre, c’est une merveille ! Les destins de Sara et Amy se croisent un peu par hasard, grâce à une transaction de livre ! Enfin, elles ne se croisent pas vraiment, l’une vit aux USA et l’autre en Suède, il s’agit d’une rencontre virtuelle. Depuis, elles partagent une correspondance. Elles échangent leurs avis de lecture, s’envoient des titres appréciés et parlent de tout et de rien. Pour pousser leur complicité encore plus loin, elles décident d’organiser une rencontre IRL. Sara débarque alors aux USA, sans véritables attentes. Elle est là pour rencontrer Amy, faire le tour de la ville qui ne compte que trois rues, se reposer, lire et discuter de leurs lectures communes. C’est un chouette projet, seulement tout ne se déroule pas comme prévu. Un imprévu de taille va bouleverser son séjour. Ça démarre par le pire, mais c’est pour le meilleur !

Utilisation de la correspondance : La construction du roman est vraiment très intelligente, le lecteur suit en parallèle les lettres rédigées par Amy à l’intention de Sara et le séjour de Sara à Broken Wheel. Souvent, les lettres d’Amy donnent un éclairage sur les personnes que croise Sara, sur les traits de leurs personnalités, sur leurs passés. Sara va devoir se faire une petite place dans le quotidien des habitants, le temps de son séjour. Elle est aidée par la correspondance d’Amy, alors que le lecteur, lui, découvre tout dans la foulée.

 

(#) A tous les garçons que j’ai aimés...
Jenny Han
Panini Books
17/05/2017
Les amours de Lara Jean, tome 1

Pour chaque garçon qu’elle a aimé, Lara Jean Song a écrit une lettre révélant ses sentiments. Ces lettres sont restées secrètes dans une boîte à chapeau, jusqu’au jour où quelqu’un les poste toutes en même temps, obligeant Lara à affronter son passé amoureux.

Avis : Lara Jean est issue d’une famille américano-coréenne, elle a deux soeurs : une grande, Margot, et une petite, Kitty. Elle est sérieuse, gentille, timide et un peu farfelue. Elle a des amis sans pour autant être populaire. Tout va pour le mieux dans sa vie. Toutefois, elle s’apprête à réorganiser son quotidien en raison du départ de Margot pour l’université. Elle va devoir gérer le vide laissé par le départ de sa soeur. S’ajoute à cela un pépin qu’elle aurait préféré s’éviter : les lettres d’amour qu’elle écrit secrètement depuis des années ont été envoyées à chacun de ses béguins. Elle va gérer la situation avec brio ! Elle va prendre le taureau par les cornes et faire en sorte de se sortir de cette situation le plus dignement possible.

Utilisation de la correspondance : Ici les lettres sont le moteur de l’intrigue. Elles font office d’éléments perturbateurs dans le quotidien doux et routinier de l’héroïne. Elles font l’objet de mille et une questions : Qui sont les béguins de Lara ? Que contiennent les lettres ? Comment va réagir le destinataire à la réception de la lettre ? Comment Lara va contenir la situation ? Qui est le prochain à recevoir la lettre ? Un enchaînement de questions qui rend la lecture addictive et empressée.

Bonus : Adaptation série Netflix (à partir du 17 août 2018).

 

(#) Il était une lettre
Kathryn Hughes
Calmann-Lévy
03/02/2016

Malheureuse au sein de son couple, Tina se réfugie souvent dans la boutique où elle est bénévole. Dans un vieux costume, elle découvre une lettre datant de 1939, qui contenait une demande en mariage. Elle décide de mener l’enquête pour découvrir l’histoire de la destinataire et la retrouver.

Avis : Une ville, Manchester, deux époques, deux histoires et un chassé-croisé d’intrigues d’une tristesse redoutable. Des coïncidences malheureuses, des situations odieuses, des comportements détestables... une spirale de tristesse et des personnages qui veulent s’en sortir. J’ai retenu mon souffle jusqu’à la dernière page. Quel roman, quelle force ! Il commence en 1973 avec l’histoire de Tina, une jeune femme malheureuse en ménage, et même plus : en danger. Aveuglée par les sentiments qu’elle porte à Rick, elle lui trouve toujours une nouvelle excuse, et lui en profite toujours un peu plus. Par un heureux hasard, elle tombe sur une lettre d’excuses et surtout d’amour datant de 1939, jamais postée, jamais ouverte, destinée à une certaine Chrissie. Elle va tout faire pour en savoir plus et, pourquoi pas, remettre la lettre à sa destinataire. D’une certaine façon elle va s’évader de son sombre quotidien en menant l’enquête.

