Le site francophone dédié au roman féminin

Romance historique : Choisir son cadre

13/07/2018

L’une des conférences du Festival du Roman Féminin 2018 avait pour thème Choisir son cadre historique et y placer ses personnages. Animée par Fabiola Chenet, elle réunissait Lhattie Haniel, Ena Fitzbel, Penny Watson Webb et Sabrina Jeffries. Chacune était chargée de choisir l’un de ses titres, de le présenter et d’expliquer comment elle avait choisi ce cadre historique et ces personnages, et de préciser s’il contenait des personnages ayant réellement existé et comment elle avait réussi à les intégrer à l’histoire.

 

Ena Fitzbel :

Je vais vous parler de « Sous le ciel de Nout », une romance historique qui se déroule en 1882 et aussi en -1550. Mes personnages sont anglais, mais l’action ne se passe pas en Angleterre, plutôt en Egypte. Le futur duc a été mis face à un choix dix ans plus tôt : soit s’exiler, soit se marier avec la cousine qu’il avait mise enceinte. Il a choisi de suivre son meilleur ami, ainsi que le père de celuici, sur un chantier de fouilles en Egypte. Pourquoi ai-je choisi 1882 ? Avril 1882. Parce qu’en Egypte nous sommes à six mois d’une insurrection nationaliste menée par Urabi Pacha, qui va essayer de chasser anglais et français de son pays. En avril 1882, nous avons encore un royaume avec un roi égyptien sous tutelle ottomane, mais depuis 1800 avec Napoléon Ier et les guerres menées contre les anglais, les européens se disputent ce pays parce qu’il est stratégique. Nous avons le canal de Suez, qui a été terminé vers 1860 mais dont les travaux ont continué, qui est donc un enjeu. Et ce canal de Suez va nous faire suer, entre guillemets, jusqu’en 1956, date de sa nationalisation par Nasser, car les parts détenues dans cette affaire – alors je rappelle que le canal de Suez sert à acheminer plus rapidement les marchandises depuis l’Asie vers l’Europe – eh bien en 1882 l’Egypte n’a plus aucune part. Ce sont les anglais qui les détiennent.

Donc je me sers de cette période pour le climat politique, mais aussi parce qu’en 1882 nous sommes un an après la mort d’Auguste Mariette. Il faut savoir que depuis Napoléon Ier l’égyptologie, donc les fouilles en Egypte, c’est une affaire française. Le service des antiquités égyptiennes est tenu par un français, qui est certes un fonctionnaire égyptien, mais a droit de regard sur tout ce que vous sortez du territoire, il peut même vous le confisquer. Et avant sa mort, c’est-àdire jusqu’en 1881, les égyptologues étaient exclusivement français. Si vous étiez anglais, italien ou allemand, vous ne pouviez travailler sur le sol égyptien qu’intégré dans une équipe française. Après 1881 et la mort d’Auguste Mariette, Gaston Maspero le remplace et lui est plus ouvert à céder des concessions de fouilles. C’est pour ça que le futur duc Timothy peut s’inscrire dans une recherche sur le sol égyptien. Avant, ce n’était pas possible.

J’ai donc une histoire qui a lieu en 1882, mais mes personnages vont être amenés à trouver une amulette, c’est-à-dire un objet dont les habitants de l’ancienne Egypte se servaient pour repousser le mauvais sort et se protéger des affres du pays. Donc ils trouvent cette amulette, qui est parée de magie et va les transporter en -1550.

Pourquoi je vais me servir de cette époque ? Là encore parce qu’il y a une reine méconnue de l’histoire qui va jouer un rôle dans mon roman. Elle s’appelle Maïatie, c’est la fille mais également l’épouse d’Akhenaton, ce pharaon qu’on une religion unique à son peuple. Et donc Maïatie a régné trois ans, juste avant Toutankhamon, ce pharaon que vous connaissez aussi pour avoir légué à notre civilisation ce fabuleux trésor qui est maintenant au British Museum. Je me suis servie de personnages, vous n’aurez pas Toutankhamon dans mon roman, mais il y a Maïatie. J’ai aussi introduit le contexte de l’époque.

Donc je reviens à 1882, le contexte de l’époque c’est une Egypte très développée, avec des lignes télégraphiques, quand vous êtes au Caire vous pouvez envoyer un message à votre cousin en Angleterre et, grâce à des fils qui ont été tirés sous la Méditerranée, votre cousin saura que c’est son anniversaire. Il y a aussi des lignes de chemin de fer qui desservent le sud de l’Egypte, et le canal de Suez.