Utilisation de la correspondance : Le coeur de l’intrigue repose sur la découverte d’une seule lettre. Une lettre qui va bouleverser le quotidien de notre héroïne. Narrativement, cette lettre permet à l’auteur de baser son histoire sur deux temporalités différentes, et ainsi de développer deux intrigues indépendantes dans le même roman. Elle le fait sans perdre le lecteur, qui ne peut que dévorer le roman, tant l’alternance est bien maîtrisée.

 

(#) Mariage à l’écossaise
Tessa Dare
J’ai lu
05/10/2016
Les héritières, Tome 3

Maddie est maladivement timide. Pour échapper aux mondanités londoniennes, elle s’invente un époux dans l’armée écossaise. Mais elle ignore que ce Logan MacKenzie existe réellement, et qu’il est bien décidé à officialiser leur union.

Avis : Pour échapper aux mondanités londoniennes, Maddie s’invente un fiancé dans l’armée écossaise, à qui elle écrit des lettres enflammées et savoureuses, pleines de confidences aussi. Une correspondance sans réponse, a priori rien de plus normal. Bon, le faux petit ami, on a presque l’habitude... Le tour de force de l’auteur ? Ce capitaine de l’armée, qu’elle pense avoir inventé, ce Logan MacKenzie : il existe réellement, il a bien reçu ses lettres, et il est décidé à officialiser leur union ! Quand elle réalise qu’elle est piégée dans son mensonge et qu’elle ne va pas s’en sortir sans se battre férocement, l’intrigue prend une tournure délicieuse. À partir de là, l’histoire se joue à coup de malentendus et de quiproquos, de mensonges et de manipulations ! Le roman est truculent.

Utilisation de la correspondance : Dans ce roman la correspondance unilatérale permet à son auteur de se lâcher ! Écrire avec l’idée de ne jamais être lu donne un sentiment féroce de liberté. C’est ce que ressent Maddie ! Cette jeune femme maladivement timide, qui ose à peine regarder les gens dans les yeux, se permet toutes les folies dans ses lettres. Elle s’autorise des envolées lyriques, des tirades amoureuses. Elle s’épanche en confidences, se dévoile sans filtre, sans retenue. Quand elle découvre que quelqu’un a lu ses lettres, c’est le début de l’embarras... mais elle n’aura pas le temps de se morfondre.

 

(#) Accords & désaccords
Fabiola Chenet
01/04/2018

Ambre ne supporte pas Tom, son voisin, et pour cause, c’est un connard prétentieux ! Lors de leur première rencontre, plutôt que de la saluer, il lui a fait une proposition salace. Depuis, elle l’évite autant que possible, mais c’est compliqué, d’autant qu’il a l’air de bien connaître ses habitudes. Tom a flashé sur Ambre la première fois qu’il l’a vue. Mais depuis qu’une remarque maladroite lui a échappé, elle le snobe. C’est compliqué de la séduire dans ces conditions, mais il veut une chance de se rattraper. A coups de lettres et de SMS, Tom finit par abattre ses défenses. Mais quand on cache quelque chose d’important à celle qui partage ses nuits, on risque aussi de la voir s’échapper.

Avis : C’est l’histoire d’Ambre et Tom, deux voisins qui se croisent quotidiennement sans échanger. Et puis Tom se lance et rate sa chance de faire une bonne première impression. À partir de là il va tenter de rattraper les choses et, pour cela, ce parolier habile avec les mots va user de son pouvoir et écrire des lettres à Ambre. L’intrigue est douce et classique, avec des rebondissements et des revirements de situation réalistes. Ici pas de place aux drames en pagaille, aux passés dévastateurs, aux secrets insurmontables : c’est rafraîchissant ! L’auteur a le souci de bien faire les choses, ainsi il n’y a aucune incohérence, aucunes ramifications hasardeuses dans les intrigues. Les actions des uns et des autres sont toujours amenées avec intelligence. C’est d’ailleurs cette même intelligence qui se révèle dans les échanges entre les personnages, avec une volonté certaine de distinguer les temps de parole écrits et oraux.

Utilisation de la correspondance : Ici, la correspondance permet aux personnages de prendre le temps de se dire les choses, et surtout de s’écouter. Vu leur première rencontre, Ambre n’imagine pas une seconde redonner du temps de parole à Tom, et justement la lettre, glissée sous sa porte, lui donne l’occasion de l’écouter à sa guise, quand elle le souhaitera. Ces échanges vont devenir leur soupape de discussion, si Ambre n’est pas encore prête à écouter Tom, elle peut le lire et lui répondre, jusqu’à réussir à chasser les paroles de leur première rencontre. Les échanges écrits donnent de la liberté aux personnages, d’un côté l’expéditeur a le temps de composer son message, de le reprendre, de le modifier, de le recommencer autant de fois qu’il le souhaite, et de l’autre le destinataire a le choix du moment auquel il va le lire. Des aspects impensables dans une conversation menée en face à face.

Paroles de l’auteur : « J’ai inclus un échange de lettres entre les héros au moment où il a fallu que je réfléchisse à un moyen de communication entre eux au début du livre. En effet, Tom avait complètement bâclé leur première rencontre et il n’avait pas de moyen de rétablir la communication. D’une part parce qu’Ambre ne voulait plus lui parler, et d’autre part parce qu’il n’avait pas son numéro de téléphone. Même si on est dans une ère où Internet a une grande place, il ne faut pas oublier les modes de communication de base et les lettres en font partie. Et parce qu’à chaque fois que je pense “épistolaire”, j’ai dans la tête le roman Les liaisons dangereuses, je l’ai cité dans mon livre. En tout cas, je peux dire que j’ai bien aimé les écrire, on ne dirait pas comme ça, mais les lettres peuvent être vraiment très enflammées. LOL »

 

(#) 16 ways to break a heart
Lauren Strasnick
Harlequin
04/04/2018

Natalie le sait, entre Dan et elle, c’est terminé. À force de disputes explosives, de non-dits jamais élucidés et d’un millier de petites choses jamais vraiment pardonnées, il ne reste plus rien de leur histoire passionnelle. Plus rien, ou presque. Car aujourd’hui est un jour spécial pour la carrière de jeune réalisateur de Dan, et Natalie lui a écrit seize lettres. Seize lettres dans lesquelles elle se révèle amoureuse, toujours, mais brisée. Et surtout déterminée à faire savoir à Dan à quel point il l’a blessée…

Avis : Natalie et Dan se sont séparés, bon gré mal gré. Un peu comme leur relation, leur séparation n’est pas tout à fait limpide. Il faut dire qu’après quelques semaines idylliques, leur relation est devenue explosive, pour ne pas dire toxique. C’est d’ailleurs à ce propos que Natalie décide d’écrire à Dan. Elle va revenir dans ses lettres sur des épisodes clés des mois qu’ils ont passés ensemble, et  les décrypter avec soin. Sans acculer Dan, elle n’oublie pas de se remettre en question et d’avoirun avis très critique sur le mal qu’ils se sont fait l’un à l’autre. C’est une lecture mordante, qui se termine en apothéose.

Utilisation de la correspondance : Il s’agit ici d’un échange unilatéral, seule Natalie écrit des lettres. Toutefois, le lecteur assiste aux lectures de Dan et découvre ainsi ses réactions et son avis sur la vision des choses de Natalie. Avec eux on découvre qu’une situation a toujours plusieurs facettes, que le jugement est facile et que rien n’est blanc ou noir ! Évidemment on avance dans cette lecture en se demandant comment cette succession de griefs peut se boucler. Et je dois avouer que la fin est surprenante et à la hauteur.