Ce roman m’a demandé énormément de recherches. J’ai dû pour la période -1550 creuser dans ma passion, parce qu’avant d’être ingénieur je voulais être égyptologue, donc j’avais appris la langue des hiéroglyphes, mais comme ça ne servait à rien j’ai abandonné, à un moment donné je ne parlais plus avec personne.

Et donc pour la période 1882 je me suis servie de la passion de grands écrivains, de gens cultivés qui ont laissé des traces écrites sous forme épistolaire. Je pense à Flaubert, qui vous le savez a écrit Salammbô, un grand roman qui parle des guerres puniques au temps des Cathares. Sauf qu’il voulait en fait écrire un grand roman sur l’Egypte, mais Théophile Gautier l’a devancé avec « Le roman de la momie ». A cause de Théophile Gautier il n’a pas pu écrire son roman sur l’Egypte, mais il a fait un grand voyage sur une gange, c’était la grande mode chez les européens un peu fortunés. Ils louaient une gange, un bateau à fond plat assez grand pour héberger une dizaine de personnes, plus quatre ou cinq membres d’équipage. Et il a laissé une correspondance où il décrit la situation du pays.

Il y a aussi une sorte de Guide du Routard de l’époque, que j’ai trouvé à la Bibliothèque Nationale de France, qui se présente sous forme de lettres, chaque fois qu’il passe à un endroit il décrit comment est le pays, et là aussi ça m’a beaucoup servi.

Fabiola Chenet : Juste une petite question. Combien de temps ça t’a pris entre les recherches et l’écriture du manuscrit, pour finir entièrement cette histoire ?

Ena Fitzbel : En tout j’ai mis huit mois, mais j’ai une méthode un peu originale d’écriture. Je démarre avec la trame romantique, et au fur et à mesure que j’avance je tricote avec l’histoire, c’est-à-dire que j’ai un processus d’écriture qui n’arrête jamais. Je ne peux pas arrêter de le faire.

 

Lhattie Haniel :

Alors moi ce qui est étonnant c’est que je vais parler de Violet Templeton, et l’époque c’est avril 1882. L’année c’est vraiment le pur hasard, mais toutes les lectrices qui me suivent savent que j’utilise pratiquement pour toutes les introductions de mes livres le 7 avril, tout simplement parce que c’est la date anniversaire de ma mère, et je commence toutes mes rencontres le 7 avril. Sauf la romance sur le Titanic, parce que j’allais trop directement, ils étaient déjà morts avant de commencer, j’ai donc débuté en novembre. Mais sinon toutes mes introductions, tous mes prologues commencent le 7 avril.

Là en l’occurrence Violet c’est à l’Epoque Victorienne. Moi je suis moins dans la recherche historique et plus dans la trame de l’humain, c’est-à-dire de la femme à l’époque donnée. Je recherche plus les attraits de la femme vivante, pas le côté passé, donc mes recherches sont totalement différentes. Il y a bien sûr de la recherche historique, évidemment, mais c’est plus sur la condition de la femme à l’époque.

Donc Violet Templeton est une femme de vingt-sept ans qui n’est toujours pas mariée, qui veut rester libre, et n’est pas du tout une coureuse d’hommes. Elle est plutôt assez aisée et vit en France avec sa maman. C’est une anglaise à la base, elle vit en France depuis son enfance, et depuis toute petite c’est une chipie. Par exemple, quand sa mère lui dit d’aller là, elle lui dit oui, et elle n’y va pas. Toute cette période où elle se laisse entrainer par son humeur, son enthousiasme, elle écrit un journal, et pendant ses dix-sept premières années elle est constamment réactive dans sa façon d’être, mais toujours avec bienséance et respect des parents. Entretemps elle perd son papa, et il y a le côté dur de rester avec un manque, car elle l’aimait énormément. Et elle a un toc, c’est une chapardeuse. Mais c’est un toc, elle n’a pas besoin de piquer quoi que ce soit, mais elle ne peut pas s’en empêcher. Un truc qui brille ou qui lui plait, elle le prend sans même s’en rendre compte.

Elle rencontre à cette époque-là un jeune homme, parce que sa maman retourne en Angleterre. On est dans l’Epoque Victorienne et la famille compte autant que ce qui se passait en France, mais les hautes sphères sont très conditionnées par la famille et le respect de tout ce qui s’ensuit. Donc un jour elle se rend chez les Sommerfold, qui sont la famille amie de la maman, sa copine d’enfance. Elles étaient toutes les deux en pensionnat en Angleterre, puis la maman est partie en France vivre avec son nouveau mari. Et quand elle revient en Angleterre elle revoit sa copine d’enfance, et toutes les deux ont un enfant, Edward, qui a vingt ans, et Violet, qui en a presque dix-sept et ne peut s’empêcher de chaparder. Toujours dans ce contexte d’époque, lui est scolarisé à Eton et ne sort que pendant les vacances. Elle n’a pas encore dix-sept ans et n’a pas le droit d’assister aux soirées, mais il est hors de question qu’elle accepte la chose, donc par des détours elle arrive à se retrouver pas loin de la salle, et se fait surprendre par Edward. Elle a seize/dix-sept ans et, à cette époque-là, c’est une jeune fille qui ressemble à une jeune femme, et lui est un jeune homme de vingt ans, donc il se passe quelque chose, un peu comme aujourd’hui d’ailleurs, ce n’est pas que d’époque. Evidemment la bienséance les retient, mais il y a un petit jeu qui se met en place et puis ça s’arrête. Elle lui donne un faux nom. Elle repart chez elle, et tout ce temps-là lui recherche cette jeune femme qu’il ne retrouve pas, puisqu’elle n’habite pas du tout l’Angleterre.

Dix ans plus tard elle se retrouve à nouveau à le croiser, mais ils ne se reconnaissent pas tout de suite. Il la surprend à chaparder dans la galerie d’art, parce que la galerie d’art est très importante dans cette famille de la haute aristocratie. Elle chaparde un petit objet, il la chope, et Violet qui est superbe et très élégante n’hésite pas à mettre un coup de pied, elle se défend. Là un combat arrive, un combat d’enfants, et ils se retrouvent à s’embrasser. Evidemment ils se reconnaissent, par un trait de caractère, mais ils se séparent à nouveau.

La maman décide de vivre en Angleterre, et le conditionnement de tout ce qui peut se passer pour la femme se met en place, parce que comme la femme ne travaille pas, s’il n’y a pas de mari il faut qu’il y ait de l’argent. Donc toujours de la chance parce que la maman a des rentes par le papa, qui avait de l’argent.

C’est là où les recherches se mettent en place, parce qu’on ne peut pas écrire juste une romance, il y a la datation qui fait qu’on écrit de la romance historique. C’est vrai que j’aime bien travailler sur l’Epoque Victorienne, parce que je la connais bien, l’Epoque Géorgienne parce que c’était juste avant, et qu’il y a toujours une empreinte qui se fait sur l’époque d’après, parce qu’on garde des choses et puis on épure, comme on fait aujourd’hui, et puis derrière nous avons l’Epoque Edwardienne, qui n’est pas loin puisque de 1882 on arrive dix ans plus tard en 1892, et derrière il se passe quelques temps aussi et on n’est pas loin de la Belle Epoque sur Paris, et ça déteint obligatoirement sur l’Angleterre parce que Paris c’est l’élégance même, c’est la mode, c’est la révolution de plein de choses. Je vais faire toutes mes recherches parce qu’il y a des choses que je connais, et d’autres que j’apprends, je découvre, je suis même étonnée car ça peut être vraiment aberrant. Des choses auxquelles on ne pourrait même pas penser, et c’est vrai que les femmes sont quand même, même si elles sont dans les hautes sphères, bien reléguées dans un coin. Il faut rester à sa place, il faut rester bien propre, il faut rester polie, et c’est toujours la façade mais derrière ça bouillonne, ça n’a qu’une envie c’est de se révolter et de dire flûte, d’aimer avec le coeur et pas seulement avec le portefeuille, car ce qu’elles représentent c’est souvent des dots. Et donc c’est comme ça que je fais mes recherches.

Tout se construit, mais moi la romance je ne la bâtis pas pareil, c’est vraiment une ligne et tout mon canevas se construit, je fais toutes les couleurs en même temps. Je ne fais pas seulement le rouge et après le vert, j’ai besoin de tout écrire, après je reviens dedans, des choses se rajoutent, des choses se retirent, j’ai les retours de mes beta-lectrices. Alors c’est vrai que moi je travaille également sur Jane Austen, et j’ai dans toutes mes romances des clins d’oeil à Jane Austen. Je ne peux pas m’en empêcher, je ne sais pas pourquoi.

Je suis toujours dans la recherche historique, que ce soit en France, en Angleterre ou dans tous les pays que mes héroïnes traversent. C’est vrai je pars toujours de l’Angleterre, je ne suis absolument pas anglophone, mais toutes mes héroïnes sont à 99% anglaises.

C’est une époque qui me plait bien, c’est là que je suis le plus à l’aise. Et Violet n’a absolument pas échappé à ce critère de sélection, c’était une évidence. Donc cette romance s’est vraiment bâtie sur le côté un peu coquin, parce que vingt-sept/trente ans, vous avez compris. Mais il y a la bienséance qui s’impose là, on ne fait pas de cochonneries non plus. On n’est pas dans l’érotique, mais c’est un petit peu grivois, c’est coquin, c’est le jeu du chat et de la souris, avec toujours cette bienséance. C’est comme des enfants adultes qui se font surprendre tout le temps, alors il y a la bienséance quand ils se font surprendre, mais ils n’ont qu’une envie c’est de s’embrasser.

 

Penny Watson-Webb :


Je vais vous présenter la série « Héritiers des larmes », qui finira de sortir fin 2019 dans la collection Victoria. Au départ on reste bien en Bretagne et en Normandie (au départ, car il y aura une petite surprise pour la suite). C’est une période super intéressante, on est à la fin du Moyenâge, juste avant François Ier, donc sur la période Anne de Bretagne. Et pour celles qui le savent, la fille d’Anne de Bretagne, Claude de France, va épouser François 1er. On est donc vraiment fin du Moyen-âge début de la Renaissance, avec des grosses influences italiennes sur l’art, la façon de vivre. On quitte le côté très psychorigide chrétien du Moyen-âge pour s’ouvrir sur l’Humanisme, la place de l’homme, et très loin derrière la place
de la femme, parce que c’est un fil rouge, nous sommes les moins bien loties de l’Univers.

Sur le premier roman on est juste à la fin de ce qu’on a appelé la Guerre Folle, que la Bretagne a perdue contre Charles VIII et les armées françaises. C’est là que la pauvre Anne de Bretagne va se retrouver « prisonnière » de sa forteresse de Rennes, quand Charles VIII va y mettre le siège et lui laisser comme seuls choix soit je zigouille tout le monde, soit tu m’épouses. C’est très caricatural, mais c’était un peu ça. Anne de Bretagne, pour sauver son peuple, va accepter d’épouser Charles VIII, pour son plus grand malheur. Et quand le contrat de mariage est signé, elle n’a plus aucun droit ni aucun titre lié à la Bretagne. Elle n’est plus duchesse de Bretagne, elle n’a plus aucun poids politique, ni religieux, ni rien du tout sur la noblesse de Bretagne ou le peuple breton. Elle a sauvé son peuple, mais à grand prix. En contrepartie, Charles VIII a accepté de libérer la noblesse bretonne qui était emprisonnée dans des conditions lamentables, que je décris d’ailleurs dans le début de mon livre, puisque mon héros et ses compagnons d’armes vont être battus, torturés, scarifiés, et même un, le pauvre qui est tout gamin, violé. C’est un cadre vraiment très dur.

Et dans un deuxième temps Charles VIII, dans son château d’Amboise, se prend un linteau en pierre sur la tête, historiquement c’est vrai, et il va mourir. Anne va épouser le cousin de Charles VIII, qui deviendra Louis XII, et qui est duc d’Orléans. Pour la petite histoire, Louis XII avait pris parti pour la Bretagne contre la France, ce que son cousin ne lui a pas pardonné, et il s’est fait emprisonner lui aussi avant d’être relâché. Il a été sacré Roi de France et a épousé Anne de Bretagne, dont il était secrètement amoureux. Historiquement, c’est vrai aussi.

Notre pauvre Anne de Bretagne, avec Charles VIII, aura six enfants, qu’elle perdra tous avant l’âge de cinq ans. Et avec Louis XII elle en aura cinq, mais seules les filles vont vivre, Claude et Anne. Elle va déshériter sa seconde fille au profit de Claude, de façon que celle-ci puisse avoir le titre de Princesse de France, et épouser François Ier.

Le premier tome se passe justement au moment du mariage d’Anne de Bretagne et de Louis XII, et notre héroïne est Brunehilde de Montgomery, qui est de famille normande (les Montgomery d’Angleterre sont arrivés après, c’est nous la branche mère) que l’on appelle Brune dans l’histoire.

Sa terre est limitrophe, car il y a une rivière qui sépare la Normandie de la Bretagne, et les deux familles, les Kerglen et les Montgomery, s’écharpent depuis des années, sachant qu’en plus le père de l’un a tué le père de l’autre et fait emprisonner le fils, toute une histoire qui fait que ce ne sont pas les
meilleurs amis du monde. Et Brune, qui est très courageuse et admire Anne de Bretagne comme si c’était sa deuxième maman, c’est un peu l’héroïne de sa vie, va se dire : « Elle s’est sacrifiée pour son peuple, eh bien moi je vais faire la même chose. » Elle piège Conan de Kerglen, avec l’accord de la reine, pour le contraindre à l’épouser. Donc autant vous dire que les débuts du mariage vont être absolument affreux, horribles, parce qu’il a une maîtresse, que la belle-mère ne la supporte pas, ça va être l’enfer. Et se greffe là-dessus un complot politique dans la famille royale, où un cousin du Roi de France va tout faire pour monter les Montgomery contre les Kerglen, et essayer de faire en sorte que ce mariage ne se fasse pas, puisqu’il va falloir qu’il soit consommé, sauf que Conan a dit qu’il préférait coucher avec une lépreuse qu’avec une Montgomery.

Donc toute l’histoire a pour toile de fond la noblesse normande et bretonne, et dans le tome deux j’arrive justement sur le côté plus paysan de l’histoire, puisque ma deuxième héroïne, Aziliz, va se mettre en couple avec Pierre de Flouville, qui a bien existé. C’est une véritable personne, dont j’ai complètement romancé la vie, mais le nom est vrai. Pierre de Flouville a vraiment existé, comme Guillaume, qui est un véritable personnage historique aussi. Les Montgomery aussi, mais les Kerglen pas du tout, eux sont complètement inventés. Et donc Aziliz va se retrouver dans le complot qui vise à tuer sa petite soeur d’adoption, qui est en fait la soeur bâtarde de Conan, mon héros numéro 1, et on va être dans les marais salants, dans la baie du Mont Saint Michel, dans les villages paysans, on va toucher à toute la vie d’un village. Petit à petit notre Pierre, qui lui aussi a été torturé en prison avec Conan, est devenu quelqu’un de vraiment extrêmement dur, violent, on le surnomme même l’Eventreur car il zigouille du normand à tire-larigot. Grâce à Aziliz il va ouvrir un peu son coeur et, derrière cette brute, il y a un gros coeur tendre et un homme blessé qui a besoin de trouver une femme suffisamment forte, au caractère bien trempé, qui puisse lui dire : maintenant ça suffit. Voilà pour le tome 2.

Après le tome 3 je ne dis rien, car il n’est pas encore sorti, et le tome 4 est mon petit coup de coeur, il n’est pas encore signé avec Victoria, donc croisez les doigts avec moi. Ce tome 4 c’est un peu un coup de poker, car mon héroïne sera la maman de Conan. Elle a cinquante-deux ans dans mon quatrième roman, et j’ai des tantes qui lisent des romances historiques aussi et disent qu’il n’y en a que pour les jeunettes. Cette Katel de Kerglen, sa vie est franchement affreuse et je me suis dit elle ne peut pas rester comme ça, juste à s’occuper de ses petits-enfants, je trouvais ça dramatique, et j’ai agrandi l’histoire.  Enfin, c’était juste un one shot au départ, et j’ai adoré mes personnages, et j’ai eu envie de développer l’histoire.

 

Sabrina Jeffries :


Ma série s’appelle « Les hommes du duc », le premier tome parle d’un duc, le seul duc que j’aie eu comme héros pour le moment. Une partie de l’histoire se déroule en France, à Paris.

A la base c’est une famille recomposée. L’héroïne de ce livre est la fille illégitime, moitié française moitié anglaise, d’une actrice et d’un vicomte. La famille de l’héroïne est à la base des quatre livres de la série. Ce vicomte avait une femme légitime, avec laquelle il a eu deux enfants, et elle est morte en mettant le second au monde. Il avait aussi une maîtresse en même temps, ce qui n’était pas inhabituel, une actrice française. Quand sa femme est morte, la maîtresse attendait qu’il l’épouse. Ce qu’il ne voulait pas faire, bien sûr, parce qu’il n’est pas un type bien. Il a eu deux enfants avec sa maîtresse, et les quatre enfants ont grandi ensemble.

Trois d’entre eux sont très proches, se traitent comme des frères et soeurs, ce sont le plus jeune des enfants légitimes et les deux enfants illégitimes, ils sont amis. Le plus âgé est vraiment le méchant dans ce livre, il n’aime pas les enfants illégitimes. Dès que le père meurt, le méchant George coupe les vivres à son demi-frère et sa demi-soeur et les met dehors, mais son petit frère n’est pas d’accord. George lui donne à choisir entre son frère et sa soeur illégitimes, et l’héritage que son père lui a laissé, et il choisit son frère et sa soeur. Et le méchant réussit à leur couper les vivres à tous en même temps. Sur son lit de mort, le père a pris des dispositions pour ses enfants et le fils illégitime l’a entendu, mais c’est sa parole contre celle de son frère légitime, et personne ne va le croire. Alors il s’énerve et vole le cheval que son père lui a laissé, il le vend pour aider la famille, et son frère essaie de le poursuivre en justice. Il fuit la France avec sa soeur, tandis que le jeune frère légitime va travailler à Londres. Puis la soeur revient vivre avec le jeune frère légitime, qui a ouvert une agence de détective et recherche des personnes disparues.

L’histoire commence quand ce duc, qui a ses propres problèmes familiaux, reçoit un message du frère illégitime qui pense avoir trouvé le frère disparu du duc, croyant que ce sera un moyen de revenir en Angleterre car ce duc a du pouvoir et pourrait contredire tout ce que dit le demi-frère.

Malheureusement le frère illégitime a disparu après avoir envoyé ce message. Donc le duc est mécontent, car il pense que ce gars est en train d’essayer de le tromper ou de l’arnaquer. Et c’est à ce moment que le héros et l’héroïne se rencontrent, parce que l’autre frère n’est pas en ville et elle le reçoit quand il vient frapper à la porte pour demander des explications. Et toute l’intrigue repose sur ce couple qui cherche le frère, qui jusque là était encore en France. Je voulais avoir un duc dans une situation où il est comme un poisson hors de l’eau, loin de son élément naturel. Je me suis beaucoup amusée, parce qu’il voit les gens normaux et ce que la vie d’une personne illégitime peut être, et comme il est duc et très riche, il n’a jamais connu ça. Et il est toujours en train de dire des choses comme « Les gens font vraiment ça ? » et elle répond « Oui. Pas les ducs, mais le reste d’entre nous. »

Dans un livre j’avais croisé Eugène Vidocq, et donc j’ai écrit que le jeune frère illégitime travaille pour lui. Je l’ai mis dans le livre et j’ai dû faire toutes ces
recherches sur lui, mais des recherches en anglais parce que je ne parle pas et ne lis pas très bien le français. Je voulais le mettre dans le livre, parce qu’il est celui qui a fait le plus pour la police scientifique de l’époque. Il pouvait traquer les criminels, parce qu’il était un ancien criminel. Il a été le premier à analyser les documents, par exemple à dire si c’était un faux grâce à la qualité du papier. Alors c’est un personnage mineur, juste parce que je voulais l’avoir dans le livre, et ça parle de détectives et ça colle, parce que c’est ce que fait le plus jeune frère.

J’ai aussi dû faire des recherches sur la façon dont un anglais pouvait voyager en France à cette époque. On peut presque tout trouver sur Google Books, et je suis tombée sur des guides de voyage datant de 1780. On peut trouver tout ce qu’on veut sur Google Books si ça a été scanné. J’ai un guide de voyage qu’un gentleman anglais pouvait utiliser pour voyager en France. Et comme l’héroïne a vécu la moitié de sa vie en Angleterre, et l’autre moitié en France, elle peut dire « non on ne fait pas ça, il vaut mieux faire ça. » Mais j’ai beaucoup utilisé ce guide de voyage. Et j’ai pu situer la romance dans ce qui aurait vraiment pu se passer pour un anglais qui voyageait en France en direction de Paris.


Commentaires

Cet article n'a aucun commentaire, ajoutez le vôtre !

Prénom ou pseudo * :
(Gardez toujours le même pseudo. Les lectrices qui partagent vos goûts pourront ainsi suivre vos commentaires.)
Email :
(Votre email ne sera pas affiché sur le site. Il nous permettra simplement de vous envoyer un petit mot de remerciement.)
Commentaire :
Signature :
 

* : champ obligatoire

Les commentaires sont temporairement désactivés

Les Romantiques sur Twitter  Les Romantiques sur Facebook  Rechercher un livre

 

 

 

 

© Copyright 2012 Les Romantiques
Webdesign Priscilla Saule