 

(#) Hate to love
Penelope Douglas
Harlequin
02/11/2017

Depuis plus de sept ans, Misha et Ryen échangent des lettres. Des lettres dans lesquelles ils se racontent, se livrent, se soutiennent. Une seule règle : ne jamais chercher à se rencontrer. Un interdit qui a convenu à Misha pendant toutes ces années. Il n’a pas besoin de connaître le visage de Ryen pour qu’elle soit sa muse, son inspiration, celle pour qui il écrit ses chansons et, quelque part, son âme soeur. Mais un soir il croise une jeune fille dont les goûts excentriques se rapprochent un peu trop de ceux que Ryen lui a décrits dans ses lettres pour que ce soit une coïncidence… Et alors, face à cette jeune fille d’une beauté solaire, renversante, Misha n’a aucun doute : il sait que c’est elle. Maintenant, impossible de résister, il doit s’approcher. Quitte à ne jamais révéler à Ryen qui il est vraiment. Et quitte à découvrir une Ryen bien différente de l’idéal qu’il s’était imaginé.

Avis : L’histoire est très, très, originale ! Elle est portée par un secret qui pèse sur les épaules d’un des personnages... et à partir de là commence une course vers la vérité. Une course qui rend la lecture addictive. C’est un roman très intelligent sur le poids des apparences, sur la réalisation de soi en tant qu’ados, sur le harcèlement et les relations d’amitié corrompues par l’hypocrisie.

Utilisation de la correspondance : Dans l’échange entre Misha et Ryen, la nouveauté par rapport aux exemples qu’on vient de voir, c’est qu’ici l’un des personnages profite de l’échange pour se réinventer. Il profite de l’absence de contact physique avec l’autre pour s’inventer une personnalité, un quotidien et une routine plus reluisants que la vérité. Il y a dans cette correspondance tout l’intérêt d’une conversation avec un inconnu, et on y ajoute le plaisir d’accommoder la réalité.

 

(#) Colocs (et rien d’autre)
Emily Blaine
Harlequin
02/03/2016

Depuis que le séduisant Ben a remplacé son amie Maddie comme colocataire, Ashley oscille entre l’espoir d’avoir enfin trouvé l’homme idéal et une intuition qui lui souffle qu’ils doivent rester amis. Ce dernier, quant à lui, semble avoir fait son choix.

Avis : Quel plaisir de retrouver la petite bande de Maddie, Connor, Sophia et Austin et leur loft de Chicago. Dans ce tome, on suit Ben (gentleman aux cheveux bleus) et Ashley (Hurricane Ashley), installés dans une routine de colocation douce et tranquille... en apparence. Chacun refoulant son attirance pour l’autre. Jusqu’à ce qu’ils se confrontent ! On s’attache irrémédiablement à Ben, le mec sympa par excellence, chevaleresque, timide, charmant et rougissant. Face à lui Ash la farfelue, la pétillante. Chaque fois qu’elle ouvre la bouche on glousse, on ne peut que l’adorer. Elle est indépendante, drôle, imprévisible, incorrigible. Elle est vraiment chouette. De chapitre en chapitre, leurs voix alternent. L’auteur nous fait passer par plus d’une émotion : c’est tour à tour drôle, épuisant, énervant, touchant... et tout ça en même temps.

Utilisation de la correspondance : La particularité des échanges dans ce roman c’est qu’ils se font sur des post-it ! Ici, les personnages les utilisent pour se passer des informations (sérieuses ou non). Ils sont contraints par le format, cela les oblige à être brefs et efficaces, ou alors à multiplier les post-it et instaurer un système de lecture pour que l’autre s’y retrouve.

 

Plus de titres :
Les Feller de Susanna Fogel ; Les lettres que je ne vous ai jamais envoyées de Latie Gétigney ; PS : I like you de Kasie West ; Lignes de vie de Samantha Bailly ; Les Hathaway, Tome 5 : L’amour l’après-midi de Lisa Kleypas ; Quand l’amour s’invite à Noël de Tara Taylor Quinn ; Un mari par procuration de Jude Deveraux ; Dear you d’Emily Blaine, Cher John de Nicholas Sparks...

 

La suite de l'article http://www.lesromantiques.com/?a=1026/Dossier-La-romance-epistolaire-partie-2

 


